George A. Romero, Zombie(s) et comics (Deuxième partie)
Les suites des morts-vivants
Avant de parler des suites que le maître a donné à Zombie / Dawn of the Dead, il est, je pense, nécessaire de revenir sur son premier opus, La Nuit des Morts-Vivants qui est, aux États-Unis, un cas d’école de ce qu’il ne faut pas oublier de faire…
Chose rare, les droits du film sont tombés dans le domaine public, ce qui veut dire en gros que n’importe qui peut sortir n’importe quoi n’importe comment, et n’importe quoi, c’est souvent ce qui caractérise le plus un film ayant pour titre « La Nuit des morts-Vivants » n’étant pas le film original, car cette liberté de droit a surtout donné lieu à des extravagances un peu bigarrées…
Pour faire court, en 1968, la Walter Reade Organization (le distributeur du film en salles) «oublie» d’apposer un copyright sur toutes les copies du film, ce qui signifie en gros que toutes personnes ayant une copie du film original peut à loisir en faire ce qu’il veut et le vendre sans reverser le moindre sous aux ayants droits…
Depuis, le film original a eu droit à des versions colorisées, en 3D, avec des scènes supplémentaires (tournées 30 ans plus tard, avec les mêmes acteurs…) et j’en passe et des meilleures…
Les suites et remakes non-officiels ont aussi été légion, à ma connaissance il en existe neuf, pour la plupart des séries B, voir Z assez pitoyables. Le seul véritable remake approuvé par George Romero et celui de 1990 réalisé par Tom Savini sur la base du scénario original de Romero, avec Patricia Tallman dans le rôle de Barbara et Tony Todd (inoubliable Candyman) dans celui de Ben. C’est un remake que j’aime beaucoup et que je trouve dans l’ensemble très réussi.
Au chapitre des bizarreries, notons le Night of the Living Dead : Darkest Dawn, un film d’animation en images de synthèse réalisé par Simon West, réalisateur, entre autre de Lara Croft : Tomb Raider avec Angelina Jolie et The Expendables 2, avec les voix de Joseph Pilato, Bill Moseley, Danielle Harris et Tony Todd, qui malgré le fait d’avoir un casting de doublage trois étoiles est doté d’une esthétique digne d’une séquence cinématique de jeu Playstation 1…
Le co-scénariste du film original, John Russo, ira même jusque créer une saga alternative prenant pour base le film original, Le Retour des Morts-Vivants (Return of the Living Dead) qui malgré un premier opus devenu un classique de l’horreur des 80’s, sera suivi par un second opus plus que calamiteux, un troisième qui remontera légèrement la barre et enfin deux autres particulièrement… Ratés.
Cette liberté de droits a au moins un avantage, celui que le film peut être vu et téléchargé en toute légalité et peut ainsi être accessible à tous, je vous invite d’ailleurs à le découvrir au plus vite si ce n’est pas encore fait.
Il y a autant à dire sur La Nuit des Morts-Vivants que sur Zombie / Dawn of the Dead, si ce n’est plus encore, mais ce n’est pas le sujet aujourd’hui, j’y reviendrai peut être un jour dans ces colonnes (il faut quand même que je me garde des cartouches !).
Revenons au sujet du mois.
Dawn of the Dead / Zombie est donc la suite de La Nuit des Morts-Vivants, Romero n’allait bien évidemment pas s’arrêter là et signa plusieurs suites à sa saga, petit tour d’horizon rapide des autres zombies-films que le réalisateur livra.
Le Jour des Morts-Vivants (Day of the Dead, 1985)
Des chercheurs et des militaires sont terrés dans un silo à missiles et cherchent une éventuelle solution à l’épidémie zombie. Mais les tensions finissent par devenir explosives et la situation dégénère.
Romero continue sur sa logique et livre cette fois-ci une critique violente et acerbe du militarisme dans un huis-clos étouffant.
De plus, il continue de faire évoluer ces zombies avec le personnage du gentil zombie Bub.
Day of the Dead est très certainement l’un des films les plus gores de George Romero, certaines scènes de massacre étant parmi les plus gores graphiquement de sa filmographie.
Les effets spéciaux sont une nouvelle fois signés par Tom Savini, qui pour l’occasion sera assisté par Greg Nicotero, l’un des futurs créateur du studio d’effets spéciaux KNB EFX, studio qu’il créera avec deux autres légendes des effets spéciaux, Robert Kurtzman et Howard Berger. Greg Nicotero interprète également un des militaires du film et est aujourd’hui plus largement reconnu pour être en charge des effets spéciaux de la série Walking Dead et pour en avoir réalisé plusieurs épisodes.
Land of the Dead, le Territoire des Morts (2005)
Des survivants fortunés barricadés dans un gratte-ciel fortifié utilisent et soumettent les gens n’ayant pas les moyens financiers de vivre dans l’immeuble en leur faisant faire des missions de pillage dans les zones contaminés par les zombies. Mais un zombie plus intelligent commence à lever une armée de morts-vivants pour attaquer la forteresse.
Toujours dans la critique, Romero s’attaque cette fois-ci aux différences sociales avec cette allégorie à peine flagrante du peuple aisé vivant à l’abri dans un immeuble tandis que le « Petit peuple » vit reclus au pied de cet immeuble.
On a également un casting de choix avec Simon Baker (Mentalist), Asia Argento, John Leguizamo, Dennis Hopper et Robert Joy (Les Experts : Manhattan).
Encore une fois, Romero continue sur sa lancée de faire évoluer ces zombies avec le personnage charismatique du zombie Big Daddy, meneur de son armée de zombies. Le zombie Big Daddy est interprété par le colossal Eugene Clark.
Enfin les effets spéciaux seront confié à Greg Nicotero et KNB EFX et font parti, selon moi, des plus réussis que j’ai put voir dans un film de zombies.
Personnellement, je pense que Land of the Dead est un des meilleurs films de Romero et qu’il est, injustement, très sous-estimé.
Pour ce qui est des petites anecdotes, George Romero fut tellement impressionné par le film Shaun of the Dead de Edgar Wright et Simon Pegg que ces deux derniers font une apparition dans le film (les deux zombies enchaînés dans le bar), ils apparaissent également sur l’affiche du film, de même qu’une version zombie de Greg Nicotero.
A noter que le film est sorti en salles en France, dans une version considérablement censurée.
Diary of the Dead, Chronique des Morts-Vivants (2007)
Aux premières heures d’une invasion de zombies, un petit groupe d’étudiants en cinéma parti tourner un film d’épouvante dans les bois se retrouve pris dans la folie que génère cette épidémie. Le réalisateur en herbe en charge du projet y voit une occasion d’y tourner un documentaire et caméra au poing, va filmer leur déboires.
Film à part dans la saga des zombies de Romero, Diary of the Dead est un film hors-série dans lequel le réalisateur s’essaye au style found footage. Le film est plutôt réussi, Romero en profite pour cette fois-ci y critiquer les médias et leur course au sensationnalisme.
Le film est plus intimiste et tranche radicalement avec les visions spectaculaire d’apocalypse de Land of the Dead.
Diary of the Dead n’en reste pas moins un film très réussi, intéressant et très bien fichu, selon moi au dessus du lot de la plupart des films de ce type.
Survival of the Dead, Le vestige des Morts-Vivants (2010)
Sur une île isolée, deux familles vivant en autarcie sont éternellement en conflit. Cette île, épargnée en partie par l’épidémie zombie, voit l’arrivée d’un groupe de militaires ayant déserté leur poste et cherchant un abri. Cette arrivée ne va faire qu’envenimer un peu plus les relations entre les deux familles.
De toute la saga des Morts-Vivants de George Romero, Survival of the Dead est très certainement le moins réussi : Le film manque cruellement de rythme, on peine à vraiment comprendre les enjeux des personnages et ce que tente de critiquer cette fois-ci le réalisateur… Un film bizarre, qui malgré le fait qu’il fait une fois de plus évoluer le comportement des zombies, peine réellement à convaincre.
A noter que le groupe de militaire est d’abord aperçu dans le film précédent de Romero, Diary of the Dead.
De base, Survival of the Dead devait être le premier chapitre d’une trilogie devant mettre fin à la saga des zombies de Romero, malheureusement, le réalisateur décédera avant de pouvoir commencer le tournage du second opus.
Avant son décès, George Romero a produit un autre film de zombies, Road of The Dead (Wyrmwood) que, je vais être honnête, à l’heure actuelle j’ai acheté en DVD mais que je n’ai toujours pas regardé…
Le remake
Comme tout bon et mythique film d’horreur, Dawn of the Dead / Zombie a eu droit à son remake, titré L’Armée des Morts dans l’hexagone et tout simplement Dawn of the Dead aux États-Unis.
Le remake est sorti en 2003 et est réalisé par Zack Snyder.
Je ne vais pas m’étendre sur ce film, puisqu’il ne s’agit pas vraiment d’un remake à proprement parlé : Du film original, Snyder n’a eu la (bonne) idée de ne reprendre que le pitch de base, à savoir un groupe de survivants retranchée dans un centre commercial, pour s’en affranchir totalement et livrer un film complètement différent de l’original.
Pour ma part, j’apprécie énormément ce film que je trouve très réussi malgré quelques défauts (certaines décisions illogiques des personnages par exemple, réellement énervantes (7) ) et il y aurait beaucoup à dire sur dessus, son développement, son tournage etc. Mais ce n’est pas le sujet aujourd’hui.
Très honnêtement, c’est, encore selon moi, un très bon film de zombies, certainement un des meilleurs sorti ces dernières années et qui à eu le mérite de ramener à la mode pour le grand public les films de ce genre.
Je vous laisse seul juge en le regardant, le film est disponible un peu partout en DVD et Blu-Ray et sur les plates-formes de téléchargements et de streaming légales.
Romero et les comics
George Romero et les comics, c’est une histoire qui a duré et fut ponctuée de diverses apparitions et hommages tout le long de sa carrière : Car oui, George Romero aimais les comics, il le disait de temps à autres dans ces films, leur a rendu hommage avec un film devenu depuis une référence (Creepshow, sur lequel je vais revenir) et a même été jusqu’à en écrire.
De plus, l’homme a créé des licences et il n’est donc pas étonnant que le monde des comics allait très vite s’en emparer, avec ou sans l’approbation du maître.
Avec ou sans lui, voilà dans les paragraphes qui suivent un petit tour d’horizon des apparitions des monstres avides de chair fraîche créé par Big George et comme ses films, vous allez vite vous rendre compte que… C’est le chaos !
Note : En ayant déjà très souvent parlé dans les Jeudis précédents, je risque donc de souvent faire des références à ce que j’ai déjà écris, voir à y adjoindre beaucoup de liens vers mes chroniques ayant déjà abordés le sujet, ceux qui les ont déjà lus peuvent s’en passer, pour les autres, bonne lecture !
La première véritable incursion de Romero dans le monde des comics se fera en 1982 avec un partenariat avec une autre légende de l’horreur, à savoir le romancier Stephen King : Les deux hommes s’unissent pour un film, Creepshow qui va par la suite devenir une référence du film à sketchs horrifiques (un film à sketchs est un film présentant plusieurs histoires courtes, liées ou non). Plus qu’un film, Creepshow est un hommage respectueux et vibrant aux EC Comics : De ces personnages caricaturaux, ces histoires aux chutes horribles et surprenantes, sa photographie aux couleurs criardes et son habillage comics à base de bulles et d’onomatopées, Creepshow c’est une véritable déclaration d’amour aux comics d’horreur de la grande époque, ceux de EC Comics et de Warren Publishings.
L’hommage qu’est Creepshow se bouclera même de la façon la plus logique et la plus honorable qui soit lorsque le film sera lui-même adapté en comic par une légende de l’horreur, le regretté Berni Wrightson.
Il y a beaucoup à dire sur Creepshow, tant le film est emblématique et majeur dans son domaine et d’ailleurs, je l’ai déjà fait, puisque j’ai déjà consacré au film et à son adaptation un Jeudi entier, que je vous invite à découvrir en cliquant sur le lien suivant.
Par la suite, Romero va ponctuer nombre de ces films à des références aux comics, plus ou moins explicites. La plus flagrante sera dans Le Jour des Morts-Vivants dans lequel un scientifique nommé le docteur Logan tente d’apprivoiser un zombie surnommé « Bub » (référence indécelable dans la version française puisque le zombie en question sera renommé « Boubou »), la référence au X-Man Wolverine étant évidente.
Ledit zombie aura d’ailleurs les honneurs de deux comics : Tout d’abord Day of the Dead, The Rising of Bub en 2006 chez le petit éditeur Dead Dog (par Mark Kidwell et Greg Smallwood) puis Day of the Dead : Desertion en 2010 (par Stefan Hutchinson et Barry Keating au scénario et Jeff Zornow aux dessins).
Les deux étaient censées raconter les origines du fameux « gentil » zombie du film, le premier, Rising of Bub, devait à l’origine être une mini-série en trois numéros mais suite à des ventes très faibles, n’ira pas plus loin que le premier numéro. Quand au second, il s’agit d’un one shot distribué avec l’édition spéciale du blu-ray de Day of the Dead sorti en 2010 chez Arrow Films, ce comic est un prélude qui fait le lien avec le film.
Impossible de vous parler du premier, étant donné que je ne l’ai jamais lu et que je ne l’ai même pas trouvé sur internet, il s’agit visiblement d’un comic très rare… Pour le second, il s’agit d’un court comic promotionnel de plutôt bonne facture, à l’histoire bien fichue et aux dessins certes un peu dépouillés mais sympathiques.
En 2004, Romero signe son premier comic de zombies chez DC Comics, Toe Tags.
A la base inspiré d’un scénario écrit par le réalisateur, Toe Tags est loin d’être une réussite, et ce malgré de bonnes idées.
Contrairement aux autres œuvres du maître mettant en scène des zombies, ici l’action se situe bien après l’épidémie : Les zombies parlent (sommairement mais parlent quand même), réfléchissent et sont entrés en guerre avec les humains.
On y retrouve un peu les prémices de ce que sera Empire of the Dead, en plus brouillon : Notamment un être mi-homme mi-zombie, affublé pour l’occasion d’un bras canon, un peu à la manière du héros de manga Cobra. De plus, ce zombie-canon-mi-homme-mi-zombie au look de créature de Frankenstein se déplace à dos d’éléphant… On y trouve aussi certains types de personnages chers au réalisateur comme la jeune femme combative, le militaire zélé ou le chef d’entreprise politicard cruel.
Le principal problème de Toe Tags est en fait résumé dans le paragraphe précédent car Toe Tags c’est ça : Une créature hybride faites de morceaux de plusieurs choses assemblées ensemble dans un chaos et une incohérence presque hallucinante, un trop plein d’idées, mises bout à bout dans le désordre.
Et ce chaos d’idées se ressent à la lecture : On peine à savoir où Romero veut emmener le lecteur, voir globalement son récit. Certains personnages vont d’un camp à l’autre parfois d’un chapitre à l’autre sans que les raisons soient très claires et leurs motivations sont parfois assez obscures…
Contrairement à Empire of the Dead (sur lequel je vais revenir plus bas) qui est un récit très mature clairement destiné à un lectorat adulte, Toe Tags fait plus penser à un comic d’horreur pour adolescent, l’accent étant clairement mis sur le gore, l’action et les scènes de batailles. Ce constat est d’autant plus flagrant car en regardant les planches, on voit bien que le gore y a été volontairement exacerbé : Les zombies perdent des hectolitres de sang et de divers liquides organiques parfois indéfinis lorsqu’ils sont «tués», et les scènes de combats sont souvent surchargées de détails gores et sanglants. Visuellement, on sent bien que le dessinateur Tommy Castillo s’est fait plaisir.
Petite consolation, les couvertures sont signées par le grand Berni Wrightson.
Pour sa première incursion dans le monde des comics, Romero loupe le coche : La faute à une abondance d’idées mises un peu n’importe comment, débouchant sur un comic ayant un peu ni queue ni tête dont ont cherche encore après la lecture le véritable but.
Land of the Dead, l’adaptation officielle
En 2005, sort sur les écrans Land of the Dead, pour moi un des films les plus aboutis de George Romero comme vous avez pu le constater plus haut et c’est sans surprise (la folie des zombies bas son plein à l’époque) que le film est adapté en comic.
Basé sur le script original de George Romero, l’histoire est adaptée par Chris Ryall et les dessins sont du talentueux Gabriel Rodiguez, le tout fut édité par IDW.
L’histoire est exactement la même que le film : Des survivants fortunés vivent dans un gratte-ciel et utilise les petites gens vivant « en bas » pour faire les sales besognes, notamment des missions commandos pour récupérer des vivres. Mais un jour, lassé d’être utilisé, l’un de ces soldats va se révolter et tenter de faire chanter le chef de cette micro-société. Au même moment, Big Daddy, un zombie plus futé que ces congénères va mener un assaut sur le Green, le fameux gratte-ciel dans lequel sont retranchés les humains : La situation devient explosive et le gratte-ciel providentiel risque fort de se changer très vite en zone de guerre, Big Daddy et son armée émergeant lentement vers un état de conscience leur donnant de nouvelles facultés, notamment celle d’utiliser des armes à feux…
Il s’agit là d’une simple adaptation en comic, la BD ne fait qu’adapter simplement et fidèlement le film mais le fait de façon admirable et efficace. Toutes les scènes emblématiques du film sont présentes (certaines sont même un peu différentes, notamment le «nettoyage» que fait Cholo dans l’appartement du Green (9)), les dessins sont magnifiques, les acteurs du film sont très fidèlement reproduits (hormis Dennis Hopper qui visiblement n’a pas donné son accord pour qu’on utilise son image, son personnage apparaissant toujours le visage ombré dans le comic) et l’ensemble est très honnêtement très plaisant à lire : En résumé une adaptation de qualité pour un film de qualité, que demander de plus ?
Empire of the Dead
En 2014, George Romero décide de revenir aux comics, 10 ans après Toe Tags. Big George a-t’il retenu les leçons du fiasco Toe Tags ? Il faut croire que oui, même si le comic part d’une idée totalement saugrenue : Et si les vampires existaient, comment réagiraient-ils face à une épidémie de zombies ?
Le comic est une sorte de vraie-fausse suite à Land of the Dead, l’idée de départ en étant quasiment la même : Nous sommes sur la fin de l’épidémie zombie, les morts-vivants ont été quasiment éradiqués et la société humaine tente tant bien que mal de se reconstruire en créant des bastions dirigés de main de fer par des politiques ou des hommes d’affaires. Les quelques zombies errant encore servent de chair à canon, de bêtes de somme ou bien de divertissement. Mais la découverte de cadavres exsangues dans les rues va créer un doute parmi quelques survivants : Et si après s’être débarrassé des zombies, l’humanité se retrouvait confrontée à bien pire ? La réponse s’annonce être en fait bien plus compliquée…
Bien plus que l’idée de départ, la filiation avec Land of the Dead et l’ensemble de la saga des morts-vivants de Romero devient évidente après seulement quelques pages : Costumes des personnages, ambiance, décors et même certaines pistes scénaristiques (l’intelligence des zombies qui évolue encore une fois vers un nouveau stade), de plus, des références claires sont faites aux autres films du maître (notamment un flashback renvoyant directement à La Nuit des Morts-Vivants).
Empire of the Dead est donc contrairement à Toe Tags, une grande réussite, mais bon ça je l’ai déjà dit et je vous invite donc de nouveau à faire un retour en arrière dans mes chroniques et à cliquer ici pour en savoir plus sur Empire of the Dead car je lui ai déjà consacré un Jeudi de l’Angoisse (Des Comics) !
Le cas de la nuit des morts vivants
Il existe également de nombreux comics titrés « La Nuit des Morts-Vivants » là on arrive dans un cas compliqué puisque d’une part ces comics ne sont pas, pour la plupart, approuvés par George Romero et ensuite parce que l’histoire de cette licence en comics est quelques peu chaotique.
Je vais faire court car je compte revenir un jour plus en profondeur sur le film et les comics qui lui sont consacré.
La licence Night of the Living Dead en version comics apparaît tout d’abord au début des années 90 chez le petit éditeur Fantaco qui va publier pendant presque trois ans une multitude de comics à la qualité plus qu’honorable. Il va d’abord publier en 1991 un prélude au film original pour embrayer sur une adaptation du film d’excellente facture : Entièrement peinte et en noir et blanc, ce comic-book est très respectueux du film original (certaines scènes sont reproduites à l’identique et les acteurs immédiatement reconnaissables), de plus il rajoute plusieurs passages, pour la plupart issues du script original. La série se conclura après un numéro 5 faisant office de conclusion, Night of the Living Dead : Aftermath.
Fantaco frappe un grand coup avec cette adaptation d’une qualité rarement vue.
Suivra plusieurs one-shots, Attack of the Bikini Demons !, Zombie Genesis, Zombie Vacation, une mini-série, Zombie Apocalypse et surtout l’excellent Night of the Living-Dead : London, écrit par Clive Barker et Steve Niles et peint par Carlos Kastro (déjà à l’œuvre sur l’adaptation du film) dépeignant l’arrivée de l’épidémie en Angleterre.
Silence radio les années suivantes en ce qui concerne Night of the Living Dead en comics et il faudra attendre 2004 et le retour de la mode des zombies pour revoir nos chères carcasses putréfiés dans une version papier. C’est un autre petit éditeur, Dead Dog (dont j’ai déjà parlé plus haut) qui va s’en occuper pour un résultat plutôt mitigé. Sous-titré Barbara’s Zombie Chronicles, cette mini-série en trois épisodes prend pour personnage principal Barbara, mais pas celle du film original, mais plutôt la combative Barbara du remake de 1990. On a donc droit à un comic fait de gore et d’action assez agréable à lire mais qui ne restera pas dans les annales comme aurait dû l’être l’adaptation du film chez Fantaco.
Retour à la tombe pour nos cadavres ambulants pour quelques années qui reviendront sur le devant de la scène en 2010 grâce à un éditeur pour qui j’ai une affection toute particulière : Avatar Press ! Et que va faire Avatar Press ? Ce qu’il fait de mieux, à savoir du gore au travers de plusieurs mini-séries et de one-shots aux couvertures toutes plus crades les unes que les autres.
Les one-shots sont assez anecdotiques mais la première mini-série mérite le détour puisqu’au scénario on a ni plus ni moins que le co-scénariste du film original, John Russo, assisté de Mike Wolfer, un des piliers des publications Avatar.
Il s’agit d’une histoire alternative, se déroulant durant les événements du film. C’est assez bien fichu, agréable à lire et surtout très gore, Avatar oblige.
Panini a publié en France une grande partie des comics La Nuit des Morts-Vivants de Avatar.
Avatar fut très prolifique en quelques années et a littéralement inondé les étals des comic shops avec des comics Night of the Living Dead et en faire la liste serait vraiment très long et laborieux et encore une fois, ce n’est pas le sujet du mois et j’y reviendrais très probablement prochainement.
Pour finir, signalons aussi la sortie en 2014 d’une série en trois tomes La Nuit des Morts-Vivants, BD sortie chez Glénat BD qui en plus d’être une création hexagonale est d’une très grande qualité. Signée Jean-Luc Istin au scénario et Elia Bonetti aux dessins, il s’agit d’une variation de l’histoire du film original : Très bien écrite, superbement dessinée, je n’en parlerais malheureusement pas plus aujourd’hui car comme je le dit plus haut, il faut que je me garde des cartouches (et du coup je me suis grillé pour le sujet d’un prochain Jeudi).
L’adaptation en comics de zombie
Aussi surprenant (ou pas) que cela puisse paraître, Zombie / Dawn of the Dead a était adapté en comic et ce dans l’indifférence quasi-générale, et après l’avoir lu je peux dire que dans le fond, ce n’est peut être pas si mal que ça en fait…
Cette adaptation fut publiée en 2004 chez IDW, elle est signée Steve Niles (un habitué de cette rubrique, pour plus d’information, voir ici ) au scénario et un dessinateur du nom de Chee pour la partie graphique, que je l’avoue humblement, je n’avais jamais entendu parler.
Adapter Zombie / Dawn of the Dead en comics est-il possible ? Je pense que oui mais encore faut-il s’en donner les moyens. Comme je l’ai beaucoup dit dans la première partie, Zombie / Dawn of the Dead est un film très dense avec beaucoup de niveaux de lecture, il est de plus très long et il s’y passe beaucoup de choses. Enfin, visuellement, c’est un film très marqué, que ce soit au niveau de ces décors, de ces zombies ou de ces costumes. Tout cela était-il possible en comics ? Probablement, mais malheureusement, ce n’est pas le cas ici…
Car deux choses handicapent cette mini-série et c’est flagrant dés les premières pages : Sa durée et ses dessins.
Dés le premier numéro, il est clair que tout va trop vite : Là où Romero dans son film prend le temps de poser ces personnages, dans cette adaptation, le rythme est effréné. Certes elle respecte le scénario original, mais tout est expédié, raccourci, abrégé… Et cela se confirme dans les deux numéros suivant. Steve Niles est un excellent scénariste et j’ai du mal à croire que ce scénario soit de son seul fait et que les impératifs des trois numéros devaient très probablement être présents dés le départ et c’est bien dommage que le scénariste n’est eu que ces trois maigres numéros pour adapter une œuvre monumentale comme celle-ci…
On ressort donc de la lecture avec le sentiment d’une histoire trop courte, abrégée, à l’histoire et aux personnages à peine esquissée.
Second défaut, la partie graphique et autant être franc, ce n’est vraiment pas bon. Je ne connaissais pas Chee et force et de reconnaître que soit il a lui aussi dû pâtir de deadline serrées, soit il n’avait clairement pas le niveau et ou l’expérience pour un projet de ce type. Le dessinateur cherche visiblement dans les premières pages à coller au style du film mais on constate clairement au fur et à mesure des pages une baisse flagrante de qualité : Les visages ne sont pas très travaillés et les décors souvent inexistants. Combinés, ces défauts font perdre à certaines scènes emblématiques de leur intensité (par exemple, le nettoyage du sous-sol de l’immeuble au début du film, d’une scène dramatique et intense devient juste un massacre gore expéditif).
Cette adaptation du mythique Zombie / Dawn of the Dead est donc loin d’être une réussite : Handicapée par sa durée et ces dessins, elle peine vraiment à retranscrire l’ambiance et les thématiques du film malgré la présence d’un scénariste prestigieux comme Steve Niles.
Tentative loupée pour cette première apparition de cette licence en comics, en espérant que l’on laisse à Niles une seconde chance, car je suis convaincu qu’en lui laissant les coudées franches, le scénariste peut donner au film une adaptation digne de ce nom.
L’héritage de George Romero dans la culture pop est encore aujourd’hui énorme : Il a créé ce que sont les zombies modernes, un véritable pan de l’horreur moderne. Sans lui il n’y aurait jamais eu de Walking Dead ou de Resident Evil, Romero est un maître, une légende, qui en plus d’avoir créé une véritable mythologie horrifique s’est montré avant-gardiste dans ses films en mettant en avant des minorités, créant des nouveaux moyens de narration, des nouveaux codes visuels et en critiquant au travers de films de genre les travers de notre société.
Son héritage lui survivra encore pour des décennies et pour tout ça, Big George, je vous dis ou que vous soyez, merci !
8 : Néanmoins, Snyder reconnait avec le recul ses faiblesses d’écritures dans les commentaires audio du film, sans vraiment les expliquer autrement que par son manque d’expérience de l’époque.
9 : Scène d’ailleurs coupée lors de la sortie en salles du film en France, il faudra attendre la sortie DVD du film en version non-censurée pour la voir dans l’hexagone.
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