Run Kara, run.

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Que l’on apprécie ou non la série TV consacrée à Supergirl et diffusée sur le network CW, il faut bien reconnaître que ce programme aura permis à Kara Zor-El de se voir être dotée d’un nouveau statut, à commencer par celui fourni par son éditeur/exploitant qui va choisir de décliner ce personnage à travers différentes orientations : Tout d’abord à destination du jeune public via sa présence dans la série animée DC Super Hero Girls (à vrai dire les deux séries sont sorties à peu près au même moment), puis dans la mini-série Adventures of Supergirl, écrite par Sterling Gates et illustrée entre autre par Bengal, qui est en quelque sorte un complément de la série TV.
On notera également son retour dans une série régulière parmi les titres Rebirth de DC Comics,  et qui repend d’ailleurs beaucoup de détails provenant du show télé lui-même.

Et puis il y a Supergirl : Being Super, une mini-série de quatre numéros au format de 45 pages illustrée par Joëlle Jones et écrite par Mariko Tamaki, dont la moitié a été publiée à ce jour, et il était temps que je vous parle de ce petit bijou, car oui encore une fois, Kara va avoir une place de choix sur ce blog…

A la lecture de ces deux premiers numéros le ton est donné, dans cette mini-série il n’y a pas de Superman. Kara est Kal-El sur cette itération du mythe Kryptonien.
Recueillie par un couple d’agriculteurs alors que sa navette s’est écrasée au beau milieu de leur champ de maïs, l’enfance de Kara (qui arrive sur Terre à l’âge de 8 ans) n’est pas le centre d’intérêt de cette histoire, c’est bel et bien son adolescence, alors que la jeune fille s’apprête à avoir 16 ans, que Mariko Tamaki a décidé d’explorer, à travers de nombreuses pistes qui je crois pourraient mine de rien faire de cette mini-série un must have en terme de BD sur les sujets concernant l’adolescence d’un point de vue générationnel, au même titre que Ghost World en son temps.
Je suis encore dans le conditionnel, les 2 autres numéros n’étant pas encore sortis…

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A première vue,  Supergirl : Being Super s’apparente beaucoup avec la mini-série publiée en 2015 et écrite par Max Landis, Superman: American Alien qui revisitait elle aussi de façon moderne et générationnelle l’histoire de Kal-El, à commencer par son enfance et bien au delà.

Le fait est que les autrices responsables de cette mini-série savent absolument de quoi elles parlent. J’avais déjà vanté les mérites de Mariko Tamaki via son oeuvre co-produite avec sa cousine  Jillian Tamaki, Cet Eté là, publié chez Rue de Sèvres, tout comme ceux de Joëlle Jones (qui avait signé le génial Lady Killer, disponible chez Glénat Comics), et il faut avouer  qu’ici leur association fait merveille.
Dans Supergirl : Being Super, on retrouve le génie qu’a la scénariste pour décrire avec toujours autant de justesse les émotions et les réactions que tout un chacun a pu vivre pendant cette période tumultueuse qu’est l’adolescence. Tamaki nous fait découvrir l’environnement de Kara, ses amies, sa famille, ses entraînements d’athlétisme dans un format très proche de celui des séries TV que l’on trouve justement sur la chaîne CW. Je pense même que Being Super pourrait faire un excellent pilote si jamais il existait une série consacrée à la jeunesse de Supergirl.

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Ici Kara est une adolescente de ce qui a de plus normale (du moins en apparence), qui passe de très bon moments avec ses meilleures amies, qui a souvent du mal à communiquer avec ses parents et qui ne peut pas se passer de son téléphone portable. Sans se perdre dans les clichés, l’autrice nous dépeint une jeune fille authentique qui est sur le point de vivre de très grands bouleversements.
Même si elle ne connait pas ses origines ni l’étendu de ses pouvoirs (qui semblent d’ailleurs lui faire parfois défaut pour des raisons que l’on ignore encore), Kara a très bien su s’intégrer et mène une vie sans encombres jusqu’au jour ou un violent séisme dévaste la petite ville de Midvale. Alors que certains scénaristes se seraient précipités (c’est le cas de le dire) dans l’héroïsme facile compte tenu du personnage, ici il n’en est rien, le drame frappe notre héroïne de la plus cruelle des manières.

J’ai rarement pu lire un comics traitant du deuil de manière aussi juste et sensible que celui-ci. Lorsque l’on perd quelqu’un qu’on aime, il n’y a plus rien autour de nous. Vous-même, pendant un moment vous cessez d’exister. Vous agissez comme un automate par pur instinct de survie, mais vous n’êtes plus là.
Cette sensation de vide sidéral, d’avoir l’impression d’être une « vieille éponge » est retranscrite ici avec tant de brio que ce Supergirl : Being Super est sans doute la meilleure histoire jamais écrite sur Supergirl à ce jour.

Joëlle Jones excelle à représenter Kara en une adolescente en pleine mutation corporelle, sa mise en scène est toujours aussi dynamique, et l’expression de ses visages en totale adéquation avec les écrits de sa scénariste. Les couleurs de Kelly Fitzpatrick sont quant à elles sublimes, accentuant les effets dynamiques et dramaturgiques en quelques nuances le temps d’une seule scène (celle où Kara atteint le mur du son).

Ces deux numéros sont une réussite absolue, car ils explorent une vision d’un de mes personnages favoris comme rarement il m’a été donné de voir. Kara Zor-El est une héroïne magnifique qui mérite les plus belles histoires et Supergirl : Being Super est en train d’accomplir ce miracle, là, sous nos yeux ébahis. Il faut que je retourne chez mon père pour recommencer à sauter du haut de sa table de jardin, avec un peu de chance je réussirai enfin à voler.    

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