Thor : Vikings
Horreur et super-héros ont pendant un temps fait bon ménage, même si cette mode est aujourd’hui plus ou moins passée, il fut un temps où confronter des super-héros à des créatures monstrueuses ou des situations horrifiques était monnaie courante.
De nombreuses petites histoires plus ou moins déconnectée de la continuité respective des personnages sont apparus, principalement au début des années 2000, souvent pour flirter sur le succès de Walking Dead. Si dans le domaine des super-héros et de l’horreur on pense tout de suite à la fameuse série Marvel Zombies, écrite par Robert Kirkman, le même auteur que Walking Dead, d’autres personnages se sont déjà frotté à des morts-vivants, notamment Thor ! Et c’est de notre ami au casque ailé dont nous allons parler ce mois-ci mais avant, petit tour d’horizon des super-héros ayant croisé la route de personnages issus de la culture horrifique.
Si certains personnages ont le profil pour se frotter à des monstres, on pense bien sûr à Batman chez DC ou Ghost Rider chez Marvel par exemple, d’autres personnages se sont déjà frottés à des monstres issus de la culture horrifique : En remontant très loin, on apprend ainsi que Le Surfer d’Argent, les X-Men et notre ami Spider-Man se sont déjà retrouvés confronté à Dracula ou que plus récemment, le Punisher et Wolverine ont dû faire face à des infections similaires à celle de 28 Jours Plus Tard.
Ce fut aussi le cas du mercenaire disert Deadpool qui se réveilla un beau jour dans un monde dominé par une invasion de zombies (très bonne histoire que j’ai d’ailleurs chroniqué ici.
Plus étonnement, d’autres personnages pourtant moins enclins à se retrouver face à ce genre de menace ont aussi eu droit à leur virée en enfer : Ainsi Superman à affronter une horde de zombies dans une histoire courte écrite par le très prolifique Steve Niles (une des stars de cette rubrique) dans un numéro spécial Halloween en 2007.
L’autre moyen est bien sûr lors de crossovers, par exemple les stars de la maison d’édition Top Cow ont affronté les monstres des films classiques comme Mister Hyde ou le Loup-Garou lors du crossover Monster War et j’ai souvent parlé ici des multiples crossovers mettant en scène super-héros et d’autres personnages issues du cinéma comme Aliens ou Predator.
Super-héros et horreur, ce n’est donc dans le fond pas une idée nouvelle, ça remonte à très loin et contrairement à ce que l’on pourrait croire, c’est certes irrégulier, mais ça arrive assez souvent. Néanmoins, hormis lorsque ces histoires sont déconnectées de la continuité intrinsèque de chaque personnage, peu de risques sont pris pour vraiment basculer dans l’horreur la plus totale et ces histoires restent souvent « dans les clous » pour ne pas trop offusquer le lecteur : Certes Spider-Man affronte Dracula, mais ce dernier est traité comme un énième ennemi du Tisseur.
Non, pour vraiment voir nos costumés favoris se retrouver baignant dans les viscères, il faut plutôt se tourner vers les histoires externes à la continuité, des Elseworlds chez DC ou dans certains What if… chez Marvel (Le Et si Peter Parker était devenu Venom ? Finissait dans un jeu de massacre assez poussif par exemple) ou bien dans d’autres labels comme Max chez Marvel et c’est au travers de ce label qu’est paru l’histoire de ce mois-ci, histoire qui voit le puissant Thor affronter des morts-vivants d’un nouveau genre puisque ces ignobles zombies sont… Invulnérables !
En l’an 1003, en Norvège, des vikings pillent un village, violent les femmes et tuent quasiment tout les villageois avant de repartir vers ce qu’ils appellent « le nouveau monde ». Mais avant leur départ, le sorcier du village place une malédiction sur eux, demandant aux Dieux qu’ils n’atteignent jamais leur destination. 1000 ans plus tard, en 2003, les vikings finissent par arriver mais dans le port de New York. Leur voyage les a changés, les transformant en de surpuissants zombies, quasiment invulnérables. Thor fait alors irruption mais est facilement vaincu par le chef des vikings, ce dernier lui casse le bras et lui arrache Mjolnir, qu’il jette dans l’Hudson River.
Vaincu, blessé et affaibli, Thor se réveille dans la maison du Docteur Strange qui lui explique la raison de la surpuissance des vikings : Ceux-ci sont devenus si puissants car lors du rituel, la mort du sorcier du village a créé une sorte de surcharge, donnant ainsi une longévité et une force exceptionnelle aux vikings.
Afin de les combattre, Thor et le Docteur Strange doivent réunir une équipe de héros issue de la descendance des vikings et retourner les affronter.
La police, l’armée et même les Avengers vaincus, le seul espoir du monde reste Thor et ces fameux héros…
Thor : Vikings est donc une mini-série en cinq numéros publiée de septembre 2003 à janvier 2004 chez Marvel sous le label Max, le label pour lecteurs maturs de Marvel.
C’est écrit par Garth Ennis et dessiné par Glenn Fabry.
La première chose qui frappe lors des premières pages de Vikings, c’est la violence et la crudité des scènes : Rien n’est épargné aux lecteurs, que se soit les exactions des vikings ou la violence des combats, c’est un véritable festival gore auxquels notre dieu du tonnerre est confronté : Les vikings zombies sont des êtres sans foi ni loi, accumulant les cadavres sur leur chemin et s’adonnant aux pirex excès.
Cette opposition avec le monde plus « gentillet » des super-héros Marvel (Ennis ayant choisis pour les personnages Marvel leur look des années 70) joue beaucoup sur le coté abject des actes des vikings, donnant ainsi dés les premières pages un contraste saisissant entre les deux univers. Effet renforcé par le trait réaliste et tout en détail de Glenn Fabry, qui n’épargne rien au lecteur, notamment le visage tuméfié du Dieu du Tonnerre qui prend cher face aux vikings et que l’on a pas l’habitude de voir en si mauvaise posture.
Visuellement, c’est absolument époustouflant et l’on en peut que regretter que Glenn Fabry soit aussi souvent un cover-artist, tant ses prestations sur des intérieurs, à l’image de ce Thor : Vikings, sont époustouflantes.
En plus d’être très beau (les quelques visuels égayant cette chronique sont là pour le prouver), l’aspect visuel de cette histoire est à garder en mémoire, les prestations en intérieur de Glenn Fabry étant assez rares.
Niveau scénario, Garth Ennis reste fidèle à lui-même : C’est violent, crû, les dialogues sont disons, « très colorés » mais ça reste fichtrement bien écrit et documenté. Tout en restant fidèle à l’univers Marvel, le scénariste irlandais réussi néanmoins à insuffler son style irrévérencieux au travers d’une violence extrême, de l’humour noir et des personnages hauts en couleur, notamment le chef des vikings.
Garth Ennis, malgré sa réputation de trublion, reste avant tout un auteur efficace qui sait écrire une histoire avec habileté pour tenir le lecteur en haleine, ce Thor : Vikings en étant un preuve supplémentaire, un tant soit peu qu’il en est encore besoin de le prouver.
Pour finir, un petit mot sur la publication de cette mini série : Elle fut tout d’abord publiée en trade paperback aux États-Unis en février 2004 et en France par Panini à deux reprises : Une première fois dans un album 100% titré Thor : Vikings, Rendez-vous au Walhalla en décembre 2004 et une seconde fois dans la collection Marvel Dark (une collection destinée à accueillir des histoires un peu plus mature de l’univers Marvel) en octobre 2013. Les deux versions françaises sont assez aisément trouvables à prix raisonnabls en occasion et sur certains sites de ventes en ligne, donc pas d’excuses pour ne pas lui laisser sa chance.
Vous l’aurez compris, Thor : Vikings, bien avant Marvel Zombies prouvait que super-héros et horreur pouvaient faire bon ménage du moment qu’une équipe créative talentueuse est aux commandes, ce qui est le cas ici. Plus qu’un bon moment de lecture, Thor : Vikings est un passage obligé pour tout amateur de comics de super-héros un peu déviants.
Une lecture que je vous recommande chaudement, par Odin !
Thor : Vikings, disponible depuis le 30 octobre 2013 en France chez Panini Comics dans la collection Marvel Dark.
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