Wonder Woman : la Vérité sur la plus célèbre des super héroïnes
Tout le monde connaît Wonder Woman et semble avoir une idée bien précise de ce qu’elle peut représenter : Première super héroïne notable, icône du féminisme ou égérie de la pop culture, elle est sans doute tout cela à la fois, mais elle est bien plus encore.
Wonder Woman fut créé en 1941 par un psychanalyste excentrique nommé William Moulton Marston à une époque où l’on demandait aux femmes pendant une courte période de sortir de leur foyer et prendre la place des hommes partis au front pendant la Seconde Guerre Mondiale. Les comics dans lesquels elle évoluait ne suggéraient pas seulement que les femmes pouvaient être l’égal des hommes, le souhait de Marston était de montrer qu’elles pouvaient leur être supérieures en de nombreux points.
C’est cette notion de “super femme” qui est restée dans l’imagerie collective, et pourtant on ne peut pas vraiment dire que son statut a évolué au même rythme que celui de la condition féminine dans notre société.
Alors qu’elle est sur le point d’entamer une carrière cinématographique, des décennies après ses deux comparses de chez DC Comics (ainsi que de nombreux autres personnages de moindre importance), nous allons donc essayer de voir qu’elle a été son évolution depuis ses origines et comprendre pourquoi malgré son manque de considération après la mort de son créateur, elle est devenue un symbole culturel et social qui dépasse largement les limites de la bande dessinée.
Le Golden Age
En créant le personnage de Wonder Woman, le message de Marston était tout à fait clair, il voulait préparer le lectorat à une future et inévitable suprématie des femmes dans notre société, et ce dans un futur plus ou moins proche.
Alors que la plupart des super héros masculins créés à la même époque trouvaient leur motivation dans un traumatisme ou un évènement tragique qui allait forger leur destin, le message véhiculé dans les premiers numéros de Wonder Woman était bien plus positif et prônait des idées féministes à destination des hommes.
Qui est Marston ?
William Moulton Marston ne pouvait être comparé à aucun scénariste de bandes dessinées de l’époque. Contrairement à ses pairs et futures légendes des comics (comme les scénaristes Joe Shuster, Jerry Siegel, Bill Finger, Joe Simon, tous âgés d’une vingtaine d’années au début des années 40), Marston, né en 1893 avait déjà une belle carrière derrière lui en tant qu’Universitaire, psychanalyste, écrivain, consultant et scénariste pour divers studios de cinéma à Hollywood, et chroniqueur dans différents magazines tels que le Rotarian et le Ladies Home Journal.
Avant d’avoir créé Wonder Woman, Marston était déjà connu pour avoir été l’inventeur du polygraphe, un dispositif qui mesure la pression artérielle et qu’on appelle plus communément le détecteur de mensonge.
Mais Marston était également un fervent partisan de la cause féministe, n’hésitant pas à dire en 1937 dans une interview pour le New York Times que les femmes étaient destinées à diriger le pays tant sur le plan politique qu’économique, et que cela se produirait dans les 100 prochaines années.
La très haute opinion que Marston pouvait avoir des femmes est indubitablement liée à celles qui partageaient sa vie. Il entretenait une relation polyamoureuse très peu conventionnelle pour l’époque avec Elizabeth « Sadie » Holloway qu’il épouse en 1915, et Olive Byrne qu’il rencontre cinq années plus tard.
Ces deux femmes avaient suivi de longues études, chose très rare en ce début de 20ème siècle, alors que les femmes n’étaient pas encore autorisées à s’inscrire dans les universités les plus prestigieuses. Elizabeth fait figure de pionnière en obtenant trois diplômes dans trois établissements différents : une licence en psychologie au Mount Holyoke College, une licence de droit à l’Université de Boston et un master en psychologie au Radcliffe College, un département exclusivement féminin annexé à l’Université d’Harvard lui réservé aux hommes où officie Marston. Elle travaille avec son époux sur sa thèse qui porte sur la corrélation entre les niveaux de pression artérielle et le mensonge et donne son premier enfant à l’âge de 35 ans tout en continuant de travailler, chose révolutionnaire pour l’époque.
Olive, en plus d’être une femme de savoir, est également très proche du mouvement du contrôle des naissances qui prône l’accès, l’éducation et la légalisation de la contraception et dont l’une des fondatrices n’est autre que sa tante, Margaret Sanger. La mère d’Olive, Ethel Higgins Byrne a quant à elle ouvert en 1916 la toute première clinique de contrôle des naissances aux États-Unis dans le but d’empêcher les avortements non médicalisés, elle fût arrêtée par la police et sa libération fut l’objet d’un chantage dans lequel elle ne devrait plus jamais être liée à ce mouvement.
Toutes deux donneront deux enfants chacunes à Marston, les enfants d’Olive seront adoptés par le couple « légitime », à des fins juridiques. Tous vivaient dans le même foyer comme une seule et même famille, Marston et Elizabeth travaillant ensemble, et Olive élevant les enfants.
A la mort de Marston en 1947, Elizabeth et Olive vont rester ensemble pendant près de 40 ans, élevant les quatre enfants de Marston en totale harmonie. Rien n’est dit sur la nature exacte de la relation entre les deux femmes suite au décès de l’auteur (ou même avant d’ailleurs) mais on peut imaginer que les deux premières résidentes de l’ïle de Themiscyra avaient trouvé la plus belle des manières de protéger les intérêts de leur petite tribu. Elizabeth décédera en 1993 à l’age de 100 ans.
Le contexte
En 1940, William Moulton Marston est engagé par All American Publications (futur DC Comics) en matière de consultant, grâce à un article intitulé Don’t Laugh at the Comics publié dans les pages du magazine Family Circle et particulièrement apprécié par l’éditeur Max Gaines. En effet dans cet article, Marston prônait les vertus éducatives des comics souvent snobés par les intellectuels.
A cette époque, beaucoup d’associations de parents et d’enseignants pensaient que les comics étaient dangereux pour les enfants, arguant sur la violence de leur contenu et prônant la “vraie” lecture. C’est ainsi que beaucoup d’éditeurs firent appel à des experts en éducation et des psychologues pour lire leurs publications, et les valider.
Marston soumet alors à Sheldon Mayer son idée de donner aux jeunes lecteurs une alternative aux titres teintés de violence et exclusivement masculins. Il créé une héroïne qu’il appelle “Suprema The wonder Woman”, un nom que va raccourcir Mayer.
Il fait la connaissance de Harry G. Peter avec qui il va travailler pour élaborer l’aspect de l’héroïne. Son style graphique à l’ancienne se différencie de celui d’artistes beaucoup plus jeunes que lui, et qui dessinent déjà des créatures de rêve au physique hypersexualisé. C’est lui qui va donner à Wonder Woman un style si particulier, à l’encontre des standards de l’époque, et lui permettant de se faire remarquer parmi les innombrables publications déjà disponibles.
Par l’intermédiaire de divers billets échangés entre les deux auteurs, Wonder Woman va prendre forme pour finalement apparaître dans les pages d’All Star Comics #8 en décembre 1941.
Il y a des milliers d’années, les Amazones furent emprisonnées par Hercule dans sa quête des douze travaux, le neuvième étant de s’emparer de la ceinture d’Hippolyte, reine des Amazones, ce qu’il réussi à obtenir par la duperie et la tricherie. Après s’être libérées, elles décidèrent de quitter le monde violent et agressif des hommes et furent guidées par Aphrodite vers une île cachée où seules les femmes pouvaient résider.
C’est là que la Reine Hippolyte sculpta dans l’argile une enfant qui allait prendre vie par la volonté des Dieux et qu’elle nommerait Diana.
Devenue adulte, elle sauve le pilote Steve Trevor d’un accident d’avion mais les déesses Aphrodite et Athena demandent à ce qu’il soit renvoyé dans son monde au plus vite, et qu’une guerrière Amazone soit choisi pour l’aider à défendre l’Amérique, dernier rempart de la démocratie, et de l’égalité des droits pour les femmes.
La Reine Hippolyte organise un tournoi, empêchant Diana d’y participer de peur de perdre son unique enfant, mais celle-ci déguisée le remporte facilement. Elle devient alors Wonder Woman et se pare d’un costume aux couleurs de l’Amérique pour être considérée plus facilement comme une alliée. Elle ramène Steve à bord de son jet invisible et prend l’identité secrète de Diana Prince, tout d’abord l’infirmière de Steve puis sa secrétaire.
L’idéologie
Même si la série Wonder Woman était destinée à un jeune public, elle véhiculait néanmoins quelques théories sur lesquelles Marston a travaillé tout au long de sa carrière de psychologue, notamment son système d’analyse du comportement appelé DISC (Dominance, Inducement, Submission, and Compliance, que l’on peut traduire par la Domination, l’Incitation, la Soumission et la Docilité).
Cette théorie fut l’objet d’un livre paru en 1928 et intitulé Emotions of Normal People, qui expliquait les caractéristiques du disque des émotions exprimées par les gens normaux à l’aide de ces quatre types de comportement.
Selon lui, les hommes sont enclins à avoir un comportement de dominant alors que les femmes se voient naturellement reléguées a un statut de soumission, hors celles-ci étant également plus aimantes et désintéressées, elles sont plus à même d’assumer émotionnellement une position de leader que les hommes. Il écrit ainsi : “Il n’y a pas assez d’amour dans l’organisme masculin pour qu’il puisse diriger cette planète de manière pacifique (…) Le règne des hommes dominants conduit la société vers la violence et les conflits”.
En 1942 dans un numéro du magazine Tomorrow, il déclare : “L’avenir sera femme, dès qu’elles réaliseront leur frustration actuelle, et leur formidable et puissant potentiel (…) les femmes dirigeront le monde.”
Marston était convaincu que la participation des femmes à l’effort de guerre allait faciliter cette prise de conscience et accélérer l’avènement d’une société matriarcale, et il voulait faire en sorte que Wonder Woman personnifie ce changement.
Son désir n’était pas uniquement de créer une super héroïne, il souhaitait aussi qu’elle encourage les femmes à joindre les forces auxiliaires ou trouver un emploi pouvant servir la nation. Wonder Woman allait ainsi se battre sur tout les fronts, de l’Allemagne au Japon en passant par le Mexique, l’Amérique du sud et la Chine, tout en faisant face à des injustices beaucoup plus sociales, comme les mauvaises conditions de travail, l’inflation ou l’intimidation.
Avec elle, le statut de la demoiselle en détresse symbolisé par la plupart des héroïnes de cette époque allait littéralement exploser comme ce fut le cas avec Miss Fury, Miss America ou Phantom Lady.
Plus encore, l’archétype classique était totalement inversé puisque ce rôle là était tenu par Steve Trevor, régulièrement kidnappé et devant être sauvé afin de développer l’intrigue amoureuse. Par contre, lorsque Wonder Woman se retrouvait en mauvaise posture, Steve arrivait trop tard, se faisait assommer pour se réveiller ensuite et constater que Diana avait parfaitement pu s’en sortir toute seule.
Dans les années 40 Wonder Woman arrivera à surpasser Superman en terme de ventes à plusieurs reprises, atteignant un public de plus de 5 millions de lecteurs et apparaîtra dans 3 séries différentes.
Le bondage
Marston était persuadé que chaque femme pouvait être une Wonder Woman en puissance et qu’elle finirait par prendre en charge le destin du monde. La plupart de ses écrits ont évangélisé ce concept, souvent couplé par l’apologie de la pratique du bondage que l’on retrouve dans bon nombre de ses oeuvres, qu’elles soient de fiction ou des travaux en psychologie.
Certes, cette présence récurrente du bondage dans les épisodes du Golden Age où Wonder Woman se retrouve pieds et points liés, peut aller de prime abord à l’encontre de toute idéologie féministe, elle en est pourtant intimement liée.
Dans les années 40 la pratique du bondage n’avait à priori pas grand chose à voir avec l’imagerie sado/maso qu’on lui donne aujourd’hui. Pour Marston le bondage était plus qu’une pratique, c’était un mode de vie basé sur le contrôle, la soumission et la confiance. Le terme régulièrement employé par le psychologue est “loving authority”, une autorité bienveillante que les hommes devraient être prêts à expérimenter de la part des femmes.
Selon lui, le succès de Wonder Woman était la preuve que le processus de soumission avait commencé : “les hommes de tout âge exaucent leurs désirs lorsqu’ils lisent des comics, ils sont devenus fous de Wonder Woman, cela veut dire qu’il attendent une femme magnifique et passionnante qui est plus forte que ce qu’ils sont (…) Wonder Woman est le désir subconscient et minutieusement déguisé des hommes d’être maîtrisés par une femme qui les aime”.
En ces temps troublés par la guerre, Marston était persuadé que le seul espoir pour la paix était d’enseigner aux hommes les joies de la soumission, prévalant la voie de la force et de la violence.
Ainsi, les Amazones dans Wonder Woman ont naturellement intégré la pratique du bondage dans leur culture comme expression de la confiance par l’enseignement, soulignant que leur utopie était fondée sur la parenté et la hiérarchie de soumission. Et le pouvoir de la soumission, symbolisé par le lasso de la vérité, est toujours toujours utilisé à des fins bénéfiques et altruistes.
D’un autre côté, Marston va également dénoncer cette pratique lorsqu’elle est employée par des hommes, à des fins cruelles et dominatrices. Cette brutalité subie par les femmes dans Wonder Woman était une critique de la société patriarcale de l’époque et de l’oppression politique et sociale dont elles étaient victimes.
A la suite de nombreuses lettres d’inquiétudes et de protestations de la part de différentes associations telles que la Child Study Association of America, Max Gaines se voit obligé de demander à Marston de lever le pied avec ses allusions au bondage. Dans une lettre datée de 1943, Gaines conseille en effet à l’auteur de réduire de 50 à 75% l’utilisation des chaînes dans ses numéros sans que cela interfère sur la qualité de ses oeuvres ni des ventes.
Cette même année, un lecteur servant dans l’armée écrit à Gaines : «Je suis l’un de ces hommes bizarres, peut-être malheureux qui tire un plaisir érotique extrême à la seule pensée d’une belle fille enchaînée ou attachée … Avez-vous le même intérêt pour le ligotement et les entraves que moi ? »
Pour sa part, Marston a farouchement défendu sa création, en déclarant dans une lettre à son éditeur : «Ceci, mon cher ami, est la preuve de la grande contribution de ma bande dessinée Wonder Woman à l’éducation morale des jeunes. Le seul espoir pour la paix est d’enseigner aux gens qui sont pleins de dynamisme et de leur montrer l’avantage de profiter d’être ligoté … C’est seulement lorsque le contrôle de soi par les autres sera enfin perçu comme plus agréable que l’affirmation de soi dans les relations humaines, que nous pourrons espérer une société stable et pacifique des hommes … Donner aux autres, étant contrôlées par eux, se soumettre à d’autres personnes ne saurait être agréable sans un fort élément érotique. »
Le Silver Age
La Wonder Woman du Golden Age était en avance sur son temps, à l’image de Rosie la Riveteuse qui se présentait comme le symbole de ce que les femmes pourraient devenir, sans que cela leur soit permis. Après la guerre, le sort des femmes fut de retourner à une vie tranquille et centrée sur le foyer et la vie maritale. Pour ce qui est des comics, la mode des super héros costumés prend fin, entraînant l’arrêt de nombreuses séries.
A la mort de Marston en 1947, Robert Kanigher va prendre la relève et écrira les histoires de Wonder Woman pendant près de 20 ans, sans qu’il soit nécessairement crédité en tant que scénariste, mais comme éditeur.
Embauché par DC en 1945, il crée avec Carmine Infantino le personnage de Black Canary, ainsi que celui de Rose and Thorn, et décide de ne pas continuer la démarche féministe et progressiste initiée par son prédécesseur.
H.G. Peter restera sur le titre pendant plusieurs années jusqu’au Wonder Woman #98 puis sera remplacé par le dessinateur Ross Andrew, assisté de l’encreur Mike Esposito qui vont apporter un tout autre style, bien plus proche de ce qui était déjà visible à l’époque. Ce numéro marque définitivement une vraie fracture avec l’ère Marston, Kanigher allant jusqu’à modifier les origines de l’héroïne sept numéros plus tard.
Nous sommes en 1959 et le #105, inclut un backup intitulé Secret Origin of Wonder Woman, ou Kanigher va remodeler le passé des Amazones et la façon dont elles sont arrivées sur Paradise Island.
Autrefois mariées à des guerriers et mères au foyer, elles ont fini par pleurer la perte de leurs hommes morts au combat, cherchant à fuir ce monde accablé par les guerres. Les dieux eurent finalement pitié d’elles et les amenèrent à Paradise Island, où elles formèrent une nouvelle société où personne ne pourrait les blesser à nouveau.
On peut donc supposer que Diana avait un père, et nous découvrirons dans les numéros suivant que celui-ci pouvait vraisemblablement être l’amant d’Hippolyte, le Prince Theno. Quoiqu’il en soit Baby Diana va avoir la chance d’acquérir dès le plus jeune âge les pouvoirs d’Aphrodite, Athena, Mercure, et Hercule, les dieux venant lui rendre visite à tour de rôle lorsqu’elle est encore dans son berceau.
Alors qu’Hercule était pour Marston le symbole de l’hégémonie masculine, et l’archétype de l’agressivité, de la violence et de la domination envers les femmes, pour Kanigher il est tout simplement la source de la force de Wonder Woman.
Ce sont ces pouvoirs divins qui vont donc permettre aux Amazones de quitter définitivement le monde des hommes, une Diana alors adolescente bâtissant en un temps record le bateau qui allait les mener sur Paradise Island, c’est ainsi qu’apparaît pour la première fois le terme de Wonder Girl.
La mode est en effet d’introduire des versions plus jeunes des héros populaires, et de constituer des “familles” autour de ces personnages, comme c’est le cas avec Superman et Batman.
En 1961, Wonder Woman remporte l’award du “pire comic-book actuellement publié” et en 1964 celui du “pire comic régulièrement publié”. Cela s’explique par les changements drastiques opérés par Kanigher sur le personnage ainsi que les thèmes récurrents mis en avant dans de nombreux comic-books des années 50 et dont Wonder Woman ne pourra échapper : l’amour, le mariage et la famille.
En 1954, trois super héros ont encore droit à leur propre série : Superman, Batman et Wonder Woman, celle-ci gardant son titre principal, les deux autres titres ou elle officiait : Comic Cavalcade et Sensation Comics ayant été annulés quelques années plus tôt.
Cette même année, le psychiatre Fredric Wertham qui est à l’époque considéré comme un expert sur les troubles psychologiques des adolescents publie son livre : Seduction of the Innocent, qui est la synthèse de nombreux articles déjà publiés dans lesquels il expliquait que les comics avaient une telle influence sur les jeunes qu’ils pervertissaient leur esprit.
La publication de ce livre va coïncider avec les travaux d’une commission d’enquête sénatoriale dans ce domaine.
Wertham va aussi expliquer que la force et l’indépendance de Wonder Woman – en plus du fait qu’elle habite sur une île exclusivement peuplée par des femmes – font d’elle une lesbienne. De plus il ira jusqu’à dire que « le genre d’histoire dans lequel évolue Batman ne peut qu’inciter les enfants à assouvir leurs fantasmes homosexuels. » à cause d’un « un homo-érotisme récurrent entre Batman et son jeune acolyte Robin ».
Seduction of the Innocent fini par influencer les politiques qui obligèrent les éditeurs à se censurer en créant le fameux Comic Code Authority.
A une époque où la norme se veut d’habiter dans une maison pavillonnaire en périphérie avec un cadre dans lequel l’homme travaille et la femme reste au foyer pour élever les enfants, le Comic Code va favoriser et instituer des histoires prônant la romance et soulignant les valeurs du mariage et du foyer.
Pendant la période du Golden Age, Wonder Woman a toujours su faire face aux avances de Steve, arguant que son devoir d’amazone passerait toujours avant une demande en mariage.
Mais les choses changent pendant l’ère suivante, l’héroïne acceptant de sortir avec lui mais rejetant encore toute proposition de mariage, en tout cas pas tant que ses services soient nécessaires, d’autant plus que cela voudrait dire qu’elle ne pourrait pas être sa femme à plein temps. Elle lui demande alors d’être patient jusqu’à ce que l’on n’ai plus besoin de ses talents de super héroïne.
A partir de Wonder Woman #118 Steve rentre en compétition avec Mer-Man, l’homme sirène, que l’on peut considérer comme un amour de jeunesse, et dont le triangle amoureux couvrira plusieurs numéros.
Onze ans après leur création, les fameuses Holliday Girls, compagnes d’aventure de Wonder Woman (et nécessairement lesbiennes selon Wertham) vont totalement disparaître, il en sera de même avec le bondage.
De 1960 à 1969, le nombre de comics mensuels vendus avoisine les 200.000 exemplaires, alors que la série arrivait parfois à surpasser les ventes de ses acolytes Superman et Batman durant le Golden Age.
C’est sans doute de qui pousse DC Comics à remercier Kanigher après plus de 20 ans de bons et loyaux services, dans le but de moderniser un personnage qui est resté à la traîne par rapport aux revendications et aux mouvements féministes à nouveau en plein essor.
Le Bronze Age
Wonder Woman no more
Denny O’Neil n’a pas 30 ans lorsqu’il débarque sur la série à partir du #178 en 1968. C’est à vrai dire sa première grosse collaboration avec DC Comics, il avait déjà travaillé auparavant pour Marvel et Charlton Comics. Il est rejoint par l’artiste Mike Sekowsky, un vétéran qui a commencé sa carrière au début des années 40.
Carmine Infantino, responsable éditorial de DC, secondé par Jack Miller décident de donner une toute nouvelle direction aux aventures de l’Amazone en la privant de ses super pouvoirs et la faisant se confronter à la réalité de ce que pouvait vivre une femme à la fin des années 60.
Le Bronze Age est cette période charnière où les thèmes traités dans les comics deviennent beaucoup plus en phase avec les préoccupations sociales et générationnelles de leurs lecteurs, malgré le poids et la surveillance du Comic Code Authority, les éditeurs arrivent à faire passer certains messages sur le racisme (comme dans Green Lantern/Green Arrow #76, écrit par O’Neil) ou les dangers de la drogue (Lantern/Green Arrow #85).
Pour ce qui est de Wonder Woman, abandonnée par son lectorat féminin depuis des années, les auteurs fraîchement engagés décident de revitaliser le personnage et de renommer la série en Diana Prince : Wonder Woman, mais le succès et l’accueil positif escomptés n’arriveront jamais.
Le contexte propice de l’émergence des mouvements féministes de la fin des années 60 aurait pu constituer un vivier d’histoires destinées à un lectorat féminin à reconquérir, mais il n’en fut rien.
Tout démarre dans Wonder Woman #179, même si elle commence à s’habiller d’une façon plus moderne dans le numéro précédent.
Pour entrer en contact avec une organisation criminelle dirigée par le mystérieux Dr Cyber, Steve Trevor est secrètement ordonné par le général Darnell de se présenter comme un traître. Il prend la fuite, poursuivi par l’armée et les autorités. Alors que Diana Prince apprend la nouvelle, elle est sommée de rentrer à Paradise Island. La reine Hippolyte l’informe que la magie des Amazones est épuisée après leur séjour de 10.000 ans sur Terre, et qu’elles doivent aller dans une autre dimension pour se reposer et renouveler leurs pouvoirs. Wonder Woman refuse de se joindre à elle, disant que Steve Trevor a besoin d’elle. Elle est ainsi forcée d’abandonner son costume, accomplir le rite Amazone du renoncement, qui retire ses pouvoirs, et revenir au monde des hommes en tant que Diana Prince.
Elle loue un magasin de vêtements et un appartement, et rencontre un vieux chinois aveugle nommé I-Ching expert en arts martiaux, ce qui va lui permettre de vaincre trois attaquants. I-Ching va lui révéler qu’il sait qu’elle était autrefois Wonder Woman et qu’il est venu pour l’aider à lutter contre le Dr Cyber, dont les agents ont fait irruption dans son temple pour voler des pierres précieuses et tuer ses fidèles compagnons.
Il forme Diana au karaté et autres arts martiaux. Mais, au cours d’une session, Steve Trevor blessé trébuche dans leur dojo, après avoir été abattu et laissé pour mort par les agents du Dr Cyber. Ils apprennent que Cyber prévoit de tuer des membres du Congrès par des bombes contenu dans les jouets pour enfants et de les envoyer aux législateurs. Diana et I-Ching emmènent Steve à l’hôpital, et recherchent les agents de Cyber pour les confondre. Mais Steve reste inconscient et dans un état critique à l’hôpital, et Diana et I-Ching sont plus tard traqués par un homme mystérieux.
O’Neil et Sekowsky souhaitaient que Wonder Woman devienne un personnage plus réaliste auquel les lecteurs pouvaient s’identifier, mais la perte de ses pouvoirs résulte ni plus ni moins que de son amour inconditionnel pour Steve Trevor qui mourra dans l’épisode suivant. Alors que toute sa vie d’héroïne s’était au fil du temps centrée sur son attachement pour Steve, sa mort résultera d’une soif de vengeance qui motivera ses actions futures, n’hésitant pas à employer la violence comme rarement elle avait été amenée à le faire.
Et lorsqu’elle ne pratique pas ses coups de savate, elle s’extasie en essayant de nouveaux vêtement avant d’aller faire la fête comme dans Wonder Woman #182 (l’homme de sa vie est mort il y a deux numéros, rappelons-le). Diana sera d’ailleurs impliquée dans pas moins de 7 intrigues amoureuses durant cette période.
Nous sommes donc loin de toute thématique féministe qui aurait pu pourtant paraître évidente à exploiter à cette époque.
A chaque fois qu’O’Neil sera interrogé sur sa participation à la série, il reconnaîtra à quel point cette ère était mauvaise et n’aura de cesse que de s’excuser.
La réaction des féministes
Malgré les bonnes intentions du duo O’Neil / Sekowsky, cette nouvelle version de Wonder Woman est très mal perçue par le milieu et la presse féministe, dont la figure emblématique se nomme Gloria Steinem.
Fan de l’héroïne depuis son plus jeune âge, Steinem va, grâce à ses contacts avec Steve Ross (grand patron de Warner Communications, Inc, et sa filiale DC Comics), faire pression pour demander le retour de la Wonder Woman classique ce qui sera fait en 1973 dans le #204.
En lançant son magazine Ms. en juillet 1972, Steinem consacre la couverture de son premier numéro à Wonder Woman, devenue soudainement icône du féminisme après trente années de disgrâce.
Représentée dans toute sa grandeur, Wonder Woman est ici à la fois symbole de paix et de justice, en faisant référence à la guerre du Vietnam et l’héroïne portant avec son lasso un ensemble d’immeubles et de maisons telle Thémis, la déesse grecque de l’équité.
Le magazine va inclure un article retraçant son histoire sans manquer d’expliquer pourquoi DC Comics se devait de la faire revenir sous sa forme classique, ainsi que quelques pages de All Comics #8 dans lequel elle apparaissait pour la première fois.
Ms. possédait également une division qui publiait des livres, et Wonder Woman fut l’objet d’une collection regroupant quelques rééditions datant du Golden Age et se distinguant en quatre parties : Origins, Sisterhood, Politics et Romance. Chacune d’entre elles était préfacée par Steinem qui va recréer et adapter la vision de Marston à cette nouvelle génération.
Au lieu de replacer les valeurs et les préceptes de Marston dans leur contexte historique, Steinem et son équipe vont se servir de Wonder Woman pour véhiculer leurs propres idées, en omettant ou minimisant sciemment certains détails comme le patriotisme, la vision très stéréotypée des personnages asiatiques (en l’occurrence les japonais) et la pratique du bondage.
Autant Marston avait créé son personnage dans le but de préparer les lecteurs masculins à une ère nouvelle basée sur le matriarcat, autant Steinem souhaite qu’elle devienne un modèle pour les lectrices.
Cette association entre Wonder Woman, l’idéologie et le mouvement féministe des années 70 va se développer très rapidement, d’autres médias vont ainsi utiliser son image pour transmettre leur idées : En juillet 1973, le journal Sister : The Newspaper of the Los Angeles Women’s Center montre un dessin de l’héroïne saisissant un spéculum des mains d’un médecin et proclamant : “With my speculum, I am strong ! I can fight !”. Le fait de pouvoir disposer soit même de sa santé sexuelle est un principe féministe fondamental, et désormais Wonder Woman semble être la personne idéale pour le faire savoir.
Contre toute attente, Wonder Woman va revenir dans les mains de Robert Kanigher, exécutant manu militari le personnage d’I-Ching (victime d’un sniper), et rendant Diana amnésique, elle sera ensuite amenée à Paradise Island ou ses pouvoirs et sa mémoire lui seront restaurés, ses origines étant encore quelques peu remaniées pour l’occasion.
Après cela, Kanigher n’aura de cesse que d’adapter des histoires qu’il avait déjà écrit précédemment sur la série (The Chessmen of Doom ! du #55 se transforme en Chessmen of Death ! au #208).
Il sera remplacé à partir du #212 par une nouvelle équipe de scénaristes mais la série n’arrivant toujours pas à décoller, l’éditeur Julius Schwartz décide de faire venir des personnages de la JLA en caméo pour booster les ventes.
Lynda Carter est Wonder Woman
En 1975, le producteur Douglas Cramer essaie de capitaliser la soudaine popularité de Wonder Woman en développant un téléfilm dont l’héroïne va être incarnée ni plus ni moins que par une ancienne Miss World USA et demi finaliste du concours Miss Monde en 1972, Lynda Carter.
Quelques années auparavant deux autres tentatives télévisuelles n’avaient pas dépassé le stade du pilote, la première en 1967 et la seconde en 1974 avec la blonde Cathy Lee Crosby dans le rôle titre.
Ce nouveau projet est influencé à la fois par l’esprit de William Moulton Marston (le téléfilm étant une adaptation de All Star Comics #8 et Sensation Comics #1) et la vision de Gloria Steinem.
Diffusé le 7 novembre 1975, ce téléfilm est un tel succès qu’il incite la chaîne ABC à produire une série qui sera diffusée l’année suivante et qui fera de la comédienne une super star tout en gravant encore un peu plus la popularité du personnage dans l’esprit collectif. Car la série, à l’instar de quelques oeuvres télévisuelles de l’époque comme Charlie’s Angels, The Bionic Woman, ou The secret of Isis sont destinées autant aux jeunes téléspectatrices qu’aux hommes, et c’est sans doute pourquoi un large public a pu y trouver son compte.
Le Modern Age
L’ère Pérez
En 1985, DC Comics publie sa série évènement Crisis on Infinite Earths, qui prévoit de regrouper tous ses univers alternatifs en un seul monde, près de 50 ans d’histoires ayant rendu la continuité très complexe à suivre, autant pour les lecteurs que pour les éditeurs eux même.
Dans le dernier numéro, Marv Wolfman et George Pérez décident de tuer la Wonder Woman de Terre I, ou plutôt de la faire revenir à son état originel (l’argile) d’un coup de rayon de l’Anti-Monitor.
Mais c’est pour mieux la faire revenir l’année suivante dans une toute nouvelle série qui lui est consacrée et rebootée pour l’occasion. Alors qu’aucun auteur de chez DC ne souhaite prendre en mains ses nouvelles aventures, George Pérez se porte volontaire et s’attelle à la tache, se destinant à rester uniquement le temps de 6 numéros afin de lancer la série. Il la quittera finalement 5 ans plus tard.
Les fans et les critiques considèrent les 60 numéros créés par Pérez comme l’un des points culminants de l’histoire de Wonder Woman. Pérez et son acolyte Greg Potter donnèrent au personnage une personnalité féministe, et les recherches approfondies de Pérez en matière de mythologie grecque insufflèrent plus de profondeur et de richesse que dans les versions précédentes.
Dans sa nouvelle incarnation, Wonder Woman est Diana, une princesse et émissaire de Paradise Island dans le monde des hommes. Au début, elle ne garde pas son identité secrète, et ne se comporte pas non plus comme une super héroïne, son personnage étant d’abord celui d’une jeune fille innocente. Diana parle seulement le grec ancien, et doit apprendre l’anglais quand elle arrive aux États-Unis, au lieu de savoir le parler intuitivement. Néanmoins, Diana a reçu un entraînement de guerrière et n’hésite pas à tuer son adversaire lorsque c’est nécessaire. Les sujets de ses aventures sont la guerre, l’injustice, l’inégalité, la mort, et divers conflits impliquant les dieux de l’Olympe.
Les personnages secondaires sont eux aussi modifiés. Par exemple, Steve Trevor est changé en un officier de l’Air Force, qui paraît beaucoup plus âgé que Diana, et la traditionnelle romance entre les deux est abandonnée. À la place, Trevor est lié sentimentalement à Etta Candy, qui devient elle-même un officier militaire de rang important et plutôt ronde, mais sans exagération. Cheetah, l’ennemie de Diana, devient une femme qui peut se transformer en une féroce créature féline-humanoïde, aussi forte qu’elle au combat.
Empruntant les idées de Marston et Kanigher, Pérez combine des éléments du Golden Age et du Silver Age tout en revitalisant le personnage. De plus, de nombreuses femmes artistes, scénaristes, éditrices viennent lui prêter main forte : L’éditrice Janice Race développe la série avant de la léguer à Karen Berger, Mindy Newell co-écrit 12 numéros avec Pérez, pendant que Jill Thompson dessine les derniers opus de son run, en alternance avec Colleen Doran et Cynthia Martin. Tatjana Wood a colorisé les premiers numéros et Nansi Hoolahan est présente sur les derniers.
Le run de Pérez se termine au #62 et comme l’indique la couverture, il marque la fin d’une époque pour Wonder Woman puisqu’il transmet les rênes au scénariste William Messner-Loeb. Après cinq ans de règne, Pérez a vraiment marqué le personnage de son empreinte, et détient le noble titre de l’homme responsable de la redéfinition de Wonder Woman dans l’univers post-crisis.
Les fans à ce jour sont encore divisés quant à savoir s’ils voient ou non Pérez comme étant le plus grand architecte qui ait jamais œuvré sur la série. Les traditionalistes haïssent le fait que son identité de Diana Prince ait été abandonnée, qu’elle puisse voler comme Superman et n’ait plus besoin d’un jet invisible, ou encore qu’elle ne perde plus sa force lorsqu’elle est enchaînée par un homme. Mais les fans de Pérez aimaient le fait qu’il lie l’histoire de Diana avec les histoires légendaires de la mythologie grecque. Mais quelles que soient leurs opinions, presque tous les fans ont reconnu que Pérez aimait sincèrement Diana et que cela s’est clairement transmis à travers tout son run.
Après le départ de George Pérez, William Messner-Loebs va emmener Wonder Woman vers d’autres horizons, elle deviendra une pirate de l’espace, puis employée dans un fast-food… Il sera accompagné de l’artiste Mike Deodato Jr dont le style représentant des femmes hypersexualisées va faire rentrer l’héroïne de plein fouet dans les années 90, dont le standard esthétique douteux était constitué de top models aux jambes interminables et aux courbes défiant tout principe anatomique.
John Byrne prendra la relève, faisant fi de tout ce qui avait été fait sur le personnage avant lui. Il la fait débarquer dans une ville appelée Gateway City, l’entoure de nouveaux personnages et la tue même le temps de quelques numéros, elle sera alors remplacée par sa mère Hippolyte.
C’est ensuite l’ère des bons scénaristes : Phil Jimenez, Greg Rucka et Gail Simone, qui vont permettre à la série de remonter dans le classement des ventes de manière occasionnelle.
Le #600 marque l’arrivée de J.Michael Straczynski sur la série mais sa présence ne sera que de courte durée.
Le relaunch de DC Comics en 2011 apportera une nouvelle équipe créative avec Brian Azzarello et Cliff Chiang, et une nouvelle fois les origines de l’Amazone seront modifiées pour l’occasion, Diana ayant désormais un père en la personne de Zeus, le scénariste gardant le contexte mythologique du personnage, mais dénaturant un aspect qui était l’un des plus progressistes de l’ère Marston : le fait qu’un enfant puisse naître sans père (on pourrait employer le terme de “fécondation in-terro”, pourquoi pas) et être élevé par des femmes d’une manière tout à fait saine.
Un nouveau tandem (en la personne de David Finch et sa femme, Meredith) est sur le point de donner une autre vision du personnage, et les propos de la scénariste (comme quoi Wonder Woman n’était pas féministe) en a fait bondir plus d’un.
Conclusion :
Avoir une idée de qui est Wonder Woman est donc une affaire beaucoup plus complexe qu’elle n’y parait, car elle ne se cantonne pas à figurer dans les pages d’une bande dessinée ou tourner autour d’elle même dans une série télé sur fond de musique disco.
Ses origines sont enracinées dans le combat des femmes pour le droit de vote et à l’avortement, des droits fondamentaux encore inexistants au début du XXème siècle.
Son, ou plutôt ses créateurs (si on inclut Elizabeth et Olive) souhaitaient délivrer un message d’espoir aux femmes, et d’avertissement envers les hommes, que le monde basé sur le patriarcat dans lequel ils vivaient allait bientôt changer.
Son personnage a largement évolué au fil des décennies, en étant parfois en totale corrélation avec son époque, ou bien passant à côté de son statut iconique en devenant vendeuse de fringues, secrétaire pour super héros ou serveuse à Taco Whiz.
Beaucoup d’auteurs l’auront côtoyé, apportant leur version du personnage avec plus ou moins de respect pour la vision de Marston, mais ils ont certainement tous contribué à ce qu’elle représente aujourd’hui : une figure emblématique, historique, et culturelle de la femme, non seulement dans la bande dessinée mais également dans notre culture occidentale dans son ensemble.
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« We can do it » : la grande histoire des héroïnes dans la bande dessinée américaine
Introduction : Quand j’étais petite, j’étais Supergirl !
Il était une fois, une petite fille blonde comme les blés et aux yeux verts malicieux qui avait du mal à se reconnaître dans les héroïnes que la culture populaire daignait lui mettre sous la dent. Ce n’était pas faute d’essayer de rentrer dans le moule mais Barbie et Candy ne faisaient pas l’affaire, la petite fille blonde rêvait d’aventure, de voyages dans l’espace et dans le temps, de monstres baveux ou de savants fous qu’elle aurait vaillamment combattu, et surtout du regard émerveillé des milliers de gens qu’elle aurait sauvé d’un tremblement de terre, ou pire encore, de Mothra, la mite géante !
Et puis, elle apparut. Venue de nulle part, et vêtue de son costume flamboyant, elle volait à la vitesse de la lumière, pouvait soulever un camion rien qu’avec son petit doigt (c’est fou comme l’imagination s’emballe quand on est gosse), pétrifier n’importe quel brigand rien qu’avec son souffle carbonique ou son regard de braise. Elle s’appelait Supergirl et en 1984 la petite fille blonde avait enfin trouvé un sens à sa vie : devenir la super héroïne la plus extraordinaire que le monde (qui se limitait à l’époque à son pâté de maisons) ait connu.
Mais à cette époque la petite fille blonde était bien loin de s’imaginer à quel point être une super héroïne n’était pas de tout repos. Car outre les tremblements de terre et les mites géantes, Supergirl et ses copines devaient faire face à des menaces bien plus pernicieuses, à savoir la censure, le machisme, le manque d’imagination de nombreux scénaristes, où au contraire les fantasmes surdimensionnés de dessinateurs facétieux.
Car tout au long de leur histoire, les femmes en collants (et en jupes) n’ont eu de cesse que de croiser le chemin d’artistes qui soit croyaient en elles et les emmenaient au bout d’elles même quitte à les faire vivre un sombre destin, soit ne savaient pas trop quoi faire avec elles et s’embourbaient dans des poncifs générationnels.
Et malgré cela, depuis tout ce temps nous les suivons toujours, pour leur beauté ou pour leurs pouvoirs, pour leur humanité aussi mais surtout pour leurs combats et leurs ennemis qui marqueront leur destin à jamais, qu’ils se nomment Le Joker ou le Don’t Ask Don’t Tell.
Voici donc non pas l’Histoire, mais une histoire de ces héroïnes et de ce qu’elles représentent dans l’imaginaire collectif, un message positif dont le pouvoir se diffuse bien au delà des pages d’un comic book.
Avant l’avènement des super héros :
A cette époque beaucoup de femmes travaillent dans l’industrie, on peut citer Nina Albright (Miss Victory), Ruth Atkinson (Millie The Model et Patsy Walker), Valerie Barclay, Toni Blum qui écrivent des histoires et créent des héroïnes courageuses, indépendantes, entreprenantes et intelligentes. Car contrairement à ce que l’on pourrait croire, des années 20 jusqu’à la fin des années 50, les filles sont plus nombreuses à lire des bandes dessinées que les garçons, et certaines de ces héroïnes vont servir de modèle à ces lectrices assidues.
L’une des pionnières du genre se nomme Nell Brinkley. L’une de ses séries les plus populaires est Golden Eyes and Her Hero Bill, commencée en 1918 et qui décrit les aventures de Golden Eyes, qui a suivi son bien-aimé Bill dans les tranchées de la Première Guerre Mondiale avec son fidèle chien, un colley appelé Oncle Sam. Ses histoires décrivent une héroïne pro-active qui conduit une ambulance de la Croix-Rouge et défie les officiers allemands pour sauver son fiancé. Dans d’autres histoires qu’elle a pu écrire, Nell va sensibiliser son lectorat au droit de vote pour les femmes, droit qui sera voté en 1920 aux Etats Unis.
Au cours de la période 1920-1940 les femmes qui n’ont pas les super-héros ont été principalement dépeintes de trois façons : les femmes carriéristes (Nellie the Nurse, Tessie the Typist, Millie The Model), les héroïnes de Romance Comics (Patsy Walker) ou de joyeuses adolescentes (Betty et Veronica).
Toutes ces héroïnes sont destinées à un public féminin, très important à cette époque.
Dans Nellie the Nurse, l’héroïne est intelligente, quand elle travaille elle est vêtue d’un uniforme qui n’est pas trop moulant ou révélateur. Il n’y as pas d’image négative de la profession infirmière, Nellie se soucie de son travail et il est question qu’elle exerce ce métier pour des raisons financières plutôt que par vocation de s’occuper des autres.
Les héroïnes des années 40 :
Les filles de bonne famille :
Ce sont de riches jeunes femmes qui combattent le crime et qui ont toutes une identité secrète : Sandra Knight alias Phantom Lady, Dianne Grayton alias Spider Widow, Diana Adams alias Miss Masque, Marla Drake alias Miss Fury (elle débute en 1941 sous le nom de Black Fury) créé par Tarpe Mills, cette héroïne lui ressemble physiquement (elle qui porte un nom ambigu cachant le fait qu’elle soit une femme) et donne une approche plus réaliste que les héroïnes écrites par des hommes.
Marla Drake est une femme forte et déterminée qui mène sa vie comme elle l’entend, mais contrairement à ses comparses, qui semblent s’éclater à jouer les justicières masquées, elle le fait par la force des choses sans prendre aucun plaisir à avoir une double identité. Elle pense même que son costume en peau de léopard lui porte malheur.
Lady Luck alias Brenda Banks qui joue les Robin des Bois, comme Bruce Wayne son identité civile est une façade pour protéger son identité secrète
Les versions féminines :
Quand les héros ont besoin de renfort, ils font appel à leurs petites amies, leur costumes sont des versions féminines de ce que portent leur alter ego masculin : Hawkgirl qui est une version féminine de Hawkman, Doris Lee la girlfriend de Starman, Bulletgirl (la copine de Bulletman), Flame Girl (The Flame), Doll Girl (Doll Man).
Ces héroïnes se battent plus par amour pour leur homme plus que par désir de justice, de plus ce ne sont que des “filles” et non des “femmes” on a d’autant plus de mal à les prendre au sérieux contrairement aux “hommes”.
L’exception se nomme Mary Marvel, qui est la sœur de Captain Marvel (Shazam), pas sa petite amie. C’est l’une des seules qui arrive à sortir de l’ombre de son héros de frère. De plus, alors que Billy Batson est un petit garçon qui se transforme en homme, Mary elle est une version améliorée d’elle même.
Mais alors que Captain Marvel possède les pouvoirs des dieux Grecs (la sagesse de Salomon, la force d’Hercule, l’endurance d’Atlas, la puissance de Zeus, le courage d’Achille et la vitesse de Mercure) Mary gagne la grâce de Séléné, la force d’Hippolyte, l’adresse d’Ariane, la vitesse et la faculté de voler de Zéphyr, la beauté d’Aurore et la sagesse de Minerve, le niveau n’est pas tout à fait le même…
Mary Marvel ressemble beaucoup à Judy Garland, sans doute pour attirer un lectorat féminin, elle semble trop occuper à aider les autres pour songer à avoir un petit ami.
Les Combattantes de la Liberté :
Pendant la Seconde Guerre Mondiale les femmes délaissent leurs fourneaux pour prendre part à l’effort de guerre, en construisant des avions et des bombes afin de protéger leur pays. Dans les comics c’est un peu la même chose, un groupe de jeunes filles patriotiques vont allier leurs forces pour défendre la Liberté
Ce sont les combattantes de la liberté : Wonder Woman, Miss America (la reporter Joan Dole qui obtient ses pouvoirs de la statue de la Liberté elle-même), Miss victory, Yankee Girl, mais aussi Black Cat (la star de cinéma Linda Turner), l’infirmière War Nurse, l’impitoyable aviatrice Black Angel.
Mais avec la fin de la Guerre l’intérêt pour ces héroïnes se fane, les lecteurs privilégiant désormais les Femmes Fatales venues des Films Noirs.
Les Glamoureuses :
Contrairement aux filles de bonne famille, les Glamours Girls ne sont pas des filles de la haute société, mais issues de la classe ouvrière. Par conséquent leurs vêtements n’ont pas été dessinés par de grands couturiers.
Les motivations de ces héroïnes se projettent souvent à l’encontre de leur petit ami ou du moins de l’homme qu’elles convoitent, même si elles doivent le faire en secret.
Créé en 1941 par Will Eisner, Phantom Lady va connaitre un relooking extreme par le dessinateur Matt Baker, lui faisant ressembler à Betty Page et changeant son costume original jaune et vert en une tenue bleue très échancrée et moulante. Son physique devient également beaucoup plus sexy, mis en valeur par les poses de l’héroïne adepte du bondage.
Black Canary fait ses débuts en 1947, experte en arts martiaux et vêtue d’une perruque blonde et de bas résilles, c’est une vigilante qui infiltre des gangs de criminels afin de les amener à la justice. A la ville elle est Dinah Drake, une fleuriste qui va tomber amoureuse de l’un de ses clients, l’inspecteur Larry Lance qui lui bien entendu a craqué pour la belle blonde.
Blonde Phantom alias Louise Grant est la secrétaire du détective privé Mark Manson et arrive toujours à s’éclipser discrètement et revêtir sa longue robe rouge pour venir en aide à l’homme qu’elle aime.
Ici encore, il faut que l’héroïne soit déguisée ou masquée pour qu’elle devienne désirable.
Les femmes fortes :
Les comics vont s’inspirer des plups pour créer leurs personnages féminins, mais aussi de romans très populaires comme ceux de Tarzan d’Edgar Rice Burroughs et Rima, the Jungle Girl dans le livre Green Mansions: A Romance of the Tropical Forest de William Henry Hudson qui mêlent exotisme et erotic fantasy.
C’est ainsi que naît Sheena, Queen of the Jungle, créé par Will Eisner dont les première aventures seront publiées dans le magazine Wags en 1937 puis Jumbo Comics #1 pour Fiction House l’année suivante. Sheena devient la première héroïne à avoir son propre titre. Elle va se mesurer à des braconniers, des chasseurs de trésor, des scientifiques sournois, ou des despotes.
En 1940, William Moulton Marston, docteur en psychologie connu pour ses travaux sur ce qui allait devenir le détecteur de mensonge est engagé par DC Comics en matière de consultant, grâce à un article intitulé Don’t Laugh at the Comics publié dans les pages du magazine Family Circle et particulièrement apprécié par Max Gaines. En effet dans cet article, Marston prônait les vertus éducatives des comics souvent snobés par les intellectuels.
Inspiré par sa femme Elisabeth qui lui suggère de créer un personnage féminin, il donne le jour à Wonder Woman dans le but de donner aux jeunes lectrices un idéal et de leur permettre de croire en elles. Fervent partisan de la doctrine psychologique du «vivre, aimer et rire», il avait prédit qu’un temps viendrait où les femmes dirigeraient le pays en politique et dans les affaires.
Mais à la mort de Marston, Wonder Woman va devenir beaucoup moins concernée par l’intéret des femmes, et plus par celui de Steeve Trevor. De plus Frederic Wertham va la suspecter de donner une image inappropriée pour les lectrices dans son livre Seduction of the Innocent :
“Pour les garçons, Wonder Woman est une image effrayante. Pour les filles, elle est un idéal morbide … Wonder Woman a sa propre bande de groupies … Ses adeptes sont les «Holliday Girls», c’est à dire des filles homosexuelles. Wonder Woman se réfère à elles en disant «mes filles». Leur attitude vis à vis de la mort et du meurtre mélange ’insensibilité des crime comics et la timidité de douces petites filles.”
Les tentatrices :
Dans les années 40 Catwoman fait office de nemesis et de tentatrice pour Batman. Elle n’est pas aussi puissante que Wonder Woman mais elle tire ses atouts de son pouvoir de séduction. A l’époque elle se fait appeler “l’impératrice du crime” et la “reine de la pègre”. Elle représente la seule sorte de nature sexuelle qu’une femme peut avoir dans les comics : cruelle, interdite et terrifiante.
Contrairement aux filles (les “girls”) qui officient dans les comics, elle est une femme offrant à Batman un désir interdit, ou du moins différent de ce que les rumeurs prétendent déjà à l’époque à son sujet. Elle est le contrepoint libidineux de ce que Batman est sensé représenter : l’homme logique et stoïque accomplissant avant tout son sens du devoir.
Voici comment Frederic Wertham considère Catwoman : “Un personnage féminin typique est Catwoman, qui est vicieuse et utilise un fouet. L’atmosphère est homosexuelle et anti-féminine . La fille a beau être belle, elle est sans aucun doute la méchante.”
La fin des années 40 voit aussi l’apparition des Romance Comics, genre qui cible un public féminin dont les histoires décrivent des héroïnes éperdues, à la recherche du grand amour, ou basées sur des témoignages issus de courriers des lectrices. La guerre est finie et les héroïnes ont fait leur boulot, mais elles ont désormais le droit d’être considérées pour ce qu’elles sont : des créatures que l’on aime pour leur beauté avant tout.
Ce qui va engendrer une pléiade de personnages plus glamours les uns que les autres, jusqu’à ce que le Comic Code Authority en 1954 vienne réguler les excès de l’industrie en instaurant une ligne de conduite : “La nudité sous n’importe quelle forme est interdite, de même que l’exposition indécente ou excessive. L’illustration suggestive et salace ou les postures suggestives sont inacceptables. Les femmes doivent être dessinées de façon réaliste, sans exagération de toutes qualités physiques.”
Après avoir été redessinée dans des proportions plus acceptables, Phantom Lady sera purement et simplement remerciée en 1955.
Les héroïnes des années 50 :
Les personnages de soutien :
Dans les années 50, la politique éditoriale officielle de DC parle des personnages féminins de la façon suivante : “L’inclusion des femmes dans les histoires est spécifiquement déconseillée. Les femmes, lorsqu’elles sont utilisées dans la structure de l’intrigue, doivent être d’une importance secondaire”.
En 1954, Seduction of the Innocent met également à mal la relation entre Batman et Robin en la qualifiant d’homosexuelle. En 1956 DC Comics réagit en créant le personnage de Batwoman, qui contrairement à Catwoman fait partie des gentils (Catwoman ne correspond pas non plus a la vision régie par la CCA, elle disparaît en 1955).
Batwoman idolâtre Batman, elle va aussi se servir de sa fortune pour combattre le crime, elle a même une Batcave mais la ressemblance s’arrête là puisque ses gadgets sont composés de rouge à lèvres, far à paupière et parfum. De plus, son costume est très coloré et elle se déplace sur une moto rouge, on a donc du mal à la prendre au sérieux. Quand ils se voient pour la première fois, Batman lui dit que combattre le crime est trop dangereux pour une femme.
Par extension, c’est le message qui est lancé à l’ensemble des femmes qui souhaitent avoir une carrière professionnelle à cette époque : “Tu ferais mieux de rester à la maison”.
Car le rôle de la femme dans les années 50 est d’être totalement dévouée envers son mari, sa maison et sa famille, celles qui oseraient dévier du droit chemin ont forcément une vie vide de sens.
Lois Lane est depuis ses début l’incarnation de la femme carriériste toujours à la recherche du prochain scoop, mais dans les années 50 son autre but dans la vie sera celui de devenir Mrs Superman. En 1957 elle obtient son propre titre Superman’s Girlfriend Lois Lane, un savant mélange de romance et d’aventure qui tente de séduire le lectorat féminin. En fait le comics Lois Lane ne fait que raconter les aventures de Superman mais du point de vue de Lois.
La Lois des années 50 est une enfant gâtée et capricieuse qui est sans cesse mise en garde et réprimandée par Superman et sa figure paternaliste.
Alors qu’une femme avec un tel statut social et de telles responsabilité devrait être dépeint avec un minimum de respect, Lois est dépeinte comme une sorte de groupie de super héros, sans cervelle qui est prête à tout pour gagner les attentions de Superman. Elle fouine en permanence pour trouver le secret de la véritable identité de Superman, plus d’une fois dans l’espoir de faire chanter l’homme d’acier en le menaçant de révéler son identité s’il n’accepte pas de l’épouser. Elle se livre même à des Catfights avec sa rivale Lana Lang. Superman allait la déjouer au moyen de ses super pouvoirs et basiquement sa supériorité masculine, cherchant généralement à l’humilier publiquement dans le processus.
Les héroïnes des années 60 :
Deux éditeurs et deux visions différentes de la femme :
Les héroïnes des années 60 sont des jeunes filles d’une vingtaine d’années, blanches et issues de la classe moyenne supérieure qui sont parties de leurs banlieues résidentielles pour rejoindre la grande ville et vivre des aventures super héroïques. Elles se différencient des filles de bonne famille des années 40 qui se battaient juste pour le fun par le fait qu’elles agissent et sont influencées par un homme plus âgé faisant parti de leur entourage proche. De plus, elle font partie d’une équipe où elles sont la seule représentante féminine.
Leurs pouvoirs qui sont bien en dessous de leurs comparses masculins ne servent la plupart du temps qu’à servir de distraction ou de leurre pour que ceux-ci puissent intervenir.
Ici encore on les retrouve sous l’appellation de “Girls” et à la ville ont des rôles traditionnels de femmes au foyers, ou de secrétaires. Quand elles ne combattent pas le crime, elles vont passer leurs temps à boire du thé, faire du shopping, ou lire des magazines de mode.
Susan Storm alias Invisible Girl va jouer à la fois le rôle de la mère et de la fille au sein des Fantastic Four. Consolant sont ami Ben Grimm ou réprimandant son plus jeune frère Johnny, elle sera également la confidente et la supportrice de son fiancé le brillant Reed Richards, lui apportant une tasse de café et les mots d’encouragement qui vont avec. Elle est vraiment pour le coup la fille invisible toujours dans l’ombre de ses coéquipiers et sous le regard paternaliste de son fiancé. Plus tard Richards trouvera le moyen d’améliorer ses pouvoirs lui donnant la capacité de créer un champ de force invisible.
Janet Van Dyne est une jeune fille frivole dont le père est un scientifique qui a été tué par une créature alien, elle demande de l’aide au scientifique Hank Pym, celui-ci lui révèle qu’il est Ant Man et lui donne les moyens d’assouvir sa vengeance en la transformant en sa nouvelle partenaire, The Wasp. Janet tombe rapidement amoureuse de Hank bien qu’il soit plus âgé. Elle va rejoindre l’équipe des Vengeurs et ses pouvoirs se résument voler autour de ses ennemis et leur envoyer des décharges électriques.
Invisible Girl et The Wasp sont de très jolies jeunes femmes en couple avec des hommes à l’intelligence supérieure, lorsqu’elle vont de marier, elle vont échanger pendant un temps leur rôle de super héroïnes en femmes au foyer.
Comme ses congénères, la vie super héroïque de Marvel Girl est régie par un homme plus âgée qu’elle, le Professeur X. Comme ils ont tous les deux le même pouvoir, ils sont très proches faisant d’elle son assistante et sa confidente.
Vers la fin des années 60 les femmes vont aspirer à plus d’indépendance, ce qui na va pas se retrouver dans les pages des comics Marvel tout de suite. C’est du côté de chez DC que les héroïnes ont un meilleur traitement à cette époque, elles sont libérées et se suffisent à elles même.
Batgirl est un personnage qui a été créé au départ pour la télévision, afin de booster l’audience de la série télé Batman qui en était à sa troisième saison et amener un public féminin.
Elle s’inscrit dans la tradition des vigilante des années 40. Barbara Gordon est une femme indépendante qui travaille comme bibliothécaire. Ses origines ressemblent beaucoup à celle de Miss Fury, alors qu’elle est en route pour un bal masqué elle tombe sur une bagarre entre Batman et Robin et un criminel. Cette expérience va l’inciter à s’entrainer, se confectionner ses propres gadgets afin de devenir une justicière. Comme pour Batwoman, Batman reste toujours très sceptique sur le fait qu’une femme puisse être une justicière.
La différence entre Batgirl et la plupart des héroïnes des années 60 est qu’elle n’a rien à prouver à ses alter ego masculins. Elle ne combat pas le crime par amour ou dans l’espoir de sortir avec Batman, elle n’a même pas besoin de sa protection.
Wonder Woman est celle qui va subir le plus de transformation à cette époque, pour relancer la série qui risque d’être annulée, DC décide de lui retirer tout les attributs qui la caractérisait jusqu’alors : son costume et ses pouvoirs.
En 1968, elle devient Diana Prince, désormais une humaine qui tient un magasin de mode dans le Lower East Side de New York, adepte des arts martiaux. Ce nouvel était vient du fait qu’elle a choisi d’abandonner son statut d’Amazone par amour pour Steve Trevor pour devenir une simple mortelle suite au départ de ses soeurs dans une autre dimension.
Mais Steve est tragiquement tué, c’est en déambulant dans les rues de Lower East Side qu’elle rencontre I Ching (c’est la première fois que Wondie a une figure paternelle) un maître en arts martiaux aveugle qui va lui enseigner l’art du combat. Elle devient une James Bond au féminin se mesurant à des scientifiques machiavéliques et flirtant avec des hommes dangereux dans des endroits exotiques. Directement inspirée du personnage d’Emma Peel de la série Chapeau Melon et Botte de Cuir, Wonder Woman a beau avoir perdu ses pouvoirs, elle gagne en profondeur et en personnalité car elle est plus humaine.
Mais cette nouvelle image de l’héroïne est loin de convaincre les représentantes de la pensée féministe de l’époque comme Gloria Steinem qui exige que Wondie redevienne l’icône qu’elle a toujours été.
Les héroïnes des années 70 :
La femme libérée :
Dans les années 70 un vent de liberté souffle pour les héroïnes de comics.
Celle qui va symboliser la libération des mœurs se nomme Vampirella, dont le costume ultra sexy est imaginé par une l’auteure de comics underground et féministe Trina Robbins. Les aventures de la femme fatale venue de la planète Drakulon vont faire fantasmer des hordes de jeunes (voir très jeunes) lecteurs. Elle va être la figure de proue d’une nouvelle vagues d’héroïnes à la sexualité libérée et au pouvoir de séduction jusque là insoupçonné.
A l’image de Vampirella et des héroïnes dites libérées, beaucoup de personnages féminins vont voir leurs costumes se modifier pour laisser apparaître leurs formes généreuses.
Black Widow fait partie de ces personnages dont le costume reflète l’indépendance et le goût pour l’aventure et le danger. En 1973 la très rangée Susan Storm quitte Mr Fantastic en prenant leur enfant pour tomber dans les bras du Sub Mariner.
Un autre exemple dans le même style s’appelle Red Sonja une guerrière que nul homme ne peut dompter mais qui va devoir porter un bikini d’acier pour le plus grand bonheur des lecteurs du monde entier. Alors certes, le bikini argenté favorisa grandement à rendre populaire notre guerrière hyrkanienne, mais elle était également considérée par les responsables de Marvel comme une incarnation du féminisme, la belle rivalisant avec les plus grand guerriers et se déclarant fièrement comme l’égale des hommes.
Les folles furieuses :
Parallèlement, l’idéologie féministe commence à faire son incursion dans l’industrie (mais pas forcément de la meilleure des manières) par l’intermédiaire du personnage de Valkyrie. C’est en Décembre 1970 qu’elle apparaît pour la première fois dans Avengers #83, sous le titre évocateur The Revolution’s Fine. La couverture en elle même est assez iconique, on y voit les personnages masculins terrassés et inertes, sous la domination et la fierté de l’héroïne qui se déclare être à la tête des Lady Liberators, une équipe constituée exclusivement de femmes : Wasp, Black Widow, Medusa, et Scarlet Witch.
C’est dans cet épisode que Valkyrie relate son histoire, elle doit ses pouvoirs à une expérience scientifique qui a mal tourné et qui est surtout à l’origine d’une suffisance et d’une arrogance typique de la gent masculine. Elle arrive ainsi à persuader les autres héroïnes de se rallier à elle, de prendre en main leur destin et de s’affranchir du joug phallocrate de leurs coéquipiers. Mais tout ceci n’est qu’un leurre. Valkyrie s’avère être l’Enchanteresse, une ennemie de longue date des Vengeurs qui cherchait en fait à prendre le pouvoir sur les hommes. Celle-ci va bien évidemment voir ses projets anéantis, et les rebelles d’un jour reprendre leur place de second rang.
Ce numéro est une succession de mauvais points pour la cause féministe, Wasp faisant référence au Liberators comme d’une réunion Tupperware contestataire (le terme exact est « Powderpuff Protest Meeting »), et donne l’impression qu’au final les femmes se font facilement embobiner. Mais malgré cela, les propos de Valkyrie/Enchantress n’en sont pas moins véridiques, les super héroïnes ne sont que de pales figurantes face à l’omnipotence de leurs coéquipiers masculins, hors ce qu’elle désire n’est pas l’égalité ou la parité mais bel et bien un désir de vengeance issu d’un esprit déséquilibré. Comment prendre alors au sérieux ce genre de personnage et surtout le mouvement qu’elle symbolise ?
Valkyrie est souvent considérée comme étant l’anti Wonder Woman : L’image du Féminisme hargneux et vengeur de Valkyrie-correspondant aux idées véhiculées par les courants issus des années 70-est bien différente de celle prônée par Wonder Woman, basée sur le volontarisme et l’aspect positif de toutes actions menées par les femmes. Dans les deux cas les deux héroïnes sont des libératrices mais renvoient une image bien différente.
Le féminisme, Marvel-style, est présenté comme quelque chose d’effrayant, rude et peu attractif. On peut citer par exemple les Femizons parues dans le premier numéro de la publication Marvel « M for Mature », Savage Tales. Une société entière de femmes psychotiques militantes et violentes évoluant au 23è siècle avec beaucoup de connotations lesbiennes jetées pour faire bonne mesure. Les hommes sont quant à eux revenus à l’âge de pierre. Lyra, l’héroïne de l’histoire est une femme qui nourrit le secret désir où il y aurait encore des hommes pour lesquels elle pourrait faire la couture et la cuisine. C’est Stan Lee qui est au scénario, on l’a connu plus inspiré.
La plupart des scénaristes masculins ne prennent donc pas le mouvement féministe de l’époque vraiment très au sérieux. En 1969 Catwoman est à la tête d’une bande de harpies appelée les Feline Fury qui commettent des méfaits au nom de la libération de la femme. Au final son amour pour les bijoux volés aura raison de cette guerre des sexes, comme si le féminisme était une mode comme une autre.
A cause de leurs natures agressives et de leurs forte personnalité bon nombre de ces héroïnes ont d’abord été considérées comme des menaces, on l’a vue avec Valkyrie c’est aussi le cas avec Big Barda, (photo) une femme au physique colossal créé par Jack Kirby et vivant sur la planète Apokolips. Dans sa jeunesse elle a été une lieutenant des redoutables Female Furies (les folles Furieuses en Français) la redoutable garde rapprochée de Darkseid. Elle est désormais aux côtés de Scott Free, alias Mister Miracle le maître de l’évasion. Avec son allure de déménageuse vétue d’une armure en acier trempé, son duo avec le gracile Scott Free (qui pour le coup représente la part féminine) dénote et offre un couple inversé comme on en a rarement vu dans les comics.
L’une des grandes bouches (entre autre) de cette époque se nomme Power Girl, une héroïne forte, sure d’elle, et qui n’a pas sa langue dans sa poche face un camarade masculin. Elle refuse d’être considérée uniquement comme la cousine de Superman, refusant de porter son symbole sur sa poitrine, paradoxalement c’est cette absence de symbole qui va la rendre célèbre. Voulant à tout prix être l’égal des hommes, c’est justement son costume qui va limiter la portée de son message auprès des lecteurs masculins.
C’est à cette époque que les comics commencent à être pris au sérieux et que ce medium n’est plus uniquement destinés aux enfants. Des thèmes sérieux sont abordés comme la dépendance à la drogue, le racisme, la pauvreté…
Les femmes et la question de la diversité :
L’une des héroïnes qui va en faire l’expérience et ainsi faire passer un message de tolérance est Lois Lane en 1970 dans sa série Superman’s Girlfriend Lois Lane dans une histoire intitulée I’m curious (Black) dans laquelle la reporter va infiltrer le ghetto noir de Metropolis grâce à l’aide de Superman, souhaitant obtenir le prix Pulitzer. Il la transforme en une femme noire le temps de 24 heures et la capricieuse Lois va ainsi découvrir ce que c’est d’être une personne de couleur (qui plus est une femme) et redescendre sur terre.
De même quand on parle de Scarlet Witch et de sa relation avec la Vision c’est une métaphore sur ce que les couples inter raciaux pouvaient vivre à l’époque.
Mais celle qui représente le plus les années 70 est certainement Storm, la première super héroïne afro-américaine, à une époque où les femmes noires envahissent les couvertures de magazines et le cinéma populaire comme la Blaxploitation. Storm fait partie de cette génération d’héroïnes qui portent un nom de guerre au lieu de finir par Girl. Comme Power Girl elle veut être l’égale de ses coéquipiers et ne va pas tomber amoureuse du premier homme qui va croiser son chemin. C’est Chris Claremont grand contributeur pour ce qui est de l’existence des femmes fortes dans les comics qui va façonner le caractère et les origines complexes de l’héroïne. Au départ considérée comme une véritable déesse pour les tribus qu’elle protège en utilisant ses pouvoirs, il va jusqu’à remanier ses origines pourtant toutes fraiches, souhaitant ainsi éviter à son personnage de devenir une énième Jungle Girl comme ses copines Sheena, Shanna ou Rima, pour en faire une héroïne résolument contemporaine.
Une femme c’est fait pour en baver :
Chris Claremont est aussi celui qui va métamorphoser Jean Grey alias Marvel Girl en une héroïne beaucoup plus puissante et beaucoup plus torturée appelée Phoenix.
Tout commence en 1975, l’équipe des X-Men s’agrandit lors du hors-série Giant-Size X-Men #1, Len Wein et Dave Cockrum en sont les architectes rapidement secondés par Chris Claremont au scénario à partir d’X-Men #94. C’est à ce moment que Jean décide de quitter ses compagnons (et son amoureux), l’idée de Claremont était de la faire disparaître pendant quelques mois puis de la faire revenir avec de nouveaux pouvoirs, un nouveau look beaucoup plus mature mais aussi beaucoup plus de consistance. Pour les mêmes raisons il va la condamner dans une mission suicide se déroulant dans l’espace qui causera la perte de la Jean Grey que nous connaissions jusqu’alors. Elle meurt irradiée et se réincarne en une entité cosmique appelée Le Phénix.
Phoenix est la première super héroïne a atteindre une si grande puissance, elle est capable de lire dans les esprits, déplacer des astéroïdes hors de leur orbite, voyager à traverser la galaxie. Mais ce pouvoir va la consumer de l’intérieur, la rendant insatiable. L’idée de Claremont était de montrer au fil des épisodes la lente intoxication de l’héroïne qui allait se laisser s’enivrer par tant de pouvoir et se laisser dominer par le côté obscur.
Lorsqu’elle tombe sous le joug de Mastermind dans X-Men #122, qui réussit à la manipuler et la corrompre totalement, l’enfermant dans une vision altérée d’un monde issu du 18ème siècle, et faisant d’elle sa Reine Noire, Jean finit tant bien que mal par se libérer et reprendre le contrôle de son esprit, mais le traumatisme provoqué par la perte temporaire de sa personnalité va la pousser à se transformer en une nouvelle forme de Phénix : Le Phénix Noir, entraînant de ce fait la saga du même nom.
Cette descente aux enfers est une parabole sur les fléaux qui ont touché la fin des années 70 et le début des années 80, engendrés par les excès de la drogue et du sexe dans certains milieux et se développant ensuite dans les autres couches de la population.
Mais la mise à mal d’une héroïne pour la rendre plus consistante n’est pas toujours une entreprise réussie. En 1977 Ms. Marvel n’est plus une agent du gouvernement comme par le passé mais une héroïne dans l’air du temps, indépendante et libérée. Elle est rédactrice en chef du magazine Woman et qui fait ouvertement référence à Gloria Steinem, journaliste féministe et fondatrice du journal Ms. créé 5 ans auparavant. Même si elle garde le nom de son mentor, elle n’a plus rien avoir avec lui. Carol Danvers devient rapidement une icône pop de la cause féminine dont les influences sont sciemment issues du mouvement féministe en plein effervescence à cette époque.
Malgré ce bel effort, de nombreux détails permettent de douter de la véritable indépendance de notre belle héroïne : son costume est calqué sur celui de Captain Marvel, son sixième sens fait penser à celui de Spider-Man et ses pouvoirs la rendent amnésique au point qu’elle ignore totalement de sa double identité. Le problème est que les scénaristes ne savent pas trop quoi faire avec elle. Lorsque sa série est annulée et qu’elle rejoint les Avengers, elle porte déjà son nouveau costume plus sexy qui était apparu afin d’attirer de nouveaux lecteurs. Elle reste cependant un personnage mineur n’arrivant pas à trouver sa place parmi tous ces super héros. A partir de là l’héroïne va subir un pur cauchemar rétrograde et malsain, excusez du peu, Carol découvre soudainement qu’elle est enceinte de trois mois, et à l’issue cette grossesse pour le moins accélérée naîtra un garçon nommé Marcus, qui grandira tout aussi rapidement. Le fait de tomber enceinte sans savoir comment n’est pas en soit un problème, c’est plutôt vieux comme le monde. Mais pour résumer ce grand WTF on apprend au final que Ms. Marvel s’est fait kidnapper, droguer, violer et met au monde la réincarnation de son agresseur. Et si cela ne suffisait pas, et bien elle fini par partir avec lui.
Les héroïnes des années 80 :
Le calvaire continue :
Les années 80 amènent leurs lots d’histoires qui vont devenir de plus en plus violentes avec des personnages torturés à souhait. L’une d’entre elle se nomme Elektra, qui va réussir à booster les ventes de la série dans laquelle elle apparaît : Daredevil. Ex petite amie de Matt Murdock, c’est le meurtre de son père qui va faire d’elle une tueuse impitoyable entraînée par une organisation de ninjas assassins. Lorsqu’elle retrouve son ancien amant devenu entre temps le justicier Daredevil, tout est réuni pour cette histoire d’amour impossible et tragique soit un succès. Elle va d’ailleurs mourrir dans ses bras, poignardé par l’un de ses rivaux, Bullseye.
Mais celle qui va vécu le sort le plus tragique à cette époque est Barbara Gordon dans le one shot Batman : The killing Joke. Alors qu’elle profite d’une soirée en compagnie de son père dans son appartement, le Joker va faire irruption et lui tirer dessus, puis la déshabiller et prendre des photos d’elle alors qu’elle se tord de douleur sous les yeux de son père. Barbara se réveille à l’hôpital et apprend qu’elle est paralysée à vie. La jeune femme pour qui tout réussissait (carrière et vie super héroïque) voit sa vie se transformer en cauchemar grâce à Alan Moore.
Mais après plusieurs mois d’entraînement et de convalescence, elle revient avec un nouveau nom et une nouvelle mission. Barbara va devenir une experte en piratage informatique et en renseignement au service de Batman et des justiciers de Gotham.
Les fans de Batgirl ont eu du mal à se remettre que leur héroïne préféré subisse un tel sort. Mais en tant qu’Oracle, Barbara était beaucoup plus puissante qu’elle ne l’a jamais été dans un costume de super héroïne, impitoyable, froide et manipulatrice, laissant ses émotions de côté comme le ferait Batman.
L’héroïne forte et la dérision :
Le personnage de She-Hulk va apporter un vent de légèreté, tout comme Spider Woman, elle a été créée pour des raisons juridiques, afin de ne pas laisser un nom lié à un personnage masculin déjà existant entre les mains de la concurrence. Alors que Hulk est qualifié d’Incroyable, She-Hulk est Sauvage. Mais contrairement à son cousin, elle va se servir consciemment de sa faculté sans en être la victime. Exploitée en deux séries bien distinctes (Savage et Sensational) She-Hulk est un personnage constamment tiraillé entre passion et raison et non une simple créature rugissante et sans intérêt. Jennifer Walters est une femme dans l’air du temps, une working girl qui essaie de conjuguer vie professionnelle et sentimentale.
En 1989 John Byrne la remet en selle dans une nouvelle série qui fait date et reste encore un classique pour son approche particulière : The Sensational She-Hulk.
Le scénariste/illustrateur va appréhender son héroïne d’une manière totalement décalée et humoristique. Il brise à maintes reprises le quatrième mur entre le personnage et le lecteur et fait fi des règles élémentaires de l’art séquentiel où She-Hulk parvient à s’échapper en trouant le papier dans lequel elle est enfermée, interpelle même son auteur en lui criant dessus et critiquant sa manière d’écrire et de dessiner. Byrne s’amuse également avec le Comic Code en parodiant la célèbre photo où Demi Moore pose nue alors qu’elle est enceinte et joue avec la nudité et le sex-appeal de son héroïne.
Les deux grandes séries dédiées à She-Hulk ont donc abordé la belle Jennifer Walters de manière totalement différente : épique et dans la grande tradition des titres Marvel, ou carrément barrée et portée par le génie d’un auteur culte. L’une apporte des bases solides d’un personnage entier au sex-appeal indéniable et la seconde impose encore plus la notion de « Strong Female Character » alors qu’à l’époque commençait à pointer son nez l’horrible ère des Bad Girls et de leurs atouts pulmonaires.
Du côté des comics indé :
Mais les super héroïnes ne sont pas les seules à peupler les pages des comics, bien qu’elles soient très nombreuses, des héroïnes plus réalistes vont marquer toute une génération de lecteurs.
Maggie et Hopey sont les héroïnes de la série Love & Rockets, de Jaime Hernandez qui raconte la vie de Marguerite Luisa « Maggie » Chascarillo et Esperanza Leticia « Hopey » Glass, de leurs années d’adolescentes punks vivant à Hoppers, leur quartier latino situé en Californie, jusqu’à leur quarantaine. Bien que la plupart du temps réalistes, les histoires au début (surtout sur l’arc intitulé Music for Mechanics) contenaient des éléments de science-fiction tels que des dinosaures et des aéroglisseurs, tandis que d’autres font référence à l’univers des matchs de catch mexicain très pittoresques.
Halo Jones est l’héroïne principale d’un comic-book d’Alan Moore et Ian Gibson intitulé The Ballad of Halo Jones et publié à partir de juillet 1984 dans les pages du magazine britannique 2000 AD. « La Ballade de Halo Jones » nous raconte les aventures d’une jeune femme blasée du 50ème siècle qui décide de prendre sa vie en mains.
Souvent définie comme l’une des premières œuvres féministes de science-fiction, «La Ballade de Halo Jones » est surtout un cri de révolte unisexe incarné par une femme plus qu’un réel pamphlet féministe… On y retrouve toutes les révoltes de Moore, qu’elles soient sociales, morales, économiques ou géopolitiques…
Les héroïnes des années 90 :
Des Babes, et des Femmes :
Les années 90 marquent l’arrivée d’un nouveau genre d’héroïnes, appelées Babes ou Bad Girls, influencées par la représentation des femmes dans les médias de l’époque (Baywatch) et la starification de mannequins comme Naomi Campell, Claudia Schieffer, ou Cindy Crawford. Elles coïncident aussi avec l’arrivée d’un nouvel éditeur : Image ou les dessinateurs sont eux mêmes considérés comme des super stars (Jim Lee, Rob Liefeld). C’est l’époque où des jeunes filles de 15 ans (Gen 13) ont des physiques de déesses hypersexualisées titillant le plus stoïque des lecteurs, et où même Susan Storm ose le boob window sur son costume.
Bon nombre d’héroïnes vont voir leur physique modifié : Psylocke, Wonder Woman, Supergirl tandis que d’autres vont évoluer dans des vêtements de la taille d’un mouchoir de poche ou en tout cas aussi infime que la profondeur des scénarios dans lesquels elles officient.
Chaque année on a désormais droit à son édition Swimsuit Special regroupant de nombreuses héroïnes en maillot de bain.
A cette époque terrible c’est du côté des comics indépendant que l’on trouve le salut grâce à des auteurs comme Terry Moore, Neil Gaiman ou Daniel Clowes.
A la fin des années 90, le site web Women in Refrigerators fait l’état des lieux des personnages féminins qui ont été blessés, tués, ou ôtées de leurs pouvoirs et cherche à analyser pourquoi ces dispositifs sont utilisés de manière disproportionnée sur les personnages féminins.
Le terme «Femmes dans les réfrigérateurs» a été inventé par la scénariste Gail Simone comme un nom pour le site Web au début de 1999 au cours d’une discussion en ligne sur les comics avec des amis. Elle se réfère à un incident dans Green Lantern # 54 (1994), écrit par Ron Marz , dans lequel Kyle Rayner, héros, rentre dans son appartement pour constater que sa petite amie, Alex DeWitt, a été tuée par le méchant Major Force et enfermé dans un réfrigérateur
Les héroïnes des années 2000 :
Au début des années 2000 les héroïnes continuent d’être influencées par certaines icônes de la pop culture, voir de la pop tout court (avec des chanteuses comme Britney Spears et Christina Aguilera), c’est le cas des Birds of Prey, ou de Supergirl qui ne manquent pas une occasion de montrer leur nombril quelque soit la température extérieure.
Mais elles vont également commencer à être confrontées à des histoires plus réalistes, faisant résonance à la condition féminine du 21ème siècle : les héroïnes peuvent êtres des mères célibataires qui doivent conjuguer travail, éducation de leur enfant et vie super héroïque (comme Kate Spencer et Jessica Jones). Certaines sont issues de minorités ethniques ou sexuelles (Kate Kane, Jenny Sparks, Agent 355, Michonne, Renee Montoya), et d’autres vont se rebeller contre l’ordre établi ou une société corrompue (Scarlet de Brian M. Bendis), ou encore tenter de vivre dans un monde sans hommes (Y the last Man).
L’ère la plus récente des comics fait de plus en plus la part belle aux femmes, et c’est surtout chez les éditeurs indépendants que l’on observe ce bel effort. Les deux grandes maisons d’édition historiques essaient de mettre en avant leurs héroïnes mais soit annulent très rapidement une série sans lui laisser sa chance (Fearless Defenders) soit régresse du côté des 90’s pour fidéliser son lecteur (Starfire dans Red Hood and the Outlaws, Harley Quinn dans Suicide Squad)
Conclusion :
Si il leur arrive d’être mal exploitées dans leur medium d’origine, les héroïnes de comics sont souvent utilisées à bon escient dans des domaines qui ne leur sont pas inconnus : le social et l’humanitaire : le Wonder of Women Day qui a lieu chaque année au mois d’octobre, organisé par un comic shop de l’Oregon et qui collecte des fonds pour venir en aide aux femmes victimes de violence domestique. Une campagne de prévention pour le cancer du sein utilisait les torses de super héroïnes très reconnaissables.
Depuis toujours, et selon la volonté de son créateur William Moulton Marston, Wonder Woman reste quoi qu’on en dise un symbole de paix, de prise de conscience du droit des femmes (et par extension des minorités) et d’égalité entre les sexes. Et c’est d’ailleurs pour cela que l’image de ce personnage a de nombreuses fois été utilisée dans le cadre d’oeuvres de charité ou de manifestations caritatives, jusqu’à l’existence de la Wonder Woman Foundation née sous l’impulsion de Jenette Kahn.
Les héroïnes de comics ont donc de beaux jours devant elles car même si sur le papier leurs aventures ne sont pas toujours idéales, leur portée et leur message reste universel.
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Hack/Slash, le dossier qui tue de Julien Lordinator
Comics et horreur sont deux sujets intimement liés : Des débuts de la bande dessinée américaine à aujourd’hui, les comics dit horrifiques sont indissociables de ce média. Des historiques Contes de la Crypte aux multiples bandes dérivées de films à succès, l’horreur à toujours su se tailler une bonne place dans les rayonnages des comic-shops. Néanmoins, hormis celles qui ont marqué l’histoire des comics, les séries affichant une longévité disons honorable (allant au-delà d’une mini-série) se compte sur les doigts d’une seule main…
Quand on parle de comics d’horreur par les temps qui courent ont pense inévitablement au raz de marée Walking Dead et à son succès mondial. Mais il existe un autre comic qui depuis maintenant près de dix ans continue son bonhomme de chemin en faisant fi des modes et en affichant fièrement un coté bisseux assumé, apprécié et appréciable : Ce comic hors norme, discret mais d’une qualité incontestable, c’est Hack/Slash et vous savez quoi ? Je vais vous le présenter de suite !
I. Hack/Slash, leurs noms sont Tim et Cassie
Avant de parler du comic en lui-même, impossible de ne pas présenter son créateur, Timothy Seeley. Seeley commence sa carrière en 2003 en écrivant et dessinant de nombreux numéros du comic dérivé des jouets GI Joe. Il devient ensuite un artiste régulier de l’éditeur Devil’s Due Publishing, éditeur chez qui il publiera les premiers numéros de Hack/Slash ainsi que son autre création, le délirant Lovebunny & Mr. Hell.
Actuellement, Tim Seeley scénarise l’excellent Revival (Publié en France chez Delcourt), une histoire de revenants qui remporte un grand succès (amplement mérité selon moi) outre-atlantique.
Hack/Slash est donc un comic d’horreur pur jus, puisant principalement ses influences dans les films d’horreur de type slasher. Pour ceux qui ne seraient pas trop familiers des films d’horreur, le style dit « slasher » est un genre de film qui consiste à montrer des meurtres brutaux perpétrés par un tueur, le plus souvent masqué, sur un groupe de personnages, généralement jeunes. Les tueurs sont le plus souvent des personnages mystérieux et surpuissants et les victimes de la chair à canon servant surtout à enchaîner les scènes gores. Les films les plus connus dans ce genre sont les séries des Halloween avec Michael Myers ainsi que les Vendredi 13 et son imposant tueur au masque de hockey, Jason Voorhees.
Le slasher est un genre particulièrement dédaigné pour son coté série B (Voir Z). En effet, les slashers sont souvent des films de qualité médiocre, disposant de peu de moyens financiers et basant généralement leur scénario sur une succession de morts violentes et spectaculaires. Malgré le dédain du grand public et des critiques, se sont des films qui ont un franc succès parmi les amateurs du genre et certains tueurs (cités plus haut) sont depuis devenus des icônes de l’horreur au même titre que Frankenstein et Dracula l’étaient dans les années 50/60.
Personnellement, j’en suis un grand amateur.
« Elle a un corps à en mourir
Touche-là et tu verras
Elle à le visage d’un ange
Et une forte envie de tuer »
Lordi – The Deadite Girls Gone Wild (Extrait de l’album The Arockalypse)
Le comic Hack/Slash est indissociable de sa charismatique héroïne, Cassandra « Cassie » Hack. Jeune fille introvertie élevée par sa mère, Cassie est le souffre-douleur de son école, ce qui rend sa mère furieuse. La maman de Cassie finira par venger sa fille en trucidant tous les jeunes qui s’en prennent à elle et faire disparaître les corps en faisant les plats du jour, cette dernière étant également la cuisinière de l’établissement … Confondue par la police, madame Hack se suicida en plongeant sa tête dans une marmite. Mais les meurtres recommencèrent et Cassie affronte alors son premier slasher, sa propre mère, revenue d’entre les morts sous le nom de la Lunch Lady (La Cantinière). Suite à cette confrontation, Cassie décide de renoncer à avoir une vie normale et devient chasseuse de slashers. C’est durant une de ces traques qu’elle croise le chemin de Vlad, une créature colossale mais sympathique vivant dans les égouts qu’elle prend d’abord pour un slasher, Vlad devient rapidement son acolyte mais aussi son meilleur et unique ami.
Après la mort de sa mère (et sa résurrection) Cassie changera de comportement, adoptera un look gothique et deviendra une jeune fille rebelle et hautaine. La vie de Cassie et Vlad est une vie de nomades, constamment sur les routes à guetter le moindre meurtre suspect pouvant impliquer un slasher.
Maintenant que le décor est planté, attaquons la série en elle-même.
II. Le Retour des Morts Vivants
La structure scénaristique de Hack/Slash est à l’image des films dont il s’inspire, sous forme d’histoire indépendante : Chaque arc est symbolisé par le tueur que le duo doit affronter, c’est pourquoi j’ai choisi de détailler la série en plusieurs parties, une partie par slasher affronté.
Note 1 : Je suis volontairement non-exhaustif dans la description de chaque arc ou mini série afin de préserver l’intérêt de la lecture si il venait à l’idée de la personne qui lit ce petit article de commencer la lecture de cette série, vous l’aurez compris : La suite est donc certifiée 100% sans spoilers. J’ai également choisi de présenter la chronologie selon l’ordre des trade paperbacks et des omnibus, ces ouvrages étant les moyens les plus simples pour suivre la série.
Note 2 : En complément, un guide de lecture est proposé à la fin de ce dossier.
1. Hack/Slash, Le Commencement : La Nuit Déchiquetée (Enthanized en VO)
Première rencontre entre le lecteur et le duo Cassie/Vlad. Lorsque la BD commence, Cassie et Vlad sont déjà des chasseurs de slasher aguerris, leur histoire personnelle est rapidement expédiée en quelques pages, et ont plonge immédiatement dans l’action. La Nuit Déchiquetée raconte comment le duo va devoir affronter Bobbie, un assistant vétérinaire attardé mental revenu d’entre les morts avec le pouvoir de contrôler une armée d’animaux zombie.
Ce premier chapitre annonce la couleur et symbolise assez bien la série en général : Le ton y est décalé, le gore omniprésent est la construction scénaristique calquée sur les films d’horreur des années 80 dont il s’inspire.
Cette première aventure est écrite par Tim Seeley et dessinée par Stefano Caselli. Le style du dessinateur est parfaitement adapté au récit et les planches sombres et la myriade de détails gores et glauques complètent à merveille le travail de Tim Seeley, dont la passion pour les films d’horreur explose avec ce premier récit. Une franche réussite et un excellent moment de lecture.
Paru en France dans Hack/Slash Volume 1 chez l’éditeur Wetta Worldwide.
2. Hack/Slash, Un Nouveau Défi : La Main du Saigneur (Girls Gone Dead en VO)
Second slasher à affronter pour le duo, cette fois-ci l’action se situe en plein spring break. Le responsable est Père Colère (Father Wrath en VO), un ancien prêtre baptiste intégriste, tué par un garçon d’église alors qu’il tentait d’abuser de lui. Mais le tueur ne semble pas être le seul aux commandes de ces meurtres et Cassie et Vlad vont vite découvrir une vérité tout autre, bien plus étonnante.
Cette histoire est toujours écrite par Tim Seeley, qui confirme sa maîtrise de ce genre de récit car même si il garde le même schéma, réussi à rester original. Aux dessins c’est l’italienne Frederica Manfredi qui livre une prestation admirable, surtout grâce à son trait fin et expressif.
Ont peut aussi remarquer que Seeley commence dans cet épisode à travailler la psychologie de ces deux héros : Même si Cassie paraît être une héroïne forte, plusieurs scènes la montre triste et s’interrogeant sur la vie qu’elle mène, des pistes sont également dispersées sur son identité sexuelle.
Paru en France dans Hack/Slash Volume 1 chez l’éditeur Wetta Worldwide.
3. Hack/Slash, Le(s) Livre(s) des Morts : Comic Book Carnage
Direction cette fois-ci pour une convention de comics durant laquelle des auteurs de BD se font tuer mystérieusement. Cette aventure est un véritable festival de caméos puisque l’ont peut y voir de véritables stars des comics comme Steve Niles, Skottie Young ou encore Robert Kirkman apparaître et/ou se faire trucider.
Tim Seeley, en plus de raconter une histoire franchement drôle et originale, parcourt son récit de petites piques à l’attention des auteurs et fans de comics présents durant ces conventions ainsi que de multiples références, une histoire désopilante et très agréable à lire.
Après Cassie, c’est à Vlad de se livrer un peu plus dans cette histoire : On en apprend un peu plus sur son histoire personnelle et c’est aussi dans cette histoire qu’est mis en place un running gag qui deviendra récurrent par la suite dans la série : La passion de Vlad pour un personnage de dessin animé nommé Chippy Chipmunk, une sorte de version féminine de Tic et Tac.
4. Cassie Va En Enfer : The Final Revenge of Evil Ernie (Aussi appelé Hack/Slash Vs. Evil Ernie)
Premier crossover d’une longue série entre nos héros et des personnages d’autres univers.
C’est donc avec Evil Ernie, figure de proue de l’éditeur Chaos! Comics que nos deux héros vont partager l’affiche. Ernie arrive par on ne sait quel moyen dans la dimension dans laquelle se déroule les aventures de Cassie et Vlad. Comme à son habitude, le démon au look de hard-rockeur sème la mort partout où il passe ce qui attire forcément l’attention de nos deux héros. Mais très vite Cassie et Vlad sont face à une évidence : leur adversaire est clairement immortel et ils ne pourront probablement pas l’arrêter…
Visiblement et aux vues de comment est utilisé Evil Ernie, on devine que Tim Seeley connaît indéniablement bien le personnage : Ernie y est montré comme cynique, cruel et invulnérable et c’est la première fois que Cassie et Vlad sont quasiment impuissants face à un de leurs ennemis, l’histoire est sombre, violente et très noire. Après le réjouissant Comic Book Carnage, ont passe donc à une ambiance diamétralement différente. Aux dessins, on a le trop rare Aadi Salman qui fourni un travail absolument somptueux en donnant au récit un aspect ultra sombre et désespérant.
5. Jeu D’Enfant : Land of Lost Toys
Cassie et Vlad affrontent durant cette aventure un jeune garçon nommé Ashley Guthrie, tué par sa mère durant son sommeil. Ashley a donc maintenant le pouvoir de tuer ses victimes durant leur sommeil, un peu à la manière de Freddy Krueger la différence étant qu’Ashley se sert de ses jouets pour commettre ses méfaits.
Pas de secret, l’histoire est largement inspirée par le film Les Griffes de la Nuit, le récit n’en reste pas moins très intéressant, notamment grâce aux dessins très cartoon de Dave Crosland.
C’est également dans cette histoire que l’on connaît enfin les origines de Vlad, au travers d’une petite histoire de quatre pages, semblable à celle de Cassie dans Euthanized.
6. Rated M For Mature : Trailers
Trailers (bandes annonces en français) est en fait une compilation de petites histoires de 3 ou 4 pages présentées sous forme de bande annonce, chaque histoire étant réalisée par une équipe différente. On y retrouve de nombreux clins d’œil à des films d’horreur, notamment Jason X, Les Dents de la Mer, The House on Sorority Row et même un conte de noël !
Difficile de juger objectivement ces petits appendices, ont peut néanmoins y remarquer la première apparition d’un slasher, un cuistot japonais nommé Hibachi Devil qui réapparaîtra dans l’arc Slice Hard, confirmant que ces histoires courtes sont en fait des résumés de chasses antérieures de Cassie et Vlad.
7. Hack/Slash, La nouvelle Génération : Slice Hard
Cassie et Vlad sont fait prisonniers alors qu’il traquaient un slasher nommé le Acid Angel (visiblement c’est la deuxième rencontre entre le duo et ce slasher, bien que se soit sa première apparition dans le comic). Cassie et Vlad se réveillent dans un complexe de recherches dans lequel se trouve en animation suspendue cinq slashers que Cassie et Vlad ont tué ! La responsable est une ancienne miss Amérique qui compte les étudier pour découvrir le secret de leur résurrection et ainsi obtenir la vie éternelle. C’est sans compter Ashley Guthrie (Le slasher de Lands of Toys), qui a survécu à sa rencontre avec Cassie, qui s’introduit dans le complexe et libère les slashers prisonniers.
Très bonne histoire qui permet d’en apprendre un peu plus sur les chasses précédentes, l’histoire Euthanized et les slashers jusque là apparus seulement durant de courts flashbacks. Néanmoins, les dessins sont assez moyens (signés par cinq artistes différents, dont Tim Seeley) et ce manque d’homogénéité nuit un peu à la lecture du récit.
8. La Poupée de Sang : Hack/Slash Vs. Chucky
Deuxième crossover, cette fois-ci avec Chucky, la poupée tueuse de la série de films Child’s Play. Cette histoire se passe après le cinquième film (Le Fils de Chucky) et marque le retour de Laura Floch, déjà apparue dans l’histoire La Main du Saigneur.
Alors que Cassie et Vlad traque un slasher dans une église, ils tombent dans un piège tendu par Laura Floch qui en profite pour échanger son corps avec celui de Vlad, ce dernier se retrouvant dans le corps de Laura. Cassie se bat avec Vlad mais est mise ko par ce dernier, à son réveil Vlad/Laura a disparu et Cassie découvre Chucky prisonnier dans la crypte de l’église, celui-ci lui raconte que Laura utilise une magie qu’il connaît bien et qu’en unissant leurs forces ils pourront venir à bout de Laura et rendre son corps à Vlad. Mais bon, Chucky reste ce qu’il est, et mieux vaut le tenir à l’œil…
Une franche réussite que ce second crossover, empruntant beaucoup d’éléments aux deux licences qu’il fait se croiser. Les dessins de Matt Merhoff sont sublimes et rendent la lecture particulièrement agréable.
Détail amusant, Cassie et Chucky n’en sont probablement pas à leur première rencontre puisqu’ils semblent déjà se connaître, ce qui laisse de la matière pour une seconde histoire sous forme de préquelle.
9. Dr Rictus : Gross Anatomy (Hack/Slash numéro 1)
Alors que Vlad se remet de son changement de corps, Cassie traque seule un slasher mais est fait prisonnière. Le tueur, un ancien docteur au corps complètement écorché, va la torturer en lui coupant des orteils, seul Vlad est en mesure de venir l’aider…
Une histoire particulièrement intéressante, chaque scène de torture étant entrecoupées de flashbacks, racontant l’enfance de Cassie et sa première rencontre avec Vlad.
Hack/Slash devient à partir de cette histoire un ongoing. C’est l’excellente artiste Emily Stone qui sera l’artiste régulière jusqu’au numéro 22.
10. This Is Heavy Metal : Shout at The Devil (Hack/Slash numéros 2 à 4)
Le leader d’un groupe de Hard Rock nommé Acid Washed sacrifie certaines de ces fans en échange de la célébrité. Les fans sacrifiées sont envoyées dans la dimension d’un démon, afin de nourrir ce dernier. Cassie se rend seule dans cette dimension, Vlad ne peut pas l’accompagner, l’accès à cette dimension étant interdite aux personnes encore vierge… Arrivée dans cette dimension, Cassie est faite prisonnière et Vlad doit trouver rapidement un moyen de perdre sa virginité afin de pouvoir allez l’aider.
Ce premier arc permet à Tim Seeley de pouvoir enfin créer un univers conséquent et durable autour de ses deux héros : La vie de Cassie et Vlad est ainsi approfondie, on en apprend un peu plus sur leur quotidien (notamment le manque d’argent) et sur leur relation. L’autre point marquant de cette histoire est la formation d’un groupe «d’alliés» autour du duo, notamment Lisa (vue dans Euthanized), Chris, rencontré durant le crossover avec Chucky et Georgia, une strip-teaseuse amoureuse de Cassie.
C’est aussi l’apparition d’un des personnages récurrents les plus loufoques de la série : Pooch, un chien démon doué de la parole particulièrement affectif.
11. Kill Miss America : Love Stories (Hack/Slash numéro 5)
Retour de Miss America, slasher apparue dans l’histoire Slice Hard. On y fait la connaissance d’un de ces fans devenu scientifique qui se met en tête de ramener à la vie la fille qui fut son fantasme de jeunesse dans les pages d’une revue de charmes. Cassie et Vlad n’apparaissent quasiment pas dans cette histoire, on y apprend juste que Vlad tombe malade.
Une autre histoire parallèle met en scène Chris et Lisa qui finissent par tomber amoureux.
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12. Hack/Slash, La Malédiction de Father Wrath : Double Date (Hack/Slash numéro 6)
Retour de Father Wrath, apparu dans l’histoire La Main du Saigneur. Une histoire complètement délirante et second degré dans laquelle Cassie et Vlad arrivent dans une petite ville copiée sur celle des comics Archie dans laquelle Father Wrath semble recommencer ces méfaits.
L’originalité de cette histoire tient surtout à son style de dessins : En effet, Fernando Pinto à littéralement copié le style Archie pour les besoins de cette histoire, tranchant avec le style horrifique de Hack/Slash, cela donne un moment de lecture franchement délirant.
13. Sœurs de Sang : Tub Club (Hack/Slash numéros 7 à 9)
Cassie s’infiltre dans une confrérie d’étudiantesaux mœurs particulièrement légères après que des cadavres dépourvus de viscères furent retrouvés aux environs. Cassie et Vlad croisent également une équipe du gouvernement, enquêtant aussi sur les meurtres et semblant travailler… Pour le père de Cassie !
Une histoire sympathique, qui creuse un peu plus les relations entre les personnages, notamment la relation entre Cassie, Georgia et Vlad. L’amitié qui lie en effet les deux jeunes filles lui donne l’impression d’être mis à l’écart…
14. The Children : The Little Children (Hack/Slash numéro 10)
Cassie remonte la piste vers son père et découvre une maison abandonnée dans laquelle des expériences ont été menées sur des enfants sauvages auxquels on a injecté des cellules de revenants. La nuit venue, la maison est prise d’assaut par les dits enfants !
Une histoire courte, plutôt triste.
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15. Savage Streets : The Coldest Dish (Hack/Slash numéro 11)
Alors que Cassie recherche son père en remontant une piste de fausses identités grâce à un carnet trouvé dans la maison abandonnée, un tueur sévi en pleine ville. Convaincue que c’est un slasher, Cassie commence la traque, mais les apparences sont parfois trompeuses… Pendant ce temps, Pooch, le chien démon, est identifié comme étant arrivé dans notre monde v(ia une vidéo internet) et Cassie charge Chris de le récupérer au plus vite.
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16. Shocker : Murder/Suicide (Hack/Slash Annual 1)
Plusieurs filles du site Suicidegirls.com* se suicident (très perspicace…) mystérieusement et tout semble lié à l’ancien petit ami de l’une d’entre elles, récemment mort électrocuté. Missy, la créatrice du site, fait appel à Cassie et Vlad pour leur expertise dans le domaine. Mais si Cassie veut rencontrer le tueur, une seule solution : sevenir elle-même une Suicidegirl.
Troisième crossover, cette fois-ci avec les filles bien réelles du célèbre site de photos de charme. Pour l’occasion Tim Seeley revient aux dessins et reproduit avec fidélité les modèles tant est si bien qu’elles sont aisément reconnaissables pour l’amateur de ce site (dont je fais parti ! Oups…). L’histoire est très sympathique et pleine d’auto-dérision, l’un des crossovers les plus réussis de la série.
17. La Cabane dans les Bois : BUMPed (Hack/Slash numéros 12 et 13)
Des massacres ont eu lieu dans la petite ville de Hitchfield et un slasher semble en être la cause. Cassie et Vlad se rendent donc dans la petite ville et commence leur enquête. Ils rencontrent une journaliste et une femme flic, qui elles aussi enquêtent sur les meurtres. Ils vont vite découvrir que des créatures faites de bois sont responsables de ces meurtres et qu’une personne semble les diriger à distance.
Dans une intrigue parallèle, ont voit de mystérieux personnages déterrer le corps de Delilah Hack, la mère de Cassie devenue la Lunch Lady ainsi que l’apparition d’une vieille dame médium, tenant des propos incohérents concernant Cassie.
Quatrième crossover, plutôt particulier car Bump est en fait une histoire one-shot, publiée par l’éphémère label Fangoria Comics. Visiblement cette histoire a tapé dans l’œil de Tim Seeley qui veut d’abord en faire un crossover mais fini par l’inclure dans la chronologie de la série. Suite à la disparition du label, les droits du personnage de Bump sont un peu tombés dans les limbes de l’édition et de ce fait, ces deux numéros ne seront probablement jamais republiés (Ils ne sont d’ailleurs pas présents dans l’omnibus qui ne comporte que les pages extérieures au crossover).
18. Dead in Hollywood : Over The Rainbow (Hack/Slash numéro 14)
Georgia, l’amie de Cassie, a obtenu un petit rôle dans une version «Particulière» du Magicien d’Oz. A peine le tournage a commencé que des membres de l’équipe se font tuer à la hache. Georgia appelle logiquement Cassie et Vlad à l’aide mais il lui faudra survivre jusqu’à l’arrivée de celle-ci.
Une histoire sympathique, qui creuse un peu plus la relation entre Georgia et Cassie.
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19. Bride of Hack/Slash : Cassie and Vlad meets the Re-Animator (Hack/Slash numéros 15 à 17)
Remontant toujours la piste des fausses identités de son père, Cassie fini par enfin le retrouver. Elle constate que ce dernier travaille avec Herbert West (le savant fou de la série de films Re-Animator) afin de ramener à la vie la mère de Cassie. C’est donc le père de Cassie qui a déterré le corps de sa mère. C’est le moment des révélations entre Cassie et son père, et elles seront lourdes de conséquences…
Dans une intrigue parallèle, le seigneur démon de la dimension d’où vient Pooch décide d’envoyer une guerrière démone sur Terre pour se venger de Cassie.
Cinquième crossover qui comme celui avec Chucky est inclus dans la chronologie de la série.
Comme pour le crossover avec Chucky, c’est une véritable réussite que nous avons là : Seeley a parfaitement réussi à inclure une grande figure de l’horreur dans sa propre série sans la dénaturer, une grande réussite !
20. Cassie Sort de la Nuit : Closer (Hack/Slash numéros 18 à 20)
Cassie à du mal à se remettre de sa rencontre et SPOILER La perte SPOILER de ses parents. Vlad décide donc d’appeler Georgia pour qu’elle remonte le moral de Cassie. Cela semble fonctionner mieux que prévu puisque Cassie et Georgia échangent un baiser à son retour, laissant un Vlad jaloux noyé sa tristesse dans un bar…
Pendant ce temps la guerrière démone remonte la piste de Pooch et attaque Chris et Lisa qui tant bien que mal réussissent à repousser le monstre.
Suite à une discussion avec Georgia, Cassie se rend à la police mais est immédiatement arrêtée. Cependant, durant son transfert à la prison le fourgon est attaqué et Cassie kidnappée par une organisation nommée la Black Lamp Society. Elle ne devra son salut qu’à un mystérieux homme masqué nommé Samhain.
Cette histoire marque le début d’une menace redondante dans la série, celle de la Black Lamp Society. Samhain deviendra également par la suite un personnage récurrent de la série.
21. Hard Rock Halleluja : Mind Killer (Hack/Slash numéros 21 et 22)
Cassie se réveille après deux jours de coma en compagnie de Georgia et Vlad. Plus tard ils retrouvent Gertrude Hall (vue dans l’arc Shout at the Devil) et finissent impliqués dans une bagarre, ce qui conduit le petit groupe en prison… C’est le moment que choisi Ashley, l’enfant tueur des rêves vu dans l’arc Land of Lost Toys, pour prendre possession de Muffy Joworski la vieille dame aperçue rapidement dans l’arc BUMPed. Leur salut ne pourra à priori venir qu’un de leurs anciens ennemis, le rocker Six Sixx, mais celui-ci se révèle autant une source d’ennuis supplémentaires qu’une véritable aide…
22. Grindhouse : Double Features (Hack/Slash numéro 23)
Un numéro séparé en deux parties, la première nous présente, et je le pense sincèrement, l’un des personnages les plus attachants de la série : La jeune détective Catherine «Cat» Curio et sa première confrontation avec Samhain et la Black Lamp Society.
Cette première histoire est dessinée par Ross Campbell dans un style résolument cartoony particulièrement agréable, une excellente histoire, malgré sa fin un peu triste.
Dans la seconde partie, Cassie, Georgia et Pooch traque un serial killer… de chiens utilisant une tondeuse pour commettre ses méfaits.
Une seconde histoire coquasse, qui vaut surtout le coup pour les passages comiques impliquant Pooch, cette histoire est dessinée par Mike Dimayuga.
23. Society : Sons of Man (Hack/Slash numéros 24 et 25)
Samhain demande l’aide de Cassie et Vlad afin de mettre fin aux activités de la Black Lamp Society. Ils infiltrent donc un des repaires de la mystérieuse organisation. Mais Samhain est fait prisonnier et reprogrammé pour redevenir un slasher…
Dans une histoire annexe, on apprend que Lisa est enceinte.
Ces deux numéros (et les deux suivants, Foes & Fortune) sont dessinés par Bryan Baugh, un dessinateur au style cartoon et gothique très impressionnant.
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24. Hack/Slash Chapitre Final : Foes & Fortune (Hack/Slash numéros 26 à 27)
A Chicago, des meurtres semblables à ceux perpétrés par le Mosaïc Man (un tueur chassé par Cassie et Vlad par le passé, mais seulement aperçu lors de flashbacks) ont lieu, arrivés sur place, les deux compères constatent qu’il s’agit bien du Mosaïc Man mais il semblerait qu’une force extérieure semble guider les actes du slasher.
Une histoire classique, qui délaisse l’espace de deux numéros l’intrigue sur la Black Lamp Society, n’empêchant pas l’auteur de rappeler que les relations entre Cassie et Samhain sont pour le moins… tumultueuses.
25. La Créature du Lac Noir : Something’s Fishy (Hack/Slash numéro 28)
Retour à la petite ville rétro de Haverhill, déjà visité par Cassie et Vlad dans l’arc Double Date. Mary Shelley Lovecraft est de retour et s’en prend à Taber, un des survivants en utilisant des créatures aquatiques.
Comme pour l’arc précèdent se passant dans cette petite ville, le style de dessins redevient inspiré par les comics Archie et sont signés Dan Parents. Néanmoins, la fin est particulièrement surprenante, tranchant avec la relative fantaisie du récit.
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26. Marvel Zombies : Super Sleepover Sidekick Slaughter (Hack/Slash numéros 29 à 32)
Le numéro 29 est en fait un prélude à l’arc qui va suivre dans les numéros 30 à 32, ce numéro nous racontant les aventures de Nightmare et Sleepy, deux super-héros chasseurs de slashers pendant une vingtaine d’années.
Ces deux super-héros est leurs descendants ont donc affrontés Samhain à de nombreuse reprises et ce numéro nous raconte l’essentiel de leurs aventures sur une vingtaine d’années. En parallèle, une bande de jeunes geeks fans de comics compte bien devenir de véritable super-héros, mais devenir des super-héros veut aussi dire affronter des super-vilains et nous sommes dans l’univers de Hack/Slash.
Encore cette fois, l’intrigue de la Black Lamp Society est laissé de coté, mais même dans cette histoire de super-héros, on y découvre que la mystérieuse société est présente et lié aux slashers depuis de nombreuses années.
Les dessins sont de Daniel Lester, au style très détaillé et particulièrement agréable, personnellement, je trouve que c’est un des meilleurs arcs de la série.
Cet arc marque également la fin du premier volume de Hack/Slash.
27. Terreur.com : Hackoween (Halloween Man and Hack/Slash crossover)
Nouveau crossover, cette fois avec le personnage de Halloween Man, héros d’un web comic. Halloween Man est un homme tué par un vampire puis ramené à la vie grâce à la magie noire. Il est maintenant mi-homme mi-zombie et utilise ses pouvoirs pour défendre la ville de Solar City, une ville futuriste d’une autre dimension.
Alors que Cassie et Vlad traquent un slasher appelé la Donkey Lady (La Femme-âne…), une jeune fille les aborde pour leur demander leur aide. Elles les entraîne alors dans l’univers de Halloween Man, dans lequel des super-héros décédés sont ramenés à la vie par une mystérieuse entité. Les deux chasseurs ne vont bien sûr pas tarder à rencontrer le protecteur de ce monde.
L’histoire n’est cette fois pas écrite par Tim Seeley, mais par le créateur de Halloween Man, Drew Edwards. Bon, autant être franc d’emblée, je n’ai pas aimé du tout cette histoire : A défaut d’être fun, c’est franchement poussif, on se demande à de nombreux moments à quoi servent vraiment certains passages et l’intrigue générale fleure bon le grand n’importe quoi.
J’ai franchement était très déçu par ce crossover, néanmoins les dessins de David Baldeon sont très réussis et limitent un peu la casse.
28. Les Contes de la Crypte : The Living Corpse Annual
Encore un crossover mais cette fois-ci se sont Cassie et Vlad qui s’invitent dans la série d’un autre personnage, celle de The Living Corpse.
The Living Corpse est en fait un zombie : John Romero était un mari est un père exemplaire jusqu’à sa mort. Revenu à la vie sous forme de zombie, il ne regagne qu’un peu de sa conscience en mangeant des cerveaux. Avec l’aide d’un démon, il erre sur terre et combat les créatures des ténèbres.
Des meurtres horribles ont lieu dans une forêt du New Jersey, visiblement imputables à une créature surnaturelle. Cassie et Vlad se rendent évidemment sur les lieux et y rencontrent donc The Living Corpse, lui aussi sur l’affaire.
Franchement un très bon crossover, dessiné dans un style délirant, à mi-chemin entre caricature et cartoon. L’histoire est basique mais le méchant est franchement cocasse et vaut franchement le détour, une bonne surprise, qui vaut surtout le coup pour son coté humoristique.
29. Very Bad Santa : The Gift of Hack/Slash (2011 Hack/Slash Holiday Special)
Cassie et Vlad portent secours à Cat et Pooch, faits prisonniers dans une fête foraine par un tueur nommé Mr Cooper.
Une histoire courte de quelques pages sortie d’abord en exclusivité sur le net puis réimprimée dans le quatrième omnibus. Elle peut parfaitement servir d’introduction aux nouveaux lecteurs.
Elle est écrite et dessinée par Tim Seeley.
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30. Maniac : Murder Messiah (Hack/Slash Annual 2)
Un autre chasseur de slasher nommé Dale s’en prend à l’entourage de Cassie, mais ses motivations semblent bien plus obscures qu’il n’y paraît…
Une histoire assez dense qui même si elle est centrée sur la confrontation Dale/Cassie, expose beaucoup de pistes pour le volume 2 de la série qui va suivre.
Aux dessins, Jethro Morales fait des merveilles, sont style est d’ailleurs assez proche de celui de Tim Seeley.
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31. Le(s) Tueur(s) du Hack/Slash : Crossroads (Hack/Slash Vol. 2 Numéros 1 à 4)
Cat Curio mène l’enquête pour savoir qui l’a agressé dans son enfance. Elle remonte la piste de son agresseur mais est attaquée par une horde d’animaux zombies ! Pendant ce temps Cassie et Vlad enquêtent sur des meurtres perpétrés par de mystérieux zombies et il semblerait qu’un de leurs anciens adversaires en soit la cause. Dans l’ombre, la menace que représente la Black Lamp Society se confirme…
Point de départ officiel de l’importance de la menace que représente la Black Lamp Society, ce premier arc sert surtout à placer les personnages et fait la part belle aux retours impromptus d’anciens alliés et ennemis. De toutes évidences Tim Seeley veut donner plus d’homogénéité à sa série en en faisant un véritable ongoing.
Les dessins sont de Daniel Leister, un collaborateur régulier de la série Hack/Slash qui a dessiné juste avant l’excellent one-shot My First Maniac. Leister devient d’ailleurs le dessinateur attitré de la série régulière.
32. Le Masque du Démon : Mystery Woman (Hack/Slash Vol. 2 Numéro 5)
Nouveau crossover, cette fois-ci avec Fantomah, une héroïne de comics des années 40 créée par Fletcher Hanks.
Fantomah donc, une défenseure de la nature aux pouvoirs chamanique vient demander l’aide de Cassie et Vlad pour affronter un des émissaires de la Black Lamp Society.
Une histoire plutôt sympathique, la première partie racontant les origine de Fantomah est racontée sous forme de comics retro, le tout est dessiné par Mark Strahm.
Il est aussi intéressant de constater que Cassie connaît déjà Fantomah.
33. Shotgun Divorce : Night Funeral in Eminence (Hack/Slash Annual 3)
Un proche de Chris, un ami de Cassie, a trouvé la mort lors des événements de Crossroads… Cette histoire courte raconte la cérémonie et la présence inopportune de (Encore) la Black Lamp Society.
Une histoire triste, centrée sur le personnage de Chris. Elle est écrite par James Lowder et dessinée par Jean Paul Deshong.
34. Hack/Slash Résurrection : Fame Monster (Hack/Slash Vol. 2 Numéros 6 à 8)
Un slasher s’attaque aux stars de la télé-réalité… Malgré sa réticence, Cassie, en compagnie de Vlad se lance dans la traque de ce slasher qui va se révéler bien plus redoutable qu’il n’y paraît…
Un des arcs les plus originaux qui voit enfin Cassie et Vlad affronter un des plus redoutables slasher du comic, le Stillborn (Ttasé régulièrement depuis le second annual). C’est franchement l’arc le plus intéressant de ce volume 2, Tim Seeley s’amuse à critiquer la télé-réalité en nous présentant des personnages tous plus pathétiques les uns que les autres : entre des sosies de Lady Gaga, Nicki Minaj et toute une ribambelle de candidats de télé-réalité tous plus superficiels les uns que les autres, Seeley s’en donne visiblement à cœur joie à les massacrer de toutes les façons les plus horribles. Il en ressort un aspect assurément jouissif et délirant lors de la lecture, une grande réussite de la part de Seeley.
35. Caged Fury : Interdimensional Women’s Prison Breakout (Hack/Slash Vol. 2 Numéros 9 à 11)
Des femmes slashers apparaissent à divers endroits et commettent meurtres sur meurtres. Néanmoins elles semblent toutes venir d’un même endroit et ne semblent pas vraiment avoir envie d’y retourner… Cassie et Vlad partent donc à la chasse de ces slashers féminins et vont découvrir un endroit bien particulier, dirigé par une personne très… surprenante.
Une autre anti héroïne publiée par Image Comics apparaît également dans cette histoire, la détestable Bomb Queen.
En parallèle, on apprend que Vlad est malade et que Samhain fait tout son possible pour résister à ses pulsions meurtrières.
Après les slashers, Tim Seeley rends ici hommage aux films de prisons pour femmes, films d’exploitation populaires durant les années 70. Néanmoins il n’oublie pas d’y injecter une bonne dose d’horreur, d’où un mélange des genres assez réussi qui, à défaut d’être dans l’esprit des autres arcs de la série, reste plaisant à lire.
36. Hatchet/Slash (Hack/Slash Annual 3)
Dans le sud des États-Unis, en Louisiane, des personnes disparaissent et sont supposées mortes… Après une brève enquête, Cassie et Vlad rencontrent une jeune femme handicapée qui avoue en être la responsable. Pour ce faire elle utilise le célèbre slasher local, Victor Crowley surnommé Hatchet-Face. La jeune handicapée a mis au point une sombre machination pour assouvir sa vengeance, et Cassie et Vlad vont devoir y mettre fin.
Un crossover assez inattendu avec une légende de l’horreur assez récente, Victor Crowley le tueur des (pour le moment deux) films Hatchet. Franchement un crossover très réussi, aussi bien sur le fond que sur la forme : l’histoire est très bien ficelée et tient en haleine jusqu’à la fin et le personnage de Victor Crowley est, comme ce fut le cas avec les précédents guests issues de films, parfaitement respecté. Pour ce qui est des dessins, là encore c’est un carton plein : Ariel Zucker-Brull met en image avec brio cette histoire, son style sombre et sale correspondant parfaitement à l’ambiance du récit.
En résumé, un excellent crossover.
37. She Was a Teenage Zombie : Hack/Slash meets Zombies Vs. Cheerleaders
Dans la petite ville de Tacoma, des élèves d’un lycée disparaissent sans laisser de traces et certains sont retrouvés démembrés et/ou dévorés. Cassie et Vlad arrivent sur place et se fondent dans l’environnement : Cassie (re)devient lycéenne et Vlad joueur de football. Ce retour à la vie scolaire va ramener de vieux souvenirs en qui concerne Cassie, mais l’horreur n’est jamais bien loin et les deux chasseurs vont devoir faire face à une invasion de zombies !
Deuxième incursion de nos deux héros dans une série extérieure, cette fois-ci dans la délirante Zombies Vs Cheerleaders. Pas de secrets, l’accent est mis sur le fun à outrance : L’histoire n’est qu’un prétexte à montrer des Pom-Pom Girls décapitant des tonnes de zombies… Et ça marche ! L’aspect cartoon est pleinement renforcé par les dessins de Benjamin Glenndening qui rajoute un aspect décalé et fun à l’ensemble.
38. King Kong Vs. Godzilla : Monster Baiting (Hack/Slash Vol. 2 Numéros 13 à 15)
Cassie, Cat et Samhain se rendent sur une île sur laquelle ils espèrent trouver un remède pour guérir Vlad. Sur cette île est censée vivre un scientifique pouvant aider le petit groupe. Mais c’est aussi sur ce paradis tropical que vivent également de nombreux animaux géants créés par le bon docteur et ces acolytes pour jouer dans des films de monstres durant les années 50/60. La mode de ces films étant passée, les animaux vivent maintenant sur cette île en semi-liberté et la visite ne sera pas de tout repos. De plus, un scientifique créant des monstres géants n’est peut être pas quelqu’un à qui l’ont puisse faire entièrement confiance…
Tim Seeley continue de rendre hommage au cinéma fantastique avec cette fois des références multiples aux films de monstres géants des années 50 et 60. L’histoire a donc un aspect assez rétro avec ses monstres farfelus, son ambiance tropicale et son scientifique fou. N’en reste pas moins que cette histoire se déroule à cent à l’heure avec beaucoup d’aventures et d’action, encore une fois on s’éloigne assez de l’aspect purement horrifique original de la série mais cela reste une lecture plutôt agréable.
39. Né Pour Tuer : The Good Son (Hack/Slash Vol. 2 Numéros 16 et 17)
Un homme se fait tuer dans une ruelle et semble avoir un lien avec Vlad, Cassie enquête seule, Vlad étant toujours malade. Dans une vieille maison elle combat un monstre ressemblant étrangement à Vlad et croise Mari, une amie de Vlad (vue dans le one-shot Me Without You). L’enquête continue et mène jusque… la sœur de Vlad ! Cassie et Vlad la kidnappent pour l’interroger mais sont à leur tour capturés par ce qui semble être la famille de Vlad. Il est temps de faire toute la lumière sur les origines de Vlad et sa famille, mais même si le monstre gentil est du coté du bien, sa famille est bien décidée à le ramener à ses premiers instincts.
Dans un rapide épilogue, ons nous raconte ce qu’il est advenu de Samhain après les événements sur l’île des monstres.
Toute la vérité est faite sur les origines de Vlad dans cette histoire assez lourde en rebondissements et en révélations. Le scénario n’est pas de Tim Seeley mais de Justin Jordan et il réussi avec brio à donner un passif cohérent et dramatique à Vlad. Une belle réussite.
40. The Mailman : The Case of the Killer and the Questing King (Hack/Slash Vol. 2 Numéro 18)
Un numéro ayant pour personnage central Cat Curio qui reçoit la visite d’un étrange personnage, créateur d’un catalogue d’articles et gadgets pour détectives dont Cat est une des meilleures clientes. Ce mystérieux personnage vient en fait demander l’aide de Cat pour résoudre une affaire et attraper un tueur jadis vaincu par Cassie et Vlad et apparemment de retour, le Catalog Killer. Cat prévient Cassie et Vlad mais décide de commencer seule l’enquête.
Une sympathique histoire, comme la plupart des histoires concernant Cat Curio, le scénario est signé James Lowder et les dessins de Matt Merhoff.
41. Mate.Feed.Kill.Repeat : Hack/Slash/Repeat (Hack/Slash Vol. 2 Numéro 19)
La BD commence alors que Cassie et Vlad viennent tout juste de terrasser un slasher particulièrement coriace. Visiblement, ce n’est pas la première fois qu’ils ont affaire à lui et Cassie confie à Vlad sa lassitude de devoir toujours mettre hors d’état de nuire les même tueurs encore et encore. Sur ce la police arrive, et le duo fini en cellule. Le slasher revient alors à la vie dans le commissariat et continu son massacre…
Une histoire assez courte, mais dans laquelle ont commence à comprendre que Cassie à de plus en plus de mal à supporter sa vie de chasseuse de monstres, donnant certaines pistes sur la suite de la série… Quand au slasher affronté ici et la solution pour le mettre définitivement hors d’état de nuire, ont ne peut que le rapprocher à Jason Voorhees (dépourvu de masque), le slasher de cet épisode n’étant d’ailleurs jamais nommé.
L’histoire est signé Steeve Seeley (Frère de Tim Seeley) et Michael Moreci et les dessins, très réussis, sont de Emilio Laiso.
42. Endiablé(e) : A Slice of Hell (Hack/Slash Vs. Mercy Sparx Numéros 1 et 2)
Alors qu’ils chassent un tueur s’en prenant à des prêtres, Cassie et Vlad se retrouvent en possession d’une épée visiblement assez ancienne. En rade d’argent, ils se voient contraints de la céder à un préteur sur gage… Peu après, ce dernier est sauvagement assassiné après avoir vendu l’épée à Hank, le meilleur ami de Mercy Sparx, la démone chasseuse d’anges renégats. Pendant ce temps, le tueur mis hors d’état de nuire par nos deux héros au début de l’histoire refait surface et croise de nouveau le chemin de nos deux héros mais aussi celui de Mercy, une rencontre qui promet d’être explosive !
Nouveau crossover, mettant Cassie et Vlad en compagnie de Mercy Sparx, la création de Josh Blaylock chez Devil’s Due Publishing. Le crossover est marqué par le schéma classique de tout crossover : Méchant en commun/rencontre/combat/alliance/victoire des deux héros. Malgré son coté résolument classique et assez prévisible, ce crossover reste assez agréable à lire grâce à un coté très 90’s assez agréable. Le scénario est de Josh Blaylock et les dessins de Joe Song.
43. Sans Titre : Final (Hack/Slash Vol. 2 Numéros 20 à 25)
Cassie a de plus en plus de mal à supporter son statut de tueuse de tueurs et son moral est au plus bas. De plus chacune de ses tentatives pour avoir un semblant de vie «normale» se solde régulièrement par des échecs. Elle fait part de ses états d’âmes à Vlad qui parvient tant bien que mal à la rassurer… Cat et Pooch rejoignent alors le duo et Cat leur présente le résultat de ses recherches sur la Black Lamp Society.
Pendant ce temps, Samhain est de retour, bien décidé à se venger de Cassie et sa bande et forme pour l’occasion un groupe composé des slashers les plus redoutables affronté par Cassie et Vlad et les envoie s’en prendre à l’entourage de nos deux héros. En parallèle, il prépare également un empoisonnement massif via une boisson à la mode durant un concert de heavy-metal afin de monter une armée de morts-vivants. Les victimes s’enchaînent, et devant la folie de Samhain, Cassie et ses amis n’ont d’autre choix de se préparer à l’inévitable : Elle fait ainsi appel à tous ces alliés encore vivants et prépare une contre-attaque.
Le combat final approche, qui vivra ? Qui mourra ? Le combat sera difficile et l’issue sera dramatique…
Final est le dernier story arc de la série Hack/Slash, marquant la fin (que j’espère temporaire) de la série. Tim Seeley met donc un point final à sa création et pour cela n’hésite pas à malmener ses personnages.
Dans un sens, j’ai été assez satisfait de cette conclusion, qui était sous-jacente depuis quelques story-arcs. Néanmoins, certains points sont à mon sens assez mal amenés : La mort de certains personnages historiques de la série est expédiée en à peine quelques vignettes par exemple, d’autres auparavant secondaires se retrouvent propulsés sur le devant de la scène et pour finir, ont nous fait comprendre à la fin que certaines menaces ne sont pas totalement écartées : c’est assez curieux de la part de Tim Seeley et ce n’est pas vraiment une façon de faire lorsque l’ont veut mettre fin à sa série, sauf si ont veut créer un nouveau background pour une éventuelle suite…
Au niveau des dessins, c’est l’artiste italienne Elena Casagrande qui s’occupe de la partie graphique et ses dessins sont magnifiques, Seeley ne pouvait pas mieux choisir pour son grand final.
Je reste donc assez perplexe sur ce point final et même si la suite ne sera probablement pas pour tout de suite, je peut dire sans me tromper que l’on verra un jour un Hack/Slash Vol. 3 !
III. Mini-série et Crossovers
Hack/Slash est une série à l’univers étendu très prononcé, notamment avec ses multiples crossovers interne à la série, mais aussi avec de nombreuses mini-séries et numéros spéciaux.
Voici donc un petit tour d’horizon des appendices à la série originale.
Hack/Slash : My First Maniac (Mini-série en 4 numéros)
Cassie vient de mettre fin aux agissements de la Lunch lady, sa propre mère… Après avoir fait disparaître le corps, elle est placée en famille d’accueil, mais la jeune fille a de plus grandes ambitions et décide de tout plaquer pour traquer les slashers. Premier arrêt, un village de campagne dans lequel des jeunes sont massacrés et attachés à des poteaux comme des épouvantails. Tout semble converger vers une mystérieuse grange et un vieux jeu vidéo…
Préquel à la série originale, My First Maniac raconte donc la première chasse de Cassie, avant sa rencontre avec Vlad. Cette histoire est clairement l’une des meilleures de la série, parfaitement dans l’esprit de la série originale et renouant avec les racines horrifiques des premiers arcs. L’équipe aux commandes est l’équipe qui œuvre sur la quasi-majorité du volume 2, à savoir l’inusable Tim Seeley au scénario et Daniel Lester aux dessins.
Une BD à avoir obligatoirement pour tous fans qui se respecte et un point de départ idéal pour toutes personnes voulant commencer ou expérimenter la série.
Hack/Slash : Me Without You (One-Shot)
Après Cassie, c’est au tour de Vlad de voir ses origines dévoilées. De sa naissance à son adoption par un gentil boucher et son amitié avec une jeune veuve, l’ombre de la violence n’est malheureusement pas loin et le destin de Vlad va vite basculer. Vlad doit donc faire face à un couple de femmes, apparemment liées à son passé. Pendant ce temps, des meurtres violents ont lieu à Chicago et sont attribués à un tueur surnommé le Meatman et pousser Vlad et Cassie à se rencontrer.
Comme pour My First Maniac, cette histoire est une grande réussite, brossant un portrait sensible de Vlad, le colosse au grand cœur. L’équipe créative est la même que celle ayant œuvré sur My First Maniac. La seule chose que l’on peut lui reprocher est d’être une histoire assez ambitieuse avec beaucoup de contenu, mais malheureusement pas assez exploité du fait de sa durée, limitée à un seul numéro.
Ce One-shot n’a pour le moment été réimprimé nul part, il aurait été judicieux de le republier dans le trade paperback My First Maniac… Enfin bref.
Hack/Slash : Trailers Part Two (One-Shot)
Deuxième partie du concept «Trailers», à savoir une succession d’histoires courtes réalisées par différentes équipes créatives. Vendredi 13, Gremlins, Massacre à la Tronçonneuse, Christine ou encore Psychose, les petits sketchs brassent assez large niveau style et se dégustent comme du pop-corn, un intermède sympathique.
Ce One-shot n’a pour le moment été réimprimé nulle part.
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Hack/Slash : Entry Wound (One-shot)
Un numéro spécial, présentant Mary Shelley Lovecraft, une entité extra-dimensionnelle dont le but est de briser les portes entre les dimensions afin que les créatures fictives s’introduisent dans le monde réel. On aperçoit de nombreux guests dans ce numéro, notamment Mercy Sparxx et Lovebunny & Mr Hell.
On y fait également la connaissance d’une version alternative de Cassie et Vlad.
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Bomb Queen Vs. Hack/Slash (One-Shot)
Des slashers apparaissent à différents endroits des États-Unis, jusque là rien d’exceptionnel mais selon Pooch, ces slashers ne sont pas communs aux autres affrontés par Cassie et Vlad et toujours selon le chien démon, viennent d’une autre dimension. Profitant de l’arrivé de l’un d’entre eux, Cassie et Vlad s’introduisent dans cette dimension et se retrouvent dans un monde ravagé dans lequel les États-Unis ont été rasés par une attaque atomique.
Le responsable de l’arrivée en masse des slashers dans le monde de nos deux héros est Ashe, un chat-démon qui veut s’introduire dans le monde Cassie pour y monter une armée de criminels à super-pouvoirs. C’est sans compter Bomb Queen, une super-vilaine nymphomane responsable de l’annihilation des États-Unis qui veut la mort d’Ashe afin de récupérer ses pouvoirs.
Cassie, Vlad et Pooch font donc irruption dans la série Bomb Queen. Un crossover assez commun qui n’apporte pas véritablement grand chose à l’une ou l’autre série. Il en reste un moment de lecture assez fun, Bomb Queen étant ce qu’elle est, une véritable sal*pe obscène absolument détestable. On aime ou pas le personnage, mais elle a au moins le mérite d’être originale.
Le scénario et les dessins sont de Jimmie Robinson, le créateur de Bomb Queen est sont franchement réussis.
Hack/Slash/Eva : Monster’s Ball (Crossover en 4 numéros)
Rencontre au sommet avec un autre duo de chasseurs de monstres : Eva et son comparse Michael. Eva est la fille de Dracula, fille qui a fini par se retourner contre son père et combattre les forces du mal accompagné de Michael, une créature créée par Victor Von Frankenstein.
La menace que le quatuor va devoir affronter est une alliance entre Praetorious (Ennemi d’Eva) et Mary Shelley Lovecraft (ennemie de Cassie vue entre autre dans les arcs Something’s Fishy et présentée dans Entry Wound).
Premier vrai crossover inter-compagnie réunissant donc le duo de chasseurs de monstres de l’éditeur Dynamite et celui d’Image. Un crossover assez agréable à lire, mais quand même en dessous des autres récits de ce type chroniqués plus haut. L’entreprise était quand même assez risquée, tant le mimétisme entre les deux séries est encore plus flagrant lorsqu’elles sont réunis : Cassie ressemble beaucoup à Eva et Vlad à Michael, le scénariste joue d’ailleurs avec cette ressemblance physique à de nombreuses reprises. Le tout est agrémenté de nombreux guests issus des deux séries, on y croise de nombreux slashers et monstres des deux séries, la scène finale étant même une sorte de Who’s Who géant des menaces affrontées par les deux duos d’anti-héros.
Au scénario on a Brandon Jerwa qui s’est visiblement bien renseigné aux vues des multiples références faites aux deux séries et aux dessins Cezar Razek, au style classique mais efficace.
Army of Darkness Vs. Hack/Slash (Crossover en 6 numéros, actuellement en cours de publication)
La rencontre entre deux chasseurs de monstres légendaires : Cassie Hack et Ash Williams !
Le crossover étant en cours de publication aux États-Unis, je ne peut pas vraiment en dire grand chose… De ce que j’en ai compris, chaque épisode confrontent le duo a des monstres différents.
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Hack/Slash & Dexter Vs. Jason (Page publiée sur internet)
Crossover triple mettant en scène nos deux héros accompagné du héros de la série Dexter, affrontant le croque-mitaine de Crystal Lake, Jason Voorhees.
Il s’agit d’une simple page, dessinée par Tim Seeley et publiée gratuitement sur internet. Le message de Seeley est clair : Il veut qu’ont le laisse utiliser ces deux personnages lors de crossovers !
The Art of Hack/Slash Volume 1 et 2
Deux artbooks sortis en 2010 chez Devil’s Due Publishing et jamais réimprimés depuis. Ces deux livres reprennent la plupart des couvertures et illustrations réalisées par les différents dessinateurs et illustrateurs ayant travaillé sur la série.
IV. Guide de lecture
Hack/Slash est une série assez longue, jonglant entre mini-séries, ongoing, crossovers et numéros spéciaux, il n’est pas vraiment facile de s’y retrouver.
En France, seul les deux premiers arcs ont étés traduits dans un seul volume, chez le défunt éditeur Wetta Worldwide. On le trouve encore très facilement à un prix modique dans certaines boutiques et sur internet, pour se lancer dans la série c’est l’idéal, les deux premiers arcs étant très représentatifs de l’ensemble de la série. Par contre pour la suite, pas d’autres solutions que la VO pour le moment…
Afin d’aider les nouveaux lecteurs et même ceux qui ont du mal à s’y retrouver, voici donc un petit guide de lecture, principalement basé sur les éditions reliées.
Pas de secrets, à l’heure actuelle, la meilleure façon de découvrir la série dans son ensemble sont les omnibus : Ces imposants volumes contiennent la quasi-totalité de la série et sont assez bon marchés.
LES TRADE PAPERBACKS :
First Cut (Publié en Octobre 2005 par Devil’s Due Publishing, puis réimprimé en 2012 par Image Comics)
Contient les arcs :
– Euthanized
– Girls Gone Dead
– Comic Book Carnage
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Death By Sequel (Publié en novembre 2007 par Devil’s Due Publisihing, puis réimprimé en 2012 par Image Comics)
Contient les arcs :
– Land of Lost Toys
– Slice Hard
– Trailers Part One
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Friday the 31st (Publié en 2007 chez Devil’s Due Publisihing, puis réimprimé en 2010 par Image Comics)
Contient les arcs et numéros :
– Hack/Slash Vs. Chucky
– Hack/Slash numéros 1 à 4
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Revenge of the Return Part 4 (Publié en 2008 chez Devil’s Due Publishing)
Contient les numéros :
– Hack/Slash numéros 5 à 10
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Reanimation Games (Publié en 2009 chez Devil’s Due Publishing)
Contient les numéros :
– Hack/Slash 11
– Parties non-affiliés au crossover avec Bump des numéros 12 et 13
– Hack/Slash numéros 14 à 17
– Hack/Slash Annual 1 (Crossover avec Suicide Girls)
In Revenge & In Love (Publié en novembre 2009 chez Devil’s Due Publishing)
Contient les numéros :
– Hack/Slash 18 à 23
– Hack/Slash : Entry Wound
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New Bloods, Old Wounds (Publié en Mars 2010 chez Devil’s Due Publishing)
Contient les numéros :
– Hack/Slash 24 à 28
– Cassie and Vlad Versus Bloody Mary (Récit inédit, exclusif à ce trade paperback)
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Super Sidekick Sleepover Slaughter (Publié en Novembre 2010 chez Image Comics)
Contient les numéros :
– Hack/Slash numéros 29 à 32
– Hack/Slash et Hackoween crossover
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My First Maniac (Publié en 2011 chez Image Comics)
Contient les numéros :
– Hack/Slash : My First Maniac numéros 1 à 4
Ce livre existe en deux versions : une version softcover et une version Hardcover limitée à 200 exemplaires, signée par Tim Seeley.
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Torture Prone (Publié en Septembre 2011 chez Image Comics)
Contient les numéros :
– Murder Messiah (Hack/Slash Annual 2)
– Hack/Slash Vol. 2 numéros 1 à 4
– Night Funeral in Eminence
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Dead Celebrities (Publié en Août 2012 chez Image Comics)
Contient les numéros :
– Hack/Slash Vol. 2 numéros 5 à 8
– Hack/Slash Annual 3 (Crossover avec Hatchet)
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Marry, F**k, Kill (Publié en Janvier 2013 chez Image Comics)
Contient les numéros :
– Hack/Slash Vol. 2 numéros 9 à 15
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Dark Sides (Publié en Avril 2013 chez Image Comics)
Contient les numéros :
– Hack/Slash Vol. 2 numéros 16 à 19
– Hack/Slash et Mercy Sparxx Crossover
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Final (Publié en Juin 2013 chez Image Comics)
Contient les numéros :
– Hack/Slash Vol. 2 numéros 20 à 25
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LES OMNIBUS :
Omnibus 1 (Publié en Juillet 2010)
Contient les arcs et numéros :
– Euthanized
– Girls Gone Dead
– Comic Book Carnage
– Hack/Slash Evil Ernie
– Land of Lost Toys
– Slice Hard
– Trailers Part One
– Blood and Nuts
– Tub Club
– Orbituary
– Dead Celebrities
– Once Bitten
– Slashing Through The Snow
– Hack/Slash Vs. Chucky
Ce volume contient les rééditions des numéros publiés chez le précèdent éditeur, Devil’s Due Publishing. Cet omnibus est aussi la seule réimpression dans laquelle on trouve le crossover avec Evil Ernie.
Omnibus 2 (Publié en août 2010)
Contient les arcs et numéros :
– Gross Anatomy (Hack/Slash 1)
– Shout at the Devil (Hack/Slash 2 à 4)
– Love Stories (Hack/Slash 5)
– Double Date (Hack/Slash 6)
– Tub Club (Hack/Slash 7 à 9)
– Little Children (Hack/Slash 10)
– The Coldest Dish (Hack/Slash 11)
– Murder/Suicide (Hack/Slash Annual 1)
– Interlude (Hack/Slash 12 et 13, en fait les parties non liés au crossover Hack/Slash et Bump)
– Over the Rainbow (Hack/Slash 14)
– Cassie & Vlad Meets The Re-Animator (Hack/Slash 15 à 17)
Cet omnibus est en fait incomplet, les numéros 12 et 13 concernant le crossover avec Bump en sont absents (tout comme dans le trade paperback), pour des problèmes de droits. Néanmoins, cela ne gène pas la lecture, aucune référence directe n’étant faite à ce crossover dans les numéros suivants.
Omnibus 3 (Publié en Novembre 2010)
Contient les arcs et numéros :
– Closer (Hack/Slash 18 à 20)
– Mind Killer (Hack/Slash 21 à 22)
– Mad, Mad Mailman/Blood Bower (aussi appelé Double Feature, Hack/Slash 23)
– Entry Wound
– Sons of Man (Hack/Slash 24 à 25)
– Foes and Fortune (Hack/Slash 26 à 27)
– Something’s Fishy (Hack/Slash 28)
– Super Sidekick Sleepover Slaughter (Hack/Slash 29 à 32)
– Hackoween (Crossover avec Halloween Man)
– Living Corpse Annual (Crossover avec The Living Corpse)
Le crossover avec The Living Corpse est également disponible dans le premier omnibus de The Living Corpse et le crossover avec Halloween Man est également disponible dans le premier trade paperback de Halloween Man, The Return of the Loving Dead.
Omnibus 4 (Publié en Mai 2012)
Contient les arcs et numéros :
– The Gift of Hack/Slash (2011 Hack/Slash Holiday Special)
– Murder Messiah (Hack/Slash Annual 2)
– Crossroads (Hack/Slash Vol. 2 numéros 1 à 4)
– Mystery Woman (Crossover avec Fantomah, Hack/Slash Vol. 2 numéro 5)
– Night Funeral In Eminence (Hack/Slash Annual 3)
– Fame Monster (Hack/Slash Vol. 2 numéros 6 à 8)
– Interdimensional Women’s Prison Breakout (Hack/Slash Vol. 2 numéros 9 à 11)
– Hatchet/Slash (Crossover avec Hatchet, Hack/Slash Annual 3)
– Hack/Slash Meets Zombies Vs. Cheerleaders
Cet omnibus est la seule réimpression dans laquelle on trouve le crossover avec Zombies Vs. Cheerleaders ainsi que le numéro Holiday Special 2011.
Omnibus 5 (Publié le 18 juin 2013)
Contient les arcs et numéros :
– Monster Baiting (Hack/Slash Vol. 2 numéros 12 à 15)
– The Good Son (Hack/Slash Vol. 2 numéros 16 à 17)
– The Case of the Killer and the Questing King (Hack/Slash Vol. 2 numéro 18)
– Hack/Slash/Repeat (Hack/Slash Vol. 2 numéro 19)
– Hack/Slash Mercy Sparxx (Crossover avec Mercy Sparxx)
– Final (Hack/Slash Vol. 2 Numéros 20 à 25)
Cet omnibus contient exactement la même chose que les trade paperbacks 11 à 13.
LES CROSSOVERS :
Bomb Queen : Gang Bang (Publié en Novembre 2011 chez Image Comics)
Contient les arcs :
– Bomb Queen versus Blacklight
– Bomb Queen Presents: All-Girl Comics
– Bomb Queen Presents: All-Girl Special
– Bomb Queen vs. Hack/Slash
Ce trade paperback est la seule réimpression dans laquelle on retrouve le crossover entre Hack/Slash et Bomb Queen.
Hack/Slash/Eva : Monster’s Ball (Publié en janvier 2012 chez Dynamite)
Contient les numéros :
– Hack/Slash/Eva numéros 1 à 4
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V. Les influences cinématographiques et autres
Hack/Slash est une série horrifique ne reniant à aucun moment ses racines : Les influences y sont même parfois évidentes pour un fan aguerri de cinéma d’horreur. Néanmoins, pour quelqu’un qui n’est pas amateur de ce genre cinématographique, ces références (que j’ai abordé succinctement au détour des résumés de certains arcs plus haut) ne seront pas vraiment identifiées et c’est bien dommage car les films d’horreur des années 80/90 dont sont inspirés certaines histoires de Hack/Slash sont un véritable pan de la culture cinématographique américaine.
Vous avez aimé Hack/Slash, les films d’horreur ne vous impressionnes pas trop ? Voici donc une petite sélection de films à découvrir pour patienter entre chaque numéro de votre comic préféré !
La série des Halloween
En tout dix films, dont neuf mettant en scène l’un des tueurs les plus célèbres de l’horreur, Mickael Myers.
Mickael Myers est chronologiquement parlant le premier slasher de l’histoire du cinéma et est celui qui posa les bases de ce style : Il est grand, fort, silencieux, se déplace lentement et de façon presque mécanique et semble invincible, se relevant à chaque coup ou blessure qu’on lui inflige. Il porte également un masque blanc lui couvrant tout le visage (qui lui valu le surnom de The Shape), le rendant totalement inhumain. Il a aussi une prédisposition pour les meurtres à mains nues ou avec certains objets contondants.
L’histoire c’est donc celle de Mickael Myers, qui à l’age de 6 ans massacre toute sa famille avec un couteau de cuisine. Il est interné en asile psychiatrique et s’échappe 15 ans plus tard et retourne dans sa ville natale d’Haddonfield pour recommencer le massacre…
Films à voir :
Halloween, La Nuit des Masques (John Carpenter, 1978)
Halloween II (Rick Rosenthal, 1981)
Halloween (remake du premier par Rob Zombie, 2007)
Halloween II (remake du second, toujours par Rob Zombie, 2009)
Les films 4 à 6 se suivent et forment la saga Mickael Myers/Jamie Lloyd cette dernière étant la dernière survivante de sa famille.
La série des Vendredi 13
Jason Voorhees va massacrer des adolescents fornicateurs et fumeurs de joints autour de son lac maudit dans douze films, dont un crossover avec Freddy Krueger.
Jason est une dérivation rurale de Mickael Myers : Ils ont quasiment le même mode opératoire et utilisent les mêmes armes et techniques de meurtre. Mais là où les Halloween tentent souvent de garder un cadre assez crédible, la série des Vendredi 13 dérive très vite sur du surnaturel et le gore outrancier, Jason passant même au statut de mort-vivant dès le sixième opus. Le dernier opus sorti en 2009 est un remake du second film, Le Tueur du Vendredi.
Jason Voorhees c’est qui ? Un jeune garçon attardé mental né avec une déformation faciale qui se noiera dans le lac de Crystal Lake alors qu’il était en colonie de vacances. La faute aux moniteurs qui ne le surveillaient pas mais faisaient l’amour… Jason réapparaît des années plus tard et massacre toute personne s’approchant de prêt ou de loin de son lac.
Jason est extrêmement fort et résistant, sa condition physique est même quasiment inhumaine. Il porte un masque de hockey et son arme préférée est une machette.
Films à voir :
Vendredi 13 (Sean S. Cunningham, 1980) Il s’agit du premier film de l’acteur Kevin Bacon.
Meurtres en 3 Dimensions (Steve Miner, 1982)
Vendredi 13, Jason Le Mort-Vivant (Tom Mc Loughlin, 1986)
Jason Va En Enfer (Adam Marcus, 1993)
Freddy Vs Jason (Ronny Yu, 2003)
Je précise que les 6 premiers films se suivent directement, le suivant reprenant là où le précèdent s’arrête, les films deviennent des stand-alone à partir du septième.
La série des Freddy (Les Griffes de La Nuit)
Première série de slasher a ajouter un coté surnaturel, neuf films en tout (dont un crossover avec Jason Voorhees) avec pour personnage central Freddy Krueger, un tueur d’enfants supposé mort qui attaque et tue ses victimes dans leur sommeil en hantant leurs rêves.
Freddy Krueger était donc un tueur d’enfants qui sévissait dans la petite ville de Springwood, il enlevait les enfants, les torturait avec un gant comportant des lames de couteaux à chaque doigt (dans le remake sorti en 2010, il est même confirmé qu’il abusait sexuellement d’eux, ce qui était juste sous-entendu dans les films précédents) et les tuait puis faisait disparaître les corps en les brûlant dans une chaudière. Il est finalement arrêté mais suite à un vice de procédure, rapidement libéré. Excédés, les parents des enfants le traque et le brûle vif.
Freddy est un tueur sadique, qui aime faire souffrir ses victimes en les confrontant à leurs pires cauchemars. C’est un personnage d’une cruauté sans pareil, sarcastique et quasiment immortel. Il porte un pull à rayures rouges, il a le visage atrocement brûlé et porte un petit chapeau ainsi que son gant à lames de couteaux.
Films à voir :
Les Griffes de La Nuit (Wes Craven, 1984)
Les Griffes du Cauchemar (Chuck Russel, 1987)
La Fin de Freddy – L’Ultime Cauchemar (Rachel Talalay, 1991)
Freddy Sort de la Nuit (Wes Craven, 1994)
Freddy Vs Jason (Ronny Yu, 2003)
Freddy, Les Griffes de la Nuit (Remake de Samuel Bayer, 2010)
Hormis le premier et le troisième, les films ne se suivent pas et peuvent être regardés indépendamment l’un de l’autre. Le remake est assez décrié par les fans mais personnellement je l’ai bien aimé.
La série des Re-Animator
Trois films, dont le premier est inspiré par une nouvelle de HP Lovecraft, Herbert West The Re-Animator.
Les films ont donc pour «héros» Herbert West, un universitaire détenteur d’un fluide lui permettant de ramener à la vie de la chaire morte. Sauf que West a tout du savant-fou, multipliant les expériences toutes plus inutiles que morbides, créant notamment des hybrides tous plus loufoques les uns que les autres. Herbert n’en reste pas moins un personnage particulièrement manipulateur, se servant de son entourage pour mener à bien ses expériences. C’est un véritable scientifique complètement dévoué à sa discipline, pour qui la science mérite tout les sacrifices. Il n’est pas mauvais en soit, mais ses convictions l’amènent souvent à mener des expériences toutes plus horribles les unes que les autres.
Films à voir :
Re-Animator (Stuart Gordon, 1985)
Re-Animator 2, Le fiancée de Re-Animator (Brian Yuzna, 1990)
La série des Chucky (Jeu D’Enfant/Child’s Play)
Les films consacrés à Chucky sont au nombre de six, le dernier devant sortir courant 2013. Le personnage central est Chucky, une poupée dans laquelle s’est réincarné un tueur en série, Charles Lee Ray, surnommé l’étrangleur. Alors qu’il est abattu par la police, Ray se cache dans un magasin de jouets et se sert de ses connaissances en vaudou pour transférer son âme dans une poupée à la mode, la poupée Brave Gars. Offert à un jeune garçon, il va alors continuer à tuer sous cette forme.
Chucky n’a aucune cible favorite particulière, il tue pour le plaisir et même si il a au début du mal à assumer sa nouvelle identité, il comprendra vite qu’il est plus facile de s’adonner à ces pulsions meurtrières sous cette forme.
Films à voir :
Jeu d’Enfant (Tom Holland, 1988)
Chucky 2 : La Poupée de Sang (John lafia, 1990)
Chucky 3 (Jack Bender, 1991)
La Fiancée de Chucky (Ronny Yu, 1998)
Le Fils de Chucky (Don Mancini, 2004)
Les six films se suivent, le dernier doit sortir fin 2013.
Butcher, La Légende de Victor Crowley (Hatchet)
Pour le moment deux films ont été consacrés au monstrueux Victor Crowley, le slasher vivant dans les marais de Louisiane.
Victor Crowley était un enfant monstrueux, caché et élevé par son père dans les marais de Louisiane. Un jour la cabane où ils vivent prend feu et son père tente de défoncer la porte avec une hache pour sortir son fils : Malheureusement, Victor se trouvait derrière la porte et meurs en prenant un coup de hache…
Des années plus tard, des meurtres sanglants ont lieu dans les marais et une légende locale les imputes à Victor qui aurait survécu et vivrait maintenant dans le marais, massacrant tous les imprudents s’approchant de son territoire.
Films à voir :
Butcher, La légende de Victor Crowley (Adam Green, 2006)
Butcher 2 (Adam Green, 2010)
La série des Hellraiser
Les films Hellraiser sont inspirés par une courte nouvelle du même nom, écris par Clive Barker. Ce dernier réalisera d’ailleurs lui-même le premier film.
Le Cube est un artefact permettant d’appeler des créatures démoniaques appelé les Cénobites. Les Cénobites vivent dans une dimension parallèle appelée le Hellraiser, une dimension dans laquelle la souffrance et la jouissance ne font qu’un. Toute personne invoquant les Cénobites fini torturé, souvent à mort mais si il a assez de volonté, peut devenir l’un des leurs. Le chef des Cénobites se nomme Pinehead, une créature au teint blanc habillé de cuir, au visage constellé de clous.
Les Cénobites sont des créatures extrêmement sadiques, puisant leur force dans la souffrance. Ils sont malgré tout très enclins aux manigances et autres pactes et ont peut donc marchander avec eux.
Films à voir :
Hellraiser, Le Pacte (Clive Barker, 1987)
Hellraiser II : Les Écorchés (Tony Randel, 1988)
Hellraiser III (Anthony Hickox, 1992)
Hellraiser IV (Kevin Yagher, 1996)
Candyman
Candyman est une légende urbaine, si on dit son nom trois fois devant un miroir il vient pour vous tuer.
Daniel Robitaille était autre fois un esclave noir à la Nouvelle-orléans, tué pour avoir eu une relation avec une femme blanche : On lui coupa la main et ont le recouvra de miel (d’où son surnom), il finira tué par les piqûres d’abeilles. Depuis son existence de martyr est devenue une légende urbaine et il est craint parmi les habitants des quartiers déshérités. Une jeune journaliste va enquêter sur cette légende et découvrir que Candyman est bien plus qu’une légende.
Candyman est l’un des films de croque-mitaine les plus réussis : L’interprétation de Tony Todd dans le rôle du mystérieux tueur y est pour beaucoup, ajouté à la bande-son absolument envoûtante de Phillip Glass, Candyman est un véritable spectacle macabre gothique et horrifique.
Le scénario est inspiré d’une nouvelle de Clive Barker, The Forbidden.
Films à voir :
Candyman (Bernard Rose, 1992)
Candyman II (Bill Condon, 1995)
Note : Pour le fun, j’ai également disséminé dans le titre de chaque résumé des arcs de Hack/Slash des références à de nombreux autres films d’horreur et autres médias, je vous laisses le soin de les découvrir et de vous renseigner sur lesdits films.
VI. Les autres comics d’horreur
Hack/Slash c’est bien, c’est très bien même, mais existent-ils d’autres comics d’horreur dans le même genre ? La réponse est bien sûr que oui ! Vais-je en parler ? Oui également !
Après les films, voilà un autre moyen de prolonger le plaisir entre chaque numéro de Hack/Slash. Entre créations originales et comics dérivés de films, voilà un petit tour d’horizon des autres séries horrifiques sur papier.
Jason Vs. Leatherface (mini-série en 3 numéros publié aux USA par Topps Comics en 1995)
Préquel à Jason Va en Enfer, cette mini-série nous raconte la rencontre au sommet entre Jason Voorhees des films Vendredi 13 et la famille de dégénérés Texane des films Massacre à la Tronçonneuse.
Des industriels peu scrupuleux se mettent en tête de vider le lac Crystal, fief de Jason, alors que le lac est dragué, notre croque-mitaine se retrouve dans une benne de déchets dont le contenu fini déversé en plein Texas. Jason chemine, tuant quelques quidams au passage, jusqu’à rencontrer une famille de psychopathes tristement célèbres. Lesdits psychopathes se prennent alors d’affection pour Jason, mais ce dernier va finir par avoir pas mal de divergences avec ces nouveaux «amis»…
Une très bonne BD, écrite par la romancière Nancy A. Collins et dessinée par Jeff Butler, le tout supporté par des couvertures peintes de Simon Bisley. Malheureusement, elle est aujourd’hui quasiment introuvable : Topps Comics a fait faillite depuis bien longtemps et cette mini-série n’a jamais été rééditée…
(Note : Je suis en train de la traduire en français, je la mettrais à disposition sur le net pour qui veut la lire une fois que j’aurais terminé la traduction)
Vendredi 13 (mini-série en 5 épisodes publiée par Wildstorm aux USA en 2006 et Panini en France dans la collection Darkside en 2008)
Entièrement nue, couverte de sang et les dents cassées, une jeune fille se traîne horrifiée sur une route de campagne. Recueillie par un couple en camping-car, elle est amenée à l’hôpital et tient des propos incohérents : Jason Voorhees, le tueur de la légende, aurait massacré tous ses amis…
Une BD parfaitement dans l’esprit des films, donc si vous aimez ces derniers, vous serez en terrain connu. De plus Justin Gray et Jimmy Palmiotti ont eu la très bonne idée de saupoudrer leur récit d’une bonne dose de surnaturel, donnant à Jason un aspect encore plus terrifiant. Aux dessins, Adam Archer retranscrit parfaitement les abords brumeux de Crystal Lake et on se surprend à reconnaître certains lieux au premier coup d’œil.
Une très bonne BD, que les amateurs de série B horrifique sauront apprécier à sa juste valeur.
Ce livre est en fait la traduction de Friday The 13th Book 1 en VO.
Friday The 13th : Book 2 (compilation des histoires Pamela’s Tale, The Abuser & The Abused, Bad Land et How I Spent My Summer Vacation) publié en 2008 par Wildstorm aux USA, jamais publié en France.
Quatre histoires avec aux commandes des artistes de prestige comme Jason Aaron, Ron Marz ou Mike Huddleston.
Pamela’s Tale raconte l’histoire de la mère de Jason, Pamela 1 : De son passé de femme battue à la naissance de Jason, on suit l’itinéraire de cette femme au destin dramatique qui fera d’elle une meurtrière.
C’est de loin la meilleure histoire du livre, racontant un pan méconnu de la mythologie de Vendredi 13.
The Abuser & The Abused met Jason face à l’une de ses fans, mais Jason n’est pas du genre à aimer les fan-club… Ce qui fait tout l’intérêt de cette histoire pour un fan de Hack/Slash c’est que la fameuse fan de Jason est un sosie quasi conforme de Cassie, donnant aisni une idée de ce que serait une éventuelle rencontre entre le croque-mitaine de Crystal Lake et la fameuse chasseuse de slashers.
Bad Land remonte là-aussi dans le passé de Crystal Lake pour nous prouver qu’avant même l’arrivée de Jason, cette terre était déjà marquée par le sang. Enfin dans How I Spent My Summer Vacation, ont fait la connaissance de Davie, jeune garçon handicapé en colonie de vacances à Crystal Lake. Davie est le souffre-douleur de ses camarades et l’arrivée de Jason vont donner des vacances mémorables au jeune garçon.
Honnêtement un très bon livre, les quatre histoires proposées sont franchement toutes de qualités Mention spécial à Pamela’s Tale, qui donne un éclairage nouveau sur ce qui poussera la mère de Jason à devenir une meurtrière. Un livre que tout fan de films d’horreur se doit d’avoir dans sa bibliothèque.
Freddy, Les Griffes de la Nuit (2 mini-séries publiées en 2006 par Wildstorm aux USA et publiées en 2008 en France par Panini dans la collection Darkside)
Compilation de deux histoires mettant en scène le croque-mitaine de la rue Elm.
Dans la première, une jeune fille martyrisée par Freddy danssces rêves décide de faire appel à son père, un ancien soldat, pour l’aider. Dans la seconde, le membre d’un groupe de jeunes se fait tuer et tout porte à croire que le responsable est Freddy, ses amis font donc appel à un ancien dieu maya des rêves pour leur venir en aide.
Encore une fois une BD clairement destinée aux fans de cette saga mythique : Chuck Dixon emprunte beaucoup au folklore du troisième film est satisfera sans nul doute les amateurs d’horreur. Les dessins sont assurées par Kevin West qui réussi notamment à reproduire à merveille le faciès brûlé de Robert Englund.
Freddy Vs. Jason Vs. Ash Vol. 1 et 2 (2 mini-séries de 6 numéros chacune, publié par Wildstorm en 2008 et 2009, jamais publiées en France)
La rencontre entre trois légendes de l’horreur : Freddy, Jason et Ash, le héros des films Evil Dead.
Dans la première histoire, Ash est dépêché dans un des magasins S-Mart (Chaîne de magasins pour lesquels il travaille) afin de le re-dynamiser. Manque de bol, ce magasin se trouve à Crystal Lake et les événements vus dans Freddy Vs Jason viennent tout juste de se terminer. Ayant eu vent de l’existence du Livre des Morts, Freddy veut s’approprier le fameux ouvrage afin d’utiliser les incantations se trouvant à l’intérieur pour revenir sur terre. C’est sans compter Ash mais aussi Jason, prêt à tout pour empêcher le tueur des rêves d’arriver à ces fins.
Un premier livre assez intéressant et ambitieux, mais au final assez classique et dont le principal intérêt et de voir les trois personnages s’affronter. Les dessins sont très bons, Jason Craig réussissant à parfaitement reproduire les visages de Robert Englund (Freddy) et Bruce Campbell (Ash).
La seconde, sous-titrée The Nightmare Warriors suit directement les événements du premier tome. Une expérience du gouvernement sur le livre des morts ramène Freddy Krueger, toujours en possession de ses pouvoirs, dans notre monde. Interrogé par le gouvernement, il fini par tuer la plupart des agents et s’enfuit. Pendant ce temps, Jason veut se venger de Freddy, semant la mort sur le chemin le séparant de son ennemi. Mais la résistance est aussi en marche avec la formation d’un petit groupe composé des différents survivants des massacres perpétrés par Freddy et Jason, groupe mené par Ash.
Un livre bien plus intéressant que le premier, qui multiplie les références aux trois sagas avec un final absolument dantesque, une très bon moment de lecture.
Bigfoot (Mini-série en 4 épisodes publié aux USA par IDW Publishing en 2005 et par Toth en 2006 en France)
Dans les années 70, un homme et une femme se font massacrer dans un chalet en montagne par un monstrueux Bigfoot. Seul le petit garçon du couple survis, profondément traumatisé. Plusieurs années plus tard, des meurtres similaires recommencent au même endroit, il est temps pour le jeune homme aujourd’hui adulte de prendre sa revanche et de découvrir un secret honteusement dissimulé dans la région.
Une BD d’horreur absolument géniale ! D’un coté on a un casting de rêve : Au scénario, Steve Niles (30 Jours de Nuit) et Rob Zombie (les remakes des deux premiers Halloween) et aux dessins nul autre que la légende vivante du comics underground, Richard Corben. L’histoire est sombre et violente et ponctuée de révélations assez incongrues, une excellente BD à lire absolument si vous aimez les histoires d’horreur.
The Nail (mini-série en 4 épisodes publiée aux USA par Dark Horse, jamais publiée en France)
Nail est un catcheur sur le déclin passant sa vie sur les routes des USA en compagnie de sa famille, allant d’un gala de catch à un autre. Sa famille commence à se lasser de cette vie et Nail, qui se fait vieux, songe sérieusement à raccrocher la batte cloutée qui a fait sa renommée. Une nuit, alors qu’il a rendez-vous avec un de ces amis catcheur, Nail, son ami et sa famille vont se retrouver coincés sur une colline, assiégée par des bikers-démons sanguinaires. Nail va alors tout faire pour protéger sa famille, quitte à laisser exploser un coté de sa personnalité qu’il a longtemps caché.
Le scénario est encore une fois signé par le tandem Steve Niles/Rob Zombie, quand aux dessins Nat Jones livre une prestation absolument sublime : Nail est sans conteste l’un des meilleur comic d’horreur que j’ai lus, son seul défaut étant sa durée, beaucoup trop courte car ont sent clairement en lisant la BD que les auteurs avaient de plus grandes ambitions…
Hellraiser (mini-série en 8 épisodes, publiée par Boom! En 2010 aux USA et en cours de publication en France chez l’éditeur French Eyes, trois volumes sur quatre parus au moment où j’écris ces lignes)
Pinehead se lasse de sa condition de maître des cénobites et n’a plus qu’une envie : Retourner sur terre. Pour cela il fait appel à la seule personne pouvant l’aider, sa pire ennemie, Kristy Cotton.
Clive Barker revient sur sa création et signe en compagnie de Christopher Monfette avec cette suite à sa propre série, une très bonne BD que je recommande chaudement.
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CONCLUSION X 2
Me voilà donc sur le point de mettre un point final à ce dossier sur un de mes comics favoris. Point final au dossier lourd de sens puisque j’ai commencé à écrire ce dossier sans savoir que la série prendrait fin dans le dernier tradepaper back, je suis comme ça moi, je ne prête pas trop attention aux sites internet et aux multiples informations qu’ils dispensent, je me contente du minimum, préférant en savoir le moins possible et garder une certaine « fraîcheur » à mes lectures. Quelle ne fut donc pas ma surprise de découvrir un «The End» définitif à la fin du dernier volume…
C’est donc comme ça que se termine pour moi Hack/Slash (en même temps que l’écriture de ce dossier), avec le sentiment nostalgique d’avoir passé sept ans à suivre les aventures de ce duo de chasseurs de monstres iconoclastes et attachants.
Malgré son coté horrifique, Hack/Slash c’était aussi une série fraîche, sortant des sentiers battus, parfois drôle, souvent dramatique porté par une héroïne moderne, pleine de qualités, mais aussi de défauts qui la rendait particulièrement attachante. Il est rare que je me passionne autant et mette autant d’énergie à vouloir partager ma passion en écrivant ce genre de dossier, mais tout a une fin et c’est donc résolu que je me dois de vous laisser pour aller ranger les ouvrages qui m’ont aidé à écrire ce dossier, et lorsque je me retournerai une dernière fois pour les voir sur mon étagère, c’est avec un sourire qu’intérieurement je dirai merci à Tim Seeley, Cassie, Vlad, Cat et Pooch pour tout ces merveilleux moments de lecture qu’ils m’ont offert. Vivez bien dans vos mondes de papier et je vous dis au revoir, mais certainement pas adieu parce qu’un bon film d’horreur a toujours une suite ou un remake.
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Des comics et des filles : Karen Berger, L’héroïne de Vertigo
Dossier publié sur ComicsBlog le 04 décembre 2012
Au même titre que Jenette Kahn, autre représentante de renom dans le domaine des comics et de l’édition, Karen Berger fait partie de ces rares femmes qui ont su rester au sommet de cette industrie pendant une très longue période (trente trois ans de carrière chez le même éditeur, ce n’est pas rien) tout en témoignant constamment d’un intérêt et d’un amour sans faille envers des oeuvres d’auteurs qui sont depuis toujours la marque de fabrique d’un label tel que Vertigo.
On peut donc dire qu’avec son départ, une page se tourne, mais avant de fermer peut-être complètement le livre, revenons un instant sur cette carrière si intimement liée à la branche indépendante de DC Comics, et sur cette femme a qui l’on doit la publication de titres exceptionnels tels que The Sandman, V pour Vendetta, Y The Last Man, ou encore Preacher et Transmetropolitan pour ne citer que ces quelques exemples.
L’avant Vertigo
Les comics n’étaient pas forcément le premier choix de carrière de Karen Berger lorsqu’elle eut sont diplôme universitaire de littérature anglaise et d’histoire de l’art vers la fin des années 70. Elle se voyait plutôt travailler dans un musée ou dans le journalisme en tant que critique d’art, mais c’est son ami Marc (J.M.) DeMatteis qui lui parla d’une opportunité chez DC Comics, en effet l’éditeur Paul Levitz avec lequel il travaillait cherchait à ce moment là un assistant.
C’est elle qui décrocha le job, à une époque où DC sortait à peine de la tourmente appelée ironiquement DC Implosion et dont elle avait du mal à se remettre. Elle tentait alors de fidéliser sa clientèle au maximum en lançant le système du marché direct auprès des libraires et ainsi leur proposer un plus large choix de titres. Pendant deux ans, Karen apprendra les ficelles du métier de la part de son mentor jusqu’en 1981 où elle volera de ses propres ailes en tant qu’éditrice dans un genre qu’elle affectionne tout particulièrement (et qui sont d’ailleurs les racines même du label Vertigo), le fantastique et l’horreur. Elle débuta ainsi sur House of Mistery # 292 au mois de mai pour ensuite travailler sur Legion of Super-Heroes alors que Paul Levitz en devint le scénariste à partir du #294 l’année suivante. Pendant près de dix ans elle supervisera l’ensemble des numéros et mini-séries liés à ce titre, l’un des plus complexes et des plus denses de l’époque.
Durant cette période, on la verra également sur des titres Fantasy tels qu’Arion, Lord of Atlantis et Amethyst, Princess of Gemworld. Sur cette maxi série de 12 numéros, son travail de coordination entre Dan Mishkin etErnie Colon est salué et elle parviendra même à apporter un point de vue indispensable dans l’écriture d’une série où le personnage principal est une enfant capable de se transformer en jeune femme. Selon ses propres dires, Amethyst fut l’oeuvre dont elle était la plus fière au début de sa carrière en tant qu’éditrice. Mais Karen apportera également sa contribution sur d’autres titres tels que Blue Beetle, sans parler de Wonder Woman en 1987 lorsque George Pérez s’occupait de l’Amazone. Et bien que tout au long de cette période Karen se soit beaucoup impliquée sur des titres dits de super héros, elle n’en a jamais pour autant oublié sa grande passion pour les séries plus sombres et torturées, telles que Saga of the Swamp Thing dont elle deviendra l’éditrice à partir de 1982, et où elle donnera les pleins pouvoirs au génie d’Alan Moore et qui l’inspirera également dans le développement d’autres séries cultes dans la décennie suivante.
London Calling
A la fin des années 80 Karen Berger va s’intéresser de près à toute une génération d’auteurs britanniques, et elle n’aura aucun mal à les embaucher, la politique de DC concernant les droits d’auteurs et des royalties étant très favorables vis à vis de son concurrent Marvel.
Elle se rend donc à Londres en 1986 pour démarcher bon nombre d’auteurs, alors qu’Alan Moore et Dave Gibbons, oeuvrent déjà pour DC, c’est ainsi qu’elle arrive à convaincre Neil Gaiman, Brian Bolland, Steve Dillon, Jamie Delano, Brendan McCarthy, Glenn Fabry, Peter Milligan, Grant Morisson ou encore Dave McKean.
Karen est en effet tout de suite séduite par la perspective totalement différente que ces auteurs apportent à ce médium, bien plus irrévérencieuse et subversive que ce que les auteurs américains osent amener à la même époque.
On parle alors de British Invasion, et Karen va ainsi être l’interlocutrice privilégiée de ces auteurs travaillant sur des titres beaucoup plus matures que ce que DC a l’habitude de publier, Alan Moore sur Saga of the Swamp Thing, Neil Gaiman sur The Sandman et Black Orchid (avec Dave McKean), Grant Morrison sur Animal Man,Jamie Delano sur Hellblazer, Peter Milligan sur Shade, the Changing Man…
Ce nouveau souffle créatif va pousser les exécutifs éditoriaux de DC, Jenette Kahn et Dick Giordano à réfléchir sur une nouvelle ligne de comics, beaucoup plus mature et conforme aux dogmes du Comic Code qui imposait déjà l’annotation « Suggested for mature readers » sur la couverture de certains titres. Ils pensent tout naturellement à Karen pour diriger ce projet.
Vertigo ou le Bergerverse
C’est en rentrant de son premier congé maternité que Karen fut interrogée sur la manière dont elle voulait développer les titres dont elle avait la responsabilité. L’idée de créer une filiale indépendante vit le jour rapidement et comme une évidence, dans un contexte d’effervescence et de renouveau où d’autres éditeurs comme Dark Horse et Image essayaient également de sortir leur épingle du jeu.
Le marché également très propice favorisa la création de ce nouveau label et Karen misa sur l’aura de ses auteurs et la qualité de leur création. Son but fut clairement d’amener sur le marché une nouvelle variété d’oeuvres, tout d’abord influencées par les premières amours de l’éditrice : les EC Comics et autres House of Mystery, pour ensuite développer des sujets plus politiques, engagés ou encore controversés, où l’ultra-réalisme et la violence a une fin totalement justifiée et sert totalement le propos de l’oeuvre.
Vertigo va devenir progressivement une valeur sûre et un gage de qualité, un label qui explosera également de nombreuses barrières dans lesquelles restait enfermée l’industrie de la bande-dessinée américaine.
C’est ainsi que le lectorat étranger se mit rapidement à plébisciter les titres de ce nouvel arrivant, de l’Angleterre à l’Allemagne et l’Italie en passant par le Brésil et bien sûr la France, représentant au total pas moins de 10% des lecteurs du label.
Mais ce qu’a également réussi Karen Berger, c’est d’amener un public féminin à lire des comics, des séries telles que The Sandman (dont la moitié du lectorat est féminin), Hellblazer, Preacher ou encore The Books of Magic furent dès le départ très plébiscitées par les femmes.
En 2007, elle lance le label Minx, destiné à un lectorat féminin mais qui ne trouvera pas son public et s’arrêtera au bout de 12 numéros.
Verront ainsi le jour sous ce label des graphic novels tels que The New York Four de Brian Wood et Ryan Kelly, Emiko Superstar de Mariko Tamakiet Steve Rolston, ou bien Tokend’Alisa Kwitney et Joelle Jones.
Conjointement, l’éditrice fera tout son possible pour embaucher le plus d’artistes féminines possible, on citera Jill Thompson, Pia Guerra, Rachel Pollack, G. Willow Wilson, Amy Reeder, et Becky Cloonan.
Son grand respect et sa confiance pour les auteurs ont fait que les plus grand noms de l’industrie ont un jour travaillé avec elle, parmi eux Brian Azzarello, Brian K. Vaughan, Garth Ennis, Bill Willingham, Jason Aaron, Warren Ellis, Matt Wagner, qui ont toujours vanté la qualité de leur collaboration avec l’éditrice.
Le nom de Karen Berger est donc indissociablement lié à celui de son label, symbole d’une qualité éditoriale jamais remise en cause depuis vingt ans.
Son départ dont les raisons sont encore inconnues et qui est prévu pour Mars 2013, met donc logiquement en danger cette branche de DC, déjà mis à mal par le départ de Paul Levitz en 2009, l’arrivée des New 52 et l’intégration de nombreux personnages de l’univers Vertigo dans celui de la maison-mère.
Bon nombre d’artistes ont témoigné leur tristesse sur les différents réseaux sociaux depuis que l’annonce de son départ a été faite, comme si l’industrie tout entière regrettait déjà la contribution majeure que cette femme a su lui apporter, favorisant ainsi à lui donner ses lettres de noblesses. Comme le dit si bien JH Williams III sur son compte Twitter : “Les comics ont besoin de Karen Berger
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Des comics et des filles : La grande Kahn
Article publié le 7 septembre 2012.
Depuis que ce blog existe, je passe mon temps à rabâcher que les femmes ne sont pas assez nombreuses ou bien n’occupent pas de postes assez importants au sein des grands éditeurs de comics. L’avantage est que leurs noms se retiennent d’autant plus facilement, de Jenette Kahn, Diane Nelson ou Karen Berger dans la famille DC en passant par Bobbie Chase, ou Louise Simonson chez Marvel.
Mais il faut bel et bien se rendre à l’évidence, c’est en regardant derrière soit que l’on se rend vraiment compte à quel point ces quelques femmes ont apporté un souffle nouveau et une seconde vie à ce média souvent figé dans ses propres codes. Le plus bel et indiscutable exemple se trouve dans le parcours de Jenette Kahn, qui aura consacré 26 ans de sa vie à chambouler les règles et faire évoluer ce géant de l’édition qu’est DC Comics, et par extension l’industrie des comics toute entière.
Des bases solides
Jenette Kahn est née en 1948 et a passé son enfance dans la petite ville de State College en Pennsylvanie, entourée de son frère cadet Si (qui deviendra un chanteur activiste pour le mouvement des droits civiques), d’un père rabbin, et d’une mère passionnée par l’art et peintre à ses heures. Son amour pour les comics remonte à l’époque où elle dévorait tous les fascicules disponibles dans les rayons du bazar où elle avait l’habitude d’acheter ses exemplaires deBatman, Uncle Scrooge, Little Lulu et Archie.
Mais son vif intérêt pour l’art contemporain et le fait qu’elle perçoive très tôt que la bande dessinée était une forme d’art à part entière, lui vint de sa mère qui l’emmenait voir bon nombre d’expositions, en découla des études en Histoire de l’Art dont elle sorti major de sa promotion à l’Université d’Havard. L’été qui suivi, elle trouva son premier emploi au Musée d’Art Moderne, une expérience professionnelle exaltante mais qui au final fut loin d’être selon ses aspirations, la bureaucratie n’étant pas son fort. Sa quête d’autonomie et d’indépendance la pousse à 21 ans à se lancer dans le journalisme, en entamant une carrière de critique d’art où elle sera publiée dans les colonnes du magazine Art in America.
Ses premiers pas dans l’édition
A la même époque, l’un de ses camarades d’Harvard devenu enseignant et passionné par les rouages de l’édition, James Robinson, lui fait part de son projet de vouloir publier le travail de ses élèves dans un recueil intituléYoung Words and Pictures. Enthousiasmée par ce projet, Jenette en rédige le résumé sous la forme d’un prospectus en vue d’être financé, et trouve un nouveau nom au futur magazine :Kids. Les deux amis arrivèrent ensuite à persuader deux hommes d’affaire de les aider à hauteur de 15.000$ et la machine fut lancée, Kids allait être le premier magazine entièrement élaboré par des enfants, du contenu à la mise en page, partant des écoles de Boston pour s’étendre au niveau national. Grâce à ses contacts de journaliste, Jenette réussit à attirer l’attention de Joseph Lelyveld du New York Times dont l’article va faire la lumière sur ce projet ambitieux (mais financièrement désastreux) à travers le pays. Au bout de deux ans, Kahn et Robinson complètement fauchés vont être obligés de vendre leur bébé, mais le succès critique était indéniable.
Kids était parvenu aux oreilles et aux yeux de Scholastic, le célèbre éditeur de magazines pour enfants qui proposa à Jenette de créer un nouveau journal. Celui-ci va s’appeler Dynamite, les trois premiers numéros vont servir de test en étant vendus directement dans les Scholastic Book Clubs et en passant par les instituteurs. Le succès est énorme et comptera parmi les meilleures ventes de la compagnie depuis sa création.
Du haut de ses 25 ans, Jenette va ensuite fonder un autre magazine chez Xerox Education Publications, Smash, et parviendra même à convaincre le célèbre graphiste Milton Glaser d’en être le directeur artistique.
Ses débuts chez DC Comics
Jenette Kahn a 28 ans en 1976 lorsqu’elle est embauchée par Bill Sarnoff, directeur des publications chez Warner pour être son équivalente chez DC, et le moins que l’on puisse dire c’est que son arrivée ne passera pas inaperçue, la jeune femme débarquant dans un environnement peuplé d’hommes âgés pour la plupart d’une cinquantaine d’années. Son embauche peut donc paraître pour le moins étrange sauf si on y regarde d’un peu plus près : A cette époque les publications DC étaient destinées à un jeune lectorat et Jenette avait pu faire ses preuves en la matière, qui plus est, quelques années auparavantGloria Steinhem figure de proue du journalisme au féminin, avait ouvert la voie en ce qui concerne la présence des femmes sur des postes clés de l’édition.
Il ne restait plus qu’à convaincre les employés de DC Comics, c’est à dire les personnes avec qui elle allait travailler tous les jours : “L’équipe était complètement atterrée lorsque j’ai été embauchée” dit-elle, “Je ne faisais pas partie de l’industrie, j’avais 28 ans, et j’étais une femme”…”Ils étaient tellement désemparés qu’ils essayaient d’anticiper afin de répondre un Oui à tout ce que je demandais.” C’est à ce moment là qu’elle fait la connaissance de Paul Levitz, l’un des seuls à lui tenir tête. Celui-ci prend également des initiatives qui ne vont pas être du goût de l’éditrice, en embauchant l’artiste George Tuska sans lui demander son avis. Mais malgré ces premiers tâtonnements et prises de positions, un groupe se forme autour de la jeune femme, avec Vinnie Colettaen tant que Directeur artistique et Levitz comme coordinateur éditorial.
La Révolution est en marche
L’équipe éditoriale ainsi constituée, de nombreuses initiatives sont entreprises, à commencer par la gestion d’une multitude de titres issus de la DC Explosion, l’exploitation des personnages DC auprès de nouvelles formes de média (télévision, cinéma, livres de cuisine !), les super héros ne sont plus cantonnés à évoluer dans l’espace restreint de leurs pages de comics mais sont utilisés dans de nombreux contextes, la fiction rejoignant souvent la réalité.
Jenette Kahn a ainsi l’idée de créer la Wonder Woman Foundation qui récompensera les femmes dont les actions humanitaires et caritatives correspondent à l’image de l’héroïne au lasso doré, et a également la lourde responsabilité de mener à bien la fameuse rencontre entre Superman et Muhammad Ali dessiné par Neil Adams, la célèbre couverture remplie de célébrités étant l’idée de la jeune femme. Elle dut ensuite parcourir les quatre coins du pays pour convaincre chaque personnalité de lui octroyer un droit à l’image car elle n’avait pas pensé à le faire avant qu’Adams finisse son dessin, comme quoi personne n’est à l’abri d’une petite boulette.
A la recherche de nouvelles opportunités
Le blizzard de 1978 (et sa conséquence directe appelée DC Implosion) aurait pu coûter la tête de Jenette Kahn mais il n’en fût rien. Les grands pontes de DC continuent de lui faire confiance, c’est alors qu’elle décide de frapper une nouvelle fois un grand coup en adaptant le système de la vente directe déjà présent dans le domaine des magazines pour enfants, à celui des comics.
En effet, les comics étaient jusqu’alors disponibles à la vente chez les marchands de journaux, épiceries et autres supermarchés, rares étaient les librairies spécialisées qui proposaient un large choix d’ouvrages comme c’est le cas aujourd’hui. En misant sur le marché direct, (ce système veut qu’il n’y ai pas d’intermédiaire entre le libraire et l’éditeur, en contrepartie, les invendus ne peuvent pas être retournés) jusqu’à financer de développement de certaines librairies, DC s’assurait de voir ses comics être distribués dans tout le pays et ainsi de pouvoir fidéliser au maximum sa clientèle.
Jenette souhaite également révolutionner le format jusque là figé des comics en employant de nouvelles mises en page et de nouveaux supports, comme l’utilisation du papier Baxter (de meilleure qualité), mais aussi en proposant une nouvelle façon de raconter des histoires, par le biais de la mini-série comme ce fût le cas pour la première fois avec World of Krypton en 1979. C’est ensuite au tour du format limited (ou maxi série) d’être employé avec Camelot 3000 et Ronin de Frank Miller qui va complètement transformer le visage de la bande dessinée américaine.
Ronin va en effet ouvrir la voie à un nouveau genre de comics destinés à un lectorat beaucoup plus mature, et annoncer un nouvelle ère où les comics vont commencer à être considérés comme des oeuvres d’auteur à part entière.
Le nouveau visage de DC Comics
Mais ce que Jenette Kahn va également apporter chez DC, c’est un vent de fraîcheur et modernité, ainsi qu’une belle avancée sociale pour ses artistes.
Elle va demander à son ami Milton Glaser de repenser le logo de la société dès 1976, celui -ci va donner un nouveau souffle à la marque en représentant une sorte de sceau solennel renfermant les initiales intemporelles de l’éditeur. Elle permet également aux artistes quelques soient leur nationalité d’être mieux rémunérés grâce au principe des royalties suivant le succès (mais sans seuil minimum, contrairement chez Marvel) de leurs oeuvres et de leur propres créations, et cela à perpétuité. Grâce à cela de nombreux artistes vont frapper à la porte de la Distinguée Concurrence, avec notamment une nouvelle génération de talents tout droit venue d’Angleterre : Alan Moore, Neil Gaiman, Dave Gibbons, Grant Morisson et Dave McKean pour ne citer qu’eux.
Sous l’ère Kahn, la licence DC Comics va donc prendre de nombreuses directions et exploiter de vastes opportunités en se diversifiant et essayant constamment de renouveler son offre. Des ponts ouverts avec les autres médias (cinéma et télévision) à la création de nouvelles filiales (dont la plus célèbre reste Vertigo, supervisée par une autre femme, Karen Berger), Jenette Kahn n’aura de cesse que de faire aller de l’avant cette institution.
Elle investira également beaucoup d’énergie à impliquer DC Comics dans diverses oeuvres caritatives en créant notamment des comics d’intérêt général, cherchant à sensibiliser les lecteurs aux grandes injustices et fléaux du monde comme la famine (Superman and Batman : Heroes Against Hunger en 1986), les mines antipersonnel, les dangers de la drogue etc… Elle sera d’ailleurs récompensée par Madeline Albright alors ambassadrice aux Nation Unies pour sa volonté de venir en aide aux enfants victimes des champs de mines dans les pays du tiers monde. Mais grâce à elle, ce sont également d’importants faits de société qui sont abordés dans les pages des différentes séries publiées par l’éditeur : le racisme, l’orientation sexuelle, le SIDA, les violences conjugales, autant de domaines importants amenés comme sujets de réflexion.
4 jours après avoir fêté son 26ème anniversaire au sein de l’entreprise, Jenette Kahn annonce son désir de quitter le poste de présidente de DC Comics, pour voler vers de nouveaux horizons. Ceux-ci se profilent du côté de la production cinématographique, en créant Double Nickel, sa société qui produira le filmGran Torino de Clint Eastwood.
Au bout de 26 ans de management au féminin, DC Comics comptera au départ de Jenette Kahn en 2002 presque autant de femmes salariées que d’hommes.
Les oeuvres les plus marquantes de l’éditeur auront vu le jour sous sa présidence : V pour Vendetta, Watchmen, The Killing Joke, Arkham Asylum, Preacher, Sandman, sans parler de Batman Year One, Batman: The Dark Knight Returns, Crisis on Infinite earth ou Death of Superman. Des oeuvres qui résultent pour la plupart d’une confiance absolue pour ses artistes et d’une volonté de les laisser s’exprimer librement. C’est donc un peu grâce à elle si les comics sont de nos jours considérés (par les sains d’esprit) comme de véritables oeuvres culturelles crées par des auteurs, au même titre que la littérature, et non comme de vulgaires histoires pour enfants sans grand intérêt.
En un quart de siècle, ses nombreuses expériences ses prises de risque en matière d’édition ont considérablement transformé l’industrie des comics, pas sûr que beaucoup d’hommes aient réussi à en faire autant.
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The lost girls of Alan Moore
Article publié le 30 janvier 2012.
Il y a à peu près un an de cela, je me suis mise en tête d’élaborer un dossier sur Alan Moore et sur sa vision des femmes au travers de quelques unes de ses oeuvres majeures à commencer par The Killing Joke que je venais de lire à l’époque, mais aussi V pour Vendetta, Watchmen, The Ballad of Halo Jones, Lost Girls, Saga of The Swamp Thing, et Neonomicon.
Je crois que je me suis un peu perdue en route.
Dans mon esprit je voulais montrer que malgré le fait que bon nombre de ses héroïnes subissaient tortures, humiliations, viols et tout un autre tas de situations peu enviables, elles pouvaient également être maîtres de leur destin et que Moore n’était en aucun cas un auteur misogyne mais qu’il cherchait au contraire à dénoncer la condition des femmes dans la société, à sa manière. Et puis je me suis dit : Mais bordel, tout le monde le sait ça ! Qu’est ce que tu nous emmerdes !
J’ai donc décidé de prendre le sujet d’une autre manière et de prendre comme exemple plusieurs époques de son oeuvre, plusieurs phases de sa vie également qui ont du influencer son approche envers ses héroïnes.
Il s’agit donc ici bel et bien d’un dossier, mais à l’image du sujet qui nous intéresse, il ne sera pas enfermé dans un espace prédéfini ou régit par un ordre préétabli, il évoluera constamment au fil de mes découvertes et prendra ainsi de nombreuses directions. C’est un sujet passionnant que certains d’entre vous ont déjà surement eu connaissance, mon but ici est juste de le faire connaitre au plus grand nombre.
Alors commençons, mais pas forcément par le commencement.
En 1983, c’est à dire un an avant la sortie de The Ballad of Halo Jones, Alan Moore compose un article de 10 pages dans le magazine The Daredevils (plus exactement du #4 au #6 entre le mois d’Avril et le mois de juin) publié par Marvel UK qui comprend entre autre des histoires de Captain Britain, Spider-Man et Daredevil. Cet article s’intitule « Invisible Girls and Phantom Ladies » et parle d’un sujet ô combien abordé sur ce blog : la place des femmes dans l’industrie des comics.
Il est d’autant plus intéressant à lire que l’on peut facilement faire le pont avec ce qui se passe actuellement, et se rendre compte à quel point les choses ont difficilement évoluées en pratiquement 30 ans !
Okay. Voyant que c’est un sujet plutôt sensible, je suppose que je ferais mieux de jeter cartes sur table tout de suite. Je suis un froussard, indécis et à l’esprit confus, un vieil hippie libéral qui mange de la quiche, sauve les baleines, respecte la Terre, qui est abonné à Spare Rib, The Black One-Parent Gay Catholic Gazette et Animal Welfare Against Nuking the Nazis Quarterly et si quelqu’un veut venir m’en parler, alors je vais le recevoir à coup de pied dans le visage jusqu’à ce que son nez soit assez plat pour pouvoir faire du skate dessus.
La raison pour laquelle je suis prêt à faire un tel aveu candide est que je suis assez sûr que, après avoir lu l’article que vous avez dans les mains, la plupart d’entre vous diront de toute façon à peu près ces choses là sur moi et je pense que cela rend mieux si je le dis en premier. Et la raison pour laquelle je me prépare à d’un torrent d’insultes est que cet article se préoccupe des femmes, et les femmes ne semblent pas être un sujet très populaire de nos jours. Il y a deux raisons possibles pour ce triste état de choses.La première est qu’un petit mais bruyant pourcentage de féministes sont bien évidemment aussi folles que des serpents et ont des personnalités désespérément endommagées. Elles se jettent avec une joie démente sur des exemples du «sexisme» de plus en plus marginales et sans importance , elles font des déclarations outrageusement tordues et généralisées à la presse avec des tirades « Tous les hommes sont des violeurs », et se rendent en général très difficiles à aimer.
Le problème se pose lorsque ces maniaques en ébullition sont présentées dans les médias comme étant un échantillon représentatif du mouvement des femmes, renforçant ainsi l’image du féminisme que la plupart des hommes ne sont que trop désireux d’accepter comme une vérité: une armée de gargouilles amazones au cheveux courts qui fument à la chaîne, passent leur vie à déplacer des blocs de ciment et ont un physique entre celui de Popeye et d’une camionneuse .
L’autre raison est que les hommes, au cours des derniers milliers d’années, ont appris à apprécier les avantages et privilèges qui sont partie intégrante d’être né dans le sexe masculin et sont très réticents à les abandonner. Les hommes en général sont un joli bouquet d’insécurité et quand ils commencent à se sentir menacés par quelque chose, ils ont tendance à réagir en lançant des salves de mépris et de dédain, ou à défaut, ils refusent de prendre le problème au sérieux.
Même les gens ouverts d’esprit en général qui croient que l’abolition de l’esclavage en Amérique a été grandement une bonne chose, semblent devenir très défensifs et hystériques quand c’est leur déjeuner du dimanche qui est menacé par le mouvement des femmes. Ma conjecture est que si ces messieurs avaient été les propriétaires des plantations du Sud, ils auraient ressenti la même réticence à renoncer aux plaisirs de leur maison avec un boy leur apportant un Mint Julep sur la véranda.
D’accord. C’est donc la situation basique, qui est aveuglée par un grand nombre de fanfaronnades, et de sottise des deux côtés. Mais une fois que vous avez balayé tous les sacrés mensonges et les statistiques, il devient clair qu’il y a vraiment un problème sérieux là-dessous quelque part. Les femmes en général n’obtiennent pas vraiment le rendu de leurs efforts, et ce n’est pas seulement dans des sujets évidents comme un salaire égal pour un travail égal alors qu’elles élèvent un bébé.
Ces détails sont évidemment importants, mais ils sont tous les symptômes des prémices d’une maladie globale, une maladie qui affecte la façon dont nous voyons les femmes et la façon dont nous les traitons dans notre société largement orientée vers les hommes.
Les médias nous présentent un certain nombre de stéréotypes différents à choisir lors de la formation de nos idées sur la féminité. Il y a une grande variété de conceptions différentes, et elles sont toutes à peu près aussi agréables gustativement qu’un un homard avec cancer de la peau.
Il y a le portrait type de la sans cervelle et à forte poitrine que Barbara Windsor s’est efforcée de dépeindre tout au long de sa carrière. Il y a les masochistes et les salopes rampantes qui peuplent les paroles de bon nombre de groupes de Heavy Metal et de publicité de lotion pour après-rasage. Il y a les tâcheronnes à la langue de vipères et les tartes au coeur d’or servies chaque semaine dans Coronation Street. Il y a les démunies, les victimes tremblantes qui peuplent les films comme He Knows You’re Alone et Dressed to Kill, des créatures qui n’ont pas d’autre raison pour les autres existantes que d’être jetées la tête la première sous la scie circulaire par des nains psychopathes travestis.Je veux dire, imaginez ouvrir The Sun tous les jours et trouver trois pages ornées d’une photo d’un spécimen masculin vêtu seulement de son slip kangourou. Imaginez des hommes nus s’entendant sensuellement sur les capots des voitures nouveaux modèles au salon de l’automobile. Imaginez avoir à écouter une version féminine suintante et répugnante de Bernard Manning racontant une blague sans fin sur les beau-père. Bien sûr, c’est drôle une fois. Peut-être que ce serait drôle à deux reprises. Mais trois fois ? Quatre fois ? Cinq mille fois ? Pouvez-vous imaginer avoir à vivre avec quelque chose d’aussi insultant tous les jours de votre vie? Pas étonnant que beaucoup de féministes soient grincheuses.
Et la bande dessinée est, à sa manière, tout aussi coupable que les autres médias en présentant une vision déformée des femmes à ses lecteurs. Peut-être plus coupable à certains égards. Après tout, les bandes dessinées ont tendance à être principalement destinées à un public jeune, un public qui peut très bien passer par un stade impressionnable de leurs vie et qui tente désespérément de donner un sens au monde dans lequel ils se trouvent.
Très souvent, puisque les jeunes enfants en milieu scolaire ont tendance à s’associer uniquement avec des personnes de leur propre sexe, ils peuvent arriver jusqu’à leur adolescence avant de connaître et de parler réellement à une femme. Et à ce moment, le dommage a été fait.
Quand j’avais environ sept ans et que j’ai commencé la lecture de la famille des comics Superman/DC , je n’avais aucune raison de croire qu’ils ne reflétaient pas la vraie vie. Ok, bon j’avais juste compris que les gens qui avaient essayé de sauter du haut d’immeubles de grande hauteur étaient susceptibles de faire un peu plus qu’une simple fracture. Je veux dire, je n’étais pas un idiot complet. Mais le super-héroïsme mis de côté, j’ai imaginé que la façon dont les êtres humains se comportaient dans ces bandes dessinées était probablement assez précise. Et cela m’a conduit à former un certain nombre de conclusions intéressantes, quoique soigneusement erronées.Premièrement, seuls les hommes pouvaient être des héros. Superman, Batman, Green Arrow … ce sont des personnages que l’on pouvait admirer. Les personnages de femmes, quand elles ont émergé, ont été de très pâles copies carbone de leurs homologues masculins … Supergirl, Batwoman, Batgirl, la ridicule et obscure Mlle Arrowette … aucunes d’entre elles étaient en danger de voler la vedette aux Super-types masculins dans les livres où elles apparaissaient rarement. Vous aviez l’impression qu’elles étaient là uniquement pour un soulagement comique.
Mlle Arrowette permettait de réduire les gangs de criminels en cendres, les enveloppant dans des nuages de talc venant de son « Arrow-Poudrier ». Batgirl éblouissait les méchants en reflétant les rayons du soleil à partir de son Bat-miroir. Supergirl, un être d’une force proche de celle de Superman, donc en mesure de pousser hors de leur orbite des planètes sans aucun effort, passait son temps à gambader soit avec Supercat ou Superhorse, ou peut-être tomber amoureuse avec des jeunes hommes de la ville-bouteille de Kandor qui se révélaient toujours être des méchants qui voulaient l’utiliser afin de se venger de Superman.
D’une certaine manière, elle ne l’a jamais réalisé ce jusqu’à ce qu’il soit trop tard, peu importe combien de fois c’est arrivé. Pas même quand tous ses petits copains avaient des noms Kandoriens comme E-Vill, Nars-Tee, etc.
Deuxièmement, les femmes qui n’étaient pas dotés de pouvoirs spéciaux ou de capacités ont été uniformément rancunières, fouineuses, perfides, vaines et fofolle … et ce n’était que les gentilles.
Prenez Lois Lane comme un cas typique. Ici nous avons une femme qui a un travail anormalement responsable pour un membre de son sexe. Elle est journaliste, et l’avait été depuis l’époque où les femmes reporters de journaux étaient très rares et disparates. Mais pas seulement, elle est la journaliste vedette dont la chronique est connue et respectée à travers Metropolis, jusqu’au monde libre dans son intégralité.
Maintenant, si vous pensez à un personnage comme ça de façon réaliste, vous imaginez ce qu’une femme pourrait être capable, et à quel point elle serait déterminée, tenace et extrêmement résistante pour en arriver jusque là pas vous ? Plutôt que d’être abrutie, vaniteuse, bavarde, en mal d’amour et sujette aux accidents ? Bien sûr, vous le feriez. Mais les gens de DC à l’époque sentaient évidemment les choses autrement.
Lois Lane a été dépeinte comme une sorte de profonde groupie de super héros, sans cervelle qui est prête à tout pour gagner les attentions humiliantes de Superman. Elle a été malchanceuse au point d’être quasi-suicidaire, finissant toujours par tomber des rebords de fenêtre, d’avions ou d’avoir été capturé par Luthor.
Elle fouinait en permanence pour trouver le secret de la véritable identité de Superman, plus d’une fois dans l’espoir de faire chanter l’homme d’acier en le menaçant de révéler son identité s’il n’acceptait pas de l’épouser. Elle se livrait à des Catfights vicieux et dégradants avec sa rivale tout aussi détestable, Lana Lang, qui partageait la propriété du mignon et adorable kryptonien.
Elle était, en bref, une douleur royale dans les fesses, et j’avais pour habitude de me réjouir avec tous les autres misogynes, quand à la fin de chaque histoire Superman allait la déjouer au moyen de ses super pouvoirs et basiquement sa supériorité masculine, cherchant généralement à l’humilier publiquement dans le processus.
Comme vous le voyez, les impressions générales que j’ai formé des femmes comme une espèce étaient loin d’être salutaires. La seule exception à cette règle générale a été celle de Wonder Woman, bien que pour être honnête, je n’ai pas vraiment eu beaucoup de temps pour elle .
Wonder Woman a été au moins unique car elle était un personnage dans son propre droit, et pas seulement quelqu’un qui porte un vieux costume masculin de super-héros qui laissait échapper un peu sa poitrine. Cela dit, cependant, vous remarquerez que Wonder Woman ne mérite pas le personnage dérivés accordé à ses homologues masculins.
Il n’y avait pas de «Wonder Boy» orné d’un diadème, de bracelets et d’un lasso pour l’aider dans sa lutte contre la criminalité. Il n’y avait aucun satané journaliste mâle se jetant hors de l’Empire State Building, dans l’espoir qu’elle allait fondre dans son avion invisible pour lui porter secours.
Par ailleurs, même si elle a été autorisée à rejoindre la Ligue de Justice d’Amérique sa fonction principale était de s’asseoir tranquillement dans le fond lors de leurs réunions et de prendre des minutes, comme si elle venait d’arriver dans le Bureau du Temps. De toute évidence, elle était un super citoyen de seconde classe dès le départ. C’est peut-être pourquoi elle se permettait de passer autant de temps à traîner avec ses copines, les Holliday Girls, et de s’embourber avec son ennemie jurée Paula Von Gunter. Qui pourrait le lui reprocher dans les circonstances.Quoi qu’il en soit, pour autant j’ai fait un peu plus que de présenter un bref aperçu du problème et j’ai déjà dépassé ma limite en mots pour cette partie. Pour le prochain numéro, je veux regarder la question un peu plus spécifique et regarder les femmes dans la bande dessinée avec des mots clés comme Kate et Elektra. Je tiens aussi à étudier la tendance curieuse à la pornographie pré-adolescente connue dans le commerce comme «Good Girl Art» et poser la question « Dark Phoenix est-elle vraiment juste une Minnie the Minx sans sa fronde ? » Jusque-là, laissons les cartes et les lettres affluer.
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Dans le dernier numéro vous avez été tous très patients avec moi, alors que soulignais en termes généraux les différents abus que cette industrie merveilleuse du funnybook a engendré à l’encontre de ses protagonistes féminins. Cette fois, je tiens à entrer dans les détails de la situation. Nommer les noms, les faits, tirer dans le tas, pointer du doigt et tout ce genre de trucs. Est-ce que cela vous va les garçons ? Bon. Alors, je vais commencer.
Ce que je veux essayer de faire est de décomposer en catégories les diverses façons dont les femmes sont utilisées comme des personnages à travers le médium de la bande dessinée dans son ensemble. Je suppose que la catégorie la plus évidente est « Les femmes comme décoration », c’est donc par là que nous allons nous lancer.Presque chaque personnage féminin dans la bande dessinée, à l’exception possible de Mme Arbrogast dans Iron Man et Ma Kent dans Superboy, a été conçue pour exploiter son plein potentiel de sex-appeal. Elles ont toutes de longues jambes longilignes, les tailles fines et des torses qui ont l’air d’avoir une paire de roquettes anti-char tirées de leur dos.
Leurs visages sont tous, à peu près, identiques. Si on devait (pour une raison qui, au moment m’échappe) raser la tête de La Fille Invisible, Médusa, Crystal, Alicia, La Sorcière Rouge et Jane Foster, même leurs propres mères ne seraient pas en mesure de les différencier.
Alors bien sûr il y a le langage du corps à considérer. Si une femme de bande dessinée était appelée à changer un fusible elle le ferait avec sa tête rejetée en arrière, lèvres légèrement entrouvertes et avec un bras étendu dans une gracieuse et délicate courbe. Je doute que Supergirl pourrait changer le bac à litière de Streaky le super chat sans ressembler à quelque chose du genre Ziegfeld Follies.Maintenant, à ce stade, certains d’entre vous pourraient se demander si il ya une raison commerciale pour ce curieux état de choses. Il y en a une en effet. Une grande proportion des lecteurs de comics sont aux alentours des douze treize ans et sont probablement dans les affres d’une Krakatoa hormonale appelée puberté. Ils commencent à remarquer que la fille qui est assise en face d’eux à l’école, la fille qui l’année dernière était appelée «Freckles» ou «Souffle de Hyène», est lentement en train de se métamorphoser en une perspective totalement différente.
D’après ce que je peux me rappeler de mon temps passé dans ce frénétique et boutonneux cauchemar, presque tout est susceptible de devenir l’eau au moulin des fantasmes de l’adolescent dérangé. Moi, j’étais fou de Hayley Mills. La bande de petits démons que vous êtes se sentent probablement de la même façon à propos Spiderwoman. (Quel personnage formidable. « Hmmm. Ici, je suis au milieu d’une fusillade thermo-nucléaire avec l’HYDRA. Que vais-je faire ? Je sais ! Je vais prendre une douche et courir dans un peignoir pendant six pages! »)
Ceci, en soi, est relativement stupide et inoffensif. Après tout, il n’y a rien de mal avec les jolies femmes, même si cette interminable succession de poupées Sindy irréprochables devient terne après un certain temps. Non, le truc vraiment méchant vient quand les artistes du livre, écrivains, rédacteurs et éditeurs décident d’aller un peu plus loin dans la restauration des fantasmes adolescents. Quand ils commencent à faire ressortir les fantasmes sordides d’adultes comme des sujets adaptés pour l’esprit émergeant de garçons et de filles saines.
Le plus populaire de ces peccadilles semble être ce genre glauque consacrée à l’esclavage. Le bondage, pour ceux d’entre vous encore jeune et assez innocent pour penser que tous les adultes sont mentalement stables, est l’art de tirer plaisir et du divertissement d’être attaché ou d’immobiliser vos amis et proches. Ou, dans le cas de la bande dessinée, de regarder des photos mal reproduites de personnes qui sont attachées, de préférence dans des positions inhabituelles et inconfortables. Seigneur sait pourquoi. Si cet univers était un lieu sain, il n’y aurait pas de canards ornithorynques.
J’ai presque perdu le compte du nombre de pépées de bande dessinée qui ont été en vedette dans un processus continu de situations de gags-et-sangles au cours des deux dernières années. Je me souviens d’une histoire particulièrement charmante de Michael Fleischer qui est paru dans The Brave And The Bold de DC au cours de laquelle la- en général tout à fait capable- Black Canary a passé presque tout le numéro attachée à une chaise vêtue seulement de sous-vêtements, tandis que le méchant de la pièce livrait de mémorables et sensibles dialogues comme «Vous vous tortillez si joliment, ma chère. » La même chose arrive à Dazzler et Red Sonja avec une régularité surprenante. Si j’étais un personnage féminin de comics, je pense que je serais enclin à m’habiller chaudement, porter trois pulls à la fois et ne jamais aller nulle part sans une paire de ciseaux.La seule chose que certains d’entre vous peuvent trouver difficile à croire est que si une bande dessinée dépeint quelque part dans ses pages une jeune dame, de préférence portant une blouse déchirée, ou ligotée, ou portant une blouse déchirée et ligoté, ou se battant avec une autre fille qui porte également une blouse déchirée, ou monopolise une autre fille avec les restes déchirés de son chemisier, voire quasiment tout ce qui implique des blouses, des filles, des cordes ou une combinaison des deux … Si une bande dessinée illustre cela alors il y a des chances qu’elle ait beaucoup plus de valeur. N’est-ce pas bizarre?
Vous voyez, si vous feuilletez un des courants guides de prix de bande dessinée américaine où vous êtes susceptibles de trouver des sommes terriblement gonflées pour certains numéros, avec une brève explication entre parenthèses pour expliquer pourquoi ce numéro doit être si horriblement chers : On pourrait mettre (Adams) ou (Byrne) si il dispose d’un artiste populaire actuellement, ou on pourrait mettre (1er. Wolverine) ou (1er Elektra) si il dispose d’un personnage populaire actuellement. On pourrait également mettre (GGA). (GGA) signifie «Good Girl Art».
Good Girl Art signifie cordes, blouses, etc etc des exemples de cette catégorie dans laquelle se range The Phantom Lady, qui portait très peu de vêtements et a été beaucoup ligotée, grâce à la Black Cat de Lee Elias, qui portait très peu de vêtements et a été ligotée de très nombreuses fois, jusqu’à Huntress qui idem idem idem. Ces prix sont établis par les vendeurs de BD, répondant généreusement d’une manière généralement et totalement non-cynique, à la demande de leur public essentiellement adolescent.Et bien sûr, cela ne s’arrête pas avec les femmes attachées. C’est beaucoup mieux, après tout, si la femme ligotée est torturée en quelque sorte, ou est jetée contre un mur ou menacée avec un fer rouge. Ce n’est nullement limité à la bande dessinée occidentale comme les panneaux de Dazzler reproduits ici.
Les Japonais, comme un très bon exemple, ont construit une industrie tout entière sur l’idée de la misogynie dans des situations physiques poussées à l’extrême. La romancière britannique Angela Carter dans son livre Nothing Sacred, une collection de faits vicieux, drôles tout à fait exacts et critiqués, décrit son choc culturel sur la vision de certains de ces petits joyaux de la bande dessinée japonaise:
«Que se passe-t’il réellement dans ces images qui sont souvent plutôt étranges pour moi parce que je ne peux pas lire le japonais. Quand une traduction est fournie, cela s’avère généralement être pire que ce que j’aurais pu imaginer. Pourquoi cette fille ne riposte t-elle pas lors d’un viol collectif, parce qu’ils lui ont d’abord disloqué tous ses membres. Pourquoi est-ce que cette vieille dame dans un lit pleure t-elle avec ce garçon aux yeux fous ? Parce que c’est sa mère… elle s’est donnée à lui comme thérapie rudimentaire face à son persistant… voyeurisme. Est-ce que cela peut vraiment, vraiment, être un gros plan sur un orifice féminin ? Oui. C’est possible. »Et ce sont des bandes dessinées faites pour être lues et appréciées par les enfants et les adultes. Boy. Les Japonais sont fous, hein ?
Les auteurs de bandes dessinées et les artistes n’ont pas été autorisés à oublier entièrement qu’il y ait un mouvement de femmes plus bruyant. D’autre part, ce qu’elles ont réellement fait à ce sujet est largement en demi-teinte et inefficace voire carrément nuisible. Le meilleur exemple de cela est le type de personnage de bande dessinée qui a commencé à apparaître autour du sujet en 1969-1970: la femme libérée.
La manière dont les auteurs de bandes dessinées et les artistes ont abordé l’idée d’une femme libérée est probablement le mieux résumé par quelqu’un comme la Valkyrie des Défenseurs. Fondamentalement, ce que vous avez est une femme crapahutant et beuglant des véhémences sur la supériorité féminine, l’inutilité de la faiblesse, et les hommes misogynes tout en montrant beaucoup ses jambes nues et portant un couple de gobelets sur sa poitrine.
Le féminisme, Marvel-style, est présenté comme quelque chose d’effrayant, rude et peu attractif. Quelqu’un se souvient des Femizons du premier numéro de la publication Marvel « M for Mature », Savage Tales ? Une société entière des femmes psychotiques militantes et violentes avec beaucoup de connotations étranges lesbiennes jetées pour faire bonne mesure. L’héroïne de l’histoire était une femme étrange qui nourrissait le secret désir de jours où il y aurait encore des hommes pour lesquels elle pourrait faire la couture et la cuisine. Seigneur sait ce que Stan Lee a eu dans la tête quand il a écrit celle-là, mais j’espère qu’il se sentait bien par la suite.
Bien sûr, nous ne faisons pas nous-mêmes de si mauvaises choses. Prenez par exemple le foyer constant de fantasmes de viol qui peuplent notre genre très propre d’épées et de sorcellerie. Combien de fois avez-vous ouvert une copie de Savage Sword of Conan, de trouver quelques barbares forçant une agile danseuse Kothian dans le foin, ignorant ses faibles plaintes en demi-teinte et s’inspirer de l’allure délirante d’extase que l’artiste a dessiné sur son visage, vous montrant que ça lui importe peu, vraiment. En fait, elle aime ce genre de traitement. C’est sûr. N’importe qui aurait plaisir à être agressé sexuellement par un analphabète musclé qui pue la graisse d’ours. C’est l’idée la plus populaire d’une bonne soirée.
Le message de ce genre d’histoire est que les femmes jouissent de viol et qu’elles disent « non » quand elles veulent dire «oui». Quand on lit dans les journaux au sujet de certaines des proclamations étonnantes faites par les juges présidant les cas de viol, on peut se demander si notre entière autorité judiciaire ne s’est pas vu remettre des exemplaires de « Conan le violeur» pendant ses années de formation. L’autre message contenu dans ce domaine est que les vrais hommes sont des ivrognes, ce qui les réduit à attraper la nourriture avec leurs sabres et à côtoyer des donzelles de taverne.
Étrange que le créateur de Conan, Robert E. Howard, était en réalité un personnage plutôt triste et solitaire qui n’a jamais réussi à rompre son lien émotionnel intense avec sa mère. Quand elle mourut, il se fit exploser la cervelle. Conan et tous les autres héros de son imaginaire ont été d’insolents fantasmes de la façon dont il aurait aimé avoir été. Il est vraiment dommage qu’il ne puisse pas avoir détourné ses énergies incontestables en quelque chose d’un peu plus positif et sain. C’est encore plus dommage qu’il ait condamné les générations suivantes de ses fans pour les rediffusions interminables de ses rêves désespérément précaires du sexe brutal, la traite des blanches et une violence gratuite.Pendant un moment, vous ne pouviez pas ouvrir une bande dessinée publiée par n’importe quelle compagnie sans trouver quelques exemples précédemment cités de la féminité comme la Fille Invisible pestiférant sur les phallocrates, ou ne voulant plus faire la vaisselle.
Ce féminisme se résumait à son niveau le plus vide de sens, avec des dialogues écrits par des écrivains qui ne reconnaîtraient pas une féministe s’il leur arrivaient de voir Confessions of a Driving Instructor.Pour l’instant cependant, l’Amérique se débat dans les affres de ce qui est poliment appelé un «renouveau moral», qui signifie essentiellement un retour aux valeurs et aux normes de 1942, avec une voiture dans chaque garage et une femme tranquillisée dans chaque cuisine. En conséquence, vous ne trouvez pas beaucoup de femmes de bande dessinée parler de féminisme de nos jours. Bien sûr, il y avait cette pauvre vieille Ms Marvel, mais regardez ce qui s’est passé pour elle.
D’abord, elle s’est faite engrosser contre son gré par son propre fils, puis elle perd tous ses pouvoirs, puis elle est emmenée dans l’espace avec les X-Men et se fait engrosser contre son gré par des horreurs répugnantes qui ressemblent à quelque chose que vous pourriez trouver vivant sous l’évier de HR Giger. Non, les filles. Vous êtes beaucoup mieux à rester à la maison et faire l’époussetage.Les perspectives pour les femmes dans les comics, alors qu’elles ont certainement été pire dans le passé, sont encore assez sombres.
Bien sûr, il ya quelques points positifs. Certains auteurs masculins semblent avoir au moins une compréhension élémentaire de ce que les femmes sont tout au sujet et peuvent, à l’occasion, venir avec un personnage convaincant et non offensif.
Frank Miller est assez bon à cela… en témoigne son personnage d’Elektra. John Wagner a toujours été juste dans sa représentation des femmes dans Judge Dredd. Mais, d’autre part, Elektra se porte encore bien peu sur le chemin de l’habillement et les juges féminins de Mega City-ci sont une idée du paradis du cuir fétichiste.
Je ne peux pas penser à un artiste masculin ou écrivain qui n’a pas fait quelque chose d’assez offensif à un moment ou un autre. Je doute que vous auriez à chercher très loin dans mon propre travail de trouver des exemples particulièrement sordides, sans doute aussi mauvais que tout ce que j’ai décrit ici. Nous le faisons tous. Mais simplement parce que nous faisons tous cela ne signifie pas que l’on a raison.Bien sûr, beaucoup de choses se sont passées depuis le premier jour d’Howard pour modifier la façon dont les hommes voient les femmes et la manière dont les hommes se perçoivent par rapport aux femmes. Cela a eu un certain nombre de répercussions sur le domaine de bandes dessinées.
Le prochain numéro, je vais conclure cette randonnée, auto-indulgente et bordélique en donnant un regard sur le nombre relativement petit de femmes travaillant dans la bande dessinée, y compris des gens comme Wendy Pini, Mary Jo Duffy, des dessinatrices comme Melinda Gebbie, Fanny Tribble et Aline Kominsky, et à peu près n’importe qui d’autre entre temps. Après cela, je promets que je vais me taire et vous pourrez tourner ces pages plus centrées sur les encarts de Dark Phoenix dans son costume du Hellfire Club. Donnez leur ce qu’ils veulent, c’est ma devise.
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Malgré ma réputation de porteur de sourires et de soleil, il me semble que les deux précédentes tranches sur le rôle des femmes dans les bandes dessinées ont été à peu près aussi joyeuses et optimistes que les résultats de la dernière élection générale. Donc, pour terminer sur une note gaie, je pensais que cette fois-ci, nous aurions un regard sur quelque chose d’un peu plus positif : à savoir, l’importance croissante des femmes qui travaillent effectivement dans le milieu et quel effet cela est susceptible d’avoir sur la manière dont les femmes sont traitées dans les comics eux-mêmes.
Ceux qui sont familiers avec la bande dessinée au cours des quinze, vingt dernières années auront remarqué que jusqu’à récemment il ya eu pratiquement aucune femme travaillant dans la bande dessinée comme artistes ou écrivains. A l’exception des travaux originaux et très individuels de l’excellente Marie Séverin sur Dr Strange et le Submariner, la plupart des femmes sont reléguées à la position de lettreur ou coloriste.
Maintenant, ces deux professions sont très honorables et exigent beaucoup d’habileté à être exécutées correctement. Comme exemple, je pourrais citer le travail formidable de colorisation de Glynis Wein sur les X-Men et comme je le disais, le lettrage et les couleurs sont des emplois difficiles et très complexes et il y a beaucoup de femmes qui font ce travail très bien. Mais ce n’est pas le sujet.
Le sujet est que tout cela commence à claquer un peu sur la notion de «place d’une femme», l’idée que les femmes sont naturellement plus adaptées pour travailler sur le «joli» comme les colorisations ou le lettrage fantaisie.
De même que l’idée que les femmes sont «naturellement» plus adaptées pour les tâches féminines comme le repassage, le dépoussiérage et la cuisine a été explosé par les évènements de ces dix dernières années, nous assistons aussi peu à peu à l’élévation de femmes à des postes plus responsables dans le domaine des bandes dessinées. Mais c’est un processus douloureusement lent.Alors que je connais plusieurs femmes éditrices travaillant dans le domaine et au moins une femme écrivain, je ne suis pas au courant d’un quelconque artiste femme travaillant à temps plein au sein de la bande dessinée grand public. Maintenant, pourquoi cela devrait-il être le cas ?
Je suppose que la réponse la plus évidente est qu’aucune de ces dames pouvait dessiner, bien que même un coup d’oeil à quelques-unes des œuvres d’art se faisant actuellement par les femmes en dehors du courant des comics montre assez nettement que ce n’est pas le cas.
Je vais parler de ces femmes plus tard dans cette partie, mais juste pour le moment je veux m’en tenir à ce qui se passe dans le courant dominant des bandes dessinées, à commencer par les femmes comme éditeurs.
Nous avons vu quelques-unes de ces émergentes au cours des dernières années, et, généralement, elles ont été assez bonnes dans ce qu’elles font. Louise Jones, par exemple, produit actuellement quelques-unes des BD les plus populaires que Marvel a sur ses stands, des titres comme X-Men et Ka-Zar.
Chez DC, Laurie Sutton fait un travail d’édition fin sur la Légion des Super Héros de Levitz/Giffen, pour mes finances la bande dessinée la plus divertissante que DC a en ce moment.
Selon certaines sources, Mme Sutton a dit que son travail est minime et que, fondamentalement, elle permet simplement à Levitz et Giffen de faire tout ce qu’ils aiment. J’ai tendance à penser que c’est un peu de l’auto dérision, comme le fait que l’éditeur qui sait quand ne pas intervenir ne signifie pas qu’il ou elle ne fait pas son travail correctement. Bien au contraire. Le produit fini est tout ce dont l’éditeur peut être jugé, et sur cette norme Laurie Sutton le fait très bien.
Elle, et Louise Jones et Jeanette Kahn, le font tout aussi bien que ce qu’un homme le ferait à leur place, peut-être un peu mieux dans certains cas. Mais c’est tout ce qu’elles font.
De là où je suis, il ne me semble pas que le fait d’avoir des femmes à la barre d’une rédaction ait fait une grande différence pour ces trucs essentiellement orientés pour les hommes qui remplissent réellement les pages, et c’est peut-être naïf de ma part de m’attendre à que cela le soit.Après tout, les femmes mentionnées ci-dessus sont encore à travailler au sein d’un monde essentiellement masculin et elles sont toutes sans doute à répondre à l’homme au-dessus. Même Jeanette Kahn, qui, alors qu’elle peut être au sommet de l’arbre, aussi loin que DC va, a encore le poids massif de Warner Communications suspendu au-dessus d’elle.
Plus que chez Marvel, où je suppose que le rédacteur en chef a significativement plus de liberté que la société concurrente, l’éditeur en question, c’est Jim Shooter, et Jim Shooter est un homme. Peut-être même deux hommes se tenant sur les épaules l’un de l’autre.Le point que j’essaie de faire de façon maladroite est que les femmes dans la BD, même en tant qu’éditeurs, n’ont probablement pas beaucoup de chances de faire sentir leur présence en termes d’attitude dans la bande dessinée.
Je pense que ça va prendre quelques bouleversements structurels massifs pour que cela soit jamais atteint, et je pense que le bouleversement est plus susceptible de venir d’en bas, des lecteurs et des gens travaillant réellement dans une capacité créatrice.
Si, par exemple, une femme écrivain a été en mesure de faire des progressions subtiles dans ce domaine, et si ces progressions ont été accueillies avec une augmentation des ventes, c’est peut-être dû au fait que davantage de filles et de femmes achètent le comics en conséquence, je pourrais alors voir les gens en charge et peut-être donner quelques réflexions à la question. Jusque-là, je vais retenir mon souffle.Quoi qu’il en soit, il n’y a pas tant d’écrivains femmes que ça . Il y a Tamsyn O’Flynn qui a rendu certaines choses au dessus de la moyenne sur Lois Lane. Il y a Laurie Sutton qui, avant son passage aux fonctions de rédactrice a rendu un matériel fantaisiste et très lisible sur Adam Strange pour DC et il y a Mary Jo Duffy, probablement la plus accomplie des trois en termes d’écriture réelle. Pour ceux d’entre vous qui ne la connaissent pas, Mme Duffy a été jusqu’à récemment à écrire sur Power Man et Iron Fist, et était responsable de certaines numéros durant l’ensemble du run de ces titres que j’ai trouvé intéressants, même à distance . Ses intrigues ont été fascinantes, ses personnages bien délimités et surtout il y avait un sentiment de légèreté et d’humour dans son écriture qui est venu comme une bouffée d’air frais après un flot d’écrivains qui semblaient résolus à dépeindre Power Man comme le personnage noir typique : vain, stupide, beau-parleur et socialement défavorisé.
Pour moi, la meilleure chose au sujet de son mandat en tant que scénariste, était que Luke Cage est l’un des personnages les plus agressivement masculin chez Marvel et que sous sa gestion, nous avons pu être témoin du doux plaisir se faire piquer par ses attitudes. Bien sûr, ce n’était pas quelque chose de fracassant mais c’était un pas dans la bonne direction.
Vous remarquerez que je dis « était ». Mary Jo Duffy a récemment soit abandonné ou a été retirée du livre en faveur de Denny O’Neil. Pourquoi cela, je n’ai aucune idée, mais c’est beaucoup pour les femmes écrivains dans la BD, hein?Alors qu’est-ce qui nous reste ? Eh bien, plutôt beaucoup en fait, une fois que nous sortons des confins du monde des comics grand public et jetons un oeil sur ce que fait le reste.
Les comics «alternatifs» ont été remués depuis de nombreuses années sous une forme ou une autre, mais pour les fins de cette discussion, nous allons supposer qu’ils ont vraiment évolué en mettant la première vitesse, depuis le mouvement des comics underground au milieu des années soixante. Désormais de nos jours, alors que la scène des comics underground était radicalement différente de ce que les grandes entreprises faisaient, cela était encore un domaine largement dominé par les hommes. Et cela s’est montré dans le produit fini.
Quelles qu’en soient ses mérites, je doute que quiconque prendrait les panoramas de S. Clay Wilson de femmes maltraitées et démembrées comme un coup dur pour le féminisme. Autour du début des années 70, cependant, cela a commencé à changer.
Premièrement, il y avait un nombre croissant de femmes impliquées en tant que scénariste / artistes dans la production des comics underground eux-mêmes. Les femmes comme Trina Robbins, Shary Flenniken et Harvey Kurtzman, la fille de Meredith Kurtzman.
Les BD produites entièrement par des femmes ont commencé à apparaître, allant de Wimmen Comics, d’une manière assez politique à Wet Satin et Twisted Sisters.
Même si certains de ces premiers efforts sont en retrait, ils ont ouvert beaucoup de portes et à l’heure actuelle, et il semble y avoir presque autant de femmes travaillant dans les comics underground que les hommes.
Il ya Melinda Gebbie, qui utilise sa technique très délicate des pointillés pour illustrer certaines des plus énervantes et violentes visions psycho-sexuelles que l’on est susceptible de rencontrer. Il ya Diane Noomin qui, à travers son personnage principal, le névrosé et insipide Di Di Glitz, a exploré le désert des banlieues américaines et les bars pour célibataires avec un effet comique dévastateur.
Il y a le surréalisme onirique de Marie K. Brown, l’observation cinglante urbaine de Mimi Pond, et, à mon avis le meilleur de la grappe, une vision libérale du burlesque et de la haine de soi servie dans l’œuvre dessinée d’Aline Kominsky.
Aline Kominsky est l’épouse de la légende Robert Crumb, même si un style plus différent de la caricature poli et caoutchouteuse de Crumb serait difficile à concevoir. Les travaux de Kominsky sont incroyablement glauques et bruts à la recherche, mais quelque part, elle obtient un sens de l’expression en elle qui serait perdu si elle était une artiste plus accomplie. Son portrait des personnages et des situations est à la fois sauvage et aiguë, et elle semble réserver l’ensemble de ses observations les plus vicieuses pour elle-même. Elle se décrit comme une sorte de dirigeable au nez crochu souffrant d’acné et prend un grand plaisir à exagérer tous les côtés négatifs de son caractère jusqu’à ce que nous soyons laissés avec un portrait d’une vulgaire, agressive et tapageuse juive.
Vous n’avez pas rencontré beaucoup de gens qui soient prêts à être si impitoyablement honnêtes sur eux-mêmes et quand vous le faites c’est un vrai régal, croyez-moi. Je suis sûr du soulagement immense qu’elle ne tourne pas son regard méchant et satirique sur vous, le lecteur.Mais bien sûr, comme avec la plupart des femmes mentionnés ci-dessus, il ya à peu près autant de chances de la retrouver au travail dans le courant dominant des bandes dessinées comme il en est de moi comme gagnante du Miss Monde de l’an prochain.
C’est moins le cas avec la deuxième catégorie de l’édition alternative, ce qu’on a appelé les « ground-level comic ». Ces bandes dessinées sont à peu près assez libres pour figurer sur les nouveaux stands sans censure, et profiter des avantages de ne pas être responsable devant une autorité supérieure.
Le terme a été inventé avec l’émergence de la ligne désormais défunte Star Reach de Mike Friedrich, qui, tout en donnant beaucoup d’espace pour des artistes établis comme Barry Smith et P. Craig Russell, a également fait place aux nouveaux venus talentueux comme l’excellente Lee Marrs. Marrs est le talent responsable de Pudge, Girl Blimp un strip semi-autobiographique, que Star Reach a publié, parmi des séries d’aventures plus sérieuses.Cette dernière chose est , pour moi, très intéressante en ce qu’elle démontre comment il est possible d’avoir une histoire passionnante, sans recourir à de telles obsessions populaires que la puissance masculine et la violence aveugle, afin de pimenter l’intrigue.
Une autre femme dans cette catégorie, qui a aussi émergé de ce qu’on pourrait appeler le « ground-level comic », est Wendy Pini. En plus avec son mari Richard, Wendy a produit l’excellente bande dessinée Elfquest qui en est déjà à quelques treize livre-épisodes et est probablement l’une des utilisations les plus confiantes de la narration graphique produite par les gens des deux sexes disponible pour le moment.
Je pourrais facilement consacrer un article entier à Wendy Pini, comme d’ailleurs je le pourrai pour la plupart des femmes ci-dessus. Il suffit de dire que c’est bien la peine de vérifier que des choses animées et divertissantes dans leur propre droit, en plus d’être un regard optimiste sur ce genre d’influences, pourraient être vues dans la bande dessinée grand public dans un avenir pas trop lointain.
Pini et Marrs ont tous deux eu des travaux publiés dans ces ouvrages largement dominés par les hommes tels que le magazine Epic, et il semble que, malgré le fait que les femmes en général semblent avoir une approche de l’art qui est très différente de ce que nous avons en droit d’attendre à partir du type d’aventure basique au masculin, il peut y avoir une chance que nous voyons les femmes progressivement infiltrer le business de la bande dessinée et nous espérons qu’elles l’enrichissent dans le processus.Vous remarquerez que la plupart des personnes mentionnées ci-dessus sont américaines, alors quel est l’état de la bande dessinée féminine de ce côté de l’étang ? Eh bien, en raison de la taille relative de la Grande-Bretagne et de l’Amérique les femmes ont beaucoup moins de travail dans le milieu, mais elles tendent à compenser en qualité pour ce qui est de leur manque en nombre.
Un bon exemple est Fanny Tribble, qui je crois est apparue dans les compilations Sour Cream avant de passer à ses livres en solo, Heavy Periods et Funny Trouble, tous deux publiés par les livres à connotations féministes Sheba.
Comme beaucoup de femmes déjà évoquées, l’accent de ses dessins est plus situé sur l’honnêteté et la franchise plutôt que d’un souci de désencrage et de l’anatomie détaillée impeccable.
Personnellement, j’aime beaucoup les choses de Tribble, surtout parce qu’elle semble se sentir suffisamment en confiance pour rire des aspects les plus ridicules du féminisme dans un même temps, comme elle rit d’elle-même et des gens autour d’elle.Puis, il ya Posy Simmons, dont le travail apparaît régulièrement dans The Guardian. Encore une fois, l’approche de la caractérisation est à la fois impeccable et absorbante, en particulier dans son interprétation de l’esprit vieux jeu de la mère au foyer issue de la classe moyenne Wendy Weber.
C’est un de ces strips qui parodie implacablement son propre public, et si bien que tout ceux qui le lisent, y compris la vraie Wendy Weber dans son public, sont convaincus qu’elle se moque de quelqu’un d’autre.
Bien sûr, je suppose que le dernier mot de ce morceau devrait aller à la « Femme Dans Les Bandes dessinées » qui se trouve être à la barre de la rédaction de ce magazine, la brutale, rude et dominatrice Mme Bernie Jaye qui est justement avec moi ici dans le studio en ce moment.
Bernie, comme éditeur, y a t-il quoi que ce soit que vous puissiez faire sur la manière dont les femmes sont traitées dans la BD ? Particulièrement en tant qu’éditeur d’une chose telle que Savage Sword of Conan ?
«Eh bien, avec Conan ce n’est que du matériel de réimpression donc il y a très peu de choses que vous puissiez faire pour changer cela. Là où je peux faire sentir ma présence est quand il s’agit de produire des magazines originaux, je peux choisir qui travaille sur eux dans une certaine mesure et je n’ai pas à engager n’importe qui prendra une approche sexiste. «C’est très bien. Mais en gardant à l’esprit ce que j’ai dit plus tôt, pensez-vous vraiment qu’il ya beaucoup d’opportunités pour une seule femme dans un domaine masculin d’être en mesure de réellement tout faire pour un changement majeur ? Etes-vous optimiste quant à l’avenir des femmes dans les comics?
« Pas vraiment. Pas dans l’immédiat. Tu vois, la chose entière est liée à la structure sociale tout entière, de sorte alors si elle pourrait éventuellement changer ça va être un processus assez lent. Pour une chose, les femmes, comme une partie de la société, sont tout aussi enveloppées dans le sexisme que quiconque. La différence est que, parce que les femmes sont opprimées par le sexisme, elles sont plus susceptibles de vouloir faire quelque chose pour changer la situation. À tout moment les femmes savent ce qu’elles veulent et elles savent dans quoi elles s’embarquent. Je pense que c’est le domaine que nous devons explorer … l’écart entre ce que veulent les femmes et ce que les femmes vont obtenir. C’est une sorte de «fossé d’insatisfaction» et surtout une prise de pouvoir et de changement ou de désespoir. «Et je pense que sur cette note vaguement sombre nous devrions terminer cet article. Trois parties de culpabilité masculine-libérale dont le coeur bat, c’est assez pour tout le monde, non?
S’il ya quelqu’un là-bas qui a effectivement réussi à parcourir tout ce verbiage et sortir de l’autre côté avec leurs marbres intacts, je voudrais beaucoup entendre ce que vous pensez, que ce soit pour ou contre. Yat-il un problème ici, ou est-ce que j’exagère ? Y a t’il quelque chose à faire à ce sujet et si oui quoi ? Rédiger et faites le moi savoir.
Prenez six pages en expliquant exactement pourquoi je suis la plus ennuyeuse et arrogante des fripouilles à jamais marcher sur la surface de la terre si vous le devez, mais écrivez. Vous, après tout, êtes les lecteurs. Vous payez les salaires. Et je pense que vous avez quelques mot à dire sur ce genre de comportements de l’industrie des comics. J’ai hâte de vous entendre.
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L’homosexualité dans les Comics
Article publié sur Comics Blog le 26 juin 2011.
Si l’on doit retracer l’histoire de l’homosexualité dans les comics dans son ensemble, cela revient comme partir à la recherche de l’un des sujets les plus tabous de l’histoire de la bande dessinée américaine. Mais c’est aussi tenter de définir comment et par quelle ruse l’homosexualité a pu exister dans ce média malgré la censure, et comment elle a pu évoluer grâce au changement des mentalités et d’un état d’esprit de tolérance qui reste malgré tout très fragile de nos jours.
Car, le constat que l’on peut faire d’entrée de jeu, c’est qu’il est extrêmement difficile par exemple de dater ou même de raconter les origines de la présence de personnages homosexuels dans les comics. L’une des raisons évidentes est qu’une partie de son lectorat a longtemps été constitué par des enfants, la présence de personnages gay ou d’histoires mettant en scène des sujets liés à l’homosexualité n’avaient donc pas leur place dans des pages susceptibles d’être lues par un jeune public.
C’est donc assez tôt et de manière à éviter toute ambiguïté que la censure a mis un frein sur les allusions et autres dérives susceptibles de heurter -ou pire- de faire sombrer les lecteurs du côté obscur de la Force.
Mais alors qu’un vent de révolte à l’échelle mondiale s’est mit à souffler vers la fin des années 60, le petit monde obligatoirement hétéronormé des comics s’est vu lui aussi chamboulé par l’apparition d’une pléiade d’éditions indépendantes, underground et revendicatrices traitant sans ambages de sujets de société comme la libération de la femme, des droits de la communauté afro-américaine ou des questions LGBT.
Il faudra attendre le début des années 90 pour que le premier super héros gay fasse son apparition chez un éditeur mainstream, ouvrant la voie à d’autres personnages inexorablement ancrés dans la vie moderne, sensibilisant ainsi les lecteurs aux difficultés et aux inégalités liées à l’homophobie.
Et parallèlement, va se développer tout un circuit alternatif d’éditeurs spécialisés pour un lectorat exclusivement gay, et dont les titres vont être très diversifiés, allant de la BD érotique, des témoignages réalistes, aux aventures de super héros classiques.
1/Tout n’est qu’ambigüité.
Il fut une époque où avant d’être effectivement et explicitement interdite par la censure américaine, l’homosexualité était timidement représentée par l’utilisation d’allusions plus ou moins assumées, c’est le cas dans les pages de Krazy Kat de George Herriman dont les aventures sous forme de comic strip seront publiées (notamment dans le New York Evening Journal) de 1913 à 1944. Krazy Kat est un personnage dont le sexe est indéterminé et dont son auteur préfèrera faire planer le doute sur son genre jusqu’au bout, déclarant qu’il est asexué et préférant le comparer à un elfe ou une créature féérique.
Parmi les bandes dessinées érotiques qui ont vu le jour dans les années 20, les Tijuana Bibles étaient distribuées dans la clandestinité et parodiaient des personnages connus comme Mickey, Popeye ou Wimpy dans des scènes à forte connotation sexuelles et notamment homosexuelles.
Entre 1938 et 1939, Terry and the Pirates de Milton Caniff nous présente le personnage de Sanjak, une badgirl habillée en homme qui avait des vues sur la fiancée du héros.
En 1940, Madame Fatal, un homme qui combat le crime déguisé en femme, sévit dans Crack Comics #1 et dans les 21 épisodes suivant.
En 1950, dans School Day Romance #4, un certain Butch Dykeman (je suis sure que vous apprécierez comme moi le jeu de mot) apparaît dans une histoire intitulée « Toni Gay ».
2/ Le code anti-gay
En 1954, le psychiatre Fredric Wertham qui est à l’époque considéré comme un expert et un spécialiste sur les troubles psychologiques des adolescents publie son livre : Seduction of the Innocent. Dans celui-ci, il va expliquer que les comics influencent tellement les jeunes qu’ils sont l’une des causes de la délinquance juvénile et sa publication va coïncider avec les travaux d’une commission d’enquête dans ce domaine.
Wertham va aussi expliquer que la force et l’indépendance de Wonder Woman -en plus du fait qu’elle habite sur une île exclusivement peuplée par des femmes- font d’elle une lesbienne. De plus il ira jusqu’à dire que « le genre d’histoire dans lequel évolue Batman ne peut qu’inciter les enfants à assouvir leurs fantasmes homosexuels. » à cause d’un « un homo-érotisme récurrent entre Batman et son jeune acolyte Robin ».
Seduction of the Innocent a fini par influencer les politiques qui obligèrent les éditeurs à se censurer en créant le fameux Comic Code Authority. Il n’était donc même plus question d’homosexualité suggérée dans les comics mainstream assujettis désormais à cette commission d’auto régulation.
A partir de cette date il existe donc plusieurs options pour un éditeur : rentrer dans le rang des bonnes mœurs ou bien publier des comics sans chercher à obtenir l’aval du comic code et se destiner à un lectorat plus qu’averti et extrêmement restreint. C’est ainsi que va éclore toute une série d’éditeurs de comics underground et alternatifs vers la fin des années 60.
Parmi les publications de cette période, Steve Ditko va écrire et dessiner en 1957 une histoire de 5 pages intitulée «The Man Who Stepped Out Of A Cloud » dans Out Of This World #5 où un alien emmène un jeune garçon introverti sur sa planète uniquement peuplée d’hommes.
Cette même année, les illustrations homo-érotiques de Tom Of Finland (de son vrai nom Touko Laaksonen) apparaissent dans le magazine Physique Pictorial.
Jimmy Olsen se travesti pour la première fois en Miss Jimmy Olsen dans Superman’s Pal Jimmy Olsen #44 en avril 1960.
Dans le périodique gay Drum magazine, Allen J Saphiro (sous le pseudo d’A. Jay) débute en 1964 ce que l’on considère comme le premier comic strip gay de l’histoire : The Adventures of Harry Chess: That Man from A.U.N.T.I.E. (Agents Undercover Network To Investigate Evil.) qui est une parodie de James Bond et qui sera republié sous la forme d’un album en 1966.
Joe Johnson fait de même avec ses strips Miss Thing et Big Dick publiés dans The Advocate magazine en 1965.
3/L’émergence des comics gay
La fin des années 60 correspond à plusieurs mouvements contestataires de par le monde et menés par diverses communautés qui aspirent toutes à plus de liberté. Ces étudiants, ces femmes, ces afro-américains et ces homosexuels sont amenés à créer une nouvelle variété de comic-book : Des comics appelés underground ou alternatifs (Underground comix) qui ne dépendent pas du Comic Code.
Très influencés par les EC Comics qui mirent le feu aux poudres à l’époque de l’avènement du Comic Code, les Underground comix (qui méritent à eux seuls un dossier…oh tien en voilà une idée quelle est bonne !) prônaient la contre culture, la liberté sexuelle, l’utilisation légale des drogues et bien évidemment l’absence totale de censure.
Le mouvement féministe permis à ce que le premier comics incluant un personnage lesbien soit publié en 1972, il s’agit de Wimmen’s Comics avec Sandy Comes Out de Trina Robbins. Deux années plus tard, Come out Comix de Mary Wings devient le premier comic-book lesbien de l’histoire, il sera suivi par Dyke Shorts du même auteur en 1978.
De nombreux auteurs tels que Marry Wings, Roberta gregory (auteur de Dynamite Damsels, la première série lesbienne publiée en 1976 d’où provient la célèbre Bitchy Bitch), Jerry Mills (Poppers, 1982), Howard Cruse, Robert Triptow, Jennifer Camper (Juicy Mother) Tim Barela (Leonard & Larry), Lee Mars et Trina Robbins (les deux instigatrices de Wimmen’s Comix) se réunirent pour former un nouveau label : Gay Comix en 1980. Regroupant des artistes gay, lesbiennes et transsexuels, Gay comix publiait les titres autobiographiques et relatant des histoires sentimentales plutôt qu’érotiques ou à connotation sexuelles (ou pornographique) comme ce fut le cas avec son alter égo Meatmen.
En 1983, le comic strip Dykes to watch out for d’Alison Bechdel apparait pour la première fois dans les pages de Womannews et deviendra une des BD cultes de la communauté lesbienne.
Parallèlement à cet essor, les années 80 sont également marquées par l’apparition du SIDA et d’une recrudescence de l’homophobie. Les comics gay ont alors joué un rôle important d’information et de prévention dans le but de sensibiliser les lecteurs au safe sex (AIDS U.S.A) mais aussi politique afin de réagir contre les décrets et propos homophobes du gouvernement britannique.
En 1988, le gouvernement Thatcher promulgue la clause 28, un amendement qui interdit tout organisme public de faire la « promotion de l’homosexualité ou l’acceptation de l’homosexualité en tant que prétendue relation familiale ». Scandalisé par cette loi, Alan Moore réunit une pléiade d’artistes autour d’un projet commun qui tend à dénoncer l’homophobie du gouvernement et de la société britannique conservatrice de l’époque, faisant ainsi appel à des scénaristes et dessinateurs parmi lesquels David Lloyd, Neil Gaiman, Brian Talbot, Dave Sim, Dave Gibbons, Steve Bissette, Bill Sienkiewicz, Frank Miller, Robert Crumb, Jaime et Gilbert Hernandez, Art Spiegelman, Harvey Pekar, Kevin O’Neill… et publie une anthologie de 76 pages intitulé AARGH (Artists Against Rampant Government Homophobia).
4/Les autres éditeurs se mettent (timidement) au rose
En dehors des publications spécialisées, les personnages gays font timidement leur apparition dans les comics mainstream à partir des années 80, ou lorsque Bruce Banner manque de se faire violer par des hommes sous la douche d’un YMCA dans Hulk #23 en 1980, alors que le terme de « gay » est pour la première fois employé dans un comic mainstream sur Fantastic Four #251 écrit par John Byrne en 1983.
Enumérer tous ces personnages qui ont évolué à cette époque ne servirait pas à grand-chose, bien que quelques-uns aient permis de participer à une plus grande visibilité et une acceptation de la part du lecteur habitué aux héros hétéro.
Ainsi on retiendra que Watchmen d’Alan Moore (1986) possède un très bon quota de personnages gay dans ses pages : Hooded Justice, Captain Metropolis ainsi que Silhouette sont gays, et les références à l’homosexualité sont très présentes comme dans la scène de dispute entre une femme nommée Joey et son ex petite amie.
Alan Moore récidive trois ans plus tard avec V pour Vendetta qui fait référence à l’histoire poignante de Valérie, une jeune fille enlevée et séquestrée parce que lesbienne par un régime totalitaire.
Enfin, ou pour finir avec les exemples marquant, en 1988 Maggie Sawyer, un personnage secondaire récemment intégré par John Byrne dans Superman, se révèle être la première mère lesbienne dans un comic-book mainstream. Et grâce à son rôle important dans la mini-série Metropolis S.C.U. celle-ci sera récompensée en 1996 par les GLAAD Awards (une cérémonie qui récompense les œuvres provenant de différents médias pour leur participation à la visibilité gay).
A la même époque chez Marvel, la mutante Mystique entretien une très longue relation avec sa « meilleure amie » Destiny (aka Irene Adler), dont la nature saphique sera relayée de manière très suggestive par Chris Claremont. Mystique étant une métamorphe, elle peut prendre l’apparence d’un homme, le lecteur averti pouvant ainsi apprécier toute la subtilité d’une scène très émouvante où le couple peut enfin exprimer son amour ouvertement le temps d’un pas de danse dans Marvel Fanfare #40.
5/Le grand outing des 90’s
En 1989, le Comic Code Authority remet à jour ses normes et autorise à ce que les groupes sociaux telles que la communauté homosexuelle soit abordée de façon positive, et à ce que les références discriminatoires et péjoratives soient abolies à moins d’être utilisées à des fins dramaturgiques.
C’est ainsi que le thème de l’homosexualité va être abordé de deux manières différentes, soit en servant de cause à défendre pour le héros, ou carrément en mettant sur le devant de la scène un personnage homosexuel sans aucune ambigüité.
Dans le premier cas, on retrouve des histoires où le héros doit faire face à des expéditions punitives contre les homosexuels comme avec John Constantine dans Hellblazer #6, 7 et Swamp Thing #74 (à noter que Constantine est un personnage bisexuel, même si la plupart du temps il est attiré par des femmes).
Ce thème du « gay bashing » est aussi abordé des années plus tard dans Green Lantern lorsque le personnage de Terry Berg, le jeune assistant de Kyle Rayner, qui lui a fait son coming out (Green Lantern #137, juin 2001), est violemment agressé dans les épisodes 154 et 155 (novembre-décembre 2001) intitulés Hate Crime. Batttu à mort, il va tomber dans le coma et cet évènement va sérieusement remettre en question Rayner sur son rôle de protecteur de l’humanité. Il finira par confier son poste de Green Lantern à John Stewart. Cette histoire fut récompensée en son temps de deux GLAAD Awards. Elle fait ouvertement référence à Matthew Shepard, un étudiant sauvagement battu à mort par deux autres étudiants de son âge en 1998 parce qu’il était homosexuel.
Dans le second cas, l’année 1992 marque véritablement un changement dans l’approche des personnages gays avec l’apparition du premier super héros homosexuel dans le Marvel Universe : Northstar fait son coming out dans Alpha Flight #106 et on peut dire que cette histoire écrite par Scott Lobdell fait l’effet d’une bombe. Les réactions du public sont diverses comme on peut le voir dans ce reportage télévisé :
Un an plus tard les amours contrariés de Francine et Katchoo dans le Strangers in Paradise de Terry Moore vont amener un vent nouveau dans la problématique LGBT, mêlant romance et bleuette assumée, intrigue sur fond d’histoires mafieuses et complot gouvernemental.
En 1995 Sara Rainmaker s’avère être bisexuelle dans Gen 13 # 2 ( Vol.1) même si son homosexualité sera confirmée un peu plus tard.
La même année, Paige Braddock publie le formidable Jane’s World un comic strip qui raconte les tribulations d’une lesbienne dans sa vie quotidienne et qui sortira sous la forme de comic-book à partir de 2002.
Parallèlement, les éditions indépendantes ne sont pas en reste, bien au contraire puisqu’un véritable marché du gay comics va continuer à se développer. Fantagraphics est un de ces éditeurs qui va régulièrement publier des comics gays ou à forte connotation LGBT comme avec le cultissime Bitchy Bitch de Roberta Gregory en 1991 et le succès de la série Love and Rocket’s de Gilbert et Jaime Hernandez tout au long des années 90 et bien au-delà.
Dans la série Sandman de Neil Gaiman, on retrouve aussi régulièrement des personnages gay notamment dans Preludes and Nocturnes et The Kindly Ones.
La fin des années 90 est marquée par l’apparition d’un des couples gays les plus appréciés par tout le lectorat de comics confondu : il s’agit bien sûr d’Appollo et Midnighter ou si Superman était en couple avec Batman et faisaient partie d’une JLA aux antipodes de celle que l’on connaît, The Authority. Créé par Warren Ellis le couple finira par se marier sous la plume de Mark Millar en 2002 et adopter la petite Jenny Quantum.
6/Les années 2000 et la continuité
Les années 2000 vont voir de plus en plus de personnages gays obtenir un rôle important dans une série, voire le premier rôle, on peut citer Allison Mann la scientifique et partie intégrante du trio de Y The Last Man, Danielle Baptiste, une des détentrices de la Witchblade, et personnification de l’Angelus, et Kate Kane, alias Batwoman qui est le seul personnage lesbien à posséder son titre parmi toutes les séries issues de l’édition mainstream, autant dire qu’elle est une révolution à elle toute seule !
Bien que cela ne soit pas un comic-book Michael Chabon sort en 2000 Les extraordinaires aventures de Kavalier et Clay, un roman qui parle du milieu des comics et dont l’un des deux personnages principaux est gay.
En 2003 le personnage de Renee Montoya (qui à la base vient de la série animée Batman, et qui a ensuite été introduite dans le comic-book) est outée par un ennemi assoiffé de vengeance (et au double visage) à ses collègues et sa famille dans la série où elle évolue Gotham Central, l’histoire est superbement écrite par Greg Rucka.
La même année, Rawhide Kid, un personnage hétérosexuel qui à l’origine a été créé en 1955, réapparaît avec la mini-série The Rawhide Kid : Slap Leather qui crée la polémique en décrivant le personnage de Johnny Clay comme étant gay, l’affublant de tout un tas de stéréotypes propres au registre de l’homosexuel efféminé et maniéré, à commencer par un humour camp et tendancieux qui va désarçonner plus d’un lone ranger croisé sur sa route.
En 2005 Marvel se rattrape en révélant un nouveau couple : Hulking et Wiccan membres des Young Avengers , ces deux personnages ont été créés par Allan Heinberg, un scénariste de comics et de télévision ouvertement gay. Chez Marvel toujours, il est intéressant aussi de relever et surtout de suivre la relation entre Karolina Dean et Xavin, la lesbienne et le métamorphe de Runaways.
Chez les mutants, les homosexuels et les bisexuels sont aussi de la partie, on peut citer Phat et Vivisector, Bloke, Karma, Daken, Colossus dans sa version Ultimate, Anole, Shatterstar et Rictor.
En septembre 2010, Archie Comics met en scène dans les pages de Veronica un nouveau personnage : Kevin Keller qui va annoncer son homosexualité et être au cœur de toutes les attentions. A l’image de Northstar en son temps, son statut d’homosexuel fait couler beaucoup d’encre.
Marvel frappe ensuite un grand coup avec le très médiatique mariage homosexuel entre Northstar et Kyle dans Astonishing X-Men #51 en 2012, s’ensuit une sorte de surenchère maladroite concernant la surexposition des personnage gays dans l’édition mainstream qui est loin de plaire à tout le monde (on apprend quelques mois plus tard qu’Alan Scott est gay, les fans taxant DC Comics d’être opportuniste).
La scénariste Gail Simone, grand soutien pour la cause LGBT dans les comics crée la surprise en faisant d’Alysia Yeoh une représentante de la communauté transgenre dans les pages de la série Batgirl, la première dans l’histoire des comics mainstream.
Mais la déception est également à la hauteur du potentiel de l’héroïne Batwoman, lorsque l’on apprend que son mariage avec Maggie Sawyer, pourtant prévu de longue date est annulé pour des raisons éditoriales, provoquant la colère et le départ de son équipe créative, sans parler d’un tollé de la part des lecteurs, qu’ils soient homo ou hétéro.
En 2014 la série Lumberjanes de Noelle Stevenson, Grace Ellis et Brooke Allen publiée chez Boom! Box nous présente parmi ses héroïnes intrépides deux adolescentes, Mal et Molly, qui vont découvrir l’amour lors d’un camp d’été. Leur attirance mutuelle, qui s’esquisse tout au long du récit, est traitée avec beaucoup de subtilité, et ce au cœur d’une intrigue totalement déjantée.
L’année suivante, DC Comics décide de donner sa chance à Midnighter en lui octroyant une série régulière à son nom, la communauté LGBT salue ce geste, encore traumatisée par l’annulation de la série Batwoman quelques mois auparavant, qui n’a pas survécu au départ de son équipe créative, et dont les fans n’auront pas suivi l’approche de son nouveau scénariste, Marc Andreyko, pourtant ouvertement gay.
Mais les éditeurs indépendants ne sont pas en reste, tel IDW qui remet au goût du jour la franchise Jem and the Holograms en y intégrant un couple lesbien, celui de Kimber et Stormer, dont la relation était déjà assez ambiguë dans le programme destiné aux enfants dans les années 80. Scénarisée par Kelly Thompson, la série est la première œuvre où est créditée Sophie Campbell, autrefois Ross Campbell, un pas énorme dans l’acceptation et la visibilité des auteurs trans.
7/Les comics spécialisés
En plus des Gay Comix qui comme nous l’avons vu sont apparus au début des années 80, d’autres labels et éditeurs vont voir le jour, le plus célèbre d’entre eux est Prism Comics, une organisation associative dont le but est de promouvoir les œuvres, les artistes, et les lecteurs de comics dans ce domaine précis. Ainsi régulièrement Prism Comics va éditer un guide de lecture concernant exclusivement les titres gays ou comprenant des personnages homosexuels, et servir de portail et de boutique pour tous les comics (ultra) indépendants et autres fanzines.
Pride comics quantà lui va fièrement publier la série Pride High qui raconte les aventures d’une alliance de super héros homo/hétéro et dont le premier numéro a été traduit en Français. On peut aussi citer Boy meets Hero Comics, mais là encore il s’agit de petits éditeurs ultra spécialisés dont les les séries sont disponibles en achat sur internet ou dans les gay comic-shop de San Francisco (et oui, ça existe !)
The Pride, la mini-série de Joe Glass et d’un collectif d’artistes paru chez Queer Comix, se centre sur une équipe de super héros 100% LGBT, sans oublier le vivier de web comics présents sur la toile tels que Sister Claire et Supercakes parmi tant d’autres…
Les homosexuels dans les comics ont en fin de compte évolué exactement comme dans la vraie vie : présents depuis le commencement, ils ont dû se cacher, s’adapter ou faire semblant, s’organiser et se regrouper, sortir courageusement de l’ombre, et ainsi apporter un plus de par leur vécu et permettre de développer des histoires plus riches, plus sensibles et surtout plus actuelles.
Mais le long chemin pour une plus grande visibilité de ces personnages dans les comics mainstream – dans le respect et loin des clichés – est loin d’être terminé, à l’image d’un combat qui se livre aujourd’hui au sein de notre société entre une homophobie du quotidien et des revendications légitimes de couples et de familles en quête de protection sociale et de normalité.
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Les Femmes dans les Comics
Article publié sur Comics Blog le 8 mars 2011.
Aujourd’hui c’est la Journée de la Femme ! (Youpi !) Et à cette occasion, je vous ai concocté un petit dossier qui vous vous en doutez parle….. des femmes dans les comics !
Ce sujet est tellement dense et palpitant que je me suis permis de le décomposer en deux parties, la première consacrée à ces artistes féminines qui œuvrent souvent dans l’ombre depuis les prémices de cette industrie, et la seconde qui parle de ces héroïnes qui nous font tant rêver malgré les régressions multiples qu’elles ont pu subir tout au long de l’Histoire avec un grand H.
Dans ce dossier, je n’ai pas tenté d’inventorier toutes les artistes, ni tous les personnages féminins qui existent car si tel avait été le cas, je n’aurai pas terminé pour l’année prochaine !
J’ai préféré aussi vous parler de ce vaste domaine d’une façon générale, dans son ensemble, c’est-à-dire sans aller dans les détails au risque de m’y perdre. Ainsi j’ai par exemple délibérément omis de vous parler du costume sexiste de Power Girl, et des innombrables couvertures bondage de Wonder Woman, ou encore dans quelles circonstances Trina Robbins a conceptualisé le costume de Vampirella, et pourtant ce n’est pas l’envie qui me manquait !
Certains trouveront aussi que je n’ai pas assez mis en valeur les Marvel Girls, et ils auront raison ! Le fait est que je suis plus sensible à l’Univers DC, maison d’édition qui selon moi a réussi à mettre plus en avant ses personnages féminins que Marvel.
Bon ces petits détails énumérés, je vous souhaite une bonne lecture et SURTOUT une bonne journée de la Femme !
I Les artistes féminines
Quel sujet passionnant que celui qui traite des femmes dans les comics. Désarmant et complexe aussi. Car les femmes sont à la fois extrêmement présentes, tout en étant sous exploitées et mises de côté par cette industrie phallocrate où le super héros viril et surpuissant tient souvent le haut du pavé.
Et si aujourd’hui, Journée de la Femme oblige, on rendait un peu hommage à toutes celles qui participent depuis le début à l’évolution des comics, autant par le biais des artistes que des héroïnes ?
1/ L’histoire est en marche.
On le sait, depuis toujours les femmes représentent une minorité dans ce média, et pourtant elles ont depuis le début apporté leur impact et leur influence sans que (presque) personne ne sans rende compte. Aux balbutiements de cette industrie, c’est-à-dire au début du 20ème siècle, à l’époque ou les comics étaient encore publiés sous la forme de strip ou d’illustrations dans les journaux, Nell Brinkley (1886 -1944) est considérée comme la pionnière dans ce domaine.
Elle est en effet la première illustratrice à être publiée dans le New York American Journalavec son personnage nommé The Brinkley Girl qui aura d’ailleurs une carrière qui dépassera le domaine de la bande dessinée. Sans vouloir énumérer toutes les dessinatrices qui ont œuvré à cette époque, on peut néanmoins citer Rose O’Neill créatrice de la Poupée Kewpie (personnage mentionné dans le Journal d’Anne Franck, et Des souris et des hommes de John Steinbeck.), Grace Wiederseim, Edwina Dumm.
C’est ainsi que dans les années 20, (période marquée par un essor économique et social avant la grande dépression) plusieurs dessinatrices (comme Ethel Hays, Virginia Huget, Gladys Parker et sa célèbre Mopsy ainsi que Marjorie Henderson Buell à qui l’on doit Little Lulu*) vont se réunir et former un mouvement artistique et culturel appelé le « Tambour ».
La grande dépression voit apparaître la série intitulée Apple Mary crée parMartha Orr en 1932 et très prisée par les lecteurs de l’époque.
2/ Les reines du Golden Age.
Dans les années 40, Dale Messick crée le personnage de Brenda Starr, une femme extrêmement moderne pour l’époque,journaliste aux allures de Rita Hayworth, et réputéepour ses aventures exotiques et ses romances torrides.
En 1941, Tarpé Mills rentre dans l’histoire avec son personnage, Miss Fury (qui à l’origine porte le nom de Black Fury), dont l’alter ego est la riche mondaine Marla Drake, justicièrequi combat le crime dans sa combinaison noire. Elle est la première super héroïne crée par une femme.
Jackie Ormes quant à elle est la première femme afro-américaine à travailler en tant qu’illustratrice à succès, on lui doit les séries Torchy Brown Heartbeats, Candy, Patty-Jo ‘n’ Ginger, et à ainsi défié les dessins stéréotypés des personnages noirs dans la bande dessinée de l’époque .


Hilda Terry, Liens Marty et Linda Walter comptent aussi parmi les illustratrices qui ont marqué leur génération.
Ruth Atkinson est considérée comme une pionnière, étant la première artiste de comics de l’ère moderne, on lui doit notamment les personnages de Millie the Model(1945) et Patsy Walker (1944) la future Hellcat.
Will Eisner, (The Spirit) monument de l’industrie du comic-booket entre autre co-fondateur de l’éditeur Fiction House, permis à de nombreuses femmes de travailler en tant que scénaristes, dessinatrices ou coloristes (on peut nommer Ruth Atkinson , Fran Hopper , Lily René, Ann Brewster, et Marcia Snyder) .
D’ailleurs, les héroïnes de cette maison d’édition se trouvent être des personnages à la fois denses et riches, totalement à l’opposé des godiches et autres fantasmes masculins que l’on trouve déjà.
Marie Severin qui a été récompensée d’un Eisner Award a œuvré chez Marvel dès les années 50, on lui doit entre autre des couvertures et des illustrations sur Namor et Hulk, The Amazing Spider-Man, Iron Man, Conan le Barbare, Kull le Conquérant, Hellcat et Daredevil.
3/ Woman’s lib.
Ramona Fradon est une artiste prolifique du Silver Age, connue pour avoir co-crée les personnages de Metamorpho et Aqualad, le sidekick d’Aquaman. Elle a été récompensée par deux Eisner Awards. Elle va ouvrir la voie à toute une génération d’artistes féminines, souvent engagées dans la cause féministe.
A partir des années 70, les femmes vont aussi pourvoir s’exprimer artistiquement grâce à l’essor des maisons d’éditions indépendantes et underground, et ainsi de pouvoir parler de sujets beaucoup plus matures que les super-héros. L’une des fers de lance de ce mouvement se nomme Trina Robbins (qui a notamment conçu le costume de Vampirella), elle est à l’initiative de It Ain’t Me Babe, le premier comics intégralement produit par des femmes, ainsi que du collectif Comix Wimmen dont les publications ont des thématiques centrées sur le mouvement féministe, l’homosexualité, le sexe, et la politique.
Une autre série issue de la publication underground et entièrement conçu par des femmes, se nomme Tits and Clits Comix, fondée par Lyn Chevely et Joyce Farmer.
Dans cette même mouvance, les artistes Lee Marrs, Shary Flenniken, Aline Kominsky-Crumb (l’épouse de Robert Crumb), et Dori Seda sont les portes drapeaux de cette génération de femmes artistes politiquement engagées.
4/ Les femmes de demain
Depuis cette époque, les femmes vont se partager entre les titres mainstream et indépendants, et ce dans tout les domaines de création, qu’ils soient artistiques ou éditoriaux. En effet, jusque dans les plus hautes sphères des deux grandes maison d’édition, Marvel et DC, les femmes sont aussi présentes dans des postes à responsabilité à l’image de Diane Nelson qui est actuellement à la tête de DC Entertainment.
La relève est donc assurée, et ce grâce à des artistes extrêmement talentueuses qui œuvrent sans rougir sur des titres de renom. Elles se nomment Amanda Conner (Power Girl), AmyReeder (Madame Xanadu, Supergirl, Batwoman), Stéphanie Hans, Emma Rios (Osborn, Firestar), Jo Chen (Buffy), Alina Urusov (NYX) , Kelly Sue DeConnick (Osborn, Sif), Kathryn Immonen (Hellcat, Runaways), mais aussi Ann Nocenti (créatrice de Marie Typhoïde et Longshot ), Louise Simonson (scénariste de Power Pack), Juin Brigman (dessinatrice sur la même série), Gail Simone ( Birds of Prey, Wonder Woman, Secret Six, Welcome to Tranquility ), Devin Grayson (scénariste sur Batman, Catwoman, Black Widow) ou encore Agnes Garbowska.
Que de chemin parcouru depuis les illustrations de Nell Brinkley, l’histoire de la bande dessinée américaine est d’autant plus intéressante qu’elle est liée (contre toute attente) à ces femmes qui ont participé à son développement. Présentes depuis ses origines, les artistes féminines ont toujours eu une influence directe dans ce média, par la création de personnages, de courants artistiques, ou en favorisant l’édition indépendante, faisant de l’industrie des comic-books, bien plus qu’un nid de super héros.
*Ce personnage a inspiré le nom de l’association Friends of Lulu , une organisation pour promouvoir la lecture et la création de bandes dessinées pour les filles et les femmes.
II Des Héroïnes et des Hommes
Il est bien évidemment difficile de ne pas faire un rapprochement entre l’évolution des femmes dans la société contemporaine et leur représentation dans les comics. Historiquement, la femme a souvent fait l’objet de représentations stéréotypées ou totalement fantasmées, assujetties aux désirs sexuels de leurs auteurs ou cantonnés à des rôles peu glorieux, ne servant qu’à mettre en exergue la puissance toute masculine du super héros.
Et pourtant, il fut un temps où les femmes étaient plus nombreuses à lire des comics que les hommes. En effet, au début des années 40, les femmes plébiscitent notamment les personnages d’Archie Comics ainsi que Nellie the Nurse, Tessie the Typist, et Millie the Model, dans ces séries, les femmes sont dépeintes de manière réalistes, elles ont un travail, elles sont entreprenantes, et elles arrivent même à conjuguer leur vie sentimentale et leur carrière.
Elles deviennent aussi d’intrépides aventurières et justicières à l’image des héroïnes de la maison d’édition Fiction House, ainsi que Miss Fury ou encore Sheena la reine de la jungle, créée par Will Eisner. Aviatrices, espionnes, infirmières de guerre, détectives, ces aventurières du Golden Age se partagent le devant de la scène avec les premières super héroïnes : Fantomah et Wonder Woman en tête.
L’Amazone a été créée par William Moulton Marston qui a toujours cru aux vertus éducatives des comics. Celui-ci disait à l’époque que « « Même les filles ne voudront pas être des filles tant que nos archétypes féminins manqueront de force, de vigueur et de puissance. Comme elles ne veulent pas être des filles, elles ne veulent pas être tendres, soumises, pacifiques comme le sont les femmes bonnes. Les grandes qualités des femmes ont été méprisées à cause de leur faiblesse. Le remède logique est de créer un personnage féminin avec toute la force de Superman plus l’allure d’une femme bonne et belle. »
C’est à partir de la fin de la seconde guerre mondiale, alors que les femmes avaient remplacé les hommes partis au front dans de nombreux métiers difficiles, que celles-ci vont se retrouver remises « à leur place », et la guerre des sexes qui va en découler aura même des répercutions sur l’image de la Femme dans les comics.
A partir de ce moment, on ne trouvera plus de juste milieu entre les Good Girls et les Bad Girls pendant un bon moment. En effet, dans les années 50 apparait un nouveau genre de comic-book mettant en scène des personnages féminins, d’un côté les Good Girls comics (ou Romance comics) où les fantasmes des lecteurs rejoignent leur vision machiste de la femme au foyer, totalement dépendante de son mari, ou de la soupirante décérébrée incapable de tout discernement affectif. Il faut savoir que ce genre de comics destiné aux adultes a été créé par Joe Simon et Jack Kirby, les deux pères de Captain America.
En parfaite opposition aux femmes respectables c’est-à-dire soumises au patriarcat, les femmes fatales et autres Bad Girls provenant des Crime comics (et notamment la série Crime by Women), personnifiaient la décadence et la pornographie, à en croire le fameux livre « Seduction of the Innocent » qui est à l’origine du Comic Code Authority.
Ce principe d’autocensure instauré par les éditeurs va avoir un impact encore plus désastreux sur la représentation de la femme dans les comics. DC par exemple va exiger que les personnages féminins soient systématiquement relégués au second plan :
« L’introduction des femmes dans les histoires est spécifiquement déconseillée. Les femmes, lorsqu’elles sont utilisées en structure de l’intrigue, doivent être secondaires en importance, et doivent être représentées de façon réaliste, sans exagération de leurs attributs féminins ».
Ainsi, dans les années 60, des personnages comme Loïs Lane, Jean Loring ou Carol Ferris, vont servir de potiches en attendant qu’elles soient sauvées par Superman, The Atom ou Green Lantern.
Pire, et si une super héroïne a la chance de pouvoir se battre aux côtés du male dominant, (comme se fut le cas pour la première Batwoman et Batgirl) ce sera à coup de phare à paupières, et autres produits de maquillage à moins qu’elles soient dans l’incapacité de se batte parce qu’elles ont grillé un collant.
Mais Marvel n’est pas en reste puisque sa première super héroïne se nomme Susan Storm et à la particularité d’être …. Invisible.
On peut alors espérer que la révolution sexuelle et l’idéologie féministe aura raison du sous emploi des personnages féminins dans les comics. C’est effectivement le cas (du moins en partie), l’image de Wonder Woman se modernise, ainsi que celle de Loïs Lane, exit les potiches en quête de romance, les femmes sont au contact des faits de société comme le racisme ou l’exclusion. Susan Storm jusque là « fille invisible » (Invisible Girl) change de statut social en devenant La Femme Invisible. De nouvelles héroïnes font leur apparition (comme Vampirella,Power Girl, Halo Jones, les héroïnes de Love and Rockets), d’autres vont voir leur destin prendre un chemin inattendu et dramatique (Batgirl qui devient Oracle, Jean Grey en Dark Phoenix), on notera d’ailleurs que c’est souvent dans la souffrance et dans des circonstances dramatiques que les personnages féminins sont sublimés et prennent de l’ampleur.
Mais comme c’est souvent le cas, une période d’avancée et d’évolution fait souvent suite à une période de régression, les années 90 marque donc une époque assez mitigée ou de nouvelles héroïnes comme Sara Pezzini, Caitlin Fairchild, Aspen Matthews, Red Monika, Lady Death, Darkchylde, ont le vent en poupe et amènent une nouvelle génération de lecteurs, mais sont souvent représentées dans des poses lascives et hypersexuelles.
D’un autre côté, les comics indépendants vont amener une vague de fraicheur et de féminisme moderne avec Tank Girl, Francine et Katchoo de la série Strangers in Paradise, mais les comicsmainstreamdéveloppent aussi des personnages féminins à la hauteur comme Renée Montoya et les Birds of Prey dans l’univers de Gotham City par exemple. La télévision devient aussi une source d’inspiration, la preuve avec le personnage de Buffy transposé du petit écran au comic-book, et ce avec succès.
C’est aussi à cette époque que le vent du changement commence à souffler, et ce grâce à Internet qui démocratise l’avis des filles en matière de comics, elles qui jusqu’à maintenant restaient discrètes dans ce domaine. L’apparition de sites et de blogs comme celui de la scénariste Gail Simone : Women in Refrigerators qui recense le sort funeste des héroïnes dans l’histoire de la bande dessinée américaine, va inciter les éditeurs à considérer un peu mieux leurs personnages féminins.
On peut donc légitimement se demander qu’elle va être la prochaine évolution ou révolution de nos héroïnes de comics, en ce début de 21ème siècle. Il ne faut pas se leurrer, le lectorat toujours essentiellement masculin continuera à avoir une emprise sur nos déesses de papier. Même la plus vieille et la plus illustre des super héroïnes n’a pas fini de se dépêtrer du carcan paternaliste de ses scénaristes masculins.
Mais au-delà du clivage qui peut exister entre les éditeurs mainstream et indépendants, et de leur rapport (et du respect) qu’ils entretiennent avec leurs héroïnes, nous devons aussi nous demander en tant que lecteur, ce que nous souhaitons voir comme personnage, ou plutôt quelle image de la femme sous souhaitons voir dans ce média.
Et si l’espoir pour moi réside à Gotham sous les traits de la nouvelle Batwoman, c’est à chacun d’entre nous de trouver et de soutenir les héroïnes qui symbolisent et personnifient au mieux la femme du 21ème siècle.
Félicitations ! Un super dossier très pro, super documenté… j’adore 😀
Merci bien ! 🙂 🙂
super dossier trés complet et bien ficelé ….et super blog aussi qui est mon petit passage obligé tous les jours ^^ au plaisir de lire encore des geek comics article ^^
Pareil que les commentaires au dessus, surper dossier, juste une question.
Tu as lu tout les comics ou y’a de la recherche net pour certains ?
Dans tout les cas, félicitions.
Merci Caim, comme tu dois t’en douter il y a un peu des deux, j’ai lu pas mal de comics sur ces sujets, et j’en ai découvert d’autres grâce à mes recherches, du coup maintenant j’essaie de me les procurer, ce qui n’est pas toujours facile !
ça me plairait bien de lire les pages de Frank Miller dans AARGH.
As tu un teaser à partager ?…. par le plus grand des hasards
Et bien figure-toi que oui… 🙂 Il s’agit de trois pages en fait.
oh oh super, merci 1000 fois, je regarde ça de suite.
Tout ça était très intéressant, et j’avoue que ça me fait me poser certaines questions comme qu’en est-il du queerbaiting ?
(J’avoue qu’en ayant lu Billy & Teddy la première fois ils m’ont rappelé Robin et Superboy (surtout qu’ils étaient très pudique question contact physique) et je me demandais si, connaissant la tendannce de Marcel et DC à se piquer des persos et des concepts à tort et à travers, il s’agit simplement d’une heureuse coïncidence ou s’il s’en sont vraiment inspirés).
Je suis curieuse aussi de savoir ce que vous pensez de la toxicité des couples dans les comics,je suis en train de m’y remettre et j’ai commencé avec le début des années 90 notamment chez DC Comics et j’ai un haut le coeur rien que d’y penser. Les couples sains sont hyper rares, notamment pour la génération de cette époque, entre Superboy et Tana puis Wonder Girl et Robin et Spoiler….je crois que ce qui m’a le plus posé problème c’est qu’ils ont un peu ignoré les problèmes, genre ‘nan mais ils s’aiment alors c’est pas si grave’. Et plein d’autres trucs (je crois que le seul de cette génération à s’en être sortit c’est impulse (vu que les persos féminins de Young Justice disparaissent)). Enfin bref j’ai toujours l’impression de faire partie d’une minorité de lecteur à être dérangée par la façon dont les relations romantique (et amicales dans certains cas) sont traités