Dans les profondeurs de l’espace, une station de ravitaillement nommée le Sphacteria repère en orbite d’une planète gazeuse un vaisseau à la dérive ne répondant pas aux appels. Le vaisseau est en piteux état mais il semble malgré tout y avoir de la vie sur cette épave. Une petite équipe est alors désignée pour aller enquêter.
Arrivée à bord, l’équipe y trouve un vaisseau sans dessus-dessous ainsi que trois membres d’équipage en cryostase. Les caissons de stase semblent avoir été trafiqués mais le commandant ordonne le réveil des occupants afin de savoir pourquoi le vaisseau est dans cet état.
Mais le réveil se passe mal : Une mal-fonction fait exploser le réservoir d’azote liquide, le liquide se répand dans les cryotubes et les malheureux manquent de brûler vif. Les trois grands brûlés sont ramenés à bord du Sphacteria, sous sédatifs. Mais quelques heures plus tard, deux des blessés convulsent, leurs torses explosent, laissant s’échapper deux hideuses créatures qui s’enfuient dans la station…
Dés lors, les deux créatures vont faire régner la terreur, jetant une paranoïa contagieuse sur l’ensemble de l’équipage.
Entièrement réalisé par l’artiste canadien James Stokoe, Perdition (Dead Orbit en VO) est ce que l’on peut appeler une pure réussite et très certainement l’un des meilleurs comics Aliens que j’ai lu depuis des années.
Venant de moi ça peut paraître étonnant, je suis fan inconditionnel de cet univers, je suis donc logiquement quelqu’un de très exigeant mais avec Perdition, je ne peux que m’incliner : Tout est réussi, que se soit l’histoire ou l’aspect visuel, Perdition est un véritable sans faute.
James Stokoe est un artiste plutôt discret, il est particulièrement reconnu pour être un dessinateur minutieux, apportant un soin particulier à chaque détail : Il a notamment signé une histoire de Godzilla particulièrement impressionnante (Godzilla, The Half-Century War) que je vous conseille de lire. Le style de Stokoe peut être comparé à celui de Geof Darrow, les deux artistes partageant le soin du détail et la minutie presque chirurgicale : Si vous aimez Geof Darrow, vous aimerez forcément James Stokoe.
Wetta a d’ailleurs eu l’excellente idée d’apposer la couverture alternative de Darrow sur l’édition limitée française de Perdition, un juste retour des choses pour deux artistes au style voisin.
Plus qu’un comic, Perdition est un véritable hommage d’un passionné envers un univers qu’il adore et plus particulièrement au premier film, car ne vous y trompez pas, si le livre fait partie de la série des Aliens, on est ici plus proche de l’ambiance et des codes du premier film.
Chaque page, chaque détail renvoie au premier film, les décors hyper détaillés, les costumes des personnages, l’attitude des Aliens, tout renvoie au film de Ridley Scott.
L’ambiance claustro-phobique, paranoïaque, suffocante du film originel transpire à chaque page, ses conduits d’aération étroits, ses couloirs sombres, tout y est, et pour un peu on se croirait revenu sur le Nostromo.
Plus que le visuel, l’histoire en elle-même joue avec les nerfs du lecteur comme le premier film jouait avec ceux du spectateur : On ressent la pression aller crescendo, les personnages perdent pied face à des monstres invisibles et apparemment indestructibles, il se dégage même de ces Aliens une sorte de sensualité dans leurs attitudes, duo meurtrier de monstres cruels. Par exemple lors de ce passage malaisant où on peut les voir lovés l’un contre l’autre dans leur nid, l’impression de voir des sortes d’amants meurtriers, au milieu de leurs victimes, prisonniers englués et soumis.
Perdition réussi là où de nombreux comics se revendiquant du premier film ont échoué : Exit les monstruosités Aliens, ici pas de reine, de marines de l’espace ou de robots de combat, il ne reste que des hommes et des femmes, effrayées face à leur peur de l’inconnu, sombre, diffuse et viscérale.
De mémoire, je n’avais pas ressenti cela depuis le mythique Aliens Salvation de Dave Gibbons et Mike Mignola (également réédité récemment par Wetta).
Le tout est sublimé par une édition française de toute beauté, de très loin supérieure à la version américaine (je sais de quoi je parle, je possède les deux), Wetta propose d’ailleurs l’album dans deux hardcovers : Une version normale et une version limitée à 250 exemplaires avec une couverture de Geof Darrow.
Perdition est sans conteste le comic Aliens à lire si pour vous le premier film reste la référence ultime de la saga, voir du genre science-fiction horrifique : Un comic Aliens comme j’aimerais en lire plus souvent, que je mets aux cotés du Salvation de Gibbons et Mignola, le Alchimie de Richard Corben ou le Sacrifice de Peter Milligan et Paul Johnson.
James Stokoe frappe un grand coup avec cette bande dessinée, rendant hommage de la plus belle des façons à un film mythique, un coup de maître, tout simplement.
Aliens : Perdition, de James Stokoe, disponible en France depuis le 14 juin 2018 chez Wetta
Lu, j’ai attendu de le finir avant de lire ton article 🙂
Et je suis plutôt d’acord avec toi, de base je suis plutôt fan du style de l’auteur et en effet l’histoire est bien foutue (avec les flashbacks), le découpage et les décors sont vraiment impressionants !
Je recommande également 🙂