Sur cette page vous retrouverez tous les rétro-billets publiés sur le blog au fil des mois concernant nos héroïnes de comics préférées, afin de connaitre leur histoire avec un grand H et les nombreuses anecdotes et circonstances qui ont induit à leur création. Au fil de mes envies vous retrouverez surtout des personnages originaires des années 60-70-80, soit ce que l’on appelle le Silver et le Bronze Age des comics, qui forment un véritable vivier concernant l’apparition des ces femmes aux super pouvoirs, et qui continuent à nous faire rêver aujourd’hui.
The Black Wonder
A une époque où tout le monde s’amuse à modifier le genre, l’orientation sexuelle ou la couleur de peau de bon nombre de personnages de comics, (avec des résultats plus ou moins heureux), je crois qu’il est judicieux le temps d’un billet, de revenir sur une héroïne qui a su marquer la représentation des femmes noires dans la bande dessinée américaine, en tout cas en son temps, puisqu’elle a malheureusement disparu de la circulation avec l’avènement des New 52 de DC Comics (du moins, sous sa représentation originale), et qu’elle reste de ce fait totalement méconnue d’un large public pourtant de plus en plus sensible à la problématique de la diversité dans ce medium.
Retournons donc encore une fois dans l’univers de Wonder Woman (qui n’aura de cesse d’être exploré dans ce blog, mais ça, vous le saviez déjà) pour nous intéresser de plus près à Nubia, l’Amazone d’ébène apparue au début des années 70, à une époque où les questions d’égalité de droit des minorités étaient tangiblement présents dans les pages des comics Marvel et DC.
Nubia naît donc dans ce contexte particulier, ainsi qu’à une période importante dans l’histoire de Wonder Woman, qui sort tout juste de son ère Emma Peel/Karate Queen entamée en 1968 (oh, d’ailleurs pour les enfants qui ne se souviennent plus trop de l’histoire éditoriale de Diana Prince, un petit rafraîchissement de mémoire s’impose ici). Nous sommes en 1973 et l’éditeur Robert Kanigher reprend en main la série (lui qui avait déjà occupé ce poste auparavant pendant plus de 20 ans !) à partir du #204 (dessiné par Don Heck et encré par Vince Colletta), un numéro plein de rebondissements (c’est le moins que l’on puisse dire) où ce bon vieux I-Ching est cruellement assassiné par un sniper et meurt dans les bras de Diana, qui est assommée et devient amnésique, se réveille à l’hôpital, vole un avion militaire qui se fait lui aussi tirer dessus (décidément), puis est repêchée par les amazones qui vont la ramener sur Paradise Island (mais quelle histoire !). Hippolyte installe un dispositif permettant de lui faire retrouver une partie de sa mémoire (la période sans pouvoirs est en effet éradiquée de ses propres souvenirs), ses origines sont d’ailleurs encore une fois remaniées pour l’occasion.
Lorsque Diana se réveille, elle est à nouveau elle-même, ses pouvoirs lui ont été restaurée et ses sœurs (tout comme Gloria Steinem) sont ravies de retrouver « La plus puissante Amazone au monde ». Et pourtant, une mystérieuse jeune femme entièrement vêtue d’une armure ose défier l’ordre établi, en exigeant le droit de se battre pour le titre de Wonder Woman. Les deux femmes vont s’affronter d’abord à la lutte puis à l’épée, jusqu’à ce qu’Hippolyte demande à l’intruse de retirer son casque. Nubia se présente alors comme étant la Wonder Woman d’une île flottante cachée dans la brume au large des côtes de Themyscira.
Nubia et Diana finissent par s’enlacer, la première retournant sur son île, la seconde sur la terre des hommes pour devenir traductrice aux Nations Unies, en attendant une nouvelle rencontre qui répondra à cette insoutenable question : qui mérite vraiment le titre de Wonder Woman ?
Dans cette première confrontation, il est important d’observer qu’à armes égales, Nubia et Diana sont aussi fortes l’une de l’autre, et que c’est au final la challenger qui hésitera à donner le coup de grâce à la princesse amazone. Trois ans auparavant, Robert Kanigher écrivait le scénario de I Am Curious (Black)!, le titre donné au fameux Superman’s Girlfriend Lois Lane #106 où la journaliste de Metropolis expérimentait de plein fouet le quotidien des afro-américains dans le quartier de Little Africa.
Il ne faudra pas patienter bien longtemps pour revoir notre nouvelle héroïne, car elle apparaît dès le numéro suivant (Wonder Woman #205, c’est ce fameux numéro dont la couverture a fait ulcérer plus d’une féministe où l’on voit Wondie attachée et à cheval sur un missile, un exercice dont elle s’est acquittée à maintes reprises), dans un back-up qui lui est consacrée, on apprend qu’elle est la reine d’une île entièrement peuplée d’hommes et que deux d’entre eux espèrent obtenir ses faveurs nuptiales. Mais déclarant qu’aucun homme ne saura jamais la posséder, elle se bat contre l’un d’entre eux et fini par l’épargner.
Quelques indices le laissaient penser dans les deux numéros précédents, mais c’est dans le #206 que la vérité éclate : Nubia est en fait la sœur de Diana, elle aussi sculptée dans l’argile, noire en ce qui la concerne contrairement à Diana qui fut façonnée dans l’argile blanche. Ayant reçu toutes les deux la bénédiction d’Aphrodite, Nubia fut malheureusement kidnappée par Ares qui l’emmena dans son royaume tandis que sa sœur reçu les pouvoirs d’Athéna, Mercure, et Hercules.
Nubia, sous le contrôle et l’influence d’Ares depuis son enfance devient son arme destructrice contre les Amazones alors qu’ils envahissent Themyscira. Elle est équipée d’une épée dont la lame est capable de contrer le lasso de vérité. Pendant la bataille qui l’oppose à sa sœur, Diana comprend qu’Ares soumet Nubia à sa volonté grâce à l’anneau qu’elle porte. Dès qu’elle le lui retire, les deux femmes vont combattre côte à côte contre le Dieu de la guerre, au nom de la paix.
C’est à la fin de ce numéro que Wonder Woman découvre les origines de Nubia, qui lui sont révélées par leur mère Hippolyte.
C’est dans Supergirl #9 (l’année suivante, et toujours écrit par Kanigher) que l’on pourra continuer de suivre les aventures de Nubia, où la jeune Kryptonienne fini par devenir membre honorifique des Amazones… Ecoutez ce numéro est tellement merveilleux (c’est ironique, évitons les malentendus) que je me dois de vous en parler dans un billet indépendant. Mais pour résumer, Supergirl se lance dans un périple à la recherche d’une fleur seule capable de soigner Nubia de blessures mortelles causées par des hommes requins.
Bon alors surtout ne vous inquiétez pas, après maintes péripéties complètement stupides (elle se déguise en gorille quand même, voilà pourquoi j’adore ce numéro), Supergirl parviendra à ramener la fleur en question, parce que… c’est juste Supergirl ok ?
Grâce au succès de la série télévisée avec Lynda Carter, la marque de jouets Mego commercialise en 1977 une gamme de poupées comprenant Wonder Woman et Steve Trevor, mais également Nubia, bien qu’elle ne soit jamais apparue dans la série (pour la petite histoire, elle aurait du apparaître en tant que sœur de Wonder Woman dans la série avortée par la chaîne ABC en 1974 avec Cathy Lee Crosby dans le rôle titre, c’est la comédienne Teresa Grave qui était censée l’incarner).
Comme on peut le voir dans cette publicité, le souhait du fabricant était d’attirer une nouvelle catégorie de consommateurs jusque là ignorés : les jeunes filles afro-américaines.
Nubia porte ici sa fameuse armure vue dans Wonder Woman #204.
Dans Super Friend #25 (en 1979, Ramona Fradon est au dessin, Nelson Bridwell au scénario), Wonder Woman est sous l’emprise d’Overlord (m’enfin mais c’est pas possible ça ! C’est quoi cette manie de se faire manipuler comme ça pour un oui ou pour un non !) et se met en tête de libérer les femmes d’Afrique de l’oppression masculine en vociférant devant une foule toute conquise, clamant que les hommes n’ont de cesse de traiter les femmes comme leurs objets et qu’il est temps pour elles de se soulever enfin, sous le leadership de la guerrière amazone.
C’est alors que Nubia intervient, la « sœur noire » de Diana s’opposant avec virulence face à ce coup d’état idéologique, car se revendiquant comme étant la seule et unique Wonder Woman de la cause des femmes Africaines.
Le temps d’une page, on constate encore une fois que les deux femmes lorsqu’elles se battent à armes égales sont aussi fortes l’une que l’autre. Overlord finalement vaincu, tout fini par rentrer dans l’ordre.
Ce numéro a la particularité de marquer la fin de l’existence de Nubia période pré-Crisis (c’est à dire avant le crossover monument Crisis on Infinite Earths en 1985), il faudra attendre pas moins de 20 ans pour retrouver notre héroïne sous une nouvelle appellation, ainsi qu’une nouvelle entité.
En septembre 1999, Nu’Bia fait donc son apparition dans Wonder Woman Annual #8, (Doselle Young, un écrivain noir originaire de Californie est au scénario, il n’est surement pas étranger à ce changement de patronyme, aux racines plus africaines mais faisant du coup moins référence à sa couleur de peau) un numéro faisant partie du crossover JLApe : Gorilla Warfare! (non mais sérieusement, moi j’y peux rien si je dois continuellement balancer des dinosaures ou des gorilles dans tout les sens ! Ils me poursuivent !). Au cours de ce numéro, Wonder Woman, Shim’Tar et Artemis suivent le cours du Styx. C’est alors que Diana va rencontrer une mystérieuse femme noire arborant un lion sur son plastron (oui je sais, ça change des gorilles), qui va appeler à tort notre amazone Antiope (elle est en fait sa nièce). Sa mission actuelle est de garder le passage qui permet d’accéder via le Styx du monde des enfers à Themyscira.
Nu’Bia resurgit ensuite en mars et avril 2000 (Wonder Woman #154/155) ni plus ni moins que dans l’ascenseur d’un hôtel de Las Vegas (trop stylé!) parmi lesquels tous les élévateurs portent soudain l’insigne d’un lion.
Dans une très belle discussion entre les deux femmes, Nu’Bia s’identifie comme étant la toute première Amazone a avoir remporté le fameux tournoi attribué aux origines par Diana, ce qui fait d’elle historiquement la première Wonder Woman.
On apprend également que Nu’bia est devenue durant l’éternité passée aux portes du Tartare, l’amante du Dieu Perse de la lumière, Ahura Mazda, et qu’elle est également venue en aide aux fameuses Gorgones (non non, pas Christine Boutin !) qui en retour, lui ont donné leur fameux pouvoir de transformer n’importe quel être vivant en pierre afin de la remercier.
En 2009, nous allons découvrir une troisième version de Nubia avec Final Crisis #7 (dernier numéro de l’event), elle est ici une amazone résident sur Terre 23 aux côtés d’un Superman noir devenu Président des Etats-Unis, le concept est écrit par un certain Grant Morrison.
Dans cette version de l’héroïne, Nubia est originaire de l’île d’Amazonie, et occupe les même fonctions que la Wonder Woman classique en tant que diplomate et représentante de son peuple. Quelques années plus tard, Grant Morrison va une nouvelle fois utiliser ce personnage issu d’une terre parallèle lors de son run sur Superman dans Action Comics #9, puis dans The Multiversity.
Nubia/Nu’bia, est une héroïne porteuse d’espoir pour tout un lectorat. Même si elle a principalement été écrite lors de ses premières années par des scénaristes masculins, blancs, etc etc… (c’était la norme à l’époque, elle l’est encore aujourd’hui…), ceux-ci ont toujours été un minimum conscients de l’enjeu sociétal correspondant à la représentation d’un tel personnage.
Même si elle n’est pas exempte de tout stéréotypes qui résultent pour la plupart de maladresses dues à un manque flagrant de connaissances concernant la culture afro-américaine de l’époque, Nubia est un personnage qui mérite pleinement aujourd’hui un retour en grâce, à l’heure où Miles Morales et Kamala Khan sont plus que positivement reçus par un public de plus en plus ouvert et en demande d’un plus grand pluralisme.
Fire in the Disco
Le disco est un genre musical et une danse apparus aux États-Unis au début des années 1970.
Qu’on le veuille ou non, il y a pratiquement toujours une femme derrière les origines de la plupart des héroïnes de comics.
Et la mise au monde de Dazzler en 1979 sous l’instigation d’Alice Donenfeld, alors avocate et vice-présidente des affaires commerciales chez Marvel, prouve encore une fois que, même si l’on ne retient souvent que les grands noms de l’industrie (en l’occurrence ici Jim Shooter), certains concepts et grandes idées créées ou inspirées par des femmes (Miss Fury est une création de Tarpe Mills, le célèbre costume de Vampirella a été imaginé par Trina Robbins, l’existence même de Wonder Woman provenant d’Elizabeth Holloway et Olive Byrne, de même que pour Catwoman et Big Barda inspirées par les femmes de Bob Kane et Jack Kirby… sans parler de Madame Xanadu, Isis... m’enfin lisez les rétro-billets et vous saurez de quoi je parle) tiennent encore debout aujourd’hui et laissent aux lecteurs un souvenir impérissable.
Dazzler fait ses débuts dans X-Men #130 en 1980, un numéro que les passionnés de la série mutante connaissent particulièrement bien puisqu’il appartient à l’un des meilleurs arcs écrits par Chris Claremont (et dessiné par John Byrne) sur les X-Men appelé la Saga du Phénix Noir et qui prend son envol au numéro précédent, celui-ci va introduire d’ailleurs les personnages d’Emma Frost et Kitty Pryde, mais ça les enfants, c’est une autre histoire.
Alison Blaire, c’est cette jeune mutante qui a la capacité de transformer le son en éclats de lumière aveuglante, créer des illusions holographiques ainsi que des rayons laser intenses, et dont les pouvoirs ont commencé à se manifester comme la plupart des mutants lors de l’adolescence, apparaissant soudainement alors qu’elle est en train de se produire lors d’un spectacle au lycée, fort heureusement pour elle le public qui assiste à la scène pense que cela fait partie du show.
Bien que son père, le juge Carter Blaire, souhaite qu’Alison poursuive tout comme lui une carrière juridique, elle entre dans le monde de la musique et utilise ses pouvoirs sur scène pour améliorer visuellement ses performances vocales.
Ceux-ci vont à la fois attirer l’attention des mercenaires du Club des Damnés ainsi que des X-Men qui vont tenter de la recruter, mais contre toute attente, Dazzler ne rejoindra l’équipe que bien des années plus tard, après s’être consacrée à sa carrière et son public en donnant de nombreux concerts au cours desquels elle utilisera ses pouvoirs pour contrecarrer divers criminels.
Mais revenons si vous le voulez bien un tout petit peu avant cette première apparition.
En 1979 la mode du Disco est déjà en fin de course, et avant qu’il rende son dernier souffle, Marvel (par le biais de Donenfield) va essayer de capitaliser ce phénomène musical et culturel en créant un personnage qui devrait pouvoir être exploité sous différentes formes, de la musique au cinéma en passant par les produits dérivés.
C’est ainsi que l’éditeur va s’associer à la maison de disque Casablanca Records, écurie d’artistes de renom tels que Kiss, Donna Summer ou les Village People (sans parler de l’éminent Patrick Juvet), ainsi que le studio Filmworks pour élaborer une héroïne dont les aventures seraient lisibles dans une série qui lui serait dédiée, ses chansons disponibles en 45 tours, et en vue d’être adaptée dans un film. Ce n’était d’ailleurs pas la première collaboration entre Marvel et Casablanca, le groupe de rock Kiss ayant fait une apparition en 1977 dans Howard the Duck #12 et #13 pour ensuite revenir dans deux numéros de Marvel Comics Super Special.
Mais les choses ne vont pas se passer idéalement comme prévu. En effet les deux compagnies n’arrivent pas à se mettre d’accord sur des points essentiels comme l’éventail de pouvoirs de la mutante ainsi que sa personnalité, provoquant l’annulation de la série à cinq reprises. C’est Jim Shooter alors éditeur en chef qui prend en charge le projet, et conceptualise un personnage nommé The disco Queen. Le scénariste Tom DeFalco finira par modifier ces facultés (suggérées par Casablanca) en développant le fait qu’elle puisse transformer le son en lumière. Roger Stern nomme le personnage Dazzler et John Romita Jr. essaie de lui donner corps, au début très influencé par la chanteuse Grace Jones, concept qui ne sera finalement pas retenu car Filmworks, responsable d’une hypothétique déclinaison au cinéma va s’y opposer préférant la plastique d’une actrice telle que Bo Derek.
Neil Bogart, à la fois patron de Casablanca et Filmworks, et Alice Donenfeld (a qui l’on doit le développement de la série animée Les Maitres de l’Univers, mais ça aussi, c’est une autre histoire !) voyaient effectivement les choses en (très) grand : produire un film se déroulant dans un New York futuriste et féodal où Dazzler accompagnée des Avengers était confrontée à deux reines rivales incarnées par deux grandes diva de la scène disco de l’époque, Cher pour la Witch Queen, et Donna Summer en Queen of Fire. Le reste du cast envoyait également du lourd, les groupes Kiss et Village People étaient de la partie, ainsi que Robin Williams en love interest dénommé Tristan, tout cela dans un script écrit en 4 jours par un Jim Shooter sous acide (ou peut être pas, finalement c’est ça le pire) dont voici un extrait :
Donenfeld fait même le voyage au 33ème Festival de Cannes pour convaincre Bo Derek de jouer dans son film, coïncidant avec la première apparition de Dazzler dans X-Men #130 publié trois mois auparavant. Ayant lu le script, l’actrice semble être intéressée au point de consentir à être attachée au projet. Dès lors la machine s’emballe, et Jim Shooter est évincé dans l’écriture du scénario par Marvel au profit de Leslie Stevens (créateur de la série Au-delà du réel). Selon les dires de Shooter, le scénario de Stevens est d’une médiocrité sans nom, les pouvoirs de l’héroïne sont supprimés, elle n’est désormais capable que de faire dire la vérité aux gens. De plus, la star qu’est Bo Derek à l’époque (Tarzan, the Ape Man réalisé en 1981 fut pour moi une révélation d’un érotisme puissant… ahem, mais je digresse, excusez-moi) exige que son réalisateur de mari, malheureusement célèbre pour ses dépassements de budget, soit aux commandes du film sans quoi elle quitte le navire. Ce caprice lui vaut son départ du projet, Marvel essaiera plus tard d’imposer l’actrice Daryl Hannah toujours sur le scénario de Stevens, sans succès.
Au même moment l’héroïne va faire ses débuts dans une série à son nom qui sera chez Marvel la toute première à être publiée exclusivement pour le marché direct, le premier numéro se vend à 428000 exemplaires. Jusqu’en 1985, Dazzler côtoiera bon nombre de super héros et super villains tels que Spider-Man, Human Torch, Dr. Doom, Galactus, Hulk et les X-Men, afin d’être sûr que le titre reste en haut du classement, ce qui ne sera malheureusement pas le cas puisque la série deviendra bi-mensuelle à partir de 1983 à partir du #25 pour prendre fin au #42.
John Romita Jr est aux dessins jusqu’au #3 puis remplacé par Frank Springer, Tom DeFalco scénarise quant à lui jusqu’au #6 et aidera son successeur Danny Fingeroth sur les numéros suivants jusqu’au #27.
Se réinventant périodiquement au fil des modes musicales qui vont jalonner les années 80 (et Dieu sait qu’il y en a eu…), Dazzler verra son costume être redessiné à plusieurs reprises, influencé autant par Madonna que par l’émergence de courants musicaux tels que la techno-pop.
La série quant à elle, n’est pas exempte de critiques. De nombreux lecteurs rejettent en effet son côté réaliste, où les relations de l’héroïne avec sa famille et sa carrière sont mis en avant au détriment de l’action pure digne d’un comics de super héros, et les somptueuses couvertures de Bill Sienkiewicz à partir du #27 jusqu’au #35 n’y changeront rien.
En 1984 dans le roman graphique Dazzler : The Movie, Jim Shooter envoie Alison Blaire à Hollywood (elle est à ce moment là prof d’aérobic), où un producteur véreux nommé Roman Nekoboh la séduit et la persuade de révéler ses pouvoirs dans un film autobiographique afin de stimuler sa carrière. Mais le contraire se produit, sans que le film soit projeté une Dazzler démasquée (et à moitié nue, celle-ci donnant de sa personne en petite tenue afin de faire la démonstration de ses pouvoirs devant un public médusé) subi dès lors les foudres des mouvements anti-mutants, mettant à mal ses vues dans le show-business. Dans ce numéro nous apprenons deux choses : Alison Blaire est foncièrement naïve, et elle peut accumuler l’énergie qu’elle est capable de produire grâce à ses pouvoirs mutants.
Elle se voit ensuite obligée de reconstruire sa vie sous la tutelle des X-Men, ce qui va lui permettre d’améliorer considérablement ses capacités, c’est à ce moment là qu’elle rencontre et tombe amoureuse de Longshot qu’elle va épouser, notre héroïne tombera enceinte mais perdra l’enfant d’une fausse couche.
Dazzler va côtoyer bon nombre de super héros et d’univers (dont le Mojoverse) tout au long de sa prolifique carrière. A ses débuts, elle est équipée d’un magnétophone muni de haut-parleurs dont les bandes magnétiques pouvaient fournir une musique continuelle, source de ses pouvoirs, et ses fameux patins adhéraient magnétiquement à ses chaussures…
Au même titre que Spider-Woman et She-Hulk, elle doit son existence au sens aigu des affaires et du marketing de la part de Marvel, qui cherchait à capitaliser au mieux un concept ou une mode et de le décliner sur différents médias. Malgré ses différents écueils, Alison Blaire saura rester plus ou moins sur le devant de la scène, jusqu’à se confronter à Dr Doom et Galactus en personne (ce qui n’est pas donné à tout le monde, vous en conviendrez) surfant sur les divers courants musicaux, et changeant de look si nécessaire, comme c’est encore le cas aujourd’hui. Mais c’est sa période Disco, genèse du personnage, qui reste auprès des fans de loin la meilleure.
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Les filles du Paradis : 3ème partie
Ce rétro billet géant sur Wonder Girl serait bien incomplet si l’on ne racontait pas dans les détails l’histoire de sa troisième et plus récente incarnation, alors que nous avons vu que ce nom avait déjà été employé pour faire référence à Wonder Woman dans ses jeunes années, puis au personnage de Donna Troy, membre émérite des Teen Titans aux origines assez complexes.
A l’image de ses aînées, la troisième Wonder Girl est un personnage intimement lié à la mythologie greco-romaine revue et corrigée par DC Comics, tout en étant capable de se suffire à elle même.
Wonder Girl troisième du nom, c’est donc Cassie Sandsmark, qui apparaît pour la première fois dans Wonder Woman vol.2 #105 sous la plume de John Byrne en 1996. Celui qui avait réussi à métamorphoser la sculpturale She-Hulk quelques années auparavant chez Marvel, essaie de marquer son empreinte durant les 36 numéros du run dont il va écrire et dessiner les pages. Mais il est sans doute difficile de faire oublier l’ère George Perez qui a tant marqué la chronologie de l’héroïne, c’est peut être l’une des raisons de son impopularité sur ce titre. Car John Byrne semble faire table rase du passé, et parmi les événements notables qu’il va développer, on retiendra le fait qu’ Hippolyta va remplacer un temps sa fille dans le rôle titre lorsque que celle-ci accède au mont Olympe en tant que déesse de la vérité après avoir été tuée dans le #124.
Selon l’avis des fans de l’Amazone, la seule chose positive concernant le run de John Byrne restera la venue de Cassandra Sandsmark.
Cassie fait la connaissance de Wonder Woman lorsque Diana, fraîchement débarquée sur la côte ouest, se rend au musée des Arts Antiques de Gateway City où travaille sa mère, l’archéologue Helena Sandsmark, pour postuler en tant que maître de conférences. La jeune fille âgée de 14 ans se dispute régulièrement avec sa mère concernant le fait d’être responsable. Lorsque Helena décide de donner à Diana un entretien, Cassie souhaite montrer à sa mère qu’elle peut être responsable en nettoyant le nouvel artefact qu’elle avait découvert, un robot (encore un, tiens) à l’apparence d’un gladiateur mis en sommeil depuis des millénaires. Elle l’active accidentellement et celui-ci se met à la poursuivre. A chaque fois que Wonder Woman le frappe, il devient encore plus fort. Cassie conduit alors le robot vers un quai provoquant son effondrement, le robot est ainsi coincé dans la boue.
Dans cet épisode, Cassie Sandsmark n’est pas encore devenue Wonder Girl, elle ressemble plus à un garçon manqué qu’autre chose, il faudra attendre quelques numéros (plus précisément à partir du #111) pour que les choses sérieuses commencent.
C’est ainsi que pour aider Wondie à lutter contre le clone de Doomsday, Cassie va « emprunter » les sandales d’Hermès, qui lui permettent de voler et d’être très rapide, et le gant d’Atlas, qui lui octroie force et endurance. Elle fini par donner le gant à Wonder Woman pour augmenter sa force, l’aidant ainsi à vaincre Doomsday. Elle utilise également ses armes mystiques pour se battre contre Decay dans le numéro suivant. Encore une fois, Cassie prouve que son intellect lui est aussi utile que ses pouvoirs lorsqu’elle créé le dispositif nécessaire pour utiliser l’énergie de son transistor radio, obligeant Decay à utiliser son énergie stockée, et permettant à Wonder Woman de la détruire.
Impressionnée par ses instincts et sa ruse, Wonder Woman propose à Cassie de devenir sa protégée, mais Helena refuse catégoriquement cette option, craignant pour la sécurité et le bien-être de sa fille unique.
Plus tard, Cassie se rendra au mont Olympe, où elle aura une conversation avec Zeus en personne dans Wonder Woman vol. 2 #122 (qui n’est ni plus ni moins que son propre père, mais ça, on l’apprendra beaucoup plus tard, dans les #181 à 183, la jeune héroïne en sera définitivement informée au #217). Impressionné par son courage et son cran, il lui accordera son vœu le plus cher, lui concédant une version édulcorée des pouvoirs de Diana, il ne fera en fait qu’activer les pouvoirs qui sommeillaient déjà en elle. Mais le père des dieux Grecs donna également au Dr. Sandsmark la faculté de les désactiver, celle-ci désapprouvant le début de carrière super héroïque de sa fille. Helena finit par accepter son désir de devenir une super-héroïne, et n’utilisa que rarement cette faculté.
Côté look, on ne peut pas dire que la nouvelle Wonder Girl soit des plus sexy. Et pour cause, affublée d’une perruque brune et d’une grosse paire de lunettes afin de cacher son identité secrète (on remarquera qu’elle utilise le processus inversé du super héros lambda qui lui, modifie son apparence dans ses activités non héroïques), elle devient ainsi le sidekick officiel de la guerrière amazone.
Avec l’obtention de ses pouvoirs via son père, Cassie voit son aspect physique se modifier petit à petit, jusqu’à ce qu’elle range définitivement sa perruque en 2000. Un an auparavant, dans le crossover Sins of Youth où elle est membre de la Young Justice, et dans lequel les héros âgés sont devenus jeunes et jeunes héros sont plus âgés et permettant aux mentors et leur sidekick d’inverser leur statut, on la retrouve même en train de porter le costume de Wonder Woman ainsi que celui de Donna Troy (sa combinaison rouge).
C’est à cette même époque qu’elle commence à suivre l’entraînement au combat d’Artemis, l’une des guerrières Amazones compatriotes de Wonder Woman. Cette formation permet à Cassie d’avoir plus confiance en elle, et plus tard, elle finira par devenir le visage public de la Young Justice face aux médias. Car tout comme la précédente Wonder Girl, Donna Troy, notre héroïne va rejoindre un groupe de jeunes super-héros, c’est d’ailleurs au sein de ce groupe qu’elle va rencontrer et tomber amoureuse de Superboy, qui fut d’abord insensible à ses marques d’affections. Faisant office de leader légitime, les autres membres de la Young Justice se réfèrent souvent à son jugement. Avec le temps, Cassie s’épanouit pour devenir une jeune femme séduisante, et enfin réussir à attirer le regard de Superboy.
En 2001 Phil Jimenez introduit dans Wonder Woman vol.2 #171 le personnage de Silver Swan en la personne de Vanessa Kapatelis (car il y a eu d’autres Silver Swan avant celle-ci, sinon ce ne serait pas drôle), une protégée de Wonder Woman qui sous le contrôle de Circe vient attaquer Cassie et ses camarades de classe dans l’enceinte même de son lycée, ce qui a pour conséquence de dévoiler son identité secrète au monde entier. Vanessa aurait souhaité devenir la nouvelle Wonder Girl et le fait savoir à notre héroïne d’une manière très douloureuse.
Un peu plus tard, une organisation connue sous le nom d’Optitron offre aux équipes des Titans et Young Justice de les parrainer, en les convoquant à San Francisco. Avant qu’une décision ne soit prise, une fille mystérieuse (et cybernétique) nommée Indigo venant du futur fait son apparition. Sans le savoir, elle active un Superman androïde (oui oui, le fameux Superman robot de la dernière fois !) celui là-même qui entraînera la mort de Troia . A son enterrement, Nightwing démantèle les Titans.
Les membres de Young Justice se sentant tous responsables de la mort tragique de Donna Troy, Wonder Girl, Robin, Impulse et Superboy décident de former une nouvelle équipe des Teen Titans sous la tutelle de Cyborg, Starfire, Raven et Beast Boy, tous plus expérimentés.
Wonder Girl continue de progresser dans son rôle, et découvrir de nouvelles limites à ses pouvoirs. Ares, le dieu de la guerre, va lui offrir un lasso aux pouvoirs particuliers d’une manière assez inattendue. Contrairement au lasso mythique de Wonder Woman, le sien ne peut pas forcer les gens à dire la vérité, mais il est à la place chargé des éclairs de Zeus, qui s’activent lorsque Cassie se met en colère. Le souhait d’Ares est de devenir le mentor de sa demi-sœur, lui promettant de lui enseigner un moyen de canaliser sa rage et de devenir une championne redoutable.
Alors que les dieux grecs sont sur le point de se retirer de cette dimension avec les habitants de Paradise Island, Wonder Girl sent ses pouvoirs décliner. Avant que les dieux ne disparaissent, Ares lui donne une partie de ses pouvoirs divins et lui demande en échange de l’accepter comme son frère.
La relation Wonder Girl/Superboy va s’intensifier (ouh lala) en 2006, lorsque celui-ci prend congés des Teen Titans après avoir découvert qu’il possédait le même ADN que Lex Luthor et qu’il commençait à subir les effets des gènes de son donneur, jusqu’à se raser la tête et se retourner contre ses coéquipiers. Les deux tourtereaux vont partager un moment d’intimité dans Teen Titans vol.3 Annual #1, ce genre d’événement annonçant en général malheureusement la pire des catastrophes (mais non, Cassie ne tombe pas en cloque, on se calme).
En effet, Conner Kent succombera à ses blessures causées par son affrontement avec Superboy-Prime, un personnage qui a survécu au cataclysme de 1985, le fameux Crisis on Infinite Earths. Prime a en effet tous les pouvoirs de Superman, mais aucune de ses faiblesses. Dans un combat ultime, Superboy et Superboy-Prime entrent en collision dans la tour de Luthor, créant une énorme explosion. Lorsque la fumée se dissipe, la tour est détruite, mais Superboy souffre de blessures irréversibles. Alors que Wonder Girl se précipite à ses côtés, Superboy meurt dans ses bras dans Infinite Crisis #6-7, après avoir sacrifié sa propre vie pour sauver l’univers (alors laissez-moi une minute parce que là, moi j’en peux plus).
Secouée par ces événements, Wonder Girl quitte les Titans et rejoint une secte appelée « Cult of Conner » (52#2, #4, #11-12) dans l’espoir de ressusciter Superboy. Lorsque sa tentative échoue, elle reste dans son coin un moment, persuadée que les Titans l’ont abandonnée. C’est grâce à une mission impliquant la Confrérie du Mal qu’elle retrouve une nouvelle équipe des Titans, qui l’invite à les rejoindre.
De novembre 2007 à avril 2008, Wonder Girl aura les honneurs d’avoir sa propre mini-série de 6 numéros, faisant suite au crossover Amazons Attack paru dans Wonder Woman.
Zeus se présente plus tard à Wonder Girl pour prévenir sa fille des méfaits du Roi Lycos, le fils d’Arès assoiffé de pouvoir. Alimenté par le meurtre de ceux qui sont proches de Wonder Girl, Lycos envoie son cerbère pour attaquer les Titans et la provoque en combat singulier, utilisant certaines de ses propres capacités divines contre elle. C’est de cette manière que Cassandra se rend compte qu’elle a emprunté ses compétences divines tout ce temps, d’abord de Zeus, et plus tard, d’Ares. De plus, ses pouvoirs liés à la rage alimentés par le Dieu de la guerre lui ont causé des sautes d’humeur et des accès de colère depuis qu’elle a accepté son lasso foudroyant. Ainsi, pour la première fois, Cassandra fait appel à ses pouvoirs hérités de droit d’aînesse, et banni Lycos avec son nouveau lasso auto-alimenté (Teen Titans vol 3 #65, en 2008).
Pendant un temps, Wonder Girl trouvera brièvement le réconfort dans les bras du meilleur ami de Superboy, Robin (alias Tim Drake). La culpabilité du jeune couple mettra cependant un terme rapide à la relation, Superboy reviendra finalement à la vie avec l’aide de la Legion des Super-Héros et leur super-science du 31e siècle, (Legion of 3 Worlds #4-5 en 2009) réunissant Wonder Girl et son véritable amour. Mais lorsque le garçon d’acier rejoint les Teen Titans, lui et Wonder Girl décident néanmoins de faire ue pause dans leur relation.
Voilà pour la petite histoire de Cassandra Sandsmark, Wonder Girl troisième du nom, qui continue actuellement ses aventures au sein des New 52 et d’une nouvelle équipe des Teen Titans, mais dont je ne parlerai pas ici, par respect pour cette héroïne. Vous savez désormais tout sur celles qu’on appelle les Wonder Girls de DC Comics, trois héroïnes, trois sœurs partageant la même mythologie, et surtout trois femmes merveilleuses dont on peut retrouver les prouesses dans tout un tas de comics DC publiés avant 2011….
Allez, je vous laisse sur ces deux pages issues de Teen Titans vol. 3 #25, parce que franchement, il y en a quand même sacrément marre des robots Superman !
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Les filles du Paradis : 2ème partie
Résumé de l’épisode précédent : Comme nous avons pu le voir dans notre dernier retro billet, le doux nom de Wonder Girl est rattaché non pas à une, mais à trois héroïnes, toutes liées à l’univers de la guerrière Amazone mais correspondant à des personnages aux origines et au destin totalement différents. Les aventures de la première Wonder Girl datant de la toute fin des années 50 concernaient donc une Wonder Woman encore enfant faisant l’apprentissage de la vie aux côtés de sa mère Hippolyta et parfois accompagnée d’une version d’elle même âgée de 3 ans, Wonder Tot, ainsi que de son alter ego adulte, l’ensemble formant la fameuse Wonder Family.
Venons-en si vous le voulez bien à la plus populaire et la plus appréciée des Wonder Girl, la ravissante Donna Troy qui apparaît pour la première fois dans Brave and the Bold #60 en 1965, un numéro où l’on fait également la connaissance d’une nouvelle équipe de super héros, les Teen Titans (c’est en effet dans ce numéro que cette équipe est appelée ainsi pour la première fois, même si les lecteurs avaient déjà rencontré ces personnages ensemble un an auparavant dans le #54). Mais à vrai dire vouloir décortiquer les origines de Donna Troy, ça n’est pas une mince affaire tant elles ont été remaniées à plusieurs reprises (les comics, je vous jure…), commençons donc à cette époque fabuleuse où il faisait bon se ballader en ville et les super héros ne finissaient pas en robot-zombie.
Bob Haney est donc celui qui va nous amener cette nouvelle version de Wonder Girl, quittant Hippolyta et Wonder Woman pour voler de ses propres ailes au sein d’une nouvelle famille de super héros. Si l’on n’y prend pas garde, puisque le lecteur est jusqu’à maintenant habitué à voir les trois personnages ensemble, on pourrait penser qu’il s’agit encore de cette version jeune de Diana crée par Bob Kanigher, d’autant plus que dans cet épisode le nom de Donna Troy n’est pas prononcé une seule fois. Mais il s’agit bien d’une toute nouvelle Wonder Girl, déjà des petits détails vestimentaires le prouvent comme le rajout des bracelets et la petite jupe est remplacée par un short similaire à celui de sa grande soeur.
Oui oui, vous venez bien de me lire correctement, la Wonder Girl dont nous avons à faire ici n’est nulle autre que la sœur adoptive de Diana de Themyscira, comme va nous l’expliquer le scénariste Marv Wolfman dans Teen Titans #22 en 1969 dans une histoire intitulée The Origin of Wonder Girl. Après s’être fermement confrontée aux créatures de la Dimension X, Wonder Girl se retrouve affaiblie et lorsque ses compagnons cherchent à savoir ce qui ne va pas, elle n’a pas d’autre solution que d’avouer qu’elle n’est pas réellement une Amazone. Abasourdis, les Jeunes Titans (en avant ! Bon ok c’était pas drôle) apprennent en effet que lorsqu’elle n’était qu’une enfant, elle fut sauvée par Wonder Woman d’un immeuble en flammes , et n’ayant ni parents ni identité propre, elle fut recueillie sur Paradise Island où elle suivit un entrainement digne des filles d’Hera. Mais elle restait une humaine sans aucun pouvoir, Hyppolyta sa mère adoptive décida donc de la faire passer sous les rayons pourpres afin de modifier sa structure moléculaire et lui donner ainsi les mêmes pouvoirs que sa sœur aînée. Mais la jeune fille cachait un autre secret que Speedy était le seul à avoir découvert : Wonder Girl était également sans domicile et obligée de passer ses nuits dans les murs froids du quartier général des Teen Titans ! Heureusement ses compagnons lui trouvèrent (très) facilement un appartement, un nouveau départ s’offrait à notre héroïne qui eu la bonne idée de se confectionner un nouveau costume, plus moderne et personnel, comme pour s’affranchir petit à petit de son héritage et sortir de l’ombre tutélaire de la guerrière Amazone.
Oui oui, ça en jette, et vive les années 60 bordel.
Or comme dans les comics rien n’est simple, (mais ça vous le savez déjà) 15 ans plus tard Wolfman va revisiter ses origines dans New Teen Titans #38 en janvier 1984, avec George Pérez aux dessins dans un numéro savamment intitulé Who is Donna Troy ? A cette époque, Donna est sur le point de se marier avec Terry Long, celui-ci demande à Robin (en fin détective) d’aider sa promise à enquêter sur son passé. Il découvre alors que sa mère biologique, Dorothy Hinckley, qui était sur le point de mourir d’un cancer l’avait confié à un orphelinat, et qu’elle fut rapidement adoptée par un couple marié. Deux ans plus tard, elle fut malheureusement la victime d’un trafic d’enfants jusqu’à échouer dans cet immeuble aux normes de sécurité non conformes, et rencontrer de cette manière son destin super héroïque. La légende raconte que cette histoire qui offre une vraie profondeur et une humanité à ce personnage a été écrite à quatre mains, c’est à dire autant par Marv Wolfman que George Pérez, les Chris Claremont et John Byrne de DC Comics. Et le scénariste aurait pu s’arrêter là si un tout petit événement de trois fois rien qu’on appelle Crisis on Infinite Earths un an plus tard n’allait pas modifier beaucoup de personnages du DC Verse, dont Wonder Woman, son sauvetage de l’immeuble en flamme par l’Amazone était par conséquent devenu un détail à bannir, au grand désarroi de Wolfman. Donna devait s’adapter à cette nouvelle continuité, c’est ainsi qu’il dû réécrire à contre-cœur ses origines dans le story arc Who is Wonder Girl ? dans The New Teen Titans #50 à 54 entre 1988 et 1989, et par la même occasion lui donner un nouveau nom, Troia. En effet, dans The New Teen Titans #50, les Titans sont attaqués dans leur quartier général par des aliens (oui, c’est une habitude chez eux), une étrange vieille femme parvient à les stopper et s’entretient avec Donna, lui disant que ses origines ne sont qu’un tissu de mensonges. La femme dépense beaucoup d’énergie pour soulever le voile de faux souvenirs renfermés dans son esprit, c’est ainsi qu’on apprend qu’elle n’a pas été inspirée par Wonder Woman, mais par le drapeau américain et qu’elle fut sauvée des flammes par le Titan de la mythologie grecque Rhéa. La vieille femme lui dit également qu’elle s’appelle Phoebe, la déesse grecque de la lune, et que les dieux ont besoin de son aide.
Il s’avère donc que Donna fait partie d’un groupe de 12 orphelins disséminés dans tout l’univers et voués à une mort certaine dès la naissance, élevés sur New Cronos par ces Titans pour devenir des Graines de Titan, leurs sauveurs éventuels. Ils furent dotés de pouvoirs surhumains, et nommés d’après d’anciennes villes grecques. Appelée Troia, Donna fut dépouillée de ses souvenirs concernant son temps passé avec les Titans de la mythologie, et fut réintroduite auprès de l’humanité pour attendre son destin. Dans The New Titans #55 (dont la couverture est une allusion à celle de Teen Titan #23 et son premier changement de costume), Donna change son pseudonyme de Wonder Girl en Troia et adopte un nouveau costume intégrant les dons mystiques des Titans de la mythologie.
Oui, je sais, ça commence à faire beaucoup tout ça mais nous en avons vu d’autre pas vrai ? Un peu plus tard, les choses vont encore un peut plus se compliquer pour elle lorsqu’elle tombe enceinte de Terry Long. En effet, étant essentiellement une déesse, son enfant aurait par conséquent les pouvoirs d’un dieu. On apprend alors que dans un éventuel futur, le monde entier est sous sa domination en tant que Lord Chaos. Monarch, dans effort d’éliminer toute concurrence envoie une équipe de nouveaux Titans dans le passé pour tuer Donna avant qu’elle mette au monde son fils. Dans un crossover plutôt compliqué toujours écrit par Wolman paru en automne 1992, et justement intitulé Total Chaos, Donna, qui semble se prendre à un moment pour le Dark Phoenix, finit par renoncer à ses pouvoirs afin que son fils n’en obtienne pas lui non plus.
S’en suit ensuite une période de paix toute relative, puisque la future équipe des Team Titans déménage avec sa famille. Les conflits qu’elle nourrit avec Terry Long sur les dangers de sa vie super-héroïque conduisent finalement à l’échec de son mariage, jusqu’à en perdre la garde de son fils. Elle est ensuite contactée par les Darkstars, une organisation intergalactique semblable à celle des Green Lanterns qui lui offrent le poste de Darkstar de la Terre. Donna accepte, et finit par rejoindre une nouvelle fois les Titans. Après la dissolution du groupe, elle quitte également les Darkstars, et vit pendant un certain temps comme une femme normale tout en côtoyant bon nombre de super-héros, sortant avec le Green Lantern Kyle Rayner et se liant d’amitié avec Wonder Woman.
Lorsque son ex-mari, son fils et sa belle-fille sont tués dans un accident de voiture, le moral de Donna est au plus bas. C’est le moment que choisit Dark Angel pour la kidnapper et la condamner à vivre sans cesse des existences de souffrance où personne n’est capable de se souvenir d’elle. Wonder Woman aidée par Wally West va parvenir à « restaurer » les souvenirs de Donna, et réparer les trous laissés dans le flux temporel par l’ingérence de Dark Angel. Donna fait un rétablissement rapide et se retrouve avec des pouvoirs similaires que ceux que les Titans du mythe lui avait donné. Elle reprend le nom de Troia et aide à fonder la prochaine équipe des Titans.
Dans les pages du crossover Titans/Young Justice intitulé Graduation Day écrit par Judd Winnick en 2003, Donna est tuée par un Superman Robot, toutefois en juin 2005, DC Comics publie The Return of Donna Troy, une mini-série de quatre numéros écrits par Phil Jimenez et dessinés par José Luis García-López et George Pérez marquant sa résurrection (parce que faut pas abuser quand même) et éclaircissant par la même occasion ses origines multiples, ce qui n’est pas du luxe, vous en conviendrez.
Tout au long des années 2000 Donna figurera en bonne place au sein des différents events de la firme, Infinite Crisis, 52, One year later, Countdown to Final Crisis et patati et patata, séries que je me passerai de détailler ici car comme chacun le sait, c’est dans les plus vieux pots qu’on fait les meilleures confitures ! Et pour ce qui est du présent, c’est à dire cet univers merveilleux appelé les New 52 (oui, celui où il y a des robots zombies dedans), nous attendons tous son retour avec une impatience non dissimulée teintée toutefois d’une certaine inquiétude…
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Once upon a time in little Africa
Avant de revenir sur l’héroïne du moment, Wonder Girl, je crois qu’il était quand même temps que je vous parle de ce numéro emblématique qu’est Superman’s Girlfriend Lois Lane #106, dans lequel la fiancée de Superman pousse sa légendaire curiosité (ou son envie de décrocher un prix Pulitzer) jusqu’à se transformer en une jeune femme de couleur et découvrir l’envers du décor. J’emploie le terme d’emblématique parce qu’il fait partie de ces titres qui ont marqué l’histoire des comics, en apportant sa pierre à l’édifice dans la représentation des minorités dans l’édition mainstream, à une époque où tout était encore loin d’être une évidence. Il en existe d’autres, bien sûr, on peut citer d’emblée Green Lantern/Green Arrow #76 par le tandem Denny O’Neil et Neal Adams qui, publié la même année en 1970, traitait également du racisme (la série va d’ailleurs égrener les nombreux maux de la société de l’époque), et plus récemment en 1992 Alpha Flight #106 et le coming out de Northstar qui a tant fait parler de lui.
Nous sommes donc en 1970, à l’aube du Bronze Age et à une époque où l’Amérique a récemment connu de grands bouleversements sociaux et idéologiques, notamment grâce à l’essor des mouvements féministes mais surtout des droits civiques qui réclamaient l’égalité des droits pour les Noirs Américains par l’abolition de la législation qui instituait la ségrégation raciale. Des personnalités comme Martin Luther King ou Rosa Parks, en étaient les figures les plus célèbres et allaient influencer pendant des décennies les différentes manifestations de la pop culture, l’industrie des comics ne pouvait donc y échapper. Nous sommes aussi à une époque où la bande dessinée a encore un fort impact sur son jeune lectorat, les comics sont donc le moyen le plus simple de faire passer des messages forts et de dénoncer les maux qui ont gangrené culturellement la société américaine depuis ses fondements : la colonisation, la ségrégation et le fondamentalisme, et ainsi peut-être sensibiliser les nouvelles générations sur ce qu’il faut changer.
Ecrit par Robert Kanigher et dessiné par Werner Roth (connu pour avoir succédé à Jack kirby sur les X-Men), I Am Curious (Black)! est le titre donné à cet épisode, autant dire qu’il annonce la couleur, mais c’est surtout une référence au film Suédois I Am Curious (Yellow) réalisé en 1967 où une jeune étudiante passionnée par les sujets liés à la justice sociale, se met à interviewer son entourage sur les classes sociales dans la société, l’objection de conscience, ou encore l’égalité des sexes. Il nous présente une Lois Lane dont les dents rayent le parquet du Daily Planet. L’arrogante journaliste pense en effet pouvoir décrocher le fameux prix Pulitzer en allant faire un reportage au cœur de Little Africa, le quartier noir de Metropolis, et se contenter de poser quelques questions aux autochtones, des enfants revenant de l’école aux femmes cloîtrées dans leur appartement (car oui, le quartier est un peu craignos) en étant persuadée qu’elle sera accueillie les bras ouverts car hé, elle est Lois Lane, la célèbre Reporter du Daily Planet !
Étonnement les choses les choses ne se déroulent pas comme prévu pour notre intrépide journaliste : les habitants de Little Africa ne semblent en effet pas vouloir être le sujet d’un article, de claquage de porte en ignorance à peine feinte, Lois se retrouve rapidement le bec dans l’eau, à croire qu’à l’époque on avait déjà entendu parler des sujets traités par dessus la jambe.
Mais Lois va commencer à comprendre d’où vient le problème par le biais d’une vieille dame aveugle, celle-ci au son de sa voix se rend compte qu’elle parle à une femme blanche et déguerpi aussitôt. Continuant sa route, elle va s’arrêter devant un rassemblement où un activiste en faveur de l’égalité les droits la prend à partie, et c’est à ce moment là qu’elle réalise (enfin, il lui en a fallu du temps) que son statut de femme blanche est loin d’inspirer la sympathie, elle se retrouve d’ailleurs elle-même victime du racisme que dénonce le manifestant.
Déconcertée, Lois décide de faire appel à Superman pour l’aider à trouver une solution à son épineux problème. Celui-ci l’emmène faire un tour dans la Forteresse de Solitude car la journaliste souhaite utiliser la Plastimold Machine pour devenir le temps de 24 heures une toute autre personne, c’est à dire une jeune femme de couleur. Ce n’est pas la première fois que Lois utilise cette machine d’origine kryptonienne crée par le docteur Dahr-Nel, qui lui avait déjà fait subir d’autres transformations quelques numéros auparavant dans Superman’s Girlfriend Lois Lane #90, ce qui prouve soit-dit en passant qu’elle doit désormais certainement être une fervente amatrice de l’émission de télé-réalité Relooking Extrême. Ni vu ni connu, Lois se métamorphose en une créature tout droit sortie d’un film de Blaxploitation, elle se doit alors de changer sa garde robe pour fondre un peu mieux dans le décor et direction Little Africa pour découvrir enfin ce que cela fait d’être noire.
La réalité va donc lui sauter en plein visage, son chauffeur de taxi préféré ne daigne même pas s’arrêter pour la transporter. Dans le métro, la paranoïa la guette lorsqu’elle pense que la population majoritairement blanche la dévisage comme si elle était la nouvelle Rosa Parks, alors que personne n’accorde tout simplement d’importance à une personne de couleur. En quelques cases, le ton du comics devient beaucoup plus sérieux, son enthousiasme et son excès de confiance des premières pages se transforme en une prise de conscience teintée du sentiment que tout un univers est en train de s’écrouler. Son parcours initiatique la conduit dans un immeuble insalubre où elle parvient à éteindre un incendie qui menaçait de se propager à cause d’un tas d’ordures entreposés derrière un escalier. L’une des habitantes l’invite à boire un café et c’est une nouvelle claque que se prend notre reporter, découvrant les conditions de vie difficile de son hôte qui doit jusqu’à chasser des rats de la chambre de sa fille.
Peu de temps après, Lois tombe sur un homme conduisant une classe improvisée à des enfants dans un terrain vague. Tout en regardant l’échange entre l’enseignant et les élèves, Lois est approché par un homme du nom de Dave Stevens qui prétend la reconnaître. C’est en effet l’homme qui haranguait la foule au début de notre histoire, mais, avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit, Dave aperçoit un groupe de jeunes se diriger vers un tas d’ennuis. Lois suit Dave dans la ruelle alors qu’il poursuit les adolescents. Les enfants arrivent devant un butin et une paire de gangsters que Dave va tenter d’arrêter, mais il est abattu par l’un d’eux. Heureusement Superman n’est jamais très loin et met rapidement un terme à l’altercation, amenant Lois un Dave très affaibli à l’hôpital voisin. Les médecins les informent que Dave a besoin d’une transfusion, mais ils n’ont pas le type O Négatif en stock en raison du manque de financement de l’hôpital. C’est à ce moment là que Lois se dévoue pour lui donner son sang, car il est également de type O Négatif.
Après la transfusion ainsi que tout ce que Lois a appris lors de cette folle journée vient le moment de vérité, elle demande à Superman si il l’épouserait si elle était noire. Bien que celui-ci aborde brièvement les implications raciales de sa question et le fait qu’il est lui aussi un étranger, il donne à Lois toujours la même réponse, leur mariage n’aura jamais lieu car il veut avant tout la protéger de ses ennemis. Avant de pouvoir répondre, Lois redevient Lois et lorsque l’infirmière vient l’avertir du réveil de Dave, elle craint sa réaction en découvrant qu’il a été sauvé par une « Whitey« .
La dernière page, très subtile car sans aucun dialogue, met un terme définitif à toutes ses interrogations, mais elle nous montre surtout comment deux personnes peuvent être unies malgré leurs différences et nous donne ainsi beaucoup d’espoir.
Alors oui soyons honnêtes, il est vrai que ce numéro peut paraître un peu désuet et daté de nos jours et il est loin d’être exempt de défaut. On relèvera par exemple les choix vestimentaires un peu étranges de Lois qui n’a vraisemblablement pas compris que Little Africa reste un quartier de Metropolis, et non pas un village perdu aux confins de la pampa. Le vindicatif Dave Stevens représente quant à lui le cliché de l’homme noir bien énervé mais qui sera au final sauvé par deux blancs, comme si Robert Kanigher se frottait à un thème qu’il ne maîtrisait pas tout à fait lui-même, à l’image de Lois Lane au début du récit. Mais bon, il faut savoir remettre ce numéro dans son contexte pour en apprécier toute la subtilité et la saveur, car son propos lui, reste universel et ô combien d’actualité…
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Les filles du Paradis : 1ère partie
Comme si cela n’était pas assez compliqué comme ça, certains personnages de comics se payent (souvent ?) le luxe d’être déclinés en plusieurs versions suivant les époques, les aléas des hautes sphères éditoriales, et l’imagination débordantes de certains scénaristes. C’est ainsi que pour l’héroïne qui nous concerne aujourd’hui, Wonder Girl, nous sommes à même de recenser trois jolies jeunes femmes répondant à cette Appellation d’Origine Contrôlée par DC Comics et toutes liées bien évidemment à la création de William Moulton Marston, Wonder Woman. Nous devons ainsi retenir trois dates pour mieux comprendre comment le nom de Wonder Girl a pu se s’extrapoler ainsi : 1959, 1965 et 1996 avec trois apparitions bien distinctes, issues à chaque fois d’une vision bien particulière de ce que peut être une Wonder Girl.
Si si la famille
Vous vous êtes un jour peut être demandé à quoi pouvaient ressembler les aventures de Wonder Woman avant que la Princesse de Themyscira ne devienne l’héroïne que nous connaissons tous. Et bien il s’avère que la jeunesse de Diana a bel et bien été traitée parmi ces sept dernières décennies, mais pas forcément pour le meilleur des résultats. C’est Robert « Bob » Kanigher, façonnant l’univers de l’héroïne pendant 22 ans (de 1946 à 1968), qui va introduire une Wonder Woman Family composée de Wonder Woman, sa mère Hippolyta, Wonder Girl et Wonder Tot (autrement dit bébé Wondie) où trois « générations » d’un même personnage sont capables de coexister côte à côte grâce à la magie des amazones. Le fait est qu’à la mort de Marston en 1947, un sérieux problème se pose vis à vis de la direction à prendre concernant la suite des aventures de notre fière amazone, personne ne semble en effet savoir quoi faire avec ce personnage ! Le plus important à l’époque semble être de continuer à publier le titre pour en garder les droits, Wondie va donc se retrouver confrontée à toutes sortes de brigands, robots, géants, ou encore doubles d’elle même, jusqu’à ce que Frederic Wertham enfonce encore un peu plus le clou via son livre Seduction of the Innocent et influe sur une approche beaucoup plus romantique et conformiste bien en phase avec ce que l’on attend de la part des femmes de cette génération.
C’est dans cette optique que Bob Kanigher se met à repenser les origines du personnage, décidant de lui donner une « vraie » famille et de raconter les incroyables aventures vécues dans sa prime jeunesse, le lecteur va donc d’abord découvrir Wonder Woman à plusieurs étapes de son existence, de la petite enfance (avec Wonder Tot) au stade de pré-adolescente (Wonder Girl of course), avant que tout ce petit monde soit réunit pour la première fois dans Wonder Woman #124, un épisode intitulé The Impossible Day (si seulement…). Dans cette histoire, Steve Trevor et Diana Prince admirent une peinture rupestre dans laquelle Wonder Woman, Wonder Girl, Wonder Tot et la reine Hippolyta sont présentées en train d’affronter un dinosaure. Alors que Wonder Woman revient à Paradise Island, elle et la reine inspirées par la peinture, fusionnent des bobines de film (franchement, dans ma petite carrière de projectionniste, j’ai jamais vu ça…) afin de créer un film dans lequel elles s’associent à merveille avec Tot et Wonder Girl pour lutter contre Multiple Man, un ennemi à la forme d’un caméléon.
C’est ainsi que ces trois entités de Diana vont apparaître régulièrement aux côtés de leur mère, mais revenons si vous le voulez bien à nos moutons c’est à dire quelques années auparavant en 1959 avec le #105, un numéro qui annonce d’emblée la couleur car il inclut un backup intitulé Secret Origin of Wonder Woman. Si vous connaissez un minimum vos classiques en matière de guerrière amazone, je ne vous apprendrai rien en vous disant que Wonder Woman et ses sœurs vivent sur une île paradisiaque uniquement peuplée de femmes et évoluant dans une société utopique régie par le matriarcat et fondée sur des valeurs telles que la paix, l’amour et la non violence. Dégoûtées par le monde des hommes et leur constante agression patriarcale, les Amazones se sont isolées pour construire leur propre société supérieure et prospère, en vue de créer un monde meilleur. A priori Kanigher n’est pas complètement d’accord avec cette vision pourtant assez sympathique, puisqu’il donne une nouvelle feuille de route quant aux origines des Amazones : Avant de partir pour Paradise Island, elles avaient maris, frères et fils, et ceux-ci s’avéraient même être des guerriers. Pire encore, ces femmes restaient à la maison tandis que les hommes allaient se battre. Mais lorsque ceux-ci furent tous tués au combat, les femmes accablées de douleur furent incapables de supporter d’avantage ce monde infesté par la guerre, elles préférèrent donc le fuir. Les dieux eurent finalement pitié d’elles et les amenèrent à Paradise Island, où elles formèrent une nouvelle société où personne ne pourrait les blesser à nouveau. On peut donc supposer que Diana avait un père, et nous découvrirons dans les numéros suivant que celui-ci pouvait vraisemblablement être l’amant d’Hippolyta, le Prince Theno. Quoiqu’il en soit Baby Diana va avoir la chance d’acquérir dès le plus jeune âge les pouvoirs d’Aphrodite, Athéna, Mercure, et Hercules, les dieux venant lui rendre visite à tour de rôle alors qu’elle est encore dans son berceau. Ce sont ces pouvoirs divins qui vont donc permettre aux Amazones de quitter définitivement le monde des hommes, une Diana alors adolescente bâtissant en un temps record le bateau qui allait les mener sur Paradise Island, c’est ainsi qu’apparaît pour la première fois le terme de Wonder Girl.
Les numéros suivant vont continuer d’explorer le passé de Wonder Woman, ou plutôt Wonder Girl, ce qui va permettre également d’en savoir plus sur la vie sentimentale de notre héroïne avant qu’elle ne fasse la connaissance de ce bon vieux Steve Trevor. Ainsi dans le #107, autrement ditWonder Woman – Amazon Teenager, nous découvrons un certain (ou plutôt le fameux) Mer-Boy, l’homme sirène qui est loin d’être insensible aux charmes de la jeune fille. C’est aussi dans cet épisode que Bob Kanigher va donner une nouvelle explication (un peu tirée par les cheveux d’ailleurs) quant aux origines de son costume, mais ça… c’est une autre histoire.
Wonder Woman #113 voit dans ses pages la première apparition de Wonder Tot, c’est à dire une Wondie âgée de 3 ans et présente dans un flash-back de l’épisode intitulé Wonder Girl’s Birthday Party où Hippolyta se souvient des précédents anniversaires de sa fille qui l’ont le plus marquée. A cette époque, Diana avait réussi à projeter son gâteau d’anniversaire en orbite autour de la terre alors qu’elle essayait juste de souffler ses bougies. Je crois que de nos jours on appelle ça un space cake.
Dans la continuité de Bob Kanigher, Wonder Girl est totalement consciente de la femme qu’elle va devenir, et ce grâce à cette merveilleuse invention que l’on appelle la machine à voyager dans le temps. Déjà présente dans le #112, cette machine va même permettre aux deux versions de notre héroïne de se côtoyer dans Wonder Woman #117, du moins c’est ce que semble penser Wonder Girl qui souhaite aider son alter ego du futur lors de ses affrontements. Malheureusement elle arrive à chaque fois trop tard. Et si la jeune héroïne pense pourtant être sauvée par sa version adulte, il ne s’agit en fait que de sa mère déguisée en Wonder Woman, essayant de lui faire comprendre finalement qu’elle ne pourra jamais se rencontrer elle-même.
Nous l’avons vu plus haut, les membres de la Wonder Family vont se réunir dans Wonder Woman #124 sans ne jamais plus vraiment se quitter au fil de leur nombreuses aventures, et ce jusqu’en 1965 avec le #158 qui va mettre un terme à cette, ou plutôt ces premières versions de Wonder Girl. Dans The End–or the Beginning, Robert Kanigher himself devient l’un des protagonistes du titre sur lequel il travaille depuis de si longues années, et il est celui par qui le scandale arrive. Dans ce numéro Wondie a en effet de quoi s’inquiéter, elle doit non seulement faire face à des lecteurs mécontents, nostalgiques du Golden age, mais surtout, elle assiste impuissante à la disparition de certains membres de sa famille, adieu donc Wonder Girl et Wonder Tot ainsi que ceux qui étaient liés à elles et leurs aventures depuis tant d’années : Mer-Boy et Bird-Boy en tête. La scène est d’une froideur déconcertante : tout ces personnages sont rangés dans un tiroir, même si l’auteur se permet de les rassurer une dernière fois de son amour paternel. Le cercle familial se recentre donc désormais autour de Maman Hippolyta (qui pour le coup reprend sa couleur de cheveux d’origine) et Steve Trevor.
Mais tout n’est pas perdu pour Wonder Girl, puisque cette même année voit le jour une nouvelle héroïne, Donna Troy, qui va donc porter ce titre dans les pages de Brave and the Bold #60 où l’on continue de découvrir une nouvelle équipe de jeunes super héros, les Teen Titans et dont le succès incite DC Comics à lui consacrer une série dès 1966. C’est ce que nous verrons dans la seconde partie de ce fabuleux dossier consacré aux Wonder Girls, en attendant, je vous offre ma tournée de space cakes.
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Stephanie Rises
Héroïne aux multiples facettes (et à la triple identité !), rarement un personnage féminin n’aura suscité autant d’enthousiasme de la part des lecteurs de comics en général et des habitués du Bat-Univers en particulier. Cette sympathie s’explique en premier lieu certainement par le fait qu’elle soit la seule héroïne de Gotham a avoir incarné autant d’alter ego, à savoir Spoiler/Robin/Batgirl, et que son destin, dramatique, violent et tragique, se trouve être aux antipodes de sa personnalité, légère, impétueuse et sémillante. Autant de raisons qui nous poussent aujourd’hui à nous intéresser à ce personnage extrêmement attachant, alors que son retour mainte fois repoussé à en faire craquer le plus sage des moines shaolin se profile enfin aux alentours du printemps 2014.
Et pourtant, la petite Stephanie Brown créée en 1992 par Chuck Dixon et Tom Lyle dans les pages de Detective Comics #647 ne devait servir à l’origine que le temps de trois numéros, afin d’aider Batman à déjouer les plans machiavéliques de son super-villain de père, Cluemaster, récemment guérit d’un trouble obsessionnel qui l’obligeait de laisser des indices avant de commettre un crime. Stephanie est donc la fille d’un criminel de seconde zone ayant passé la majeure partie de l’enfance de la jeune fille en prison ou en dehors du cercle familial, et d’une mère dépressive dépendante aux analgésiques. Alors qu’Arthur Brown affirme être réhabilité en revenant à Gotham, sa fille devient furieuse lorsqu’elle découvre qu’il est toujours un malfrat, et qu’il décide cette fois-ci de ne ne plus laisser d’indices derrière lui en guise de signature. C’est ainsi que naît Spoiler, un personnage qui va immédiatement accrocher avec le lectorat du Chevalier Noir.
Vêtue d’un costume à capuche violet et bleu, Spoiler est vite démasquée par Tim Drake avec qui le courant va passer très rapidement. C’est d’ailleurs par le biais de ses aventures qu’elle va réapparaître dans la série consacrée au jeune sidekick en 1994, d’une manière très sporadique à raison d’une histoire par an (dans Robin Vol.4 #3-5, 15 et 16) mais toujours sous la plume de son créateur Chuck Dixon. L’année suivante dans Showcase ’95 # 5 elle partage l’affiche avec les héroïnes Thorn et Firehawk, puis revient voir Robin beaucoup plus régulièrement, toujours dans sa série régulière (Robin # 25, 26, 35, 40, 41, 43-45). C’est lors de toutes ces virées nocturnes avec le Boy Wonder que Stephanie s’entiche du jeune homme, celui-ci repoussant gentiment les ardeurs de la belle.
C’est que dans un premier temps, Robin va la considérer plus comme un boulet qu’autre chose (sympa !), d’autant plus qu’il sort à l’époque avec Ariana Dzerchenko. Mais les aléas d’une vie super-héroïque font que Tim et Ariana sont incapables de se voir, alors qu’il passe au contraire de plus en plus de temps avec notre héroïne. C’est ainsi qu’il va finir par se rendre compte que ses sentiments pour Stephanie évoluent et, après avoir rompu avec Ariana, il commencera à sortir avec elle. Il sera cependant incapable de lui révéler sa véritable identité, ce qui semble au début ne pas la déranger. Pendant les événements du tryptique Cataclysm/Aftershock/No Man’s Land, Stephanie Brown devient donc un personnage récurrent aux côtés de Tim Drake. À la fin du run initié par Chuck Dixon, puis tout au long de celui de John Lewis, elle devient en quelque sorte la sidekick du sidekick, et fera même des apparitions récurrentes dans d’autres séries du Bat-Univers (notamment dans Batgirl, version Cassandra Cain).
Tout aurait pu continuer à se dérouler pour le mieux si Stephanie n’allait pas découvrir quelques semaines après avoir commencé sa relation avec Tim, qu’elle était enceinte d’un ancien petit ami suite aux événements survenus dans Cataclysm (le fameux tremblement de terre qui dévasta Gotham). De prime abord un peu paniqué, le jeune homme sous le pseudo d’Alvin Draper, ira jusqu’à l’accompagner à ses séances de préparation à l’accouchement, ce qui ne fera que renforcer leurs liens. Robin devra partir ensuite pour Keystone au cours des derniers mois de sa grossesse, mais il reviendra quand elle donnera naissance à une fille. Grâce à lui, elle trouvera aussi la force de placer l’enfant pour qu’il soit adopté, car même si l’expérience est déchirante, elle souhaite donner à sa fille la chance d’une vie meilleure.
La grossesse de Stephanie va donc permettre de développer sa relation avec Tim, mais Dixon va également se servir de l’état de l’héroïne pour approfondir avec justesse les rapports que la jeune fille entretien avec sa propre mère.
L’idylle entre les deux vigilantes ne va pourtant malheureusement pas durer. En effet, le père de Tim va l’envoyer en pension peu de temps après, obligeant le couple à suivre une relation longue distance, rendue encore plus difficile par le fait que Stephanie ne sait toujours pas qui se cache sous le masque de Robin. Pendant son absence, le jeune prodige se lie d’amitié avec une jeune fille appelée Star. Un soir, après l’avoir vu dans une ruelle avec des gens louches, Robin décide de la suivre. Il se heurte à Stephanie, convaincue qu’il la trompe, et refusant de le voir par la suite. Peu de temps après, Robin va disparaître de Gotham pendant plusieurs jours (il est en mission secrète au Tibet), ce qui va faire prendre conscience à Spoiler qu’elle est encore amoureuse de lui. C’est ainsi que Batman va se rapprocher d’elle en lui proposant de l’entraîner. Il va même jusqu’à lui dévoiler la véritable identité de son sidekick, une trahison qui va créer un fossé entre lui et Robin pendant un certain temps, mais aussi causer des ennuis supplémentaires pour Stéphanie et Tim. Spoiler va donc commencer sa formation avec Batman, mais également avec les Birds of Prey, tout en se liant d’amitié avec Cassandra Cain qui l’aide en échange de leçons de lecture, car celle-ci est analphabète.
Dans Robin #111, Stephanie révèle qu’enfant, sa baby-sitter (un ami de son père) avait tenté de la violer. Cet homme est apparemment mort d’une overdose huit jours après qu’elle ai dit à son père ce qu’il s’était passé, elle ignore elle-même si Cluemaster est le réel coupable de ce décès assez suspect.
Contre toute attente, Batman cesse de vouloir entraîner Stephanie, jugeant qu’elle n’a pas les capacités à devenir un membre de la Bat-Family (Gotham Knights #37). Mais lorsque le père de Tim découvre sa double vie, celui-ci est obligé de décrocher et se voit forcer de vivre une vie normale pendant un certain temps. L’occasion est trop belle pour notre intrépide Stephanie qui, toujours pleine de ressources, se confectionne un costume maison de Robin, puis réussi à s’introduire dans la Batcave et exiger que Batman la forme à nouveau mais cette fois-ci comme la nouvelle Robin (Robin #126) Après plusieurs mois d’un entrainement intensif, Robin 4ème du nom est enfin opérationnelle mais ce nouveau Dynamic Duo sera de très courte durée (de Robin #126 à 128, elle fait également équipe aux cotés de Batgirl dans Batgirl #53), Stephanie n’arrivant pas à s’en tenir aux ordres de son mentor. Elle est ainsi congédiée, et même priée de ne pas revenir sous le costume de Spoiler. Bill Willingham, le nouveau scénariste de la série depuis le #121 ne semble pas croire -du moins à première vue- au potentiel de l’héroïne, comme si Robin ne pouvait se conjuguer qu’au masculin. Mais c’est pourtant le procédé inverse que l’auteur décide de lui offrir avant qu’elle ne connaisse un sort funeste, comme il l’explique dans une interview pour CBR : « La mort de Spoiler était prévue bien avant que l’on me demande de prendre en charge la série, mais c’était mon idée de la laisser devenir Robin pendant un court moment avant cet événement. Ma pensée était que ce serait bien de lui donner au moins un moment de gloire, d’accomplissement et de succès, avant toutes ces choses horribles qui étaient destinées à lui arriver. »
C’est ainsi que DC Comics décide sans état d’âme de massacrer une héroïne, avec le crossover intitulé War Games (incluant Batman: The 12 Cent Adventure, Batgirl #55, Catwoman (vol. 2) #34-36, Batman: Legends of the Dark Knight #183, Nightwing #97, Robin #130, 131, et Batman #633) où Stephanie, à la fois blessée et déterminée à prouver sa valeur envers Batman, utilise les fichiers de l’ordinateur de la Batcave et élabore un plan pour anéantir les gangs de Gotham. Elle ignore cependant que Matches Malone est l’une des identités que Batman utilise pour infiltrer la pègre. Elle débute accidentellement une guerre des gangs, et se fait capturer par Black Mask, qui va la torturer et l’humilier afin d’obtenir des informations. Elle réussi à s’échapper et affronte Black Mask. Saisissant son arme, elle décide de ne pas l’utiliser afin de ne pas trahir Batman, Black Mask n’en fera pas autant. En dépit de ses blessures, elle parvient à sortir par les toits, Batman la trouve et l’emmène à l’hôpital.
Et soudain, c’est le drame.
Donner l’opportunité à Stephanie de devenir Robin était donc un leurre, comme vous pouvez le lire dans un précédent billet, mais a surtout été très mal perçu par le lectorat féminin que constituait une grande partie de sa fanbase, accentué par le fait qu’elle n’aura même pas droit à son mémorial au sein de la Batcave, au même titre que Jason Todd, l’autre Robin tué en pleine action. La rancoeur des fans est telle, que l’éditeur fini par se rendre compte à quel point son personnage est devenu populaire. L’exemple le plus probant à cette époque est la création d’une lettre ouverte destinée à DC intitulée Girl Wonder Project et lancé par Marie Borsellino : « Toute une génération de lecteurs de Batman a grandi avec Stephanie Brown, qui était une super-héroïne de comics depuis plus d’une décennie. Elle a été un modèle et une héroïne pour beaucoup. Puis elle a été torturée à mort dans une séquence couvrant un certain nombre de numéros. Elle a été traitée comme un objet sexuel, et son assassinat l’a dégradé elle et les comics de super-héros en général. Elle n’a jamais obtenu le crédit qu’elle mérite de la part de DC Comics depuis, dans ses pages ou ailleurs. Batman et les autres histoires de super-héros sont des fables de l’âge moderne, et si nous n’arrêtons pas la propagation de cette pourriture maintenant, ils seront irrévocablement corrompu par elle. Stephanie Brown est un symbole de la nécessité du changement. Et nous allons voir que le changement commence. »
Rarement la mort d’un personnage de comics n’aura engendré un tel mouvement de protestation, il ne faudra donc pas longtemps pour que l’éditeur autorise son retour. Peu de temps après ce très controversé War Games, Batman est entraîné dans un piège politique fomenté par Cluemaster. Ce dernier est bien décidé, suite à cette guerre de gangs qui a ravagé Gotham, à faire tomber Batman de son piédestal aux yeux de la population et, par la même occasion, venger sa fille. Lors de cette affaire, Batman découvre que Spoiler n’est pas morte dans les circonstances qu’il croyait. En réalité, le docteur Leslie Thompkins, pourtant leur alliée, l’a laissée mourir. Bruce Wayne retrouve Leslie en Afrique où elle lui avoue son crime. Elle voulait faire cesser cette violence dont sont responsables, d’après elle, les truands et les héros en sacrifiant l’un d’eux. Mais Leslie avait en fait décidé de faire passer Stephanie pour morte, Spoiler souffrant de son rôle d’héroïne. Dans Robin #174, et après que Tim ait cru à plusieurs reprises dans des numéros précédents avoir vu l’ombre de sa dulcinée, Chuck Dixon fini par réintroduire le personnage pour le plus grand bonheur de tous. Ce numéro permet également au scénariste de réunir notre héroïne avec sa mère.
Que ça fait du bien, bordel.
Faisant un accord avec sa mère, Stephanie décide de faire une dernière virée en tant que Spoiler. Pourtant, après les événements de Batman RIP, elle va reprendre du service cette fois-ci sous le costume de Batgirl. En effet, Cassandra va donner à Stephanie son costume après qu’elles se soient confrontées à un groupe de voyous sur les quais de Gotham. Très touchée par la mort apparente de Bruce Wayne, elle décide de laisser son rôle à sa meilleure amie. Tout en jonglant avec l’université et son statut de super-héroïne, Stephanie attire l’attention de Batman et Robin, ainsi que d’Oracle. Dick Grayson et Damian Wayne, les nouveaux Batman et Robin comprennent que Batgirl n’est plus Cassandra, il en est bientôt de même pour Barbara Gordon/Oracle. Stephanie est alors confrontée à Babs, qui lui révèle qu’elle est au courant de ses activités. Celle-ci lui lance un ultimatum dans lequel la jeune héroïne est obligée de révéler à sa mère qu’elle a reprit ses activités de vigilante. Officiant comme mentor auprès de Stephanie, Barbara lui offrira son nouveau costume, un juste milieu entre celui de Cassandra et son uniforme de Spoiler. Écrite par Bryan Q. Miller, l’excellente série Batgirl va durer pendant 24 numéros au bout desquels Miss Brown va enfin finir par faire partie à part entière de la Bat-Familly. Oui, enfin.
La suite nous la connaissons, il s’agit d’un événement que l’on appelle ici le Rebaunch et qui a causé il faut bien le dire la disparition ou l’altération d’un bon nombre de personnages féminins incontournables de l’univers DC. Stephanie Brown fait partie des dommages collatéraux engendrés par le Rebaunch, même si elle est réapparue furtivement dans un épisode de Batman Inc. Son retour tant attendu est désormais programmé pour le printemps prochain, mais il faut s’attendre à tout avec l’éditeur vis à vis de ce personnage, surtout lorsque l’on sait comment Dan didio parle de Stephanie (et de Cassandra) à ses heures perdues, la qualifiant de « toxique », et qu’il est le grand responsable de sa mort dans des circonstances plus qu’abjectes. Mais les enfants, haut les cœurs. Avec toute la crainte que l’on puisse avoir concernant ses nouvelles aventures dans Batman : Eternal, il serait complètement absurde de ne pas se réjouir de son grand retour, quoiqu’il en coûte.
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Dans la toile de Jessica
On pourrait croire que Spider-Woman fasse partie de cette vague de super héroïnes créées par Stan Lee et ses amis de la Maison des Idées, à l’image de Ms Marvel ou Hellcat dans le but d’amener un nouveau lectorat -celui des femmes- au sein de l’industrie. Que nenni ! Ses origines proviennent d’une considération beaucoup plus pragmatique qui était d’empêcher d’autres compagnies de s’approprier la « marque » d’un Spider-Man au féminin et ainsi couper l’herbe sous les pieds de Marvel. En effet, la rumeur de la création d’une certaine Web Woman, devant apparaître dans un programme pour enfants diffusé le samedi matin commençait déjà à faire trembler l’éditeur. En fin visionnaire, Stan Lee demande donc à Archie Goodwin de créer et développer manu militari le personnage de Spider-Woman dont les aventures démarreront dans Marvel Spotlight #32 en février 1977. Il est aidé en cela par Marie Severin, qui imaginera l’aspect et le costume de la belle. Sal Buscema au dessin et Jim Mooney à l’encrage prendront ensuite la relève sans changer quoique ce soit.
C’est dans ce Marvel Spotlight #32 que nous découvrons donc les origines de cette nouvelle héroïne, dans ce qui s’avère être un numéro d’une intensité (mélo)dramatique folle, où l’on fait la connaissance d’Arachnée, une super agent de l’Hydra chargée de s’infiltrer dans une base du SHIELD, d’éliminer Nick Fury, et de sauver son amant Jared qui s’avère être en fait un beau salopard qui faisait semblant d’être amoureux d’elle. J’en connais certaines qui se seraient mises en colère pour moins que ça. Découvrant le pot aux roses, le choc est d’autant plus rude lorsqu’elle apprend qu’elle n’est ni plus ni moins qu’une araignée ayant évolué en un être humain grâce aux bons soins du Maître de l’évolution.
Qu’on se le dise, être une héroïne chez Marvel, parfois ça craint. Même si Marvel Spotlight #32 se vent mieux que prévu, Stan Lee en personne n’est pas fan de ces origines insectoïdes. Il demande alors à Marv Wolfman de les remanier, une allusion subtile y est d’ailleurs faite dans Marvel Two-In-One #33 lorsque Modred fait comprendre à la femme araignée que ses origines ne sont pas se qu’elle pense qu’elles sont (…). Spider-Woman devient ainsi Jessica Drew dans Spider-Woman #1 en avril 1978, toujours écrit par Wolfman et où sont introduites ses vraies origines.
Jessica est donc la fille de deux scientifiques, Jonathan et Miriam Drew, qui travaillent sur un sérum impliquant des araignées. Lorsque la petite tombe soudainement malade dû à un empoisonnement à l’uranium, à cause d’une mine à proximité du laboratoire où sa famille s’était installée, son père lui injecte un de ses sérums mais l’effet n’est pas immédiat. En attendant la petite est placée dans un accélérateur génétique afin d’assurer sa survie, mais ses parents décèderont pendant son hibernation.
C’est le Dr Herbert Wyndham, l’associé de son père (et qui deviendra plus tard Maître de l’évolution) qui va veiller sur elle pendant des décennies jusqu’à ce qu’il la diagnostique guérie des radiations. Le sérum inoculé des années plus tôt lui confère de nombreux pouvoirs : elle peut voler, projeter des décharge bio-électrique de « venin », possède une vitesse sur-humaine, peut rester accrochée aux murs et est vaccinée contre tout poison. Elle émet également des phéromones qui séduisent les hommes.
En élaborant cette nouvelle identité, le souhait de Wolfman est de démarquer son héroïne le plus possible de son alter ego masculin. Aux dessins on retrouve Carmine Infantino qui sera présent jusqu’au #19, avant de rejoindre la série The Flash chez DC Comics. A la demande du scénariste, il apporte quelques modifications au costume créé par Marie Severin, notamment une ouverture sur son masque afin de libérer sa longue chevelure. Sous la plume de Wolfman, Jessica Drew (comme la plupart des héros Marvel) va se retrouver avec des problèmes bien concrets : son passé trouble ne lui permet pas de trouver un travail, et les femmes ne lui font naturellement pas confiance. Il va également lui donner un prétendant en la personne de Jerry Hunt, un agent du SHIELD, ainsi qu’une ennemie du nom de Morgan LeFay. C’est Mark Gruenwald qui prendra ensuite la relève au scénario, mais les ventes sont loin d’atteindre le même niveau que lors de sa première apparition, tant et si bien que Marvel décide de la faire apparaître dans une série animée en 1979, l’actrice Joan Van Ark lui prêtant même sa voix.
La Maison des Idées avait en effet l’espoir de faire de Spider-Woman leur princesse amazone, au moins du point de vue des produits dérivés. Mais malgré la présence d’un petit groupe de fans hardcore, l’héroïne reste mal perçue. Gruenwald quitte la série un numéro après Infantino, se succèdent alors dessinateurs et scénaristes : Michael Fleisher du #21 au #36, Chris Claremont du #37 au #46 (celui-ci instaurera un lien entre elle et les personnages des X-Men), pour finir avec Ann Nocenti jusqu’au #50. Ce numéro fatidique où notre héroïne meurt et dont la couverture est une photographie mettant en scène ceux qui travaillaient sur la série à l’époque : Ann Nocenti en Tigra, Mike Carlin, le coloriste Bob Sharen, Mark Gruenwald alors éditeur et sa femme Belinda, Brian Postman, et Jack Morelli. Quant à Spider-Woman, c’est Lynn Luckman, une secrétaire de la Marvel qui enfile la combinaison.
Dans cet ultime épisode, Jessica aidée de Magnus réussi une fois de plus à vaincre Morgan LeFay, mais celle-ci parvient à rompre le lien entre le corps astral de l’héroïne et son corps physique, laissant celui-ci apparemment sans vie alors que Jessica se résigne à demeurer avec Magnus sur le plan astral.
Il ne faudra heureusement pas attendre longtemps pour que Spider-Woman revienne dans les pages de The Avengers #240 et #241 (en février et mars 1984), épisodes dans lesquels Tigra, les Vengeurs et le Dr Strange réussiront à retrouver son corps et la ranimer. Mais Jessica va disparaître de la circulation (et perdre ses pouvoirs) pour céder sa place à d’autres Spider-Women, tout d’abord Julia Carpenter dont on fait la connaissance dans Marvel Superheroes Secret Wars (1984), puis « Mattie » Franklin et Charlotte Witter.
Il faudra ensuite attendre The New Avengers #14 et #15 écrits par Bian Michael Bendis et dessinés par Frank Cho pour retrouver notre héroïne, puis elle tiendra un rôle prépondérant dans la saga Secret Invasion. Bendis toujours lui fera d’elle l’héroïne d’une mini série illustrée par Alex Maleev, mais qui n’aura pas le succès escompté, sans parler d’une autre mini série avec les frères Luna intitulée Spider-Woman Origin qui revisite complètement les origines de Jessica jusqu’à son départ initial d’Hydra.
Au final il semblerait que Marvel n’ai jamais vraiment su quoi faire de ce personnage, les causes de sa création étant déjà le signe d’un manque d’intérêt pour celui-ci. Elle est à l’image de ce que les deux éditeurs ont souvent infligé à leurs héroïnes, soit en les reléguant à des rôles d’alter ego féminins de personnages à succès, soit en les remaniant de nombreuses fois afin d’en tirer les meilleurs profits.
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Black is Beautiful
En créant la belle Ororo Munroe en 1975 pour les pages du hors-série Giant-Size X-Men #1, Len Wein et Dave Cockrum ne devaient surement pas se douter de l’importance hautement symbolique qu’allait avoir ce personnage pour de nombreuses générations de lecteurs, en fédérant autour d’elle aussi bien les hommes que les femmes, issus des différentes communautés ethniques. Car en plus de pouvoir déchaîner les quatre vents et vous pétrifier sur place d’un revers de foudre, Storm n’est ni plus ni moins que la toute première super héroïne d’origine africaine à évoluer dans un comic-book tout en étant au premier plan. Nous allons voir que sa création est le fruit de deux hommes à l’imagination foisonnante, et d’un troisième (Chris Claremont) qui allait changer complètement certains aspects d’une héroïne à peine sortie de l’œuf. Si l’on rajoute à cela presque quarante ans d’aventures et d’apparitions toutes aussi mythiques les unes que les autres, asseyez-vous confortablement et laissez-moi vous compter l’histoire d’Ororo Munroe.
Il nous faut donc remonter le temps en 1975, à une époque où aussi surprenant que cela puisse paraître aujourd’hui, les ventes de la série X-Men sont loin d’être exceptionnelles. Afin de redonner un coup de fouet à cette équipe de super héros, on décide d’ajouter de nouveaux personnages, tous issus de pays étrangers, du Canadien Wolverine au Russe Colossus en passant par le Germanique Nightcrawler. Le duo créatif assigné à cette entreprise est constitué du scénariste Len Wein et de l’artiste Dave Cockrum qui possède dans ses carnets à dessin une pléthore de personnages qui n’espèrent pas mieux que de prendre vie et ainsi entrer dans la postérité et parmi lesquels on retrouve une dénommée Black Cat (rien avoir avec l’héroïne du Golden Age ni celle qui verra le jour en 1979 aux côtés de Spider-Man), héroïne noire aux yeux félins et dont le costume rappelle déjà fortement celui d’Ororo, ainsi que Tempest, capable de contrôler les éléments naturels, mais dont la personnalité ne semble pas fonctionner pour les deux artistes. C’est Roy Thomas alors éditeur en chef de Marvel qui va leur suggérer d’attribuer les pouvoir de Tempest à Black Cat, Cockrum redessinant légèrement le costume, en y ajoutant la fameuse cape aérienne attachée à ses poignets, et Wein baptisant son héroïne Ororo, qui signifie « beauté » en Swahili.
La Storm que l’on découvre donc dans les pages de ce Giant-Size X-Men #1 est celle que le Professeur Xavier est venue recruter sur les plaines du Serengeti, elle est une véritable déesse pour les tribus qu’elle protège en utilisant ses pouvoirs, et son allure ne laisse en tout cas pas le moindre doute là dessus. Wein appuiera d’ailleurs sur le décalage entre la jeune femme jusqu’ici au sommet de la chaîne alimentaire et le reste de l’équipe, notamment au cours de ses interactions avec les autres membres mutants.
Mais le scénariste ne va pas avoir le temps de développer la mythologie de son personnage, quittant la série régulière pour laisser la place à Chris Claremont qui prend pleinement les rênes de la série à partir du #96 et qui va carrément changer les origines pourtant fraîches de Storm au #102, en les rendant beaucoup plus complexes.
Exit l’exotisme kényan, sa faune sauvage et ses paysages grandioses, Claremont nous explique qu’Ororo est née à Harlem en 1951, fille de David Munroe et de sa femme N’Dare, alors âgée de six mois ses parents vont s’installer au Caire pendant la crise du canal de Suez. Quelques années plus tard un avion va venir s’écraser contre leur maison, elle sera la seule survivante, se retrouvant prisonnière des décombres sous le corps sans vie de sa mère. Cette expérience traumatisante révélera son talon d’Achille, une sévère claustrophobie qui la paralyse totalement. L’orpheline va alors trouver refuge et protection auprès d’Achmed el-Gibar qui lui enseigne les rouages et les ficelles du métier de voleuse, la belle devient ainsi une experte en pickpocket. Ses talents seront d’ailleurs utilisés à plusieurs reprises par Claremont, qui lui fait voler le porte-feuille du Professeur X le temps d’un flash-Back dans X-Men #117. Adolecente, Ororo va suivre son instinct et entamer un périple qui lui fera traverser le désert du Sahara pour rejoindre l’Afrique équatoriale, là où sa rencontre avec Xavier scellera son destin des années plus tard.
En remaniant ces origines, Claremont souhaite ainsi éviter à son personnage de devenir une énième Jungle Girl comme ses copines Sheena, Shanna ou Rima, pour en faire une héroïne résolument contemporaine. Ce qu’il veut également c’est donner du corps à son héroïne, quitte à la faire passer par un double traumatisme (celui de la mort de ses parents et d’avoir été enterrée vivante sous les décombres) puis la transformer en criminelle. En outre, son voyage initiatique qui coïncide avec la découverte de ses pouvoirs devient une expérience totalement salvatrice pour elle, parvenant au final à trouver sa place en haut de l’échelle « sociale », contrairement à la plupart des mutants qui sont persécutés ou considérés comme anormaux. Dans la création du passé d’Ororo, Claremont va aussi fortement s’inspirer d’un autre personnage féminin de bande dessinée, Modesty Blaise qui fut créée en 1963 par le scénariste Peter O’Donnell et le dessinateur Jim Holdaway, et dont les aventures vont être adaptées au cinéma en 1966, 1982 et 2003, ainsi que dans une série de romans et de nouvelles à partir de 1965. Le scénariste confirmera également que Charles Dickens compte parmi ses sources d’inspirations, d’Oliver Twist aux Grandes Espérances, pour aborder l’enfance de la jeune femme, sa vie dans les rues, et son rapport avec son protecteur Achmed el-Gibar.
On ne peut pas non plus évoquer les origines de Storm sans parler de son héritage mystique, car Ororo est également la descendante d’une lignée de prêtresses africaines qui ont toutes des cheveux blancs, des yeux bleus et sont de véritables magiciennes. Pour instaurer cet héritage, en 1982 dans les pages d’Uncanny X-Men # 160 elle croise une version alternative plus âgée d’elle même, qui va lui expliquer qu’en vieillissant elle finira par laisser de côté ses pouvoirs mutants beaucoup moins puissants que dans sa prime jeunesse, et les remplacer par la magie. Trois ans plus tard, Claremont va présenter le personnage d’Ashake (dans New Mutants #32) qui est une ancêtre de notre héroïne vivant à l’époque de l’Egypte ancienne et qui va aider Magik et Dany Moonstar.
Malgré ce passé extrêmement dur qui aurait pu la transformer en héroïne au coeur de pierre, Chris Claremont fait de Storm une personne sensible, à la fois naïve et extravertie du moins à ses débuts, mais les années 80 vont avoir sur elle une influence des plus radicales, la belle commençant à arborer sa fameuse chevelure Mohawk à cette époque. Paul Smith, le dessinateur qui officie à l’époque sur la série propose au scénariste plusieurs nouvelles versions de Storm dont l’une avec des cheveux extrêmement courts. Mais c’est un autre look beaucoup plus radical qui va attirer l’attention de Claremont et de son éditrice de l’époque Louise Simonson, avec qui il parvient à imposer cette nouvelle version très Rock n’ Roll (pour ne pas dire Punk). Sa première apparition devant Kitty Pryde, avec qui elle entretient une relation très maternelle dans Uncanny X-Men #173 (en 1983), fait référence à une situation vécue par Julie, la fille de Louise et Walter Simonson, retrouvant ses parents de retour de vacances alors qu’ils avaient complètement changé de look (Louise s’était coupée les cheveux très courts et Walt s’était rasé la barbe) et qui s’était mise à pleurer devant ce spectacle. A la base considérée comme une grosse plaisanterie entre les artistes et leur éditrice, cette coupe de cheveux hallucinante sera employée régulièrement tout au long de la carrière de notre héroïne jusqu’à aujourd’hui.
Storm devient au fil du temps un personnage tellement fort qu’elle va finir par prendre le leadership du groupe lorsque Cyclops quitte les X-Men suite à la Saga Dark Phoenix (à partir d’Uncanny X-Men #139), et continuera même à le conserver après son retour, suite à une confrontation en bonne et due forme alors que celle-ci ne possède même plus ses pouvoirs (Uncanny X-Men #201).
Et pourtant, on ne plaisante pas avec les pouvoirs de Madame Munroe, non seulement elle est capable de contrôler les éléments par la pensée, mais elle peut également agir sur différents facteurs du climat comme provoquer l’apparition ou la disparition du vent, d’une simple brise jusqu’à une tempête destructrice, ainsi que déclencher des précipitations de toutes sortes : pluie fine, averse tropicale, neige, grêle… agir sur la température en la faisant descendre ou monter rapidement, ou encore sur la visibilité par la création de nuages cachant le soleil ou de brouillard épais, ou encore provoquer des destructions grâce aux orages et aux éclairs qu’elle peut générer. Mais contrairement au dieu Asgardien Thor, Storm ne peut pas créer à partir de rien des éclairs ou une tempête. Il faut qu’elle contrôle le processus de changement climatique de bout en bout, doit éviter que le temps échappe à son contrôle mais surtout gérer le fait que si elle utilise les éléments à son propre compte, cela veut dire qu’ils feront forcément défaut quelque part sur terre, peut être au détriment de populations entières.
Mais qu’adviendrait-il si folle de rage, elle devenait totalement incontrôlable à la manière de sa malheureuse coéquipière Jean Grey ? C’est ce qu’explorent en partie Chris Claremont et Dave Cockrum en 1981 le temps de trois numéros (Uncanny X-Men #145-147) lorsqu’Ororo est retenue prisonnière par Fatalis qui la séquestre à l’intérieur d’une statue de chrome, ce qui déclenche chez elle une crise sévère de claustrophobie. Le résultat n’est franchement pas joli à voir mais permet aux auteurs de creuser un peu plus l’aspect Dark du personnage. Il faudra toute la psychologie de Colossus pour la ramener à la raison, en évoquant bien sur l’expérience de Dark Phoenix.
Et l’amour dans tout ça ?
Et bien on peut clairement identifier deux hommes qui ont su faire vibrer le coeur de notre foudroyante déesse, lors de son périple africain elle croise tout d’abord le destin du prince T’Challa du Wakanda, un jeune garçon à peine plus âgé qu’elle (et futur Black Panther), qu’elle sauve alors qu’il est sur le point de se faire kidnapper par Andreas de Ruyter qui veut l’utiliser comme otage contre son père (Marvel Team-Up #100). Ils voyagent ensuite ensemble pendant un certain temps mais alors qu’ils sont sincèrement très attirés l’un envers l’autre, le devoir de T’Challa et le rêve d’Ororo les emmènent dans des directions différentes. Ces deux là finiront par se marier dans Black Panther #18 en 2006, pour se séparer récemment suite aux événements d’AVX.
Le coeur de Storm va également chavirer pour Forge, un mutant d’origine Cheyenne qui va pourtant être responsable de la perte de ses pouvoirs. Lorsque Rogue, à l’époque dernière recrue de l’équipe, est pourchassée par des agents gouvernementaux car elle est soupçonnée d’avoir assassiné un agent du SHIELD, Ororo la suit dans le Mississippi pour l’aider. Prise pour cible par les les agents fédéraux, Rogue est sauvée par Storm en s’interposant et reçoit une décharge provenant d’une arme qui neutralise les pouvoirs mutants. Elle est sauvée de la noyade par l’inventeur même de cette arme, Forge, qui ne voulait pas que tout cela se produise. Forge va prendre soin d’une Storm suicidaire et déprimée, et les deux mutants vont commencer à tomber amoureux l’un envers l’autre. Mais quand Ororo apprend accidentellement que c’était Forge qui avait conçu le Neutralizer, elle le quitte en dépit de son offre pour trouver un moyen de restaurer ses pouvoirs (Uncanny X-Men # 185-188). Les deux amants seront une nouvelle fois réunis, lorsque L’Adversaire les emprisonne dans une autre dimension et prend le contrôle de Dallas en déformant l’espace-temps pour provoquer le Chaos sur Terre. Storm et Forge vont passer un an sur une planète parallèle où ils font la paix et s’avouent leur amour mutuel. Forge se sert alors de sa jambe mécanique pour fabriquer une nouvelle arme qui rend ses pouvoirs à Ororo qu’elle utilise pour rouvrir un portail vers la Terre (Uncanny X-Men # 225-227).
On voit donc parmi ces quelques aventures que depuis sa création, la vie de Storm est loin d’avoir été de tout repos (d’ailleurs pour avoir le détail complet de son histoire, je vous suggère vivement ce site qui retrace tous les moments clés de sa vie, c’est extrêmement bien documenté). Ororo a toujours été une femme forte et bien qu’elle soit la troisième héroïne noire crée en 1975 par Marvel (avec Glory Grant et Misty Knight), ses auteurs ne l’ont jamais vu comme le porte drapeau ou l’icône d’une communauté raciale. A contrario, elle ne porte pas sur elle les clichés ou les influences de la blaxploitation comme ses acolytes de Heroes for Hire. Len Wein, Dave Cockrum, Chris Claremont et même John Byrne (qui au passage sont bien évidemment tous des hommes de race blanche) ont fait en sorte qu’elle devienne avant toute chose une héroïne à part entière et universelle sans que l’on prenne en compte sa couleur de peau. Aucun d’entre eux ne s’est réellement préoccupé de son ethnie autrement que pour décrire ses origines et sa culture, comme tout autre personnage issu de la deuxième vague des X-Men dont la particularité est qu’ils proviennent des quatre coins du globe. C’est ce qui fait la force d’un personnage tel que Storm depuis près de quarante ans, son universalité lui a permis de toujours être exposée au premier rang dans les diverses adaptations cinématographiques ou télévisuelles faisant attrait aux X-Men et ce n’est pas un hasard si aujourd’hui encore elle est indispensablement présente sur bon nombre de titres mutants.
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La Princesse d’Egypte
Avant que Lara Croft ne soit considérée comme l’archéologue la plus sexy de la culture populaire, il existait déjà une héroïne tout aussi talentueuse et au charme indéniable que les téléspectateurs américains eurent le bonheur de découvrir au milieu des années 70 dans un programme où elle partageait la vedette avec un certain Captain Marvel (qui sera renommé plus tard Shazam). Cette héroïne c’est Andrea Thomas, alias Isis dont les aventures réunissaient toute la famille le samedi matin à partir de 1975 et ce pendant deux saisons, ouvrant la porte à d’autres séries cultes qui privilégièrent la présence de super héroïnes comme Wonder Woman et The Bionic Woman en 1976 (qui je le rappelle est une année fantastique). Son succès fut tel que DC comics eut la bonne idée de rapatrier ce personnage dans les pages de ses comics et par la même occasion de continuer la magie.
Nous sommes donc à la belle époque de l’apparition de nombreux mouvements de la libération de la femme, et l’industrie des comics-nous l’avons déjà vu à maintes reprises ici- n’est pas exempte de ce phénomène, et tente d’introduire d’une façon plus ou moins réussie des personnages ou de métamorphoser celles qui étaient déjà sur la piste. Mais là où l’industrie des comics arrive à développer et à faire ressortir des héroïnes dans l’air du temps, la télévision penne encore à s’adapter à cette révolution idéologique. Et pourtant, on se souvient (ou peut-être mieux vaut-il l’oublier) de cette première tentative de transposer Wonder Woman en série télé en 1974 par la chaine ABC, et qui ne fut pas concluante, on se demande encore pourquoi… Mais ce n’était sans compter sur l’imagination des Studios Filmation (créés par Lou Scheimer et Norm Precott) qui cherchaient une série pour compléter la deuxième saison d’un programme où s’envolait déjà le personnage de Captain Marvel, et intitulé Shazam ! dès 1974. Diffusée sur CBS, l’émission allait s’appeler The Shazam!/Isis Hour et réunir bon nombre de téléspectateurs. C’est ainsi que le scénariste Marc Richards (qui était un grand amateur d’égyptologie) fut sollicité, c’est lui qui créa le concept de la série The Secrets of Isis, où une enseignante et archéologue découvre lors d’une excursion en Egypte un ancien bijou qui va lui octroyer de nombreux pouvoirs. L’amulette appartient en effet à Hatchepsout, ancienne reine d’Egypte et donne à la personne qui la possède les pouvoirs de la déesse Isis comme ceux de commander les éléments naturels et de s’approprier les capacités des animaux. Lorsque que le besoin se faisait ressentir, Andrea devait dévoiler l’amulette et réciter une incantation (O Mighty Isis!) pour pouvoir se transformer.
Le pitch du pilote fut au départ modifié car il ne correspondait pas selon les responsables de CBS à une audience de jeunes spectateurs, le concept originel impliquait en effet beaucoup plus de violence où les protagonistes principaux étaient criminologues, ils furent transformés en enseignants. L’été 1975 approchant à grand pas, le casting des comédiens démarre et c’est Brian Cutler (qui incarne Rick Mason, le love interest de l’héroïne) qui est le premier à être engagé, suivi de JoAnna Cameron dans le rôle titre ainsi que Joanna Pang qui incarne l’étudiante Cindy Lee.
C’est l’artiste Bob Kline, qui va travailler pour Filmation de 1973 à 1980, qui est pris pour s’occuper du design de l’héroïne, des storybords et des décors. Il est également responsable de la fameuse couronne d’Isis, symbole de la divinité Egyptienne, ainsi que son costume. Avec un budget très restreint, le tournage de chaque épisode est tourné en 2 jours et demi à Los Angeles ainsi qu’à San Fernando Valley. Le pilote est diffusé le 6 septembre 1975 et marque le début d’une saison de 15 épisodes. La série est un véritable succès ce qui fait d’Isis la toute première super héroïne de l’histoire de la télévision, et ce qui incite également les producteurs à préparer une seconde saison, mais sans le personnage de Cindy Lee. C’est la comédienne Ronalda Douglas qui incarne Rennie Carol qui va la remplacer dans son rôle d’étudiante. Bien que diffusées l’une derrière l’autre, les séries Shazam ! et The secrets of Isis ont vu aussi leurs personnages se rencontrer à plusieurs reprises lors de crossovers, Captain Marvel prêtant main forte à Isis et vice-versa lorsque la situation était désespérée. L’un des moments récurrents et très apprécié par le téléspectateur était quand l’héroïne brisait le quatrième mur et s’adressait directement à celui-ci, le temps d’un clin d’oeil complice ou à la fin de l’épisode lorsqu’elle donnait une petite leçon de morale liée aux aventures du jour.
Malgré son succès, la série ne sera pas renouvelée pour une troisième saison. Mais cela n’empêche pas Jenette Kahn (toujours elle oui, cette femme est fantastique) de vouloir capitaliser au maximum la popularité de cette héroïne en récupérant la licence du personnage auprès des Studios Filmation, et de demander au scénariste Dennis O’Neil d’écrire une introduction de 11 pages intitulée Isis… As in Crisis ! que l’on retrouve dans Shazam ! #25 en septembre 1976 et dessiné par Dick Giordano. C’est le mois suivant que les véritables aventures en solo d’Isis commencent, avec une couverture de toute beauté dessinées par Kurt Schaffenberger, l’intérieur sera illustré par Ric Estrada. Dans ce numéro notre héroïne devra affronter Scarab le « plus grand des magiciens » enfermé dans une pyramide depuis 3000 ans, on peut comprendre son mécontentement (moi une fois j’ai failli rester coincée dans une pyramide, c’est vrai je déconne pas, alors ce Scarab il me fait un peu de la peine quand même). Dans le second opus qui parait en décembre 1976, apparaît un autre vilain garçon, « The Creature from Dimension X » sorti tout droit d’une expérimentation laborantine ayant mal tournée. Ici le grand Mike Vosburg (Tales From the Crypt) fait des merveilles sous la plume de Steve Skeates, l’une des super stars du Silver Age (Spectre, Aquaman, Namor). Les numéros suivant toujours dessinés par Vosburg (et encrés par Vince Coletta) seront écrits par Jack C. Harris, (« Political Rally Panic« , le troisième numéro sera le tout premier scénario de sa carrière). D’abord aidé par Skeates et Vosburg, le scénariste va peu à peu prendre de l’assurance et insérer des détails réalistes et personnels dans la série, transposant l’histoire du #4 au lac de Winnipesaukee dans le New Hampshire où il a l’habitude de passer ses vacances (j’espère pour lui qu’il n’y avait pas de grosse bestiole à tentacules à l’époque), prénomme la mère de l’héroïne Viola, comme la sienne, celle-ci habitant Fairfax, comme le nom du quartier où il habitait lorsqu’il était étudiant, etc.
Malheureusement les ventes ne suivront pas, obligeant la série à prendre fin au huitième numéro. Il faudra attendre 2002 pour qu’Isis réapparaisse chez un autre éditeur, Image Comics, puis chez Alias avec un run de 12 numéros. L’héroïne ira ensuite essayer de trouver son bonheur chez l’éditeur Bluewater, à la différence que l’on parle ici de la véritable incarnation de la déesse, et non d’Andrea Thomas (pas folle la guêpe). Mais la version de DC Comics va elle aussi refaire surface telle une momie en mal d’air pur, dès 2002 dans Wonder Woman, puis en 2006 avec la série 52 où on la retrouve aux côtés de Black Adam, la nemesis de Shazam où elle apparait dans le #12. Il s’agit ici d’une dénommée Adrianna Tomaz (petit clin d’oeil au personnage de la série télé donc) qui (spoiler alert !!!!!) succombera malheureusement au #44. Elle réapparaîtra ensuite dans plusieurs event de chez DC comme One Year Later et Brightest Day mais sans toute fois marquer les esprits comme se fut le cas à ses débuts, des fouilles archéologiques sont sans doute actuellement en cours pour la faire revenir du côté des New 52, je ne serais pas étonnée de la revoir à nouveau en compagnie de Shazam, car c’est en effet dans les plus vieux sarcophages que l’on fait les meilleures amulettes.
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On l’appelle Madame
Jack Kirby a beau être considéré comme le roi des comic-books, tant son oeuvre et son influence ont fondé l’architecture même de ce que nous lisons encore aujourd’hui, il n’est pas réputé de prime abord pour avoir réussi à faire entrer une héroïne dans la légende, même si les noms de Big Barda et Susan Storm sont évidement ceux qui nous viennent à l’esprit. Sa manière même de représenter ses héroïnes, loin des schémas habituels de l’époque (et de la notre également) mériterait à lui seul d’en dédier un billet, mais nous nous contenterons ici de parler de Medusa, personnage atypique qui voit le jour en 1965 dans le #36 de Fantastic Four intitulé The Frightful Four ! et présentant comme son nom l’indique une nouvelle équipe de super villains dont notre héroïne va sortir du lot parmi ses coéquipiers The Wizard (Le Sorcier), Sandman (L’homme-sable de Spider-Man), et Paste-Pot Pete (Le Piégeur).
Les Terrifics (en français ça en jette) furent donc au départ créés après un affrontement entre le Sorcier et la Torche humaine, où à l’issue de celui-ci le Sorcier se retrouva propulsé dans le ciel par l’un de ses propres disques anti-gravité, incapable de redescendre sur le sol. Heureusement pour lui, il fut récupéré par deux autres ennemis de la Torche, l’Homme-Sable et Pete-Pot-de-Colle. Ensembles, ils décidèrent de former une équipe qui serait le reflet criminel des FF ; adoptant le nom des Terrifics, ils recrutèrent un quatrième membre en la personne de Medusa, membre de la famille royale des Inhumains mais à l’époque amnésique, tandis que Pete-Pot-de-Colle changeait de nom pour devenir le Piégeur.
Je fait est que Kirby a souvent utilisé la mythologie Grecque pour s’inspirer dans la création de bon nombre de ses personnages, ici il s’agit bien évidemment de la célèbre Gorgone (non non, pas Christine Boutin) dont les attributs capillaires se terminant par des têtes de serpent étaient capable de transformer les hommes en pierre si on osait la regarder dans les yeux. Le pouvoir de la créature du King réside également dans ses cheveux : son impressionnante chevelure est capable de lui obéir au doigt et à l’œil et sa résistance et son élasticité sont tout bonnement impressionnantes.
Le Sorcier présente Medusa à ses petits camarades comme étant sans doute bien plus puissante que Susan Storm, décrivant la scène de sa rencontre lorsqu’elle était aux prises avec la police française, habillée en peau de daim sur une île méditerranéenne (c’était donc ça, L’enquête Corse ?). Et si finalement n’était-elle pas également plus forte que ses futurs coéquipiers réunis ? Quoi qu’il en soit quelques jours plus tard les présentations sont faites, Medusa arborant fièrement un costume mauve et demandant même pourquoi Sandman se paye le luxe de garder le sien.
Dans ce fameux numéro 36 Medusa et son équipe de super villains s’introduisent dans le Baxter Building au moment de la célébration des fiançailles de Red Richards et Susan Storm, notre héroïne s’infiltrant par une fenêtre grâce à ses pouvoirs capillaires.
Le concept des Inhumains n’est pas introduit avant le #45, c’est à dire environ 9 mois plus tard, après qu’elle soit apparue plusieurs fois en tant que menace et tentatrice aimant manipuler les hommes les uns contre les autres. Au fil des ans, Medusa devient beaucoup plus jolie et son costume s’améliore, pour exemple cette planche originale de la page 15 du Fantastic Four #77 publiée en 1968, encré par Joe Sinnott.
Medusa appartient donc à la race des Inhumains, une race d’humains mutés, vivant sur la face cachée de la lune, dans la cité d’Attilan. Avec sa sœur Crystal, elle se trouve être la nièce de la reine des Inhumains, elles appartiennent donc à la famille royale. Quand son cousin Maximus crée le Trikon pour attaquer Attilan, elle secourt la ville. Malheureusement, son véhicule s’écrase, et elle devient amnésique, ne se rappellant que de son nom. Perdue dans le monde des humains, elle se lie avec Paul Dumas, un criminel français et celui-ci fera d’elle une voleuse mais la trahira. C’est ainsi que durant sa fuite, elle rencontrera le Sorcier. Mais ses apparitions en public permettront à la famille royale de la localiser. En leur présence, elle recouvrira rapidement la mémoire. Elle rentre ensuite à Attilan avec la famille royale jusqu’à ce que Black Bolt l’envoie étudier l’attitude des humains à l’égard des Inhumains. À cette occasion, elle affrontera Spider-Man (on retiendra d’ailleurs The Amazing Spider-Man #62 en 1968). Les Inhumains décident de continuer à vivre à l’écart. Toutefois, quand Susan Richards quitte les Quatre Fantastiques, Black Bolt demande à Medusa de la remplacer. Il entend ainsi les remercier de leur aide envers les Inhumains et poursuivre son observation des humains. Elle se battra à leurs côtés contre Omega, Thundra, Dragon-Man, Gideon,Warhead, Miracle Man, Annihilus, Darkoth, Ternak et Dr Doom. Depuis toujours amoureuse de Black Bolt, qui devient le roi des Inhumains, elle l’épouse enfin. Elle le seconde au pouvoir et lui sert d’interprète car le son de sa voix provoque des catastrophes. Ils ont un fils unique, Ahura.
Les aventures de Medusa eurent l’honneur de d’être répertoriées dans le fameux recueil de Stan Lee (co-créteur du personnage), intitulé The SuperHero Women, que j’avais réussi à me dégoter l’année dernière. En voici la double page d’introduction, écrite par Stan the Man, et photographiée pas mes soins, résumant bien l’importance de ce personnage dans l’univers Marvel.
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La reine des damnées
Beaucoup de choses ont déjà été dites- et surtout montrées -sur le personnage de Vampirella, icône gothique et objet de nombreux fantasmes, femme fatale et aventurière au « costume » écarlate ultra célèbre, bref, Vampi comme on l’aime parfois l’appeler est un personnage bien encré dans son époque, celui de la libéralisation des moeurs et de l’engouement pour la Dark Fantasy. Découvrons ce qui se cache réellement derrière la vampire la plus célèbre des comics, lors d’un voyage dont vous ne sortirez pas indemnes…
Remontons dans le temps si vous le voulez bien jusqu’aux années 60, époque bénie où les héroïnes gothiques et autres Scare Queens étaient adulées, lorsque les films de la Hammer étaient en plein boom et des actrices comme Barbara Shelley (Dracula: Prince of Darkness, en 1965) ou Jennifer Daniel (The Kiss of the Vampire en 1963) traumatisaient (dans le bon sens du terme) bon nombre de spectateurs adeptes de films d’horreur. Il y avait en effet à cette période un terreau propice à la création du personnage de Vampirella puisqu’également dans le domaine de la télévision, ceux de Lily Munster (héroïne de la sitcom The Munsters sur CBS) et Morticia Adams (la cultissime et mortuaire matriarche de la Famille Adams) étaient devenues de véritables références dans le genre. Mais le cinéma et la télévision avaient leurs limites en matière d’imagerie plus ou moins suggestive, c’est ainsi que Forrest J Ackerman, grand spécialiste de films et de littérature de genre et de science fiction a la bonne idée de proposer un nouveau personnage à Warren Publishing, la maison d’édition de James Warren, déjà propriétaire des séries Creepy et Eerie deux publications grand format qui n’avaient pas besoin de l’aval du fameux Comic Code Authority. Nous sommes donc en Août 1969, Vampi est annoncée au dos de Creepy #28, lorsqu’Uncle Creepy et Cousin Eerie les deux narrateurs de la série teasent son arrivée dans une mise en scène des plus dramatiques : « Elle arrive ! » Eerie menaçant de crier si son oncle la laisse passer la porte. Le numéro suivant inclura également un encart publicitaire avec cette fois-ci une illustration de Frank Frazetta (qui sera également responsable de bon nombres de couvertures du futur magazine), c’est ce même mois de Septembre que sort Vampirella #1 dont la couverture également dessinée par le maître va faire sensation.
Et l’intérieur de ce premier numéro de Vampirella n’est pas en reste, renfermant sept histoires indépendantes illustrées par Neal Adams, Ernie Colon, Reed Crandall, Billy Graham, Mike Royer, Tom Sutton, et Tony Tallarico. L’épisode qui nous intéresse plus particulièrement concerne bien sûr notre héroïne du jour et s’intitule Vampirella of Drakulon par Tom Sutton et Forrest J Ackerman. On y découvre Vampi en train de prendre une douche d’hémoglobine, liquide dont elle s’abreuve avec gourmandise. Les courbes de sa plastique avantageuse sont sagement dissimulées par des bulles et autres jets de sang, le magazine est donc destiné à un public averti. On apprend également que la Bat Woman vit sur Drakulon une planète futuriste où ses habitants (capables de voler grâce à leurs ailes de chauve souris) se nourrissent de ses ressources naturelles : des rivières de sang, jusqu’à ce que celles-ci finissent par se tarir. Au même moment un vaisseau spatial terrien s’écrase, Vampirella part en reconnaissance et tombe sur deux pilotes qui, effrayés par son apparence de chauve souris géante vont lui tirer dessus. Une bien mauvaise idée, et une opportunité pour Vampi de s’apercevoir que les êtres humains sont absolument délicieux. Le choix de venir sur Terre, ce nouvel El Dorado sanguin est très vite pris, la belle ayant de quoi se nourrir le long du trajet avec le reste de l’équipage encore en état d’hibernation. Les autres histoires qui constituent le magazine vont toutes être présentées par la vampire qui jouera le rôle d’hôtesse, conformément à ce genre de publication.
Dans Vampirella #2, l’héroïne enfin arrivée sur Terre va participer à un concours de beauté pour monstres, on pourra noter plusieurs clin d’oeil comme la présence du magazine Monsterella, véritable publication éditée par Warren à l’époque, ainsi qu’un caméo de Warren et Ackerman en tant que membres du jury.
Malgré le fait que Vampi n’apparaisse pas dans le troisième numéro (sauf en tant qu’hôtesse, ce numéro sera d’ailleurs publié en un nombre inférieur d’exemplaires que les autres, faisant de lui un numéro rare et très recherché par les collectionneurs), le magazine continue d’avoir un franc succès autant apprécié par les adultes que les adolescents aux parents peu regardant sur leurs lectures. Il faudra attendre Vampirella #8 pour que l’héroïne puisse continuer ses aventures, et c’est à ce moment là que l’éditeur Archie Goodwin prend en main de destin de la vampire. C’est lui en effet qui met en place la véritable trame scénaristique de l’héroïne, l’entoure de personnages de soutien, et lui construit sa mythologie dans l’arc Vampirella vs. the Cult of Chaos, écrit par Goodwin et dessiné par Tom Sutton et Jose Gonzalez. Cherchant à protéger les humains des manipulations d’une confrérie occulte, Vampirella qui arrive à contenir sa soif grâce à un serum est poursuivie par un duo de chasseurs de vampires, l’aveugle Conrad VanHelsing et son fils Adam dont elle va petit à petit tomber amoureuse.
Goodwin va réussir à combiner humour, horreur, et influences issues des films de série B et de science-fiction où lycanthropes, zombies, démons aquatiques et même le Comte Dracula en personne vont croiser le fer avec la belle.
Si l’on devait retenir un seul dessinateur parmi tous ceux qui ont travaillé sur l’exilée de Drakulon, on retiendra sans doute l’immense talent de José « Pepe » Gonzalez, qui a oeuvré à partir du douzième numéro et qui illustrera au total 58 épisodes, tous plus magnifiques les uns que les autres. Mélant glamour et sophistication, sa Vampirella va traverser les frontières notamment grâce à la fameuse couverture du #19. D’autres artistes hispaniques comme Gonzalo Mayo, José Ortiz, Rudy Nebres, Pablo Marcos et Leopold Sanchez seront également embauchés et alterneront avec Gonzalez jusqu’à ce qu’il quitte le titre au #112, lorsque l’aventure chez Warren Publishing s’arrête en Mars 1983.
Après que l’éditeur ai fait faillite, Harris Publications acquiert les droits de l’héroïne très rapidement mais ne publiera la suite de ses aventures qu’à partir de 1991 (vraisemblablement à cause d’une action en justice menée par Warren) jusqu’en 2007, si l’on ne tient pas compte du Vampirella # 113, prolongeant la série originale, et contenant des histoires réimprimées en 1988.
Le 17 Mars 2010, l’éditeur Dynamite annonce avoir acquis les droits d’Harris et décide de redémarrer la série au mois de novembre de la même année, tout en rééditant les numéros historiques en Hardcover, pour le plus grand bonheur des fans.
Après quasiment 45 ans de carrière, Vampirella reste l’une des icônes de l’horreur les plus populaires, dont les fans sont légion et qui surtout continue à nous faire fantasmer. L’éditeur actuel perpétue la tradition en rendant hommage régulièrement à cette héroïne, et cela n’est pas près de s’arrêter.
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Hell of a Cat
Après des mois d’attente, voici ce qu’on appelle un véritable miracle de Noël !
On dit souvent que les chats ont neuf vies. Mais ce qui est sûr, c’est que Patsy Walker alias Hellcat en possède au moins deux, tant cette héroïne a su traverser les époques, les modes et les séries de son éditeur historique, Marvel, retombant toujours sur ses pattes depuis le début des années 40. Car avant de parler de cette héroïne féline, il faut d’abord s’intéresser à son alter ego à la ville, crée par Ruth Atkinson, la talentueuse artiste et pionnière de l’industrie des comics, également à l’origine d’un autre personnage phare du Golden Age : Millie the Model.
A l’époque où Marvel s’appelle encore Timely Comics, Patsy la rousse fait donc ses débuts dans Miss America Magazine #2 en novembre 1944. Elle obtient sa propre série homonyme à partir de 1945 et la plupart de ses histoires seront écrites par Stan Lee. Mais Patsy est également présente dans d’autres séries publiées par l’éditeur, comme Teen Comics qu’elle partage avec d’autres héroïnes de 1947 à 1950, ainsi que Patsy and Hedy et Patsy and her Pals en 1952 et 1953.
Patsy Walker est souvent comparée comme étant une version féminine d’Archie, et pas seulement au niveau capillaire puisqu’il s’agit d’une série racontant les tribulations d’une jeune étudiante et de ses amis, de sa rivalité amoureuse avec la brune Hedy Wolfe et de sa romance avec Robert « Buzz » Baxter. Le ton humoristique et léger des débuts se modifiera peu à peu jusqu’à ce que le titre devienne un Romance Comics à faire pleurer la plus stoïque des ménagères. Le dernier numéro de Patsy Walker sera publié en 1965, et c’est cette même année que l’héroïne va entamer en quelque sorte une seconde carrière. Car le moins que l’on puisse dire, c’est que les lecteurs de super-héros sont loin d’être familiers avec ce personnage, les ponts entre les différents genres édités par Marvel (les Romance, Western, Funnies, et autres Crime et Horror Comics) étant très rares, voir inexistants. Mais Stan Lee va changer cela en faisant apparaître Patsy (et Hedy) sous la forme d’un cameo dans Fantastic Four Annual #3 où se déroule le mariage de Reed Richards et Sue Storm, on les découvre ainsi parmi la foule, telles des groupies cherchant à voir les héros du jour (cette scène sera d’ailleurs reprise en 1994, dans la série de Kurt Busiek et Alex Ross, Marvels). Patsy fait désormais partie de la même continuité.
Mais comment un personnage aussi formaté que Patsy Walker s’est-il retrouvé à jouer les super héroïnes, parmi les Vengeurs et autres mutants ? C’est en juillet 1972 que Patsy entre dans la cour des grands grâce à Steve Englehart qui l’utilise comme personnage de soutien à partir d’Amazing Adventures #13. Le scénariste est un très grand fan et collectionneur des différentes séries publiées par la Maison des Idées dans les années 50 et connait donc la belle rousse sur le bout des doigts. C’est ainsi que Patsy, désormais mariée avec Buzz Baxter qui est lui devenu un colonel de l’US Air Force, va croiser la route d’un certain Hank McCoy également connu sous le nom de Beast et faisant partie des X-Men. Leur rencontre marquera le destin de la jeune femme à jamais, comme on le voit ici dans Amazing Adventures #15.
Le Fauve ne devra son salut qu’à la compassion de Patsy qui a bien évidemment une idée derrière la tête, elle rêve en effet de devenir elle aussi une super héroïne. En échange de son silence, Le Fauve devra l’aider à atteindre son but. C’est en tout cas ce qu’Englehart profile pour la jeune femme, alors qu’elle réapparaît en compagnie du mutant bleu qui venait récemment de grossir les rangs des Vengeurs, dans The Avengers #144 en 1976. Alors qu’elle suit le Fauve et les Vengeurs en mission dans les locaux de la Brand Corporation, elle découvre une réplique du costume de l’ancienne héroïne nommée la Chatte, devenue depuis Tigra ; sur les conseils de Iron Man et Captain America, elle l’enfile et se surnomme Hellcat, réalisant finalement son rêve. Ce costume, destiné à amplifier les capacités humaines, lui permet d’affronter Baxter dont elle avait entre temps divorcé, et qui participait aux méfaits de la compagnie. Après leur victoire, les Vengeurs lui proposent d’intégrer l’équipe ; mais après quelques aventures avec eux, elle part pour Titan avec Moondragon pour y développer ses capacités physiques et mentales (au #151, toujours en 1976).
La violente confrontation entre Patsy et Baxter dans The Avengers #149 marque un pas de plus dans l’imagerie du personnage, longtemps considéré comme figure de proue des Romance Comics et de ses héroïnes soumises aux règles du patriarcat dont le seul but dans la vie est de trouver le Prince Charmant. En six cases, George Pérez et Steve Englehart nous apportent un bel exemple du féminisme présent dans les comics des 70’s.
Hellcat va rejoindre l’équipe des Defenders en 1977 avec le #44 en remplaçant le Dr Strange. Son personnage insouciant et plein d’entrain fait souvent le contrepoids avec les autres membres de l’équipe, le scénariste David Anthony Kraft affectionne tout particulièrement l’héroïne et met l’accent sur la légèreté et la spontanéité du personnage, tout comme son successeur, Ed Hannigan. Ce dernier va développer la relation que Patsy entretient avec un autre personnage féminin membre de l’équipe, la guerrière Valkyrie, leur amitié basée sur leur complémentarité est considérée encore de nos jours comme faisant partie des plus réussies en matière de caractérisation.
C’est dans les années 80 que la gravité et le sérieux vont prendre place autour du personnage, tout d’abord avec le décès de sa mère dans The Defenders #89, puis l’année suivante lorsque JM DeMateis arrive sur le titre et réintroduit le personnage de Daimon Hellstrom, surnommé « le fils de Satan » (dans The Defenders #92, en 1981), dont le père, un des seigneurs des enfers nommé Satan, la manipule pour lui faire croire qu’elle est également sa fille et la transforme en un démon à son image pour l’aider à envahir la terre.
Satan vaincu, elle est libérée de son emprise puis retrouve son vrai père, qui avait quitté le foyer quand elle était jeune (au #111). Après une brève absence de l’équipe pour renouer ses liens familiaux, elle revient et avoue son amour à Hellstrom (au #116). Les deux amants finissent par se marier, quittent le groupe (au #125, en 1983) et deviennent alors « enquêteurs de l’occulte ». Le couple retourne un jour dans la ville natale de Patsy où elle retrouve ses connaissances du passé, dont Hedy Wolfe, qui lui reprochent d’avoir, de par ses activités héroïques et occultes de notoriété publique, gâché l’image de son personnage de jeune fille innocente popularisée par les séries dessinées par sa mère (dans Marvel Fanfare vol.1 #59, en 1991). Le ton s’assombri encore un peu plus lorsque Hellstrom embrasse son héritage démoniaque dans les pages de son propre titre en 1993 ce qui conduit Patsy au suicide. Heureusement dans les comics la mort reste un concept qui a ses limites, et Hellcat est ressuscitée ou plutôt ramenée des enfers dans Thunderbolts Annual 2000 et Avengers 2000.
Toujours en 2000 Patsy retrouve son scénariste fétiche Steve Englehart dans une mini série de trois numéros, huit ans plus tard une autre mini série intitulée Patsy Walker : Hellcat écrite par Kathryn Immonen et dessinée par David Lafuente revient sur un ton beaucoup plus léger, celui d’une héroïne toujours aussi combative mais qui reste avant tout une fashion victim, sans doute la Patsy Walker que l’on préfère.
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Il était une fois : Elvira’s House of Mystery
Et oui, on va dire que l’occasion fait le larron. Il se trouve que je suis une grande fan de celle que l’on appelle Elvira, Mistress of the Dark depuis ma plus tendre enfance lorsque je découvris le film du même nom sur Canal + vers la fin des années 80. Ce film et son héroïne principale étaient tellement surréalistes qu’ils me marquèrent à jamais (oui, ok son décolleté totalement indécent aussi, comme quoi j’étais précoce). Cassandra Peterson est donc cette égérie gothique marquante dans la culture populaire américaine que l’on a pu retrouver dans plusieurs films, show TV (dont Elvira’s Movie Macabre où elle présentait des films d’horreur de série B), mais également en tant qu’héroïne de papier pour DC Comics, Eclipse Comics, puis Claypool Comics. C’est en effet à partir de 1986 que DC publie un spin-off de sa fameuse série horrifique House of Mystery en incluant le personnage d’Elvira qui jouera le rôle d’hôtesse comme c’est la tradition dans ce genre de publication. Elvira’s House of Mystery va durer 12 numéros (11 réguliers plus 1 spécial) jusqu’à l’année suivante, chaque numéro contenant plusieurs histoires d’horreur. Dans le premier épisode (dont la couverture est signée Brian Bolland), Elvira est poursuivie par une foule en colère et trouve refuge à l’intérieur de la Maison du Mystère. La maison lui parle, et lui dit qu’elle doit écouter les histoires de quelques-uns des anciens résidents dans le but de trouver son «destin» et ainsi échapper à la maison. Un petit scandale va accompagner Elvira’s House of Mystery #3 (par Robert Kanigher et Jess Jodloman) qui sera publié sans l’aval du Comic Code car il comprenait quelques scènes de nudité assez explicites . Elvira’s House of Mystery # 11 (Janvier 1987) sera le dernier numéro de la série paru chez DC Comics. La couverture est signée Dave Stevens. Le segment de cinq pages contenant la Mistress of the Dark et simplement intitulée « Elvira’s House of Mystery » est dessiné par Gene Colan et encré par Dick Giordano.
En 1993 Elvira revient avec Elvira, Mistress of the Dark, une série éditée chez Claypool Comics qui va durer 166 numéros et dont le premier opus sera écrit entre autre par Paul Dini. Toutes les couvertures sont constituées de photos de la comédienne et rappellent les bons vieux fanzines de cinéma d’horreur que les amateurs aimaient tant feuilleter dans les années 80. La série se terminera en 2007. On a appris il y a peu de temps que notre grande prêtresse du macabre allait revenir du côté des comics l’année prochaine, grâce à une nouvelle série écrite par la scénariste RH Stavis et dessiné par Jeff Zarnow (Godzilla, 68′) mais l’éditeur ne semble pas avoir encore été trouvé (je penche pour IDW ou Dynamite)
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Wonder Woman : Aux origines
Tous les lecteurs de comics savent à peu près dans quelles circonstances a été créée Wonder Woman par ce bon vieux William Moulton Marston, psychanalyste, inventeur du détecteur de mensonge, polyamoureux et adepte du bondage. Oui, cela fait sans doute beaucoup pour un seul homme et celui-ci conserve encore de nombreuses zones d’ombre malgré le fait qu’il ai pu inventer un personnage féminin aussi iconique et lumineux que Diana de Themiscyra. Aux origines de Wonder Woman il y a donc un homme et deux femmes, un contexte historique, quelques scandales et une certaine idée de la femme… essayons d’y voir un peu plus clair car croyez-le ou pas, je n’en ai jamais vraiment parlé en détail jusqu’à maintenant.
L’homme derrière l’Amazone
William Moulton Marston est né le 9 mai 1893 à Saugus dans le Massachusetts et décède en 1947 à l’âge de 53 ans (il fut atteint de poliomyélite en 1944 et fini ses jours partiellement paralysé). On peut donc dire que Wondie devient orpheline très tôt. Son livre, « The lie detector » publié en 1938 vulgarise le procédé de son invention, le polygraphe, fonctionnant par l’utilisation du sphygmomanomètre, un dispositif qui mesure la pression artérielle, et d’autres dispositifs déjà existants, grâce auxquels les charges systoliques peuvent être précisément enregistrées (oui bon, ne croyez pas que je sois devenue comme ça une experte en détecteur de mensonge, je me suis un peu documentée). Mais l’homme est également diplômé d’un doctorat en psychologie à l’Université d’Harvard en 1921 et fut professeur à l’American University et à l’Université de Tufts. Utilisant sa méthode avec succès dans le Connecticut, Washington DC et ailleurs, le Dr Marston parvint ainsi à sauver la vie d’un Noir accusé de meurtre. Il contribua également à l’acquittement d’un homme qui avait passé cinq ans en prison pour une condamnation d’assassinat. Fervent partisan de la doctrine psychologique du «vivre, aimer et rire», il avait prédit qu’un temps viendrait où les femmes dirigeraient le pays en politique et dans les affaires. Marston ne semble pourtant pas être aussi irréprochable que l’histoire semble en faire l’éloge, en effet en 1923 il est épinglé par la police fédérale suite à des difficultés financières, le FBI sera également très critique vis à vis de son invention (lire la page suivante).
L’héroïne aux deux visages
En 1915 Marston épouse Elizabeth « Sadie » Holloway. Mais avant cela, à une époque où peu de femmes sont lauréates de diplômes supérieurs, Elizabeth en obtient trois. La jeune femme ne peut pourtant pas suivre Marston à Harvard, les femmes n’y étant pas autorisées à l’époque. Au lieu de cela elle continue ses études à l’université de Boston où elle sera diplômée en 1918 parmi trois autres lauréates. William et Elizabeth vont ensuite rejoindre le département de psychologie d’Harvard (le programme de doctorat d’Harvard est réservé aux hommes, Elizabeth rejoint le programme de maîtrise de l’établissement voisin, le Collège Radcliffe ). Elizabeth travaille avec son époux sur sa thèse qui porte sur la corrélation entre les niveaux de pression artérielle et le mensonge. Elle eu son premier enfant à l’âge de 35 ans et continua de travailler même après avoir eu ses enfants, chose révolutionnaire pour l’époque. Cette femme volontaire et érudite fut une véritable source d’inspiration lorsque Marston créa le personnage de Wonder Woman.
Lors de ses travaux sur le polygraphe, Marston va faire la connaissance d’une étudiante du nom d’Olive Byrne (on estime leur relation datant du début des années 20), avec qui il va avoir une liaison totalement consentie par sa femme Elizabeth. Marston aura également deux enfants avec Olive, qui seront adoptés par le couple « légitime », à des fins juridiques (Marston avait déjà tout compris pour protéger sa progéniture…) Olive est la seconde source d’inspiration du psychologue dans la création du personnage de la fière amazone, le port des bracelets en métal lui étant directement imputé (la jeune femme en portait constamment, elle apparaît ici en preneuse de note.)
Dessine-moi une Amazone
En 1940, William Moulton Marston est engagé par DC Comics en matière de consultant, grâce à un article intitulé Don’t Laugh at the Comics publié dans les pages du magazine Family Circle et particulièrement apprécié par Max Gaines. En effet dans cet article, Marston prônait les vertus éducatives des comics souvent snobés par les intellectuels. Peu de temps après, il fera la connaissance de Harry G. Peter avec qui il va travailler pour élaborer l’aspect de l’héroïne. Par l’intermédiaire de divers billets échangés entre les deux auteurs, Wondie va prendre forme pour finalement apparaître dans les pages d’All Star Comics #8.
– Cher Monsieur Marston, j’ai fait l’ébauche de ces deux dans la hâte. L’aigle est difficile à gérer lorsqu’il est en perspective ou de profil, il n’apparaît pas clairement – Les chaussures ressemblent à celle d’une sténographe. Je pense que l’idée pourrait être incorporée comme une sorte de truc romain. – Cher Peter , je pense que cette nana avec la main est très mignonne. J’aime sa jupe, ses jambes, et cheveux. Les bracelets et chaussures + ok. Ce sera probablement à travailler + voir d’autres suggestions ci-joint. Pas sur celles-ci. Voir les suggestions jointes pour l’aigle. Je propose des braseros qui peuvent mieux fonctionner dans des bandes courbées ou inclinées – rouge + blanc. Avec des ailes d’aigle au-dessus ou au-dessous des seins comme par-clos? Laissez-vous. N’avons-nous pas à mettre une bande rouge autour de sa ceinture ? Je pensais que c’est ce que voulait Gaines – je ne me souviens pas. Le diadème devra aller plus haut – plus comme une couronne – voir les suggestions jointes. Rendez-vous mercredi matin – WMM.
Le lasso du scandale
Wonder Woman à la base c’est donc un peu tout ça : le charisme et le modernisme d’Elizabeth lié à la beauté d’Olive. L’idée même d’un super héros au féminin fut d’ailleurs imputé à Elizabeth, Marston n’aura fait qu’échafauder et développer ce nouveau personnage au message bien précis. En 1943, dans un numéro de The American Scholar, Marston écrit: « Les filles ne veulent pas être considérées selon l’archétype féminin du manque de force et de puissance. Elles ne veulent pas être des filles, elles ne veulent pas être tendres, soumises, ou éprises de paix comme le font les femmes bonnes. Les qualités féminines sont devenues méprisées à cause de leur faiblesse. La solution évidente était de créer un personnage féminin avec toute la force de Superman plus tout le charme d’une femme belle et bienveillante. » Selon cette idée bien mûrie, Suprema était née. Car oui au départ Marston baptise son personnage ainsi et c’est Sheldon Meyer, alors réacteur en chef d’All American Comics qui la renommera Wonder Woman.
Nous l’avons vu, Marston va intégrer beaucoup de détails liés à sa vie personnelle pour concevoir son personnage, un accessoire inséparable de l’héroïne sera le fameux lasso de vérité, faisant bien évidemment référence à son invention. Diana utilisera ce lasso dans chacune de ses aventures, maîtrisant et dominant ainsi ses adversaires, mais elle sera elle-même ligotée enchaînée, soumise tellement régulièrement qu’une vague de mécontentement va se manifester, Max Gaines se verra alors obligé de demander à Marston de lever le pied avec ses allusions au bondage. Dans une lettre datée de 1943, Gaines conseille en effet à l’auteur de réduire de 50 à 75% l’utilisation des chaines dans ses numéros sans que cela interfère sur la qualité de ses oeuvres ni des ventes. Malgré le succès de la série (et le thème récurrent cher à Marston y est surement pour quelque chose) les critiques et les plaintes fusent comme celles de la Child Study Association of America qui le traitera de sadique. En 1943, un lecteur servant dans l’armée écrit à Gaines : «Je suis l’un de ces hommes bizarres, peut-être malheureux qui tire un plaisir érotique extrême à la seule pensée d’une belle fille enchaînée ou attachée … Avez-vous le même intérêt pour le ligotement et les entraves que moi ? » Pour sa part, Marston a farouchement défendu sa création, en déclarant dans une lettre à son éditeur : «Ceci, mon cher ami, est la preuve de la grande contribution de ma aande dessinée Wonder Woman à l’éducation morale des jeunes. Le seul espoir pour la paix est d’enseigner aux gens qui sont pleins de dynamisme et de montrer la force de profiter d’être lié … C’est seulement lorsque le contrôle de soi par les autres sera enfin perçu comme plus agréable que l’affirmation de soi dans les relations humaines, que nous pourrons espérer une société stable et pacifique des hommes … Donner aux autres, étant contrôlées par eux, se soumettre à d’autres personnes ne saurait être agréable sans un fort élément érotique. »
A la mort de Marston en 1947, Wonder Woman va rentrer dans les rangs devenant une héroïne polissée, et pour le coup réellement soumise aux différentes idées saugrenues venant de la plupart des scénaristes qui ne savaient sans doute pas trop quoi faire d’un tel personnage. Pendant ce temps, Elizabeth et Olive vont rester ensemble pendant près de 40 ans, élevant les quatre enfants de Marston en totale harmonie. Rien n’est dit sur la nature exacte de la relation entre les deux femmes suite au décès de l’auteur (ou même avant d’ailleurs) mais on peut imaginer que les deux premières résidentes de l’ïle de Themiscyra avaient trouvé la plus belle des manières de protéger les intérêts de leur petite tribu. Elizabeth décédera en 1993 à l’age de 100 ans.
Les origines de Wonder Woman sont donc bien complexes et fascinantes à l’image d’un homme flirtant perpétuellement avec la controverse. Toutes ses réflexions n’étaient pas forcément à prendre au pied de la lettre (personnellement, je ne pense pas que l’on puisse trouver le bonheur dans l’esclavagisme), mais la meilleure idée qu’il ai pu nous faire partager est cette héroïne, objet de tous les fantasmes depuis ses origines, objet également de toutes les visions de l’héroïsme au féminin trop souvent dépeint par des auteurs masculins. A l’heure où l’on parle d’un Wonder Woman Erth One de Grant Morrison qui renouerait en partie avec l’idéal de Marston (oui il va avoir du bondage, nous sommes sauvés), on se rend bien compte qu’il n’y a pas une Wonder Woman, mais bel et bien des Wondie, à chacun d’entre nous d’en retirer le meilleur.
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Annataz ceva esnad
Difficile d’évoquer l’illustre carrière de Zatanna sans faire allusion à son magicien de père, Giovani Zatara, un père disparu qu’elle s’évertue de retrouver lorsqu’elle fait sa toute première apparition en croisant le chemin de Hawkman et Hawkgirl en 1964 dans Hawkman vol.1 #4. C’est en effet dans ce numéro écrit par Gardner Fox et dessiné par Murphy Anderson que le couple de Thanagariens tentent d’aider la jeune femme. Ils ne seront d’ailleurs pas les seuls à vouloir la soutenir dans sa quête, Zatanna apparaissant dans plusieurs titres sous la responsabilité de l’éditeur Julius Schwartz de 1964 à 1967, comme dans The Atom#19 en mai 1965, Green LanternVol.2 #42 en janvier 1966 (ces deux titres sont écrit par Fox), et Detective Comics #355 en septembre de la même année où elle côtoie Elongated Man. Le dénouement aura lieu dans les pages de Justice League of America #51 en février 1967 lorsque la magicienne réussit enfin à libérer son père de l’emprise d’Allura.
Ses quelques apparitions suffirent à constituer une base de fans inconditionnels du personnage, ce qui motiva DC à la faire revenir dans The Flash #198 en 1970. Mike Friedrich le scénariste est lui même un fan de la première heure, et il en profite pour la faire revenir dans Justice League of America #87 en 1971, un numéro étonnant qui s’amuse à parodier la série Avengers de chez Marvel (alors que son ami Roy Thomas faisait exactement la même chose de son côté au même moment en parodiant la JLA avec son Squadron Supreme). Zatanna se confronte ainsi à la Silver Sorceress (hommage à peine caché de Scarlet Witch).
On la retrouve l’année suivante pour un back up de Supergirl dans Adventure Comics #413 à 415, ces trois numéros vont constituer le background historique de l’héroïne, où le scénariste Len Wein fera l’ébauche de ce qui constitue sa vie privée : du manoir de Shadowcrest à son grand intérêt pour l’illusionnisme malgré ses pouvoirs de magicienne, en passant par sa relation avec son manager et soufre douleur Jeffrey Sloane. Gray Morrow est aux dessins, et sa façon très expressive et naturaliste de représenter l’héroïne fera date.
Tout au long des années 70 elle continuera à apparaître dans différente séries, c’est Gerry Conway qui prendra enfin l’initiative de faire d’elle un membre à part entière de la JLA (le 15ème à vrai dire) dans Justice League of America # 161 en décembre 1978. A cette occasion la belle brune posera ses fameux bas résille et son haut de forme au placard pour revêtir une affreuse combinaison noire, mais c’est pourtant grâce à ce costume, héritage de sa mère Sindella, que l’on va en apprendre plus sur les origines de la magicienne : elle est la descendante d’une tribu mystique de sorciers prénommée Ceux qui se cachent ou Homo Magi. Sa mère fut obligée de simuler sa propre mort pour retourner en Turquie dans le sanctuaire des Homo Magi laissant la garde d’une Zatanna encore enfant à son mari. Les numéros 162 à 165 de Justice League of America vont raconter comment l’héroïne va retrouver la trace de sa mère, qui malheureusement périra en voulant protéger sa fille des Homo Magi.
Après la mort de sa mère, Zatanna décida de faire un break et se mit à porter un costume de sa propre conception qui ne ressemblait ni à celui de son père ni de sa mère. C’est d’ailleurs durant cette période qu’elle commença une romance avec le Flash (Barry Allen), qui se termina peu de temps après en simple amitié.
Le tandem Dan Mishkin/Gary Cohn va également faire flirter Zatanna avec Blue Devil en 1984 (dans les pages de Blue Devil #4), mais l’on se rappellera surtout de sa relation avec John Constantine, les deux vont de rencontrer dans de tragiques circonstances sous la plume d’Alan Moore dans Swamp Thing #49 et 50 en juillet 1986, où ils assisteront tous les deux à la mort de Zatara qui explose littéralement sous les yeux de sa propre fille. La magicienne le tiendra d’ailleurs pour responsable, on ne peut pas dire que c’est le genre d’histoire qui démarre bien. C’est notamment dans la mini série parue en 1993 Zatanna : Come Together que l’on va connaitre la nature exacte de leur relation, bref pas besoin de vous faire un dessin hein ?
En 1987 est publié Zatanna Special #1, un one shot qui à l’origine était prévu pour être une mini série de quatre numéros mais qui fut raccourci en un seul exemplaire de 64 pages. Gerry Conway et Gray Morrow sont aux commandes, et comme dans les années 60, l’héroïne part à la recherche de son père. Secret Origins #27 l’année suivante redéfinit les origines de la belle brune, et Tom Artis lui donne un nouveau look.
En 2004, Zatanna sera au coeur de la tourmente avec la série Infinite Crisis, lorsqu’on apprend qu’elle a effacé la mémoire du Doctor Light après que celui-ci ai violé Sue Dibny, la femme d’Elongated Man. Mais ce ne sera pas son unique « victime », Batman et Catwoman auront également une partie de leurs souvenirs gommés, la magicienne finira par quitter la Justice League. Grant Morrison va s’occuper de son cas l’année suivante dans la mini série Seven Soldiers of Victory, dessiné par Ryan Sook, puis ce sera au tour de Paul Dini en 2010 de nous offrir une véritable déclaration d’amour à cette héroïne qui au final n’aura pas eu droit à tant d’exposition que cela dans sa pourtant très longue carrière. Et c’est d’autant plus dommage que ses fans sont nombreux à suivre chacune de ses apparitions.
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Sonya la Rousse
Si Red Sonja fait partie de ces héroïnes si chères aux amateurs d’Heroic Fantasy et de littérature fantastique, ce n’est pas (uniquement) pour son improbable mais magnifique accoutrement en cotte de mailles. Non, la belle a bien d’autres atouts, à commencer par le fait qu’elle fut créée par le maître du genre en personne Robert E. Howard en 1934, dans les pages de The Magic Carpet Magazine plus exactement dans une nouvelle intitulée The Shadow of the Vulture (Sonya la Rouge). Elle est alors une femme mystérieuse vivant au 16eme siècle qui participe à la défense de Vienne assiégée par l’armée turque de Soliman le Magnifique. Il faudra attendre 1973 pour qu’elle soit transposée dans l’univers d’un autre héros d’Howard, Conan Le Barbare dont Marvel publie les aventures depuis trois ans. C’est en effet Roy Thomas qui suggère à Stan Lee de transposer les aventures du Cimmérien en bande dessinée. Dans Conan the Barbarian #23 dessiné par Barry Windsor-Smith, le barbare ne doit son salut que par l’intervention de l’armée de Pah-Dishah, dirigée par une fougueuse rousse répondant au nom de Red Sonja. Les deux guerriers vont rapidement sympathiser et leur destin se croiser à de nombreuses reprises.
Mais qui diantre est Red Sonja ? Ses origines sont décrites par Roy Thomas dans Kull and the Barbarians #3 dans le récit The day of the sword en septembre 1975. Red Sonja vivait avec sa famille dans une humble maison des steppes de l’ouest d’Hyrkania. Alors qu’elle venait d’avoir 17 ans, un groupe de mercenaires cruels tua ses parents et ses deux jeunes frères, brûla leur maison et tous leur biens. Elle survécut au prix de sa virginité, étant brutalement violée par le chef du groupe, la laissant perdue et désemparée. Entendant son cri de vengeance, Scathach la déesse rouge lui apparut et lui offrit une capacité surnaturelle pour le combat à l’épée et autres armes, à la condition qu’elle ne couche jamais avec un homme, à moins qu’il ne l’ait vaincue en combat loyal.
A ses débuts, la guerrière ne va pas porter son fameux bikini argenté, elle aura une tenue beaucoup plus conventionnelle (et pratique) constituée d’une vraie cotte de maille…. et d’un short rouge vraisemblablement en cuir. C’est l’artiste espagnol Esteban Maroto qui va soumettre à Roy Thomas une illustration de l’héroïne, celle-ci va tellement lui plaire (on imagine aisément pourquoi) qu’il fera en sorte que Maroto travaille aux côté de Neil Adams sur les premières aventures en solo de l’héroïne, dans Savage Sword of Conan #1.
John Buscema reprendra ensuite la même tenue en dessinant l’héroïne dans Conan the Barbarian #43, 44, et 48 en 1974. La plastique irréprochable de l’héroïne va également être sublimée par l’illustrateur Boris Vallejo et immortaliser le fameux bikini dans ses somptueuses couvertures.
Alors certes, le bikini argenté favorisa grandement à rendre populaire notre guerrière hyrkanienne, mais elle était également considérée par les responsables de Marvel comme une incarnation du féminisme, la belle rivalisant avec les plus grand guerriers et se déclarant fièrement comme l’égale des hommes. C’est d’ailleurs en ces termes que Stan Lee fait référence à Sonya la Rouge dans l’édito du recueil Superhero Women consacré aux héroïnes de la Maison des Idées. Barry Windsor-Smith a également la même vision lorsqu’il illustre Red Sonja pour la première fois dans Conan the Barbarian #23 :« Je voulais une guerrière qui soit capable de battre Conan et qui l’assume complètement, c’était ma vision pour The song of Red Sonja »
En 1973, l’Academy of Comic Book Arts récompensera de l’Award du Best Individual Story (Dramatic ) le numéro 24 de Conan the Barbarian intitulé The Song of Red Sonja. Elle sera également présente dans un run de 7 numéros dans les pages de Marvel Feature en 1975 où l’artiste Frank Thorne apportera une vision beaucoup plus érotique du personnage au grand désarroi de Barry Windsor-Smith. Celui-ci voyait en effet dans l’approche « bikinesque » de l’hyrkanienne une réelle atteinte à son image.
Il ne faudra pas attendre bien longtemps pour que Sonya ai droit à sa propre série de 1977 à 1979 pour 15 numéros, puis de 1983 à 1986 avec cette fois-ci 13 fascicules (à cette époque le bikini disparaît.)
C’est l’éditeur Dynamite qui va ensuite reprendre le flambeau en publiant à partir de 2005 une série régulière dont de nombreux artistes reconnus ont pu laisser exprimer sur les couvertures leur vif intérêt pour une vision assez minimaliste du port de la cotte de maille, on citera Alex Ross, Jim Lee, Frank Cho, Greg Horn, Michael Turner, Marc Silvestri, et bien évidemment notre ami Paul Renaud. L’intérieur quant à lui est dessiné (du moins au début) par Mel Rubi sur une histoire de Michael Avon Oeming. Mais Red Sonja va également se décliner en une multitude de one shot et mini séries, Dynamite allant même jusqu’à republier en couleur ses aventures parues dans Savage Sword of Conan chez Marvel. N’oublions pas non plus le le titre Savage Tales dans lequel on retrouvera également la guerrière rousse, bref l’éditeur met le paquet pour notre plus grand plaisir. Le plaisir des yeux bien évidement, mais d’après ce que j’ai pu comprendre la série régulière est loin d’être inintéressante.
Difficile donc de se faire une opinion bien tranchée sur cette héroïne qui est à la fois l’incarnation générique (et complètement fantasmée) de la guerrière issue des romans d’Heroic Fantasy, mais également une manifestation du mouvement féministe de l’époque complètement intégrée dans la culture populaire. Elle est je pense un peu des deux, mais ce qui est sûr c’est qu’à l’ère hyborienne, il ne valait mieux pas trop se plaindre du froid…
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Les Reines de la Jungle
Véritable phénomène éditorial issu du succès du Tarzan d’Edgar Rice Burroughs et du roman de William Henry Hudson, Green Mansions, la mode des Jungle Girls a engendré des dizaines et des dizaines d’héroïnes vêtues de peau de bêtes et batifolant de lianes en lianes et ce à partir de 1937 avec l’apparition de la célèbre Sheena, Queen of the Jungle créée par Will Eisner et Jerry Iger. Au lieu d’énumérer toutes les représentantes de ce genre bien particulier (et parce que d’autres l’ont déjà fait), j’ai préféré m’attarder sur deux héroïnes que l’on peut chacune considérer comme les portes drapeaux dans leur domaine de leur maison d’édition respective. Sans aucune logique chronologique (!), c’est donc Shanna The She-Devil qui s’y colle suivie de près par Rima The Jungle Girl.
Nous sommes en 1972, et l’éditeur en chef Stan Lee n’a alors (pratiquement) qu’une idée en tête, attirer un lectorat féminin à feuilleter les pages des titres publiés par Marvel. Il propose ainsi trois nouvelles séries : Shanna The She-Devil, Night Nurse et Claws of the Cat qui vont voir le jour entre les mois de novembre et décembre de cette même année. Mais son second souhait est également de faire travailler des artistes féminines sur ces titres, les heureuses élues étant Carol Seuling sur Shanna, Jean Thomas sur Night Nurse, et Linda Fite et Marie Severin prendront les rênes de The Cat. Dans Shanna The She-Devil #1 paru en décembre 1972, Carol Seuling nous présente son héroïne par le biais d’un flash-back sous un aspect résolument moderne et bien loin des clichés propre au genre des Jungle Girls et autres Cave Women. Shanna O’Hara est une vétérinaire travaillant au zoo municipal de Manhattan, ancienne gymnaste olympique, elle consacre désormais sa vie aux grands félins qu’elle soigne et avec qui elle entretient un lien particulier. Lorsqu’un sniper abbat pratiquement tous les grands félins du zoo, Shanna arrive sur les lieux et constate que seule Julani, une femelle léopard qui considère la jeune femme comme sa mère a survécu mais est gravement blessée. Partant du principe qu’un animal sauvage blessé représente un trop grand danger, un des gardiens du zoo achève l’animal alors que celui-ci s’approchait pour chercher du réconfort auprès de notre héroïne (Ah mais voilà ! C’est malin de me raconter des trucs pareils, je vais me foutre à chialer !) Qui plus est, cette tragédie fait écho à un autre traumatisme datant de son enfance lorsqu’elle vivait en Afrique et qu’elle vit son père tirer mortellement sur sa mère lors d’une partie de chasse au léopard. La coupe est pleine, n’en rajoutez plus. Mais derrière toutes ces anecdotes dignes d’un épisode de Remi sans Famille, le directeur du zoo réussit à convaincre Shanna de reconduire les deux seuls survivants du massacre du zoo à l’état sauvage dans leur continent d’origine (plus exactement au Bénin, soyons précis !), les deux animaux s’avérant être les petits de Julani, Ina et Biri. Et afin que ceux-ci puissent reconnaître Shanna comme l’une des leurs, la jungle girl ira jusqu’à revêtir la peau de son ancienne protégée (oui, c’est un peu dégueu, mais c’est comme ça).
La superbe couverture de Jim Steranko et les intérieurs de George Tuska compléteront cette histoire écolo prônant le respect de la vie sauvage, Steve Gerber est engagé en tant que soutien de Seuling pour écrire les dialogues.
Le second numéro sera accompagné d’une petite controverse, lors d’une scène où Shanna retenue prisonnière dans un cachot avec ses félins réussi à se libérer et ordonne à ses compagnons de tuer leur gardien de cellule. Quelques lettres de lecteurs scandalisés remontèrent aux yeux de Carol Seuling, mais la série se voulait être dès le départ une version plus moderne, et donc plus violente que sa grande cousine, Sheena. Cette première série ne va durer que cinq numéros, Seuling cédant sa place à Steve Gerber à partir du #4.
Quelques mois après la fin de ce premier volume, Shanna va réapparaître dans les pages de Ka-Zar : Lord of the Hidden Jungle #1 en janvier 1974, et continue de jouer les guest dans le second numéro. Elle sera également vue la même année dans les numéros 109 à 11 de Daredevil ainsi que dans Marvel Two-In-One #1 qui fournissent des détails supplémentaires sur son passé et celui de sa famille et montrent meurtre du personnage de McShane, le prétendant de la belle dans la première série. Shanna se montre ensuite dans Savage Tales #9 et 10 (Mars et Mai 1975) dans deux histoires écrites par Carla Conway et dessiné respectivement par Tony DeZuniga et Ross Andru. Dans la première de ces deux histoires, Ina et Biri sont tués (ça y est, on a touché le fond !). Pour Gerry Conway qui était à ce moment là éditeur de la série, cela faisait partie d’une stratégie pour la rendre plus forte et plus féroce afin de pouvoir intégrer le monde de Savage Tales, tout en éliminant les rivaux potentiels et détournements affectifs qui l’éloignerait de sa future relation avec Ka-Zar (avec qui elle finira par se marier, dans Ka-Zar The Savage # 29 en décembre 1983.
Dans Rampaging Hulk #9 en juin 1978, DeZuniga rempile aux côtés de Steve Gerber, on y retrouve une Shanna qui a quitté son environnement sauvage pour se retrouver dans une banlieue chic à occuper ses journées à faire la vaisselle, aller chez la psy et à s’amuser avec son gros boa (non ce n’est pas une métaphore, et comme je vois très bien que vous ne me croyez pas, voici la scène en question bande de cochons…)
Bon, j’en étais où ? Ah oui, en 1991 l’éditeur Al Milgrom alors responsable de la série Marvel Fanfare est à la recherche de quelques pépites à publier dans son magazine et retrouve la première partie d’une histoire en trois numéros, dessinée par Carmine Infantino sous la plume de Steve Gerber. Il demande alors à Bret Blevins d’encrer ce premier opus et de continuer sur sa lancée en dessinant les deux autres. Mais Milgrom demanda également à Gerber de travailler sur un quatrième chapitre qui clôturerait cette histoire entamée il y a des années, celui-ci sera dessinée par DeZuniga.
Shanna The She-Devil a donc pendant longtemps été considérée, et ce malgré les clichés dus au genre dans lequel elle évolue, comme une héroïne moderne et écolo, complètement dans l’air du temps, du moins à l’époque où elle a commencé sa carrière. Les versions plus récentes du personnage ont au contraire mis en avant une héroïne sans grand intérêt, sauf peut-être pour celui des yeux (merci Frank Cho !)
Au départ, Rima The Jungle Girl n’est pas un personnage de Comic-book, mais l’héroïne d’un roman d’William Henry Hudson intitulé Green Mansions : A Romance of the Tropical Forest qui date de 1904 (Tarzan fut lui publié en 1912). L’auteur est un ornithologue et naturaliste de renom d’origine Britannique qui a vécu une grande partie de sa vie en Argentine. L’histoire de Green Mansions se déroule au Vénézuela en 1840 et nous présente Abel, un révolutionnaire qui se réfugie dans la forêt tropicale pour échapper à son exécution. Il se lie d’amitié avec une tribu locale et porte un intérêt certain envers la crainte qu’ils ont pour une créature appelée « Daughter of the Didi », une femme surnaturelle vivant dans la forêt et qui semble pouvoir communiquer avec les animaux. Sa curiosité le pousse à s’aventurer au coeur de la forêt et découvre que la créature mythique et fantasmagorique n’est ni plus ni moins qu’une jeune fille vivant en parfaite harmonie avec la nature. La fascination qu’éprouve cet homme d’un certain âge dans le roman pour cette nymphe équatoriale, n’est pas sans rappeler la Lolita de Nabokov… cinquante ans avant l’heure ! Green Mansions fut un réel succès, à tel point qu’il fut transposé sur les ondes radiophoniques en 1937, Ray Bradbury mentionna Rima dans une nouvelle publiée en 1950 dans le journal The Saturday Evening Post, et un an plus tard fut publiée une version illustrée grâce aux fameux Classic Illustrated (#90 encore une fois pour être précis ! :p). Hollywood s’empara également du phénomène en 1959 avec l’adaptation sur grand écran, les rôles de Rima et Abel étant incarnés par Audrey Hepburn et Anthony Perkins. Mais il faudra attendre 1974 pour que DC Comics vienne donner sa version, Carmine Infantino est alors Rédacteur en chef et fait de nombreuses tentatives afin d’amener un nouveau lectorat. A cette époque, l’idée d’adapter l’histoire de Rima ne fait que surfer sur le succès de Tarzan of The Apes, également publié par DC depuis trois ans. Infantino demande à Joe Kubert (paix à son âme, puisque nous apprenons ce soir son décès…) d’être à la fois dessinateur et éditeur de la série, mais celui-ci s’occupe déjà de Tarzan, et Sgt. Rock. Kubert songe alors à Nestor Redondo, issue de la vague des dessinateurs Philippins qui débarquèrent au début des années 70 aux Etats Unis tels que Tony DeZuniga, Alfredo Alcala et Alex Nino, et s’occupera d’illustrer les couvertures.
A la différence du roman, la Rima de DC Comics ressemble plus à une jeune femme qu’une adolescente, il est vrai que la concurrence est rude de toutes parts, à commencer par Shanna The She-Devil et son sex-appeal dévastateur. Rima #1 est donc publié en avril 1974, et aucune référence ou mention au roman de William Henry Hudson n’y figure dans ses pages, tout simplement parce que celui-ci est tombé dans le domaine public. A tel point que de nombreux lecteurs penseront à l’époque que Rima était une création originale de la National Periodical Publication Inc (le nom de DC à l’époque), et au pire une énième variante des aventures de Tarzan. La série va durer sept numéros, les quatre premiers suivant plus ou moins fidèlement la trame du roman et intégrant les origines et le passé des deux principaux protagonistes. A partir du #5, il s’agit d’histoires totalement indépendantes, où Rima va découvrir une sorte d’Hibernatus, se mesurer à un chasseur de jaguar, où encore faire face aux potentielles rivalités amoureuses… Mais les aventures de Rima vont aussi continuer sur le petit écran à partir de 1977, dans la série animée Super Friends diffusée sur la chaine ABC.
Il faudra ensuite attendre plus de 30 ans pour que Rima revienne grâce à Brian Azzarello, qui l’inclut dans sa série First Wave aux côtés de Batman, Doc Savage et The Spirit.
La jungle girl de DC Comics n’a donc rien à voir avec sa concurrente directe de chez Marvel, l’héroïne se veut être beaucoup proche de ses « cousins » Tarzan et Mowgli dans la grande tradition des récits littéraires évoquant le mythe de l’enfant sauvage. En tout cas ce qui est sûr c’est que l’on ne verra jamais Rima faire la vaisselle….
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Goddess of the Galaxy
Mi-ange mi-démon, le personnage de Moondragon voit le jour dans Iron Man #54 en janvier 1973, écrit par le légendaire Bill Everett (qui décédera un mois plus tard), Mike Friedrich, dessiné par George Tuska et encré par Vince Coletta. Elle porte alors le nom de Madame MacEvil et s’en prend directement à Iron Man et au Sub-Mariner. Mais il faudra attendre le mois de novembre de la même année pour que ses origines soient expliquées plus précisément dans Daredevil #105, intitulé « Menace from the Moons of Saturm ». Ce numéro explique que Moondragon s’appelle en fait Heather Douglas et qu’elle est devenue orpheline à cause de sa rencontre fortuite avecThanos. En effet, c’est lors d’une virée en plein désert avec ses parents quand elle était petite, qu’ils furent témoins de l’arrivée de son vaisseau. Celui-ci ne voulant pas être vu, il fit exploser la voiture et Heather fut éjectée en étant l’unique survivante. Mais elle fut retrouvée par Mentor, le père de Thanos. Celui qu’on appelle L’Eternel l’emmena vivre sur sa planète, c’est ainsi qu’elle fut élevée par les moines de Shao-Lom et devint une experte en techniques de contrôle mental, en arts martiaux, et en génétique.
Cependant, son éducation lui valut d’être sous l’influence d’une entité puissante appelée le Dragon de la Lune dont elle parvint à résister, et dont elle prit en signe d’orgueil le nom de Dragon-Lune. Lors de ses premières apparitions dans Captain Marvel et The Avengers,son but était de mettre un terme aux agissement de Thanos, et c’est dansAvengers #133 (en mars 1975) qu’elle devient un membre de l’équipe de manière non-officielle, durant la saga intitulée « Madonne Céleste » et se vit proposer un statut de membre à part entière au #137. Dans cette saga, son personnage est en opposition constante avec Mantis avec qui elle partage pourtant de nompbreux points communs : elles ont toutes les deux été élevées dans le but d’enfanter le Messie Céleste, et doivent par conséquent être considérées comme de véritables déesses. Mais c’est Mantis qui au final décroche le ponpon. Steve Englehart va continuer à développer les antinomies entre les deux femmes, faisant de Moondragon l’exacte opposée de Mantis dans son comportement (Mantis est considérée comme une provocatrice alors qu’Heather passera son temps à jouer les prudes face aux avances de ce cherTony Stark), mais l’auteur va également mettre l’accent sur son arrogance et son statut autoproclamé de Déesse tout puissante.
Un autre scénariste va donner de la matière à ce personnage, c’est Jim Shooterdurant une autre saga, celle de Korvac. C’est en effet à partir d’Avengers #167 en janvier 1978 et pendant une dizaine de numéros que Shooter met en avant sa capacité de contrôler l’esprit des gens, et par extension, de les manipuler. Elle va d’abord s’exercer sur Quicksilver mais va surtout pousserKorvac au suicide. Dans Avengers #211 intitulé « A Force of mind » en septembre 1981, lorsque Captain America décide de remanier la célèbre équipe de super-héros, le manoir est soudainement visité par différents membres potentiels convoqués contre leur volonté. Débarquent ainsi Icemanet Moon Knight, puis Angel et Tigra, qui se trouvent obligés de s’affronter les uns les autres. Ils découvrent rapidement que Moondragon est derrière cette audition forcée.
Shooter ira encore plus loin dans Avengers #219-220, lorsque que Moondragon se retourne contre ses amis après avoir pris le contrôle d’une planète entière. Elle ira également jusqu’à séduire Thor qui le pauvre ne peut faire face à un tel lavage de cerveau.
Ah ben tiens, c’est du propre. Et accessoirement, elle battra son père Drax le destructeur (qui n’était pas mort, en fin de compte) le réduisant à l’état de légume. Contre toute attente, c’est La Guêpe qui mettra un terme à la folie mégalomaniaque de notre héroïne, d’un crochet du droit digne d’un Charles Bronson au top de sa forme. Résultat des courses, Moondragon sera jugée àAsgard (Thor devait sans doute avoir les boules de s’être fait manipuler par une femme) comme une déesse digne de ce nom, et Odin la condamnera à porter un bandeau frontal qui limiteront grandement ses pouvoirs psychiques. Elle se voit également être confiée sous la responsabilité de Valkyrie et par conséquent venir à contrecœur rejoindre les rangs des Défenseurs.
C’est à cette époque que le scénariste Peter Gillis fouille un peu plus les origines du personnage en évoquant l’entité cosmique appelée Dragon de la Lune et contre qui elle doit lutter pour ne pas sombrer du côté obscur (à croire que les entités cosmiques et les femmes ne font pas bon ménage). Dieu merci, son attachement grandissant pour ses coéquipiers prendra le dessus sur ses anciens penchants. Mais ce que Gillis va également développer, c’est sa relation avec un autre membre des Défenseurs, Cloud, qui lui fait part de ses sentiments dans la dernière page de Defenders#134 en publié en Août 1984, moi j’appelle ça un cliffhanger de dingue !
La relation Moondragon/Cloud (sans oublier Phyla-Vell) et par conséquent la bisexualité de Moondragon mérite un billet à lui tout seul et sera donc détaillée dans la prochaine fiche perso à venir très prochainement (ça, ça s’appelle l’art du Teasing les enfants).
Quoi qu’il en soit Moondragon par son héroïsme convainc Odin de lui retirer son bandeau, elle retrouve ainsi toutes ses capacités mais son répit n’est que de courte durée en apprenant bientôt qu’elle est mourante, victime d’une infection par des spores végétales. Incapable de faire face à l’idée de mourir (car c’est bien connu, les dieux sont immortels) elle accepte cette fois-ci le marché du Dragon de la Lunequi lui propose de la sauver en échange de sa soumission. Et soudain c’est le drame. Moondragon complètement possédée périra dans un affrontement final (désolée) avec ses anciens coéquipiers, dont certains iront jusqu’à se sacrifier dans le dernier numéro de la série : Defenders #152 en février 1986, toujours écrit par Gillis.
Mais tel le phénix qui renaît de ses cendres, notre héroïne aura eu le temps juste avant de mourir de transférer son esprit dans le subconscient de sa propre cousine, Pamela Douglas dont les rêves mouvementés la poussèrent à fabriquer un clone pour pouvoir à nouveau héberger cet ego surdimensionné.
Moondragon va ensuite continuer ses aventures sur différentes séries notamment Quasar: Annihilation: Conquest et Guardians of the Galaxy. Ce personnage ambivalent et complexe est l’une des héroïnes les plus intéressantes de la Maison des Idées, qui plus est avec son look atypique elle n’en reste pas moins sexy et montre une fois de plus que contrairement à ce que l’on dit, une tête bien pleine vaut mieux qu’une tête bien faite (oui, je sais c’est un peu tiré par les cheveux comme conclusion surtout lorsqu’on connait le sens véritable de cette expression… moi aussi sans doute je mérite un crochet du droit).
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Stone, the world is stone
Créée en 1983 pour DC Comics, la Princesse Amethyst a parcouru son petit bonhomme de chemin le long de cette décennie à travers trois séries qui lui ont été intégralement (mais inégalement) dédiés, elle reste pourtant une héroïne méconnue du grand public. Nous allons donc faire en sorte de remédier un peu à cela, d’autant plus qu’elle revient en grande forme à partir du mois de septembre sur le titre Sword of Sorcery façon New 52, il serait dommage de ne pas se remémorer ensemble ses origines n’est-ce pas ?
Comme souvent, les premiers pas de certains personnages de comics sont irrémédiablement liés à l’histoire de leurs créateurs, en l’occurrence Dan Mishkinet Gary Cohn deux amis d’enfance qui entrèrent par la petite porte de DC Comics grâce à la relation amicale qu’ils entretenaient avec l’éditeur Jack C. Harris.Leur premier travail pour la compagnie en tant que scénaristes fut une histoire courte de trois pages intitulée On the Day of His Return et publiée en 1980 dansTime Warp #3 sur des dessins deSteve Ditko. Ils vont ensuite oeuvrer sur un back-up d’OMACdans les pages de Warlord, mais c’est en 1983 que l’idée de suggérer à DC la venue d’un nouveaux personnage leur vient en tête, d’après un projet datant de la fin des années 70. A cette époque, Amethyst portait le doux nom de Changeling, mais il se trouva que Marv Wolfman et George Perez eurent au début des 80′s la même idée qu’eux pour nommer un de leur personnage issu des Teen Titan :Beast Boy. Les deux comparses furent donc obligés de choisir un nouveau nom pour leur héroïne, un nom qui amena également l’idée d’inclure des noms de pierres pour les autres personnages et endroits de leur récit.
Le projet est validé par Dick Giordano et Jenette Kahn, et le duo de scénariste choisissent Ernie Colón (oui c’est un nom difficile à porter) pour illustrer les aventures de leur héroïne. Elle apparaît ainsi pour la première fois dans le supplément de Legion of Super-Heroes #238 en avril 1983. Dans cette aventure intitulée Duel in Dark Magic, nous faisons donc la connaissance d’Amethyst, de son ami Granch, la sorcière protectrice Citrinaet de son ennemi juré Dark Opal. On prend également connaissance de l’étendue de ses pouvoirs mais surtout qu’elle peut passer d’une dimension à l’autre (de Gemworld à la Terre) se retrouvant dans la peau d’une jeune fille de treize ans prénommée Amy lorsqu’elle se retrouve parmi nous. Oui, je pense que l’on peut appeler ça une belle chute.
Car l’histoire d’Amethyst c’est un peu un Game of Thrones avant l’heure : un monde partagé entre 12 maisons liées à des pierres précieuses (l’améthyste, le diamant, l’émeraude, le topaze, le rubis, le saphir, le turquoise, la sardonyx, la pierre de lune, le grenat, le béryl et l’opale) et la volonté d’un tyran de toutes les gouverner. Après l’assassinat de ses parents par Dark Opal, Amethyst ne doit son salut que grace à Citrina qui la confia a un couple de terrien, les Winstonalors qu’elle n’était qu’un bébé. C’est à l’âge de treize ans qu’elle est attaquée par Dark Opal et qu’elle découvre ses origines en étant téléportée sur Gemworld. Dans cette dimension, elle a l’apparence d’une jeune femme de 20 ans et fera tout pour contrecarrer les plans du despote malgré les intrigues et les complots des représentants des différentes maisons.
Amethyst: Princess of Gemworld, cette première série de 12 numéros qui parait donc entre 1983 et 1984, est un beau succès. Amethyst Anual #1 va faire le relais entre cette maxi série et la suivante portant le même nom et comprenant cette fois-ci 16 numéros qui sera dessinée par Ric Estrada. Tous les personnages issus de la première série sont à nouveau présents et complotent de plus belle, ce qui amène celle-ci à sombrer dangereusement dans le soap opera (sur terre, Amy sombre dans le coma et Amethyst reste coincée sur Gemworld) Mais un évènement va changer la donne, celui-ci débute dans le onzième numéro de Crisis on Infinite Earthoù elle est sauvée par Doctor Fatequi la ramène dans sa dimension. C’est à ce moment là, dans Amethyst #13(en 1986) que l’héroïne apprend ses véritables origines. Mais parallèlement, et directement lié à la politique de DC de mettre fin au multiverse, Amethyst va littéralement disparaître aux yeux de tous en se sacrifiant dans le #1 d’Amethyst Special.
Mais les aventures d’Amethyst ne vont pas s’arrêter là pour autant. Une troisième série va voir le jour (sous le nom très simple à retenir d’Amethyst), une mini série cette fois, qui sera publiée entre novembre 1987 et février 1988. Elle est écrite par Keith Giffen et Mindy Newell et introduit le personnage de Mordru comme étant le nouvel ennemi notoire de l’héroïne. Mais ici il n’est plus question de faire allusion à tout ce qui faisait le charme de la série : Amy a disparu, ainsi que les origines royales et magiques de son alter ego. Au lieu de cela, il est question d’intégrer l’univers de Gemworld à celui de la Légion des Super Héros. En aucun cas Dan Mishkin et Gary Cohn ne vont être concertés par ces nombreux changements, la magie au sens propre comme au figuré avait bel et bien disparu.
Les années 90 ne vont pas être tendre avec elle, on la verra seulement dans Books of Magic #3 de Neil Gaiman en 1991, et Book of Fate en 1997. Il faudra ensuite attendre mars 2006 et Day of vengeance : Infinite Crisis Special #1 pour reprendre de ses nouvelles. C’est dire qu’après une telle traversée du désert, cette nouvelle série qui va débouler à la rentrée est la bienvenue.
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La fleur de son secret
« It was midnight… a man…a good man… was in trouble… and she appeared ! It was as simple as that ! She showed a strength that was impossible to believe… removed the man from danger.. and then vanished ! Nothing more was known about her, exept that everyone who saw her agreed that she looked like a huge flower- an orchid- a Black Orchid ! »
C’est en ces termes qu’est apparu pour la première fois le personnage de Black Orchid dans trois numéros d’Adventure Comics (du #428 au #430, c’est à dire entre août et décembre 1973), une série qui à ce moment là s’offrait un petit interlude vis à vis de son domaine de prédilection super héroïque pour bifurquer du côté du fantastique et du surnaturel à partir du #425 sous l’impulsion de l’éditeur Joe Orlando. C’est à cette époque que furent introduits le temps de trois épisodes des personnages tels que Captain Fear ou The Spectre, avant qu’Adventure Comics ne revienne au genre qui avait fait son succès. Les trois épisodes consacrés à Black Orchid portèrent les titres de Black Orchid, Challenge of the Black Orchid et The Anger of the Black Orchid où à chaque fois notre héroïne mènait l’enquête incognito grâce à ses talents en matière de déguisement et laissait en guise de signature une fleur, qui vous l’aurez tous compris ressemble à un géranium (je dis ça parce qu’en ce moment je suis en train de faire pousser des géranium sur ma terrasse). En aucun cas les origines de ses pouvoirs sont expliqués, ce qui accentue l’effet de mystère et de paranormal très en vogue à cette époque. Tout comme pour Madame Xanadu, Joe Orlando est clairement à l’origine de la création de ce personnage et va mettre en relation le dessinateur Tony DeZuniga et le scénariste Sheldon Mayer pour façonner notre héroïne. Ainsi, DeZuniga va s’inspirer d’un personnage issu du Golgen Age , Black Condor, en transposant tout simplement une version féminine de celui-ci.
La création de ce personnage également la première et unique collaboration entre ces deux artistes, également lié aux problèmes de santé du vétéran Sheldon Mayer, dont la vue déclinante altéraient ses aptitudes au dessin et qui se contenta alors de devenir le scénariste spécialisé dans les Mystery Comics pour DC. On le retrouve ainsi sur les séries House of Mystery, House of Secrets et Forbidden Tales of Dark Mansion. DeZuniga était quant à lui arrivé aux Etats Unis en 1969 et travaillait pour DC sous la tutelle de Joe Orlando, en débutant sur des tires tels que Girls’ Love Stories en 1970, ainsi que House of Mystery la même année.
En y regardant de plus près, Black Orchid s’avère être à cette époque un savant mélange de Batman et de Superman, tout en se cachant parmi les protagonistes de l’intrigue grâce à un masque et une perruque tant et si bien que le lecteur ne puisse non plus la reconnaître (bon, depuis on a tous vu Usual Suspects, du coup on ne nous la fait pas aussi facilement…)
N’ayant pas eu le succès suffisant pour que Black Orchid ait sa propre série, l’héroïne va pourtant continuer à apparaître dans les pages du Phantom Stranger à partir du #31 (sous la forme d’un back-up, dans ce numéro il est intitulé Island of Fear) où Mayer et DeZuniga travailleront sur le personnage une dernière fois. A partir du #32, ce sont Michael Fleisher, Russel Carley comme scénaristes avec Nestor Redondo puis Fred Carrillo aux dessins qui prennent la relève. C’est à cette époque qu’est introduite The Black Orchid Legion, une équipe féminine composée de cinq membres qui copient les aptitudes de Black Orchid à des fins criminelles.
Ces back-up prendront fin lors du #41 de The Phantom Stranger en mars 1976 et il faudra pratiquement attendre 10 ans pour qu’elle se remanifeste dans Blue Devil Annual #1 en 1985. Ce numéro réunissant des personnages tels que Creeper, Madame Xanadu, Phantom Stranger et bien entendu Blue Devil, oppose deux versions bien distinctes concernant les origines de Black Orchid. Selon Madame Xanadu il s’agit d’une étudiante du nom de Maltilda Moorcok qui fut irradiée au contact d’un bouquet d’orchidées alors qu’elle tentait de sauver la vie d’une femme sur le point de se faire écraser par le camion d’un fleuriste. Mais selon le Phantom Stranger, il s’agissait plutôt d’une dénommée Paula Porter, qui fut piquée au doigt par la dite fleur juste avant de quitter le laboratoire de son université. Dans les deux cas l’allusion aux origines de Daredevil et Spider-Man était assez évidente et fut considérée à l’époque comme une parodie et un clin d’oeil vis à vis de la concurrence.
Black Orchid va ensuite faire partie de l’équipe des Suicide Squad, du moins sur les numéros 4, 7, 11, 12, 19, et 22, entre 1987 et 1988, usant à plusieurs reprises de ses techniques de déguisement et d’espionnage. Mais c’est bel et bien et toujours en 1988 que son destin va définitivement changer grâce à deux auteurs pratiquement débutants à cette époque : Neil Gaiman et Dave McKean. Sobrement appelée Black Orchid et publiée par DC dans un format Prestige, cette mini série de trois numéros va réinventer (ou plutôt instaurer une fois pour toute) les origines du personnage, quitte à démarrer son histoire par sa propre mort. Nous sommes à des années lumières de ce qui avait été écrit pour cette héroïne jusqu’alors, Gaiman et McKean nous offrent en effet un récit à la fois complexe, sombre et mélancolique comme un avant goût de ce que ces deux auteurs ont pu faire par la suite. Gaiman tisse également des liens entre Black Orchid et d’autres personnages de l’univers DC apparentés au monde végétal comme Pamela Isley et Alec Holland.
En 1993, Black Orchid reviendra cette fois-ci dans sa propre série publiée chez Vertigo, comprenant 22 numéros et un annual. Dave McKean continuera d’illustrer les covers, les intérieurs sont signés Jill Thompson, du moins pour les 6 premiers numéros, alors que Dick Foreman est au scénario. Un inévitable crossover avec Swamp Thing aura lieu dans le #5 (ainsi que dans Swamp Thing #139). La série se termine encore une fois par le décès de son héroïne, ou du moins d’une partie (car le récit de Gaiman s’était lui achevé avec l’existence de deux Black Orchids… oui je sais, DC Comics…) , puisqu’il s’agit la partie la plus démoniaque.
Elle fera ensuite des apparitions plus ou moins remarquées dans Day of Vengeance, Infinite Crisis Trinity, ou encore Birds of Prey. Plus récemment on la retrouve en tant que membre de la Justice League Dark sous une forme qui s’apparente plus à ses débuts. Mais là encore il semblerait que ses origines soient une nouvelle fois à définir. Décidément cette héroïne restera secrète encore un bon moment…
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Enter freely, and be unafraid
Ambassadrice de l’étrange et du mystère pour DC Comics, Madame Xanadu est peut-être logiquement l’un des personnages féminins les plus énigmatiques et vaporeux de l’éditeur. Apparue pour la première fois en février 1978 dans les pages de la série Doorway to Nightmare, il faut pourtant remonter un peu plus dans le temps pour connaitre ses véritables origines et comprendre ce qui a inspiré l’artiste Michael William Kaluta pour donner à cette héroïne l’aspect et l’aura que nous lui connaissons.
Dans les années 70 la mode était à ce que chaque « mystery comics » (des séries horrifiques ou à suspense dont les plus célèbres sont The House of Mystery et The House of Secrets publiés par DC Comics) ait un hôte pour introduire et conclure une histoire indépendante, à l’image du célèbre Crypt-Keeper des Contes de la Crypte. C’est à cette époque que l’éditeur Joe Orlando vient voir l’illustrateur Michael W Kaluta et lui demande de réfléchir sur l’aspect visuel d’un nouveau personnage, (oui oui le fameux character design !) qui sera l’hôtesse d’une nouvelle série intitulée Doorway to Nightmare. Orlando a déjà une idée bien précise de ce personnage, il la voit comme une une gitane adepte de la taromancie et qui tient une petite boutique au coeur de Greenwich Village. Mais il n’a pas idée à quel point Kaluta est définitivement la personne idéale pour ce travail, lui qui a auparavant pu s’exercer sur un autre mystery comics, Forbidden Tales of Dark Mansion et dont Charity, l’hôte mystérieuse de la série pendant 7 numéros va servir de base pour donner naissance à Madame Xanadu. On retrouvera cette Charity dans le Starman de James Robinson en 1994, mais ça les enfants c’est une autre histoire.
Mais au fur et à mesure de son développement, Madame Xanadu ne va pas uniquement se voir être une simple conteuse d’histoire horrifique, elle va finalement être partie prenante de ce conte, devenant une conseillère adepte du paranormal et de l’ésotérique lorsque des âmes en peine osent pousser la porte de son obscure boutique. Car la série Doorway to Nightmare suit une formule bien précise et identique dans chaque numéro : un couple dans la tourmente et en proie à des forces occultes vient chercher de l’aide auprès d’une taromancienne bien mystérieuse qui collectionne d’étranges bocaux exposés tels des trophées sur une étagère. Dans Doorway, la romance et le mystère sont deux éléments indissociables.
L’autre atout de cette série qui ne durera finalement que 5 numéros (ou presque), était de faire collaborer artistes et scénaristes de différents statuts, qu’ils soient nouveaux ou déjà bien établis. En combinant par exemple un scénariste débutant avec un artiste vétéran et vice-versa, l’éditeur Jack C. Harris qui succéda à Joe Orlando visait à donner une véritable vitrine à ces artistes. Seul Michael W Kaluta resta sur tous les numéros en tant que cover artist, et quelles couvertures, plus somptueuses les unes que les autres. L’illustrateur ne fut jamais en contact avec les artistes et les auteurs qui officiaient sur les intérieurs, et n’eu jamais connaissance des histoires abordées dans les différents épisodes. Il parvint pourtant à chaque fois à capter magistralement et de façon très appropriée le climat général de cette mini-série.
On doit ce superbe visage et ces yeux abyssaux à Cathy Ann Thiele, la petite amie de l’époque de Kaluta qui lui servira de modèle en posant régulièrement pour lui.
C’est David Michelinie qui prend en charge l’écriture du premier numéro de Doorway to Nightmare, aidé de Val Mayerik aux dessins, et dans lequel les éléments fondateurs et emblématiques qui entourent le personnage sont déjà présents : la citation « Enter freely, unafraid » sur la devanture de la porte, Christy Street (en référence à Christopher Street), et le fait que la porte de la boutique ne peut s’ouvrir de l’extérieur uniquement par des personnes dans le besoin. Les mystérieux bocaux sont déjà également en place. Au fil des numéros, Madame X aura à faire à des vampires et autres succubes, pratiquer un exorcisme ou encore mettre à mal un démon tout droit sorti d’une bouilloire (ceux là c’est les pires, je vous jure).
Malheureusement, et tout comme sa comparse Vixen comme nous l’avons vu précédemment, Madame Xanadu va également faire les frais du DC Implosion, et la série Doorway to Nightmare être annulée au bout du 5ème numéro. Mais la bonne fortune de notre héroïne ne va pas toutefois s’arrêter là, puisque la suite initialement prévue dans les pages de Doorway va être publiée dans le magazine The Unexpected #190 ainsi que dans le fameux Cancelled Comic Cavalcade. Ce 6ème numéro est intitulé Tapestry of Dreams, et Adrienne Roy, déjà présente dans le #5 officie sur la colorisation (les habitués de ce blog relèveront ce petit détail 😉 )
Madame X revient également dans les # 192, 194 et 195 de The Unexpected (nous sommes en 1979), suivant le même principe de ce qui a fait l’essence de la première série : un savant mélange de paranormal et de romance. Elle aurait également dû apparaître dans The Unexpected #200, mais cet épisode subit de nombreux changements pour devenir au final Madame Xanadu #1 et être directement publié. L’un de ces changements fut celui de sa couverture toujours dessinée par Michael W Kaluta, qui dû changer les protagonistes représentés sur les cartes que tient l’héroïne.
Steve Englehart et Marshall Rogers, sont au commandes. Ces deux artistes acclamés par la critique grâce à leur run de huit épisodes sur Batman ( Detective Comics #469-476) vont développer finalement une histoire sur 3 numéros à la demande de Jack C. Harris. Madame X fut ensuite présente dans diférentes séries du DCverse, de Wonder Woman à Superman, jusqu’à jeter un sort à l’Anti-Monitor en personne dans Crisis on Infinite Earth #10 en janvier 1986.
Les évènements de Crisis vont indirectement entraîner notre héroïne aux côtés d’un autre personnage tout aussi emblématique : le Spectre et son incarnation terrestre, le policier Jim Corrigan (rien à voir avec le flic ripou de Gotham Central). Les deux se rapprochent très vite jusqu’à ce fameux The Spectre #9 paru en décembre 1987, montrant « malencontreusement » une Madame X totalement nue sous le crayon du très talentueux Gray Morrow. Le scénariste Doug Moench se souvient : « Même si je n’ai aucun problème avec la nudité, The Spectre n’était pas destiné à un lectorat mature. Et bien que Madame Xanadu était formidablement bien dessinée, je devais prévenir mon éditeur Rober Greenberger que nous allions au devant de gros problèmes. Il m’assura que les scènes de nudité seraient éliminées à la colorisation. Le numéro fut publié tel quel comme je le craignais, et de nombreux parents vinrent se plaindre auprès des comic shop dans un mini cataclysme. L’éditeur fut viré du titre, mais le mal était déjà fait, craignant d’autres plaintes 30 % des libraires annulèrent leur précommande. »
En 1993 dans une seconde série du Spectre, le scénariste John Ostrander décide de donner un peu plus de lumière aux origines de Madame Xanadu. Dans The Spectre #7 on apprend ainsi qu’elle est une sorcière issue des légendes Arthuriennes, et qu’elle se prénomme Nimue (autrement dit, elle est l’incarnation de la Fée Viviane). Il développe également son antagonisme envers le personnage du Phantom Stranger.
En 2008 l’éminente éditrice et patronne du label Vertigo, Karen Berger, demande à Bob Schreck de contacter le scénariste Matt Wagner et de créer une série avec Madame Xanadu dans le rôle titre. L’idée d’embaucher Amy Reeder au dessin viendra de l’assistant de Schreck, Brandon Montclare, qui avait travaillé avec elle chez Tokyo Pop. Wagner décide de reprendre les origines de l’héroïne à travers les époques en expliquant notamment comment elle réussit à séduire et emprisonner Merlin, gagner son immortalité en jouant aux cartes avec la Mort (en l’occurrence la fameuse Death de Neil Gaiman), mais également entretenir sa relation passionnelle et contradictoire avec le Phantom Stranger. La série durera 29 numéro. L’arc intitulé Exodus Noir (du #11 au #15) a la particularité de voir enfin Michael W Kaluta dessiner les intérieurs, après toute ces années où il avait sublimé son héroïne au travers de ses couvertures, oui on peut dire qu’il était temps.
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Into the Wild
Si il existe des héroïnes de comics qui méritent d’être connues du grand public plus que d’autres, on peut dire que Vixen fait partie ce celles-ci car elle représente à plus d’un titre un combat pour la diversité. En plus de 30 ans de carrière, et malgré un sacré faux départ, Mari McCabe reste l’une des héroïnes préférées des habitués du DCverse, notamment grâce à son importance au sein de la JLA.
Si l’on veut bien connaitre l’histoire de Vixen, il faut se remettre dans le contexte d’une époque tumultueuse en matière d’édition chez DC Comics, qui n’est pas sans rappeler celle que nous vivons actuellement. Vers la fin des années 70, le scénariste Gerry Conway est au top de sa forme. Embauché initialement par Marvel, le co-créateur du Punisher et également responsable de la mort de Gwen Stacy travaille désormais pour la Distinguée Concurrence sur plusieurs nouveaux titres simultanément à commencer par Secret Society of Super Vilain en 1976, puis Firestorm et Steel the Indestructible Man en 78. Ces nouveaux titres faisaient partie d’une vague initiée en 1975 et appelée DC Explosion, et où au total 57 titres virent le jour (ça ne vous rappelle rien ?) sur une période de 4 ans pour concurrencer l’hégémonie Marvel et sa foultitude de séries en cours. Toujours en 1978 Conway fut amené à lancer un nouveau titre, Vixen, qui n’est ni plus ni moins que la première super héroïne afro-américaine de l’univers DC. Mais voilà, les choses ne se passèrent pas vraiment comme prévu. En 1977 DC subit de plein fouet une chute des ventes notamment due à un hiver extrêmement rude jusqu’à bloquer les circuits de distribution de comics, et à une grave récession impliquant une hausse des coûts d’impression et de papier. C’est ainsi que DC fut contraint à mettre fin à une trentaine de titres les moins vendeurs, tout en décidant d’avorter ceux près à éclore, Vixen en faisant bien évidemment partie. Et non seulement ce premier numéro ne fut jamais publié en tant que tel, mais il fut également inachevé. Prévue initialement pour le 8 Août 1978, The Vixen #1 fut surement la plus grande victime de ce que l’on appelle désormais sarcastiquement The DC Implosion. Mais nous lecteurs de comics savons que rien ne meurt jamais vraiment. Ce premier numéro de The Vixen fut quand même publié à l’intérieur d’un double recueil regroupant tous ces titres annulés et fut initialement distribué aux employés de DC sous le nom de Cancelled Comic Cavalcade. En voici quelques pages, ces superbes planches sont signées Bob Oksner.
Voilà pour les présentations. Mais au fond qui est Vixen ? Gerry Conway déclara qu’il voulait faire d’elle une autre super héroïne noire en dehors de Storm, et que ses pouvoirs faisaient partie intégrante de son héritage et de ses racines. A l’instar d’Animal Man, Vixen a la capacité de s’approprier les facultés de différents animaux mais la similitude s’arrête ici. Ses pouvoirs proviennent du Totem Tantu, une amulette mystique qui lui permet de comprendre, parler aux animaux et acquérir leurs aptitudes.
Marilyn McCabe est top model à New York et tout va pour le mieux pour elle jusqu’à ce qu’elle découvre que Manitoba, président d’un pays africain nommé D’Mulla, rend visite aux Nations Unies. La simple vision de cet homme la ramène à des souvenirs traumatiques de son enfance où orpheline, elle fut adoptée à l’age de huit ans par un couple d’américains. Lentement ses souvenirs lui reviennent : son père était un opposant pacifiste qui luttait pour l’indépendance de son pays lorsqu’un soldat vint attaquer et brûler son village, sous les yeux de Marilyn qui fut mise en sûreté par le Révérend Peak . Ce soldat était Manitoba, devenu général et souverain auto-proclamé.Elle se souvint également du talisman que son père lui léga, le Totem Tantu qui permettait à son détenteur d’acquérir les capacités de n’importe quel animal. Par le biais d’un rituel sacré, Mari activa l’amulette et se confectionna un costume à partir des chutes de l’agence de top model dans laquelle elle travaillait.
Mari parvient à retrouver Manitoba alors que celui-ci est sur le point de tuer le Révérend Peak à coup de machette, croyant qu’il est le dernier témoin de ses exactions passées. Elle invoque alors les esprits du lion, de l’antilope et du renard pour venir à bout de son agresseur qui finira empalé après avoir accidentellement renversé une croix géante. Ironiquement, c’est Manitoba qui aura donné son nom de scène à Mari en l’appelant « Vixen », un nom qu’elle décida de garder pour continuer ses aventures de justicière.
Mais ce premier numéro ne fut jamais terminé puisqu’il resta sur le bureau de l’éditeur Jack C. Harris avant que les dernières pages puissent finir d’être lettrées, et rien ne fut entrepris pour donner corps à un deuxième opus, bien que cela soit initialement prévu. En effet, Gerry Conway avait envisagé la suite de Vixen sans rien réellement planifier pour elle, préférant raconter les exploits d’une super héroïne urbaine, mais laissant de côté le contexte politique évoqué dans le premier numéro et tout en développant son personnage au fur et à mesure du récit.
Il fallut attendre trois ans pour que Vixen soit enfin visible auprès des lecteurs dans Action Comics #521, Conway pu enfin présenter son héroïne dans une histoire intitulée The Deadly Rampage of the Lady Fox, où les artistes Curt Swan et Frank Chiaramonte reprirent les visuels créés par Bob Oksner et dans laquelle Superman croise sa route à New York alors qu’elle appréhende un trafiquant de fourrure.
C’est ensuite en 1984 dans DC Comics Presents #68 que Vixen revient une nouvelle fois avec le duo Gerry Conway/Curt Swan sur une histoire intitulée Destiny’s Children et toujours aux côtés de Superman.
Mais Conway est loin d’être satisfait du sort de son héroïne et décide de l’inclure dans un autre titre dont il est à l’époque le scénariste : Justice League of America. Car la célèbre équipe des justiciers de DC Comics va faire l’objet d’un remaniement total, ses membres fondateurs ayant déjà fort à faire sur leur titre respectif, ceux-ci vont être remplacés par d’honorables seconds couteaux tels qu’Aquaman, Martian Manhunter, Elongated Man et Zatanna, et vont également quitter la fameuse Watchtower pour venir s’installer dans un bunker dans la banlieue de Détroit. Conway va rajouter à ce nouveau noyau des personnages de sa création : on y retrouve Steel, Vibe, Gyspie et Vixen.
C’est ainsi que Mari va obtenir un nouveau costume pour l’occasion, dessiné cette fois-ci par Chuck Patton qui ne va pas hésiter à s’inspirer de celui de Wolverine pour donner écho au côté sauvage du personnage. Et à la ville, Patton choisira la mannequin, actrice et chanteuse Grace Jones comme source d’inspiration pour personnifier l’héroïne.
A son changement de look va également se rajouter une relecture de ses origines, Mari devient ainsi la fille du Révérend Richard Jiwe, originaire du M’Changa, qui fut élu président de son pays mais assassiné par son demi-frère le général Mustapha Maksai, à la suite d‘une sanglante guerre civile. Egalement appelé Ox, le général alla jusqu’à retrouver Mari en Amérique pour lui reprendre l’amulette qui avait été créée par l’araignée Anansi pour protéger les innocents. Au contact du Totem Tantu, Ox se transforma en monstre mais il fut lui aussi empalé lors du combat final avec Vixen.
Après l’annulation de la série Justice League version Detroit, on va retrouver Vixen dans la série Suicide Squad, écrite par le couple John Ostrander et Kim Yale. Alors qu’elle participait à une séance de photos sur le pont d’un bateau dans les Caraïbes, l’équipe filma un trafic de drogue en pleine mer. Les trafiquants exécutèrent tous les témoins, Mari parvenant à s’échapper sous l’eau. Le responsable de cette tuerie étant protégé par une immunité diplomatique, Vixen s’engage dans la Suicide Squad en quête de vengeance. Elle reste avec l’équipe un bon moment et se lie même avec Bronze Tiger. On la retrouvera plus tard au sein de différentes équipes : de Justice League Task Force aux Birds of Prey.
En 2009, elle aura enfin droit à sa propre mini-série intitulée Vixen : Return of the lion, soit quasiment 30 ans après avoir fait ses débuts. Écrite par G. Willow Wilson et somptueusement dessinée par Cafu, Return of the lion nous permet de retrouver la Marilyn McCabe qui a été si rarement dépeinte pendant toute ces années, en reposant le contexte politique au coeur de l’intrigue.
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Oiseau de malheur (deuxième partie)
Bon alors, où est-ce qu’on en était ? Malgré toute l’étendue de son pouvoir, Jean Grey n’est pas exempte de tout danger surtout si il provient de sa propre personnalité. Et celle-ci est d’autant plus fragile qu’elle se laissera abuser à plusieurs reprises, à commencer par Mesmero dans X-Men #111 (en juin 1978) qui l’hypnotise et lui fait croire qu’elle est trapéziste dans un cirque itinérant (Wolverine sera obligé de lui filer des baffes pour la faire revenir à la raison).
Claremont avait intentionnellement prédit la mort de Jean dans X-Men #108 et décide d’en remettre une couche lors du #114 (octobre 1978) lorsqu’elle est portée disparue aux côtés de Hank Mc Coy et que le reste de l’équipe les croit morts (et vice versa). Etonnament le plus effondré n’est pas celui qu’on croit : Alors que Scott parait être totalement indifférent face à la perte de son grand amour, Wolverine ne se remet pas de cette tragédie au point que l’on découvre qu’il gardait depuis toujours une photo de la belle sur lui (c’est mignon).
A l’origine, Claremont et Byrne ne partageaient pas le même avis à propos du sort tragique de leur héroïne. Pour le scénariste, le Phénix faisait partie intégrante des X-Men, alors que John Byrne considérait l’entité cosmique comme étant bien distincte du personnage de Jean Grey. Ce désaccord poussa Claremont à changer de postulat et de la transformer en une menace démoniaque et sans limite. C’est ainsi qu’il introduit le personnage de Jason Wyngarde (également appelé Mastermind) dans X-Men #122, qui réussit à manipuler et corrompre totalement Jean, l’enfermant dans une vision altérée d’un monde issu du 18ème siècle, et faisant d’elle sa Reine Noire. Jean finit tant bien que mal par se libérer du joug mental de Mastermind et reprendre le contrôle de son esprit, mais le traumatisme provoqué par la perte temporaire de sa personnalité va la pousser à se transformer en une nouvelle forme de Phénix : Le Phénix Noir, entraînant de ce fait la saga du même nom.
Oui je sais, on a déjà vu ça quelque part. Et soudain, c’est le drame. Ivre de pouvoir, Jean ou plutôt Dark Phoenix décide se prendre pour une sorte de Galactus comme dévoreuse de planètes, en absorbant l’énergie de plusieurs d’entre elles, et leurs milliards d’habitants par la même occasion. Oui, Jean Grey devient une sorte de reine du génocide. Devant cette menace, la Garde Impériale Shi’ar décide d’éliminer Phénix, estimant que son pouvoir met en péril l’univers tout entier. Profitant d’une reprise momentanée de conscience de Jean Grey, les Shi’ar capturent Phénix et les X-Men afin de la juger. Ceux-ci s’interposent mais le tumulte du combat réveille de nouveau le côté sombre de Phénix; dans un dernier sursaut de conscience, elle choisit de se suicider, évitant ainsi de détruire les Shi’ar et ses amis. C’est la conclusion de X-Men #137.
Oui là je pense que nous sommes tous au bord de la dépression. Mais comme c’est souvent le cas dans les comics, personne ne meurt jamais vraiment. Et oui, souvenez-vous de cette histoire de cocon au fond de Jamaica Bay. Ce sont les Vengeurs qui tombèrent dessus les premières et qui décidèrent de l’examiner à l’aide des Quatre Fantastiques. La seule, la vraie Jean Grey se libéra de ce fameux cocon, et d’abord incapable de se souvenir de sa rencontre avec le Phénix, elle réagit comme si elle était encore à bord de la station orbitale du Dr Lang. Mais aidée des Vengeurs et des Fantastiques, elle se remémora les derniers événements avant sa disparition et découvrit ce qui était arrivé au Phénix. Ouf, nous sommes sauvés.
Mais la pauvre aurait peut-être mieux fait de rester amnésique car elle finit par découvrir que Scott s’est marié avec Madelyne Pryor qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau (normal, c’est son clone) et que pire encore, il lui a fait un enfant prénommé Nathan. Alors là franchement… c’est sans commentaire. Après avoir battu sa rivale devenue entre temps la Goblyn Queen lors du crossover Inferno (nous sommes en 1988), elle finira par se marier avec Scott Summers dans X-Men #30 en 1994 (c’est pas trop tôt !)
Mais tout n’est pas rose dans la vie de ce couple et certaines sauront en profiter comme Emma Frost par exemple qui n’hésitera pas à manipuler psychiquement le pauvre homme pour arriver à ses fins. Inutile de dire que Jean lui fera sa fête.
Bon, la suite est une succession de morts et de résurrections du personnage que j’aurais du mal à décrire succinctement, je vais donc m’abstenir, l’intérêt de ce petit aperçu étant surtout de montrer son évolution en une vingtaine d’année, et ce grâce à la vision de grands scénaristes et dessinateurs qui n’ont pas eu peur d’oser lui donner une certaine aura qui laisse encore de nos jours un souvenir impérissable auprès de millions de lecteurs à travers le monde. Ceci étant fait je l’espère avec assez de justesse (je vous rappelle que je suis une DC Girl), je vous laisse en attendant une nouvelle rétrospective qui ne saurait tarder…
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Oiseau de malheur (première partie)
Jean Grey fait partie de ces personnages iconiques de l’univers Marvel dont le destin constitue sans conteste l’une des clés de voûte de sa mythologie. Si au commencement cette jolie rousse semble être bien effacée au sein de la première équipe des Mutants, plusieurs artistes vont se charger de la porter au premier rang, non sans lui faire subir des changements drastiques et la faire passer du côté obscur. C’est cette évolution que nous allons voir ensemble, avec comme toile de fond bien entendu une Saga que les lecteurs de Marvel ne connaissent que trop bien.
C’est en 1963 que nous voyons pour la première fois le joli minois de Jean Grey dans X-Men #1. Elle porte alors le nom de Marvel Girl et ses créateurs, Stan Lee et Jack Kirby la mettent au centre de toutes les attentions parmi les cinq autres membres (si on inclut Charles Xavier) de la toute première équipe des célèbres mutants. A la fois jeune et douée, on ne peut pourtant pas dire que les pouvoirs de Jean soient aussi impressionnants et dévastateurs que ses acolytes, ses talents de télékinésie lui servant à déplacer quelques objets, mais les besoins de l’histoire vont ensuite la faire évoluer en une véritable télépathe.
C’est à partir de X-Men #3 (en janvier 1964) que Jean entame une timide relation avec Scott Summers qui mettra pas mal de temps a devenir officielle, puisque c’est à partir du #48 (en septembre 1968) que nous les voyons réellement en tant que couple. Ceci dit, pour être la plus exacte possible quant aux origines de ce couple bien tumultueux, un extrait issu de l’épisode flash-back X-Men #138 (octobre 1980) fait référence à leur déclaration mutuelle se déroulant pendant les évènements d’X-Men #32 (mai 1967). Tout au long de ses jeunes années, Jean sera étudiante, puis mannequin et alternera un rôle de confidente du Professeur Xavier à celui de cible amoureuse auprès de celui-ci, mais également d’Angel et Cyclope, et oui, c’est pas facile d’être la seule fille dans une équipe de super-héros.
En 1975 l’équipe des X-Men s’agrandit lors du hors-série Giant-Size X-Men #1, Len Wein et Dave Cockrum en sont les architectes rapidement secondés par Chris Claremont au scénario à partir d’X-Men #94. C’est à ce moment que Jean décide de quitter ses compagnons (et son amoureux), l’idée de Claremont était de la faire disparaître pendant quelques mois puis de la faire revenir avec de nouveaux pouvoirs mais aussi beaucoup plus de consistance.
Les ennuis vont commencer pour notre amie en avril 1976 (décidément une année riche en matière de comics…) dans X-Men #98, lorsqu’elle est kidnappée par les Sentinelles aux côtés de Wolverine et Banshee et qu’ils sont séquestrés sur une station orbitale par le Dr Steven Lang. Parvenant à se libérer mais étant dans l’incapacité de s’enfuir de la station, ils devront attendre l’arrivée du reste de l’équipe à la rescousse dans le fameux X-Men #100. Sur le chemin du retour, un orage solaire menace le vaisseau et Jean s’avère être la seule capable de le piloter (grâce à ses pouvoirs de télépathe, elle a puisé son savoir dans celui du Dr Corbeau, un allié des X-Men) tout en mettant à l’abri ses coéquipiers. C’est évidemment une mission suicide qui causera la perte de la Jean Grey que nous connaissions jusqu’alors.
La fin du #100 sous-entend que Jean a été bombardée de rayons cosmiques, tout comme ce fut le cas pour Reed Richards dans Fantastic Four #1 en 1961.
Mais il n’en est rien. Jean Grey meurt irradiée et se réincarne en une entité cosmique appelée Le Phénix entraînant la saga du même nom. On plutôt Le Phénix prend à ce moment là l’apparence de Jean Grey, et se convainc même d’être réellement elle, alors que la vraie Jean Grey est placée dans un cocon au fond de Jamaica Bay, là ou la navette spatiale s’est écrasée. Oui les enfants c’est le bordel. On dit souvent que DC c’est du grand n’importe quoi, et bien laissez-moi vous dire que Marvel n’a rien à envier à la Distinguée Concurrence en matière d’histoires tarabiscotées. Mais passons… (mais ouai c’était une boutade, c’est pas la peine de m’envoyer She-Hulk pour me botter pas les fesses !) Nous avons donc droit à l’une des scènes les plus célèbres de la Maison des Idées dans X-Men #101 : la première apparition du Phénix dans toute sa splendeur.
Non y a pas à dire, ça pète. Le look en peu trop sage de Jean s’en est allé en même temps que son ancienne incarnation. Nous la verrons désormais dans une tenue moulante dont le design a été remanié plusieurs fois par Dave Cockrum avant d’être validé définitivement par l’éditeur en chef Archie Goodwin. En effet, à l’origine Cockrum avait dessiné plusieurs versions différentes, avec à chaque fois une combinaison blanche ornée de bottes, gants et ceinture dorée. Mais elles furent toutes rejetées par l’éditeur qui craignait que l’on voit le verso de la page imprimée à travers le costume. Il lui conseilla à la place d’utiliser les couleurs originelles du costume de Jean Grey.
Mais revenons à nos moutons. Phénix, persuadée d’être Jean Grey va continuer sa relation avec Cyclope comme si de rien n’était, ses nouvelles capacités lui permettant d’avoir une relation quasi normale avec son cher et tendre.
Car la nouvelle Jean Grey est bien plus qu’une version améliorée de Marvel Girl avec des pouvoirs accrus et un costume flambant neuf. C’est en juin 1977 dans X-Men #105 qu’elle met un doigt sur l’étendu de ses pouvoirs en dégommant Firelord dans une intervention pour le moins cosmique.
Voilà, maintenant on arrête de rigoler. L’idée de Claremont était de montrer au fil des épisodes la lente intoxication de l’héroïne qui allait se laisser s’enivrer par tant de pouvoir et se laisser dominer par le côté obscur. John Byrne repend le titre à partir du #108 (toujours en 1977) et s’inspire de l’actrice Raquel Welch. C’est également dans cet épisode que lui apparaît le Phénix Noir (à Jean Grey, pas Raquel Welch, la pauvre) sous la forme d’une hallucination ou plutôt d’une prémonition, comme un ombre avertissement des évènements à venir, à moins de voir ici les prémices de l’évolution schizophrénique du personnage.
En bien c’est ce que nous verrons dans la deuxième partie de notre petit dossier sur Jean Grey, une jeune femme au destin bien tragique qui est morte et ressuscitée à plusieurs reprises, quoi de plus normal pour un phénix…
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La déesse de jade
She-Hulk, voilà un personnage dont le capital sympathie ne s’avérait pas forcément évident de prime abord. Imaginez une grande gigue verte qui arrache ses vêtements à chaque fois qu’elle se met en colère et qui prend un malin plaisir à culbuter toutes les voitures qu’elle croise sur son passage sous le regard médusé de la foule en délire… Si vous pensiez que cette petite introduction pouvait résumer parfaitement ce personnage féminin emblématique des années 80, et bien asseyez-vous un petit moment car nous allons rependre tout depuis le début. Car She-Hulk grâce aux deux principales séries dont elle est l’héroïne, représente bien ce que l’on aimerait voir plus souvent dans les comics, l’image de la femme forte, dans tous les sens du terme.
L’histoire de She-Hulk commence sur un trait d’ironie : elle qui est avocate, a été créée par Stan Lee pour des raisons juridiques. Nous sommes en 1979 et la série télé The Incredible Hulk avec Bill Bixby et Lou Ferigno diffusée sur la chaine CBS à partir de 1977 et produite par Universal Television rencontre un franc succès. Mais des rumeurs de plus en plus persistantes font penser que les producteurs envisagent de créer un alter ego féminin au géant vert, à l’image de ce que fut Super Jamie pour L’homme qui valait trois millards, et de le faire évoluer dans un spin-off alors libre de droit puisque ne faisant pas partie de l’écurie Marvel. Ni une ni deux, la Maison des Idées dépêche Stan Lee et John Buscema de créer dans l’urgence une version féminine de Hulk, Jennifer Walters était née.
Les origines de She-Hulk sont donc d’ordre purement matériel, et sa venue au monde dans l’urgence a laissé perplexe plus d’un créatif de chez Marvel. The Savage She-Hulk #1 est ainsi publié en février 1980 d’après une histoire de Stan Lee qui va immédiatement établir la connexion entre Jennifer Walters et Bruce Banner. Celui-ci décide de rentre visite à sa chère cousine dont il était très proche dans sa plus tendre enfance, et qui est devenue une talentueuse avocate. Jennifer lui explique alors qu’elle défend actuellement un homme accusé du meurtre du garde du corps d’un dangereux mafieux : Nick Trask. Ses hommes de mains vont leur tendre une embuscade et blesser grièvement Jennifer, Bruce n’a nul autre choix que de lui donner son sang à l’aide d’une perfusion, lui transfusant par la même occasion ses fameuses radiations.
Lorsque les malfrats récidivent pour éliminer Jennifer dans sa chambre d’hôpital, le stress de la situation (on ne le serait pas moins) la fait se transformer pour la première fois en une créature hors gabarit, ses agresseurs lui donnent alors le nom de She-Hulk (tueurs à gage et poètes, ces gars ont sans doute raté leur vocation).
Elle réussit ainsi à les appréhender et même leur faire avouer le meurtre du garde du corps. A la fin du numéro Jennifer se rend compte qu’elle est désormais devenue un monstre comme son cousin, mais contrairement à lui elle va se servir consciemment de cette nouvelle faculté sans en être la victime.
Un homme va tout de suite croire au potentiel de ce nouveau personnage, c’est le scénariste David Anthony Kraft qui va écrire la totalité de la première série soit 25 numéros, de 1980 à 1982. C’est lui qui va forger l’univers de l’héroïne en l’entourant de divers personnages : son collègue Dennis Bukowski, son père Morris Walters, et Dan Ridge son aspirant boyfriend. Il introduit également le personnage de Jill, l’amie de l’héroïne dont la ressemblance avec Jennifer lui causera sa perte.
A partir du #3, Jo Duffy vient rejoindre la série en tant qu’éditrice et forme le trio créatif parfait aux côtés de Kraft et Mike Vosburg aux dessins. Ils arrivent à faire de She-Hulk un personnage constamment tiraillé entre passion et raison et non une simple créature rugissante et sans intérêt. Dans le #11, alors qu’elle est à l’article de la mort, le Dr Morbius va lui administrer un sérum qui va lui permettre de contrôler sa transformation, celle-ci n’aura plus besoin d’être stressée ou en colère pour devenir la plantureuse déesse de jade. L’intérêt de cette première série réside également dans le fait que Jennifer Walters est une femme dans l’air du temps, une working girl qui essaie de conjuguer vie professionnelle et sentimentale, au centre d’un trio (ou quatuor) amoureux (entre Dan « Zapper » Ridge et Richard Rory) tout en essayant de gérer des rapports tendus avec son père.
Malheureusement les ventes de The Savage She-Hulk restent modestes et l’équipe créative met un terme et un dénouement à la trame principale avec le #25 dans lequel Jennifer décide de rester sous l’apparence de She-Hulk.
Mais l’héroïne ne restera pas bien longtemps dans les oubliettes puisqu’on la voit par la suite aux côtés des Avengers, des Defenders, et des Fantastic Four. Malheureusement elle reste un personnage de second plan jusqu’en 1989 où John Byrne la remet en selle dans une nouvelle série qui fait date et reste encore un classique pour son approche particulière : The Sensational She-Hulk. Le scénariste/illustrateur va appréhender son héroïne d’une manière totalement décalée et humoristique. Il brise à maintes reprises le quatrième mur entre le personnage et le lecteur et fait fi des règles élémentaires de l’art séquentiel où She-Hulk parvient à s’échapper en trouant le papier dans lequel elle est enfermée, interpelle même son auteur en lui criant dessus et critiquant sa manière d’écrire et de dessiner. Byrne s’amuse également avec le Comic Code en parodiant la célèbre photo où Demi Moore pose nue alors qu’elle est enceinte et joue avec la nudité et le sex-appeal de son héroïne.
L’aventure acidulée durera 8 numéros, Byrne claquant la porte suite à une grande mésentente avec son éditrice Bobbie Chase, mais l’auteur en remet une couche du #31 au 50 lorsque que Chase est remplacé par Renee Witterstaetter.
La série s’arrêtera au 60ème numéro, la couverture reprenant celle du #1 comme pour boucler la boucle… toujours non sans humour.
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Les deux grandes séries dédiées à She-Hulk ont donc abordé la belle Jennifer Walters de manière totalement différente : épique et dans la grande tradition des titres Marvel, ou carrément barrée et portée par le génie d’un auteur culte. L’une apporte des bases solides d’un personnage entier au sex-appeal indéniable et la seconde impose encore plus la notion de « Strong Female Character » alors qu’à l’époque commençait à pointer son nez l’horrible ère des Bad Girls et de leurs atouts pulmonaires.
Voilà pourquoi, entre tout autre chose, ce personnage est si apprécié des lecteurs (et des lectrices bien évidemment), car elle est le savant mélange entre un caractère bien trempé et tenace, une intelligence hors du commun, et un physique irréprochable. Cela fait peut-être beaucoup pour une seule femme me direz-vous, mais avec She-Hulk c’est plutôt le minimum syndical.
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Dans l’espace, personne ne vous entend crier
Il y a des personnages qui savent marquer les esprits. Je ne peux pas dire si chaque époque a eu une héroïne marquante, il serait peut être intéressant de voir les choses de cette manière, mais ce qui est certain c’est que l’héroïne qui nous intéresse aujourd’hui a laissé son empreinte sur toute une génération, non seulement auprès des lecteurs Marvel, mais surtout auprès des amateurs de femmes fortes et au caractère bien trempé. Et cela est sans doute du à un parcours des plus atypiques et pourtant bien représentatif du sort des héroïnes de comics.
Bien évidemment, lorsque que l’on parle de Ms. Marvel, on ne peut pas faire l’impasse sur celui qui est à l’origine de sa condition de super héroïne, j’ai nommé Captain Marvel. Les deux personnages vont d’ailleurs être introduits quasiment en même temps à un numéro d’intervalle, Ms. Marvel apparaissant pour la première fois en 1968 dans Marvel Super-Heroes #13, Carol Danvers n’est à ce moment là qu’un personnage secondaire absolument sans pouvoir mais qui occupe la fonction de chef de la sécurité d’une base militaire qui semblerait être celle de Cap Canaveral, et pour l’époque on peut dire que c’est déjà plutôt pas mal.
Et en plus d’être belle et d’occuper un poste à forte responsabilité, Danvers a décidément tout pour plaire puisque son intuition la pousse à se méfier du Dr Walter Lawson (l’alias de Captain Marvel) comme si celui-ci cachait un mystérieux secret… Lorsque Captain Marvel obtient sa propre série, Carol le suit en tant personnage de soutien, la tension entre elle et Lawson ne fait que s’accroître, mais toujours apaisé par les interventions héroïques de son alter ego alien. Le destin de Carol Danvers va se jouer dans Captain Marvel #18 en 1969, alors qu’elle est témoin de la confrontation entre le héros et sa nemesis : le colonel Yon-Rogg. Prise en otage, elle se retrouve être au contact d’une arme appelée le psyche-magnitron, et son ADN est alors irradié par cette technologie extraterrestre. Étonnement, Carol va disparaître de la circulation pendant plusieurs années pour revenir dans Captain Marvel #34 en 1974. Aucune allusion n’est faite sur les séquelles que l’héroïne aurait pu subir, et son rôle dans la suite de la série va s’avérer être anecdotique. Il faudra attendre janvier 1977 pour que Gerry Conway et John Buscema réintroduisent Carol Danvers dans un statut différent et totalement dans l’air du temps, celui de la femme indépendante et libérée. Nous découvrons ainsi une nouvelle Carol, rédactrice en chef du magazine Woman et qui fait ouvertement référence à Gloria Steinem, journaliste féministe et fondatrice du journal Ms. créé 5 ans auparavant. De ses rapports antagonistes avec J. Jonah Jameson à ses exploits d’héroïne, Carol Danvers devient rapidement une icône pop de la cause féminine dont les influences sont sciemment issues du mouvement féministe en plein effervescence à cette époque. Malgré ce bel effort, de nombreux détails permettent de douter de la véritable indépendance de notre belle héroïne : son costume est calqué sur celui de Captain Marvel, son sixième sens fait penser à celui de Spider-Man et ses pouvoirs la rendent amnésique au point qu’elle ignore totalement de sa double identité. C’est ballot. Gerry Conway ne restera que deux numéros, il est remplacé par Chris Claremont déjà célèbre pour son travail formidable sur les X-Men, et sa capacité à écrire des personnages féminins charismatiques. Dès le #3, il permet à Carol de faire la connexion entre ses deux identités et en quelques numéros le personnage gagne en densité, elle devient une guerrière en pleine possession de son héritage Kree (la race alien d’où proviennent ses pouvoirs). Plus tard il mettra en avant les rapports conflictuels qu’elle entretient avec son père, puis mettra un terme à sa carrière de journaliste en faisant ressortir la difficulté de conjuguer travail et super héroïsme.
Le personnage va petit à petit gagner en popularité, jouant les guest dans d’autres séries comme Spider-Man, The Defenders, The Avengers, Marvel Team-up… Claremont continue sa propre construction de Ms. Marvel en l’émancipant de son mentor jusqu’à lui faire changer de costume. Celui-ci est redessiné par James Cockrum et apparaît dans le #20 en 1978. Malheureusement la série s’arrête au #23 et c’est à peu près à ce moment là que ses ennuis vont commencer.
Après l’annulation de la série, Ms. Marvel va rejoindre les Vengeurs sous la plume de David Michelinie (et oui, encore lui décidément) et le temps de quatre numéros (d’Avengers #197 à 200), l’héroïne va subir un pur cauchemar rétrograde et malsain, excusez du peu, Carol découvre soudainement qu’elle est enceinte de trois mois, et à l’issue cette grossesse pour le moins accélérée naîtra un garçon nommé Marcus, qui grandira tout aussi rapidement. Le fait de tomber enceinte sans savoir comment n’est pas en soit un problème, c’est plutôt vieux comme le monde. Mais pour résumer ce grand WTF on apprend au final que Ms. Marvel s’est fait kidnapper, droguer, violer et met au monde la réincarnation de son agresseur. Et si cela ne suffisait pas, et bien elle fini par partir avec lui.
Qu’a-t’il bien pu se passer dans la tête de Michelinie pour écrire un truc pareil (on dit qu’à l’époque il aurait eu une dent contre Claremont), et Jim Shooter alors rédacteur en chef, pour l’accepter ? Le premier s’explique en ces termes : « Ce qui s’est passé sur Avengers #200 est totalement différent de ce que nous avions prévu à la base en élaborant l’intrigue. Le bébé n’était pas Marcus, et la raison de sa grossesse était complètement différente que celle qui a été publiée. Juste avant que le scénario soit rendu au dessinateur, un autre titre Marvel fut publié décrivant exactement ce que nous avions prévu dans Avengers #200″… « Je ne dis pas qu’un autre scénariste a intentionnellement volé notre idée, mais Avengers #200 était un évènement dont l’intrigue originale était connue de tous dans les bureaux de Marvel . Vous avez sans doute remarqué que quatre noms sont crédités pour ce #200 (Shooter, Michelinie, George Pérez et Bob Layton), c’est parce que nous avions un travail incroyable à rendre en un temps record. Nous nous sommes réunis et avons repensé une conclusion absolument différente mais qui pourrait s’adapter aux autres histoires déjà dessinées, écrites et publiées. Ce n’est vraiment pas ce que nous nous voulions faire au départ. C’était imparfait et sujet à controverse, mais c’était ce que nous pouvions faire de mieux dans un temps si limité. »
Cette conclusion est loin de satisfaire tout le monde, et si un auteur est particulièrement affecté du sort de Carol Danvers, c’est bien Chris Claremont, lui qui avait réussi à donner ses lettres de noblesses au personnage. L’année suivante il réhabilite une nouvelle fois l’honneur de Ms. Marvel dans Avengers Anual #10 (en 1981), où l’héroïne se retrouve cette fois-ci sans aucun pouvoir et à moitié amnésique (Rogue est passée par là), et a réussi à s’échapper de l’emprise de Marcus. Convalescente, elle en profite alors pour régler ses comptes avec ses soit disant amis les Vengeurs qui l’avaient laissé partir quasiment sans broncher. Et vlan, Thor, c’est toi qui prend pour tout le monde.
C’est ainsi que Carol va préférer rejoindre l’autre super équipe de la Maison des Idées, les X-Men, en devenant une consultante en mécanique et assistante pour Charles Xavier. C’est à cette époque qu’elle se rapproche de Wolverine, et l’on apprend qu’ils se connaissent même depuis un bon moment. Accompagnant les X-Men dans l’espace, Carol va se faire enlever par une race d’insectes aliens nommés Brood (en fait, c’est l’histoire de toute sa vie) qui conduisent tout un tas d’expériences sur elle. Sa structure moléculaire en est modifiée, ce qui lui permet d’acquérir de nouveaux pouvoirs et de devenir Binaire à partir de Uncanny X-Men #164 en 1982. Celle-ci va rester auprès des X-Men encore pour quelques numéros, jusqu’à ce que Rogue rentre au bercail, Carol ne pouvant cohabiter avec celle qui lui a privé d’une partie de sa vie. On ne la verra que sporadiquement pendant les dix années qui vont suivre. Elle revient ensuite lorsque la série Avengers est remaniée en 1998 par Kurt Busiek et George Pérez, et rejoint l’équipe sous le nom de Warbird. Mais elle doit désormais gérer une menace tout aussi dramatique que de se faire kidnapper et séquestrer à des aliens : faire face à ses problèmes d’alcoolisme. Devenant incontrôlable elle fini par se faire virer des Vengeurs (qui sont décidément toujours aussi sympa avec elle). Aidée par Tony Stark qui en connait un rayon dans ce domaine, Carol finira par rejoindre l’équipe.
Il faudra ensuite attendre 2005 pour revoir Ms. Marvel en grande forme, sous la plume de Brian Michael Bendis et son House of M. On y voit le personnage jouissant du statut de plus grand héros que l’Amérique ait connu, et ma foi après tout ce qu’elle a enduré, elle le mérite. Malheureusement il s’agit d’une réalité altérée par Wanda Maximoff, La Sorcière Rouge. L’année suivante elle revient pour la seconde fois dans sa propre série avec aux commandes Brian Reed et Frank Cho. Reed a la même réputation que Claremont en ce qui concerne l’écriture de bons personnages féminins et la série durera 50 numéros. Après des décennies de déboires et de mauvais traitements, Carol Danvers gagne enfin respect et tranquillité… jusqu’en 2010. De nombreux fans ont été déçu par l’arrêt de la série et il n’aura pas fallu si longtemps pour que Marvel fasse machine arrière alors que toutes ses séries ayant comme personnage principal une femme soient annulées les unes après les autres.
Il va désormais falloir attendre le mois de juillet prochain pour assister au retour de Carol Danvers, et il semblerait que cette fois-ci elle ait pris du grade. Revenant effectivement sous les traits de Captain Marvel (et non Ms. Marvel), espérons que son personnage trouvera sa propre indépendance sous cette appellation.
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Le chant de la Valkyrie
Continuons notre petit périple des super héroïnes issues des années 70, aujourd’hui on va essayer d’en savoir un peu plus sur un personnage au fort potentiel mais malheureusement (comme trop souvent) mal exploité, elle traîne en effet une sacrée casserole derrière elle, elle est ce qu’on appelle une Féministe.
C’est en Décembre 1970 qu’apparaît pour la première fois Valkyrie, dans Avengers #83, sous le titre évocateur The Revolution’s Fine. La couverture en elle même est assez iconique, on y voit les personnages masculins terrassés et inertes, sous la domination et la fierté de l’héroïne qui se déclare être à la tête des Lady Liberators, une équipe constituée exclusivement de femmes : Wasp, Black Widow, Medusa, et Scarlet Witch. C’est dans cet épisode que Valkyrie relate son histoire, elle doit ses pouvoirs à une expérience scientifique qui a mal tourné et qui est surtout à l’origine d’une suffisance et d’une arrogance typique de la gent masculine (c’est pas moi qui le dit, c’est elle). Elle arrive ainsi à persuader les autres héroïnes de se rallier à elle, de prendre en main leur destin et de s’affranchir du joug phallocrate de leurs coéquipiers (alors ça par contre c’est de moi !). Mais tout ceci n’est qu’un leurre. ValKyrie s’avère être l’Enchanteresse, une ennemie de longue date des Vengeurs qui cherchait en fait à prendre le pouvoir sur les hommes. Celle-ci va bien évidemment voir ses projets anéantis, et les rebelles d’un jour reprendre leur place de second rang.
Ce numéro est une succession de mauvais points pour la cause féministe, Wasp faisant référence au Liberators comme d’une réunion Tupperware contestataire (le terme exact est « Powderpuff Protest Meeting »), et donne l’impression qu’au final les femmes se font facilement embobiner. Mais malgré cela, les propos de Valkyrie/Enchantress n’en sont pas moins véridiques, les super héroïnes ne sont que de pales figurantes face à l’omnipotence de leurs coéquipiers masculins, hors ce qu’elle désire n’est pas l’égalité ou la parité mais bel et bien un désir de vengeance issu d’un esprit déséquilibré. Comment prendre alors au sérieux ce genre de personnage et surtout le mouvement qu’elle symbolise ?
En Août 1971, Valkyrie revient cette fois-ci se mesurer à un autre personnage tout aussi caricatural, celui de la brute épaisse, dans The Incredible Hulk #142. Elle revient sous les traits d’une jeune activiste pour le droit des femmes Samantha Parrington, que l’Enchanteresse (encore elle) ensorcelle et transforme en chienne de garde nordique dans le but d’éradiquer le géant vert.
Une troisième version du personnage voit le jour dans The Defenders #4 en 1973, cette fois-ci dans le corps et l’esprit de Barbara Norriss (qui à la base est une femme compètement folle), c’est une fois de plus l’Enchanteresse qui permettra à Valkyrie de trouver ce nouvel hôte, afin de faire face à un ennemi commun qu’elle partage avec les Défenseurs : la sorcière Casioléna. Mais cette fois-ci Amora ne rompt pas le sort qui lie la Valkyrie et son enveloppe charnelle, et l’héroïne va ainsi pouvoir faire partie intégrante de l’équipe, son antagonisme vis à vis des hommes est lui plus nuancé, elle recherche désormais l’égalité et non plus la supériorité.
Après bien des épisodes, et une sorte de crise d’identité, Brunhilde arrivera à s’affranchir de son enveloppe charnelle terrestre (suite à l’assassinat de Barbara Norriss)
Brunhilde a souvent été décrite comme étant la Wonder Woman de Marvel (le côté mythologique sans doute) idée démentie par ses créateurs Roy Thomas et John Buscema. Pourtant l’image du Féminisme hargneux et vengeur de Valkyrie-correspondant aux idées véhiculées par les courants issus des années 70-est bien différente de celle prônée par Wonder Woman, basée sur le volontarisme et l’aspect positif de toutes actions menées par les femmes. Dans les deux cas les deux héroïnes sont des libératrices mais renvoient une image bien différente. Un autre exemple en est le symbolisme de leur arme respective : l’épée de Valkyrie, l’arme masculine par excellence et symbole de virilité, contre le lasso de Wonder Woman qui ne fait que contraindre et immobiliser ses victimes. Certes, Wonder Woman est également appelée à utiliser un glaive de temps en temps mais son arme de prédilection reste quand même le lasso.
L’essentiel de l’intérêt apporté à Valkyrie peut malheureusement se résumer depuis son origine à son rapport conflictuel avec les hommes. Et même si cela fait son charme, et donne certaines scènes assez délicieuses, ce n’est pas forcément cette image là que l’on aimerait retenir d’elle, d’autant plus que la place des guerrières amazones reflétant les vraies valeurs du féminisme est déjà bien occupée et extrêmement chère (Wonder Woman, Xena).
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Libérez Big Barda !
C’est dans l’indifférence quasi générale qu’est sorti cette semaine le premier numéro de Justice League Beyond dessiné par Dustin NGuyen, et dont il co-écrit l’histoire avec Derek Fridolfs. Et pourquoi est-ce que je vous parle de ce comics numérique qui retrace les aventures de Terry McGinnis au sein d’une Justice League du futur ? Et bien tout simplement parce qu’il marque le grand retour d’une des héroïnes les plus charismatiques et les plus mal loties du DC Universe : j’ai nommé la grande, la cosmique, la sculpturale Big Barda.
Big Barda est un personnage méconnu du grand public et pourtant, elle a été créée par celui qui a imaginé les super héros les plus célèbres (Thor, Captain America, le Silver Surfer, Hulk, Les Quatres Fantastiques, les Vengeurs…), un certain Jack Kirby. On connait effectivement tout le travail de Kirby chez Marvel, mais il a également officié pour DC dans les années 70 à la demande de Carmine Infantino. C’est à cette époque qu’il invente une saga constituée de quatre séries bien distinctes : Superman’s Pal, Jimmy Olsen (seul titre existant déjà avant l’arrivée de Kirby), The New Gods, The Forever People et Mister Miracle, cette grande saga s’intitule The Fourth World.
Le personnage de Big Barda apparait dans le #4 de Mister Miracle en octobre 1971. Kirby va prendre comme inspiration deux femmes dans la création de son personnage à mi chemin entre le fantasme et sa vision de la femme libérée : l’actrice et chanteuse Lainie Kazan qui un an auparavant avait posé nue dans le magazine Playboy, mais également sa femme, Rosaline Kirby.
Barda est une habitante de la planète Apokolips et a été élevée dans un orphelinat par Granny Goodness dans le but de devenir une guerrière d’élite au sein des Female Furies (et d’en devenir le leader), le bataillon impitoyable de Darkseid. Sa rencontre avec Scott Free, alias Mister Miracle va remettre en cause son allégeance envers Darkseid, car elle l’aidera à s’enfuir d’Apokolips, son personnage est donc au départ un anti-héros à la solde d’un des méchants les plus célèbres du DCU, lui aussi créé par Jack Kirby.
Malheureusement la saga Fourth World ne rencontre pas le succès escompté, les séries sont annulées les unes après les autres, Mister Miracle est la dernière à disparaître avec le #18. Kirby avait pourtant pour projet de mettre en avant son héroïne en proposant un Barda and the Female Furies mais DC refusa et le scénariste continua sa carrière avec Kamandi et The Demon.
L’image de Big Barda a toujours été celle d’une femme puissante,à la stature imposante, et comme étant beaucoup plus forte physiquement que son compagnon et futur mari. Les lecteurs ont toujours été sensibles à sa plastique irréprochable, mais aussi à l’image de la femme moderne qu’elle représentait à l’époque.
Les choses vont pourtant se gâter. Après de nombreuses aventures au sein de la Justice League, Scott et Barda se retirent dans le Connecticut et la guerrière se doit désormais de conjuguer ses talents de super héroïne (lorsque l’on fait sporadiquement appel à elle) à ceux de super femme au foyer. L’apothéose se trouve dans le #1 de Death of The New Gods (2007) où Scott retrouve le corps sans vie de Barda dans la cuisine… au milieu des sacs de courses. Quelle bien triste fin pour celle qui fut l’une des grandes représentantes féminines de la Distinguée Concurrence.
Mais le rebaunch a l’avantage de faire revenir ses personnages d’entre les morts, nous la retrouvons donc timidement dans ce Jutice League Beyond, de là à ce qu’on s’attende à ce qu’elle fasse une entrée fracassante, il ne fallait pas non plus exagérer, mais Big Barda est bel et bien de retour et c’est déjà ça.
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