Rapide review : Wraithborn Tome 1
Joe Benitez a la côte : Depuis le succès de sa série Lady Mechanika, un véritable coup de projecteur sur cet artiste et son travail assez méconnus dans nos contrées (il était surtout connu des fans de l’univers Top Cow) a été donné. C’est donc à la faveur de cette nouvelle notoriété qu’arrive chez nous Wraithborn, une mini-série en 6 épisodes publiée 10 ans avant Lady Mechanika, en 2005 / 2006.
J’avais déjà parlé de Lady Mechanika (ici, et je vais très probablement en reparler assez rapidement), et mon avis fut assez mitigé. Qu’en est-il de Wraithborn ? Réponse maintenant.
All you need all you need
All you need
Is not what you’re gettingAll you live all you give
All you live
Fits in a teardropThe Gathering – Monsters (Extrait de l’album Souvenirs, 2003)
Wraithborn, c’est l’histoire de Mélanie, une jeune adolescente comme les autres : Timide, effacée et même un peu lâche, elle vit seule avec son père depuis le décès de sa mère et jongle entre sa passion pour la lecture, son petit boulot dans une librairie, les études et sa seule amie, Zoé.
Un soir, après une dure journée, Mélanie va se recueillir sur la tombe de sa défunte mère et se retrouve nez à nez avec un gigantesque personnage livrant bataille à une horde de monstres. Mélanie tente de s’enfuir mais est rattrapée par le colosse qui pratique sur elle un rituel avant de mourir, sous le choc, Mélanie s’évanouit… A son réveil, elle est chez elle, dans son lit et ne se souvient plus vraiment si il s’agissait d’un cauchemar ou de la réalité. Mais des visions de monstres en tout genre vont vite lui faire prendre conscience qu’il ne s’agissait pas d’un rêve : Mélanie est maintenant la détentrice du Wraithborn, un pouvoir mystique très convoité.
Le scénario est signé Marcia Chen et Joe Benitez est ma foi, encore loin d’être à la hauteur de sa partie graphique…
Je reprochais déjà à Lady Mechanika une certaine faiblesse au niveau du scénario, notamment un gros effet de déjà-vu et force et de constater que Wraithborn souffre du même défaut… Cette histoire, à quelques détails prés, est un véritable copié collé d’une autre série que, si vous suivez régulièrement ce blog, vous avez déjà entendu parler : Witchblade.
Certes les héroïnes des deux séries ont des caractères opposés (Sara, l’héroïne de Witchblade est une femme flic volontaire et dure alors que Mélanie est une jeune femme timide et effacée), mais les deux histoires ont des points communs plus qu’évidents : On retrouve le même genre de personnage, le grand ténébreux aux sabres, nommé ici Valin (le même genre que Nottingham dans Witchblade), la méchante surpuissante Brijit (sorte de fusion entre Kenneth Irons dans Witchblade et L’Angelus de The Darkness), la chasseuse de monstres dont le look est quasiment identique à celui de Magdalena (un autre personnage Top Cow) ou encore l’organisation secrète (qui n’est pas sans rappelé le clergé de la mini-série Magdalena ou la Confrérie des Ténèbres dans The Darkness).
De plus, certains détails de l’histoire sont aussi flagrants : L’héroïne de Wraithborn se retrouve, comme dans Witchblade, en possession d’un pouvoir séculaire et surpuissant par accident et le refuse dans un premier temps avant de l’accepter, elle reçoit de l’aide d’une vielle femme tenant une boutique d’objets occultes, de même, dans un des arcs de la série Witchblade, Sara reçoit l’aide… D’un vieil homme tenant une boutique d’objets occultes.
A ce niveau, ce n’est plus que des points de détails en commun, les deux séries étant vraiment trop proches pour que ce ne soit que du hasard, Wraithborn étant quasiment une déclinaison adolescente de Witchblade.
A l’époque, Joe Benitez vient tout juste de quitter le studio Top Cow et ça ne m’étonnerait pas qu’il ait pensé cette histoire comme une partie intégrante de cet univers ou été encore très influencé par son travail au sein de cet éditeur, enfin bref. De plus, la fin ouverte ne laisse aucune ambiguïté sur la volonté des auteurs d’en faire une série régulière, ce qui ne fut visiblement pas le cas.
Visuellement, on a comme pour Lady Mechanika du Joe Benitez pur jus : Même si il a été assisté pour les décors (par Martin Montiel, dont j’avais déjà parlé dans mon article sur The Unforgiving, ici), c’est visuellement très impressionnant. Le niveau de détails des planches est hallucinant, les personnages sont visuellement très beaux et l’esthétique si caractéristique des monstres et créatures de Benitez fait une nouvelle fois mouche. Wraithborn est donc comme pour la plupart des travaux de Joe Benitez quasiment irréprochable d’un point de vue graphique et confirme le talent du dessinateur, si il le fallait encore le souligner…
Pour ce qui est de cette édition française, Glénat Comics nous propose l’intégralité de la mini-série, soit les six épisodes dans un hardcover et la qualité de l’ouvrage est comme nous l’a habitué cet éditeur, sans faille et exemplaire.
Ai-je été convaincu par Wraithborn ? Vous avez dû comprendre que non, mais je pense que c’est une question de point de vue et d’expérience de lecteur, je vais revenir là-dessus un peu plus bas. D’un côté, malgré son aspect visuel, ses points communs et similitudes avec les productions Top Cow sont beaucoup trop évidentes et ceux qui comme moi sont rompus à ce genre de récits seront gênés par ces points communs, beaucoup trop présents et évidents. D’un autre côté, si vous ne connaissez pas les productions Top Cow, je pense que Wraithborn peut être aisément appréciable : C’est très beau (Benitez oblige) et l’histoire va à cent à l’heure et se laisse suivre facilement.
Tout est question d’expérience de lecture pour apprécier Wraithborn, à savoir dans quelle catégorie de lecteurs vous rentrez.
Wraithborn tome 1 : Renaissance, de Marcia Chen et Joe Benitez, disponible depuis février 2017 chez Glénat Comics