You’re a badass Danvers.
Avant de faire un retour comme il se doit sur cette seconde saison de Supergirl, (celle-ci n’étant pas encore finie je préfère encore garder un peu mes billes), je voulais revenir sur l’épisode de la semaine dernière qui m’a particulièrement plu et pour cause : il est centré sur Alex Danvers et sa relation avec Maggie Sawyer, une relation qui a connu des hauts et des bas tout au long de cette saison, et qui a surtout à mon avis été assez mal exploitée malgré un début très prometteur.
J’ai déjà parlé des forces et des faiblesses de la première saison de Supergirl, ainsi que de mes attentes. Puis j’ai exprimé mon enthousiasme sur ce début de seconde saison… et depuis plus rien. La raison en est simple, il n’y avait pas grand chose à dire à mon goût et pour cause : cette seconde saison a pris une direction assez décevante en se prenant une nouvelle fois les pieds dans une love story lourdingue entre son héroïne principale et le bellatre/benet de service. L’année dernière il s’agissait de Jimmy Olsen, cette année de Mon-El, et pendant qu’on nous inflige ces bluettes insipides qui n’intéressent absolument personne, le temps imparti pour le reste des personnages secondaires est irrémédiablement réduit comme une peau de chagrin.
Pourtant si il existe une certitude en ce monde, c’est bien la suivante : on ne regarde pas Supergirl pour sa romance avec un tâcheron venu de Daxam mais bel et bien pour tout le reste, j’y reviendrai dans un autre billet en fin de saison.
Fort heureusement, il existe quelques bouffées d’oxygène dont cet épisode 19 intitulé sobrement Alex. Dans celui-ci la sœur adoptive de Kara se fait enlever et notre jeune héroïne va devoir la retrouver dans une course contre la montre, aidée naturellement par sa petite amie (d’Alex, pas de Kara, pour ça on verra la saison prochaine) Maggie « Montoya » Sawyer.
Les deux femmes ont beau avoir le même but, elles sont loin d’avoir les mêmes méthodes, celles de Kara sont pour le moins expéditives, dues à sa jeunesse, son enthousiasme et bien entendu l’ampleur de ses super pouvoirs. En gros avec Kara c’est du « On tape d’abord, on discute après », comme nous le montre la scène d’ouverture de cet épisode. Maggie au contraire est une femme d’expérience (ce qu’on avait compris dès le début de la saison) qui mettra 17 heures à essayer de négocier une prise d’otage avant que celle-ci prenne fin de manière musclée par la dernière fille de Krypton.
Dans la scène suivante, on voit qu’il y a un gros malaise concernant l’événement précédent, Mon-El en mode gros lourdingue se demandant à quoi peut bien servir la police alors que Supergirl est tout à fait capable de faire le job toute seule, ce qui est loin de ravir notre flic préférée.
Celle-ci argumente que ces méthodes expéditives (et souvent violentes) pourraient se retourner contre elle devant un tribunal, les malfrats s’en sortant grâce à un non lieu. Mais Supergirl met en avant l’image qu’elle représente : L’espoir, l’aide et la compassion. Le symbole contre le système.
Et au milieu de ce crêpage de chignon en mode Justice Warrior, Alex fait du mieux qu’elle peut afin de faire tampon entre la femme qu’elle aime et son impétueuse sœur.
Alors quand Alex se fait kidnapper au terme de cette soirée pizza des plus mouvementées, les deux personnes à qui elle tient le plus vont tenter de travailler ensemble malgré leurs différents. S’en suit une tension palpable, maîtrisée et allant crescendo tout au long de cet épisode, où les trois principaux protagonistes (Kara, Alex, Maggie) seront traités de manière égale car face à un même destin, et sincèrement cela fait un bien fou de les voir être pris au sérieux un peu plus que d’ordinaire.
Face à la disparition d’Alex, Kara et Maggie auront des réactions logiquement différentes en ce début d’épisode, le flair et le professionnalisme de Maggie va s’opposer au manque de sang froid et l’impulsivité de Kara. Alex n’est plus là pour les tempérer, elle s’efforce de trouver une solution pour se libérer toute seule de sa cage en verre (qui on le devine va soudainement se remplir d’eau, sinon c’est pas drôle), car Alex c’est tout sauf une demoiselle en détresse. Ingénieuse et Badass, elle ira jusqu’à s’extraire en mode Rambo l’implant situé dans son épaule qui est censé la localiser, afin de pouvoir le reconnecter et permettre à ses amis de la retrouver.
Pendant ce temps là Kara perd toujours un peu plus son sang froid, alors que l’identité du kidnappeur est révélé et que son chantage est mis à jour : la vie d’une sœur contre la liberté d’un père qui a pris perpette. Comme le DEO ne négocie pas avec les terroristes, Supergirl voit littéralement rouge :
Ce qui est pourtant loin d’impressionner son adversaire, un ancien camarade de classe que côtoyaient les deux frangines lorsqu’elles vivaient encore à Midvale et qui connait la véritable identité de Supergirl.
Fort heureusement, Maggie « Montoya » Sawyer va tenter de débloquer la situation avec ce qu’elle sait faire de mieux : la négociation.
C’est à partir de ce moment que l’épisode devient véritablement intéressant car il prend en compte l’orientation sexuelle d’Alex à travers l’amour que lui porte Maggie.
Rick Malverne, le kidnappeur d’Alex fera allusion à son homosexualité autant qu’il le peut, jusqu’à se demander qui, entre Kara et Maggie, l’aime le plus.
Après une énième saute d’humeur de Supergirl, Maggie reprend les choses en main, faisant intervenir Jonn Jonzz qui a pris l’apparence du père de Rick mais le subterfuge ne prend pas.
Entre temps, Alex Badass Danvers a réussi à se faire localiser par le DEO, ce qui va bien évidement pousser Supergirl à foncer dans le tas, contre l’avis de Maggie qui en bonne inspectrice sent le coup fourré à des kilomètres, tout en lui mettant dans les dents que se la jouer solo dans ce sauvetage est une fausse bonne idée.
Ce qui devait arriver arriva, Supergirl se retrouve au mauvais endroit et déclenche le remplissage de la cellule d’Alex, il ne lui reste alors plus que 4 heures à vivre. Ayant récupéré un ordinateur portable sur place, Kara peut communiquer avec sa sœur qui lui interdit de rentrer dans le jeu du terroriste, en bon soldat du DEO qu’elle est.
Déboule alors Maggie, alors que l’eau monte irrémédiablement, Alex souhaite lui parler seule à seule comme si elle devait lui faire ses adieux, s’en suit ce qui semble être une ultime discussion entre les deux jeunes femmes puis lorsque la connexion se rompt, d’une dispute entre une Maggie désespérée et une Kara qui continue à rester sur ses positions.
Alors là les enfants, je peux vous dire qu’après une semaine je suis encore en train de passer la serpillière chez moi. Cette scène est juste superbe, autant Chyler Leigh m’avait bluffée tout au long de l’épisode 6, autant Floriana Lima m’a donné la chair de poule dans celui-ci, jouant les dures à cuire comme à son habitude en début de programme pour finir en pleine décomposition lacrymale. J’imagine des cohortes de lesbiennes littéralement tomber en syncope suite à cette scène.
Maggie was right.
Le compte à rebours continue et Kara se rend compte que son tempérament à vouloir agir sans réfléchir risque de tuer sa sœur. Le Martian Manhunter (qui porte souvent la voie de la raison dans la série) va la réconforter sans toutefois apporter de solutions tangibles.
C’est encore une fois Maggie qui va débloquer la situation, faisant fi des principes qu’elle a pourtant pendu au nez de Supergirl tout au long de l’épisode. Après un échange avec Rick, elle décide d’exfiltrer son père de prison afin de donner une chance à Alex. On notera la maîtrise totale de notre flic de choc dans cette dernière confrontation alors que nous l’avions laissé complètement déconfite dans la scène précédente. Ah bonté divine, cette femme est tellement parfaite (oui j’avoue, je suis amoureuse de Maggie Montoya et alors ???) !
Alex n’est pas en reste, toujours en mode Rambo (ou McGyver, on ne sait pas trop exactement), l’agent fait tout ce qu’elle peut survire jusqu’à se servir de son pantalon pour en faire une bouée de sauvetage.
Kara comprend ensuite les intentions de Maggie et file tout droit au centre de détention où est incarcéré le père de Rick, et là miracle, c’est elle qui arrive à raisonner et Maggie et le paternel, touchée par la grâce de la négociation.
Ni une ni deux, les deux héroïnes se rendent à l’endroit où est détenue Alex et Supergirl arrive in extremis à libérer sa sœur de son cercueil aquatique.
La scène qui suit est encore une fois responsable d’une montée des eaux devant mon écran, Alex et Maggie enfin réunies partagent un moment qui, mine de rien, fait fichtrement chaud au cœur dans ce monde de brutes.
Oui je vous l’accorde, c’est mélo, c’est cucul, mais ici on est ni dans Sense8 ni dans Orange is the New Black, on peut voir deux lesbiennes qui s’aiment dans un programme tout public (et notamment destiné à un jeune public) et j’imagine très bien la portée, la résonance que cette scène (comme la précédente) peut avoir dans le subconscient de celles et ceux qui souffrent parce qu’ils se sentent rejetés à cause de leur orientation sexuelle.
Alors qu’en Tchétchénie un véritable génocide anti-gay est actuellement en train d’avoir lieu, sous le comportement semi-léthargique de la part du reste du monde (hormis l’Allemagne grâce à la Mère Merkel), il est important de continuer à diffuser ce genre de scènes au plus grand nombre, car dans ce programme ce couple est traité comme n’importe quel autre, il s’agit juste de deux personnes qui ont failli ne plus jamais se revoir.
Oui cet épisode me fait beaucoup de bien à chaque fois que je le regarde (je préfère taire le nombre de visionnages en une semaine) car même si comme d’habitude il est truffé de défauts (je vous invite à lire la désopilante review de Not a Unicorn) il véhicule de très belle choses comme le fait que l’amour ressenti par Kara et Maggie envers Alex est ici traité au même niveau.
Certes la série a beau être logiquement centrée sur Supergirl (et par extension sa relation assommante avec Mon-El), elle s’offre parfois de belles ouvertures comme c’est le cas ici avec ce couple malheureusement encore mal exploité selon moi, tout comme les autres couples et duo de la série… Mais j’aurais le temps de développer tout ça dans un autre billet.
J’ai volontairement mis de côté les scènes qui concernaient Lena et sa relation naissante avec Rhea, celle-ci a beau être intéressante dans le déroulement de l’intrigue générale, je voulais surtout faire part de mon enthousiasme vis à vis du développement de personnages qui me tiennent à cœur, et comme je l’ai déjà dit, trop souvent sous exploités à mon goût.
On notera également l’absence ou la très grande discrétion des personnages masculins réguliers dans cet épisode, que ce soit Mon-El (il a du avoir 3 répliques et c’est tant mieux !), Winn, Olsen, ou encore Martian, qui toutefois s’en sort mieux que les autres. Est-ce pour autant que cet épisode se révèle être un poil au dessus que ses prédécesseurs ?
Ayant vu l’épisode suivant aujourd’hui, j’ai personnellement une bribe de réponse : Il faut vraiment que cette série laisse la place à ses personnages secondaires, à partir du moment où elle ne fait que survoler la psyché de son héroïne principale.
Du reste cet épisode fait partie de mes préférés pour cette seconde saison, mais par Rao, le chemin vers la perfection s’avère être encore fichtrement long…
Bon à part ça si jamais vous avez le 06 de Maggie Montoya je suis preneuse.
Quand on voit ce qu’ils arrivent à faire quand ils laissent des personnages comme Alex ou Maggie se développer, c’est rageant de voir tout ce temps perdu à des intrigues insipides (Kara mérite mieux, déjà). Ils ont des personnages féminins avec un énorme potentiel, c’est vraiment dommage.
(Joli billet, sinon :))