NDLK : Vous allez penser que ce billet sent le réchauffé et vous avez totalement raison ! Mais avant de passer à une nouvelle version du blog (hey vous avez vu ! On a un nom de domaine maintenant ! Youhou !), il me semble important de finir les travaux en cours, dont ce billet, et quelques autres qui vont suivre. J’ai que 6 semaines de retard, je suis à peu près sure que ça va passer inaperçu !
Voici 3 ans que la Comic Con Paris a élu domicile à la Grande Halle de la Villette, se réclamant d’emblée comme le rendez-vous de référence, incontournable et salvateur en ce qui concerne les festivals de comics ou liés à la pop culture, comme si jusqu’à présent, nous, pauvres manants étions démunis de toutes manifestations dignes de ce nom en France, jusqu’à en pleurer des larmes de sang.
Vous allez à ce stade penser que je vais librement cracher mon venin sur cet événement alors que j’ai pour la troisième année pu bénéficier d’une invitation en tant qu’intervenante (mais reléguée cette année au statut d’exposant, ce fut le running gag du week-end, je n’ai pas trop réussi à savoir ou je devais m’exposer, ni quoi exposer d’ailleurs, parce que… Je veux bien donner de ma personne mais si c’est pour faire fuir la moitié des 45000 visiteurs attendus d’après ce que j’ai pu lire dans les médias, je me sentirai bien coupable… enfin bref.)
Voilà, ici on est bien gentil, mais on ne va pas se la raconter par respect pour nos lecteurs, du statut arrogant et détestable qui a été ressenti par la plupart des médium spécialisés comics dès sa première année, largement accentué par la mise en concurrence directe et abjecte vis à vis de la Paris comics Expo (alors que malgré tout j’ose croire, innocente comme je suis qu’il y a de la place pour tout le monde), la Comic Con Paris a malgré tout su évoluer de manière positive dans le traitement et le respect de ses invités Comics même si, il reste encore pas mal de travail à faire, le progrès est indéniable d’année en année.
Pour résumer la situation, je vous laisse librement lire mes ressentis concernant les précédentes éditions ici et ici.
Mais recentrons-nous sur cet édition de 2017.
Même période, même endroit, avec le sentiment me concernant à priori que le visage de cette convention allait rester inchangé. En fait cela s’avère être beaucoup plus complexe que ça.
Commençons comme d’habitude par le positif. Comme vous le savez, l’une des raisons qui me font me rendre en convention est le contenu et l’éventail des conférences qui peuvent y être proposés, et je peux dire que ce week-end je m’en suis donnée à cœur joie.
J’ai ainsi commencé mon marathon dès le vendredi matin à 10 h avec le panel de présentation d’un nouvel éditeur (qui commence déjà à faire bien parler de lui sur les réseaux sociaux), Hi Comics, filiale des éditions Bragelone, animé avec beaucoup d’entrain et de passion par son responsable éditorial, Sullivan Rouaud. Je connais Sullivan depuis des années et j’ai toujours été impressionnée par l’aisance et la capacité qu’il a à parler de ses différents projets de façon très communicative, voir addictive. Alors que le marché des comics en France semble être plus que saturé, se lancer dans une telle aventure mérite sincèrement que l’on s’intéresse à ce nouvel éditeur qui semble vouloir jongler entre licences et valeurs sures et titres indés, l’accueil positif attendu des premiers permettant ainsi semble-t’il de pouvoir faire la lumière sur des récits beaucoup plus méconnus des lecteurs.
Je souhaite à Hi Comics une belle réussite, tout aussi belle que la référence dans ce domaine Bliss Comics, un éditeur qui a d’ailleurs été cité dans le panel suivant, consacré à La diversité dans les comics.
Animée par Yaëlle Simkovitch et en présence de David Halphen (Fusion Man), JL Mast (Daredevil / Punisher Infinite) Phillipe Briones (Aquaman), Max Sarin (Giant Days), Joshua Dysart (Le Soldat Inconnu) et Jeff Stokely (Le beffroi), cette conférence a su exposer les points de vue de ses différents panélistes sur la question et ce malgré le fait qu’il n’y ait aucun intervenant de couleur (on avait quand même sur place Guile Sharp, Georges Jeanty et Doug Braithwaite, à quelques mois de la sortie de Black Panther ça aurait été plutôt cool de les voir intervenir sur le sujet), tout en déplorant le fait que la modératrice a tendance a vouloir (consciemment ou inconsciemment, je n’en sais rien) tirer la couverture sur elle au lieu de juste rester à sa place.
Le troisième panel auquel j’ai assisté s’intitulait #VisibleWomen, les femmes qui font les comics, il s’avère que j’en étais l’une des intervenantes suite à l’invitation de Glénat Comics, parmi l’un des éditeurs qui apprécie mon parcours de blogueuse depuis toutes ces années, et dont je tiens ici à remercier sincèrement la sympathie.
Étaient avant tout présentes Marie-Paule Noel en meneuse de revue, Stéphanie Hans que l’on ne présente plus en ces murs et la scénariste Clotilde Bruneau, l’adorable et ultra dynamique auteure de la saga La Sagesse des mythes en collaboration avec Luc Ferry paru chez Glénat, qui a nous a permis de faire la jonction entre le statut des autrices de comics et celle issues de la BD Franco-Belge.
Une capture audio de ce panel est disponible ici grâce aux bons soins de nos collègues et amis de Marvel Planet.
En complément et si ce n’est pas déjà fait car cet événement date quand même un peu je vous laisse lire les articles très bien foutus des Inrocks et de Respect Mag sur le sujet.
On le voit de plus en plus, les notions et interventions relatives au féminisme et à la diversité ont une part à jouer de manière croissante au sein des conventions et festivals liés à cette fameuse pop culture, attention toutefois à ne pas en faire un objet marketing. J’ai effectivement pu constater que cette année un tournant s’était déjà opéré à ce niveau, alors que certains osent à peine prendre le train en marche, d’autres ont déjà su capitaliser la poule aux œufs d’or médiatique que constitue le terme Women in comics.
Ces prochaines années risquent d’être fort intéressantes vis à vis du « courage » que certains éditeurs oseront prendre dans ce domaine, jusqu’à ce que la mode passe à autre chose. On s’intéressera alors une nouvelle fois aux vrais artisans du féminisme dans les comics, celles et ceux qui notamment puisent leur culture et leurs idéaux dans les premières expressions de ce mouvement.
Je me suis bien évidemment rendue au panel consacré à Wonder Woman, encore une fois animée par Yaëlle Simkovitch, qui était cette fois ci accompagnée d’Emanuela Lupacchino et Stéphanie Hans, deux artistes qui ont récemment œuvré sur le personnage. La conférence était efficace sans être complète, le principal a été dit tout en sachant qu’elle s’orientait beaucoup sur ses transpositions télévisuelles et cinématographiques, et qu’en 45 minutes je ne pouvais pas m’attendre à mieux. J’espère un jour avoir la chance d’assister à une conférence consacrée à ce personnage animé par Xavier Fournier, Alex Nikolavitch, ou encore Jean-Marc Lainé, par exemple, qui sont de vrais historiens des comics.
Autre conférence et pas des moindres, la masterclass consacrée à Brian Michael Bendis (quand j’y pense : cette année entre lui, Chris Claremont à Angoulême en janvier dernier et Mark Waid il y a quelques jours, cela aura été pour moi l’année des scénaristes de légende). Située dans la grande salle, ce fût un vrai show à l’américaine animée et traduite par Frédéric Benudis, avec présence d’un DJ et d’un chauffeur de salle pour faire patienter la foule, je dois être vieux jeu, pardon, je sais que je suis vieux jeu mais ce genre de mise en scène ne passe absolument pas pour moi. Certes Bendis est un showruner, un des plus grands architectes de l’univers Marvel moderne, mais c’est avant tout un auteur. Et c’est d’ailleurs bien ce qu’il a souligné à plusieurs reprises durant ce panel : la simplicité de son mode de vie à s’occuper de ses filles et de s’isoler dans son sous-sol pour écrire.
J’ai ensuite eu la chance de pouvoir lui faire signer mon exemplaire de Goldfish, et de le remercier justement de contribuer autant à cette diversité en créant des personnages tels que Miles Morales. Je n’oublierai pas de si tôt les quelques conseils qu’il a pu me prodiguer en terme d’écriture, à l’instar de Frank Miller, Bob Layton ou Mark Waid, il existe des auteurs de légende dont la bienveillance envers leurs fans est un cadeau en soit.
Même salle, même ambiance, mais cette fois-ci totalement justifiée pour le panel consacré à la série Strangers Things diffusée sur Netflix, après 1h30 d’attente entourée d’une horde de pré-ados, les classiques du rock FM des années 80 ont fini par me redonner le sourire dans une ambiance survoltée. Les trois comédiens Gaten Matarazzo (mon chouchou, parce qu’il me fait penser au Sidekick), Finn Wolfhard et Caleb McLaughlin étaient évidemment très à l’aise en tant qu’ambassadeurs de ce programme au succès générationnel immense, ce fut un moment très fun et assumé ou je me suis amusée à me retrouver parmi tous ces gosses hystériques.
Enfin, la dernière conférence (la 7ème ! Ah oui ça on peut dire que j’en ai bouffé du panel !) était une rencontre avec Stéphanie Hans qui partageait son expérience vis à vis de la présentation d’un portfolio à un éditeur. Destinée principalement aux artistes amateurs ou semi-pro, l’illustratrice a su prodiguer de nombreux conseils aux personnes qui lui ont présenté leurs travaux sur place, c’était très enrichissant de découvrir les techniques et les astuces dans la composition de ses couvertures, encore un moment de partage que j’aimerai voir bien plus souvent dans ce milieu.
Cette édition de la Comic Con fut donc pour moi très satisfaisante en ce qui concerne ses conférences, bon nombre d’entre elles étaient consacrées aux comics avec des thématiques actuelles qui se devaient absolument d’être présentes.
Autre très belle évolution concernant cette édition 2017 : la présence d’une véritable Artist Alley digne de ce nom, toujours située au premier niveau (une bonne chose afin que les artistes puissent être « au calme » en tout cas loin de l’effervescence mercantile en contre bas), et où les auteurs étaient largement mieux mis en valeur que les années précédentes (en même temps c’était pas bien difficile…).
Un bémol toutefois concernant le statut de ces artistes de comics qui semble-t’il n’avaient pas les même égards que les autres super stars du salon, (les années précédentes tout les artistes mangeaient au même endroit, cette année j’ai pu assister à un véritable phénomène de caste où les acteurs se restauraient dans un endroit situé au niveau supérieur en toute discrétion, et les acteurs au rez de chaussée, devant une baie vitrée sans aucune intimité.
Cela n’a pas empêché à tous ces auteurs d’être extrêmement disponibles envers leurs fans, j’ai eu grand plaisir à discuter avec Emanuela Lupacchino, JL Mast, Julien Hugonnard-Bert, Rebekah Isaacs, ainsi que Max Sarin qui se trouvait sur le stand de l’éditeur Akileos, en contrebas. On sentait de leur part un vrai plaisir de participer à cet événement.
Après trois jours passé dans les murs de la Grande Halle de la Villette pour cette nouvelle édition de la CCP mon bilan est donc très encourageant, et ce malgré ma perplexité de voir cette énergie toujours aussi vive que les organisateurs ont de vouloir faire croire via divers médias que leur événement est la seule référence en France digne de ce nom, et que les autres festivals se déroulant en province ne relèvent que d’un travail d’amateur où les commissions des artistes se font limite au Bakchich.
Bon allez, prochain rendez-vous pour moi, un tout petit festival de province situé dans un trou paumé de Charente…
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