Les récits dystopiques, uchroniques ou de science-fiction ayant lieu durant la seconde guerre mondiale, j’aime beaucoup ça : De l’excellent film Nimitz, Retour Vers l’Enfer avec Kirk Douglas, en passant par les multiples comics de Captain America (ou même son premier film, qui reste encore à ce jour mon film Marvel Studio favori) et plus récemment la glaçante et violente mini-série Über chez Avatar Press (publiée en France par Panini), j’avoue avoir une affection et un intérêt tout particulier pour ce genre d’histoire. C’est donc avec un enthousiasme tout particulier que j’ai commençais la lecture de ce Archangel de William Gibson et Butch Guice pour la finir sur un sentiment en demi-teinte…
« Watch out for your enemy
Death can be seconds away
Live for now like there’s no tomorrow
And forward we ride
In this warlike machine
There’ll be no returning »Masterplan – Crimson Rider (Extrait de l’album Aeronautics, 2005)
Nous sommes en 2016 et suite à des bisbilles entre les grands dirigeants des puissances mondiales, la terre est devenue un immense champ radioactif… Le seul espoir de l’humanité est le Séparateur, une machine à voyager dans le temps que des scientifiques tentent d’utiliser pour changer le cours de l’histoire. Mais cette immense machine est devenu le jouet du président américain Henderson qui plutôt que de l’utiliser à bon escient, compte s’en servir pour au contraire asseoir (sa) la domination du monde par les États-Unis en changeant l’issue de la seconde guerre mondiale, apparemment le « nœud » temporel à l’origine de tout ces bouleversements : En effet, Henderson a un projet fou, larguer les bombes atomiques sur l’URSS plutôt que sur Hiroshima et Nagasaki en prenant la place de son grand-père, major dans l’armée américaine à cette époque
Se rendant compte du projet fou du président Henderson, la scientifique en charge du Séparateur, le Docteur Torres, envoie un Marine surnommé « Le Pilote » à la même époque pour stopper Henderson.
Mais ces allées et venues dans le temps auront-ils l’effet escompté ou vont-ils au contraire créer plus de problèmes qu’ils ne vont en résoudre ?
Archangel est donc un comic écrit par l’auteur de science-fiction William Gibson, assisté par Michael St. John Smith et dessiné par Butch Guice, Alejandro Barrionuevo et Wagner Reis.
Il faut dire que le pitch a de quoi enthousiasmer si vous êtes amateur de ce genre d’histoire, d’autant plus que l’on a aux commandes un auteur de référence en la personne de William Gibson, écrivain surdoué du genre cyberpunk dont les livres ont reçu de nombreux prix de part le monde, son roman le plus connu, Neuromancien, est d’ailleurs considéré comme une des œuvres fondatrices du genre.
Pour ce qui est de Butch Guice, si vous êtes fan de comics, a t’on vraiment besoin de le présenter ? L’artiste a une liste de collaborations longue comme le bras avec Marvel, DC et même Valiant en tant que dessinateur et encreur.
Malgré ces têtes d’affiche prestigieuse, Archangel est-il aussi enthousiasmant qu’il n’y paraît ? Ma foi, j’avoue avoir fini la lecture avec une légère déception. Il faut reconnaître que William Gibson maîtrise le thème : L’histoire est fouillée, complète et malgré le jargon pseudo-scientifique parfois un peu déstabilisant, le récit reste clair, accessible et compréhensible. Le problème vient surtout du rythme et de la longueur de l’histoire. Il apparait très vite que ça tire parfois un peu trop en longueur et je pense très honnêtement que ça aurait pu être bouclé plus rapidement, certains passages faisant très franchement office de «remplissage» un peu encombrant et parfois, les dialogues à rallonge finissent par devenir un peu lassant et inutile : Ce qui passerai plus facilement dans un roman ne passe pas forcément dans un comic-book qui est, selon moi, un média plus direct.
Néanmoins, c’est admirablement bien écris, les personnages sont charismatiques et l’histoire est ponctuée de twists plutôt inattendus et surprenants.
Malgré quelques longueurs un peu handicapantes, c’est très franchement une bonne surprise.
Niveau dessins, Butch Guice maîtrise bien l’affaire, c’est très beau, les personnages ressemblent même à certaines stars de cinéma (le Capitaine Vince Matthews est par exemple un sosie de Chris Hemsworth), et l’illustrateur livre très honnêtement un travail de grande qualité… jusqu’au deux tiers du livre, où ça se gâte un peu.
Il me semble qu’à partir du numéro 4 (sur 5), Butch Guice commence à un peu laisser tomber et est rejoint par Alejandro Barrionuevo et Wagner Reis qui tente un peu de sauver les meubles en copiant le style de l’artiste ayant officié sur les premiers numéros et le résultat est parfois effarant : Certains personnages ne se ressemblent pas d’une page à l’autre, certains visages sont totalement bâclés et font ressembler les personnages à des ersatz de Quasimodo, surtout pendant les scènes d’actions.
C’est bien dommage que la conclusion de l’histoire soit diamétralement moins excitante graphiquement que son début…
Visuellement, si les deux tiers de l’histoire sont une réussite, son dernier tiers est par contre une vraie déception.
Un mot pour finir sur l’édition française : On a droit à un hardcover de belle qualité, papier glacé et la traduction est impeccable. L’album se conclu par une foule de bonus, une postface de Gibson, un sketchbook de Butch Guice et l’intégralité des couvertures originales : Rien ne manque à l’appel et cette édition est le reflet de ce dont Glénat Comics nous a habitué, du travail exemplaire.
En conclusion, Archangel est donc un comic intéressant, malheureusement certaines longueurs un peu inutiles le rendent un peu laborieux à lire et les faiblesses graphiques de son dernier tiers n’arrangent rien : Un comic qui plaira surtout aux amateurs de ce genre de récit et aux fans de William Gibson qui sauront passer outre ces quelques défauts.
Archangel, de William Gibson et Michael St. John Smith, Butch Guice, Alejandro Barrionuevo et Wagner Reis, disponible en France depuis le 4 avril 2018 chez Glénat Comics
Merci pour l’info! J’aime bien les uchronies, même si j’ai noté le même défaut que tu mentionnes chez plusieurs d’entre-elles. La brochette créatrice m’attire cependant bien!