Les enfants je reviens du 44ème Festival de la Bande Dessinée d’Angoulême, et comme d’habitude je vais vous faire un petit compte rendu de mon ressenti de cette nouvelle édition en tant que festivalière, blogueuse, mais également intervenante, car il faut croire que le TLGB du haut de ses sept ans (l’âge de raison ? Je ne l’espère pas !) continue à être une « référence » sur certains sujets importants parmi la multitude de blogs comics qui évoluent avec autant de passion et de diversité.
Je n’aurai finalement en tout et pour tout passé qu’un jour et 1/2 au FIBD, la plupart du temps en compagnie de Franck, mon cher ami et confrère de Watchtower Comics, dont son guide de survie m’a bien aidé à faire mon planning pre-festoche.
Comme à l’accoutumé, j’ai essayé de jongler entre expositions, conférences et séances de dédicaces et cette année deux auteurs m’intéressaient plus particulièrement : Daniel Clowes d’un côté et Chris Claremont de l’autre, deux standards inébranlables et inévitables lorsque l’on s’intéresse au minimum à ce medium.
La première véritable surprise de ce week-end bien chargé fut liée à un détail des plus pragmatiques : cette année, on ne se pelait pas le jonc à Angoulême.
Et oui, mine de rien c’est important, car lorsque l’on doit arpenter, gravir parfois, les rues piétonnes de la capitale de la bande dessinée en long en large et en travers, c’est d’autant plus agréable de le faire dans des conditions acceptables pour la sudiste que je suis. Du coup ce week-end, pas de pluie torrentielle pour rentrer à l’hôtel, pas de froid glacial qui contraste cruellement avec la chaleur étouffante des bulles surpeuplées.
A ce propos d’ailleurs, il me semble que le FIBD 2017 était moins fréquenté que ces dernières années (en tout cas pour vendredi, j’en suis certaine), sans vouloir en chercher la raison à tout prix, cela m’a au moins permis de me garer plus facilement et plus rapidement dans mon secteur de prédilection, tout en entrant dans les différentes bulles sans devoir attendre une plombe.
Oui bon, alors ce millésime 2017 du FIBD, cela a donné quoi ?
Déjà une bien belle expo sur « Panini : La French Touch des comics Marvel » située au Théâtre d’Angoulême, et retraçant la présence des auteurs Français travaillant pour la Maison des Idées depuis de nombreuses années (les textes des panneaux écrits par Xavier Fournier sont synthétiques et donnent vraiment envie de se plonger dans le sujet).
Cela parait comme une évidence pour nous amateurs aguerris qui suivons constamment les couvertures et intérieurs d’Olivier Coipel, Paul Renaud, Bengal, Stéphane Perger, Stéphanie Hans ou Marguerite Sauvage (la liste est tellement longue que je vais m’arrêter là), mais cette expo a surtout le mérite de mettre en valeur les travaux et les carrières respectives de ces artistes français qui ont percé dans ce milieu, et ce auprès d’un plus large public qui aura sans doute découvert grâce à cette exposition à quel point les Frenchies ont su gagner leur place dans ce marché des plus concurrentiels.
Je serai bien plus critique vis à vis des œuvres des auteurs de BD franco-belge qui ont été sollicités pour illustrer certains visuels de cette expo, disponibles via de nombreuses couvertures prévues par Panini tout au long de l’année 2017.
Je ne citerai qu’un seul exemple pour étayer mon propos, je me contenterai en effet de comparer la version de Kamala Khan par Pénélope Bagieu en mode selfie présente dans cette expo et celle de Phil Noto paru depuis avant hier où on peut la voir déchirer de colère le portrait photo de Donald Trump.
Oui Kamala est une adolescente, elle est une jeune fille qui au même titre que Peter Parker à son époque, doit jongler entre sa jeune vie et ses super pouvoirs…
Mais elle est surtout une adolescente musulmane, super héroïne créée pour transmettre et représenter cette diversité et cette tolérance via sa scénariste (muslim également), au même titre que Batwoman en 2006.
Et puis merde, Batwoman n’a jamais fait de selfie, period.
A mon sens, si l’on doit illustrer ce genre de personnages dans le cadre d’une telle exposition (qui va forcément médiatiquement faire le tour du monde), autant montrer ce qu’il/elle représente en tout et pour tout. Ces versions de Kamala, Peter Parker, de la team des X-Men, autant de fausses notes de la part de Bastien Vivès, ou Lewis Trondheim qui auront par contre surement un véritable succès éditorial, et tant mieux pour Panini.
Que l’on soit bien clair, ce n’est pas le travail de ces artistes que j’ose mettre à mal ici (ce serait bien calbuté de ma part), mais vraiment concernant leur attribution sur ces personnages et univers respectifs le temps de cette expo.
Trondheim sur Howard The Duck, Bagieu sur Hellcat, Vivès sur Iron Fist, autant de passerelles évidentes à employer afin de démontrer que les univers de la BD Franco Belge et du comics ne sont pas si éloignés.
Ma foi, pas de problème, j’aurais bel et bien explosé si cette expo concernait l’univers DC ^^ (oui en gros, Batwoman en mode selfie par Pénélope Bagieu, et notre planète Terre se serait consumée à 75 % par ma colère dévastatrice !!! Trumpy n’a qu’à bien se tenir !)
Dans le prochain épisode, je vous parlerai des expo auxquelles je n’ai pas pu assister (ah bravo ! C’est du propre !), des conférences auxquelles c’est tout le contraire, puis des rencontres toujours aussi enrichissantes que j’ai eu la chance de partager parmi les festivaliers, auteurs, et staff présents et se donnant à 100%.
Bref, à la prochaine 🙂
Bonjour,
je trouve cette réaction à la couve de P.Bagieu assez disproportionnée!
à la limite on peut très bien considérer que l’idée même de confier les héros Marvel à des franco-belges qui n’y connaissent rien était une erreur.
Cela posé le dessin pour Miss Marvel n’est pas le plus mauvais, loin de là, Il ne dénigre en rien le personnage. Et la comparaison avec Batwoman n’a pas lieu d’être! L’idée de ce dessin ne fonctionne que pour Kamala Khan parce qu’elle peut étirer son bras autant qu’elle veut -ce qu’elle fait justement sur le dessin pour prendre son selfie, et c’est pour cela que c’est drôle et pertinent dans son cas, ce n’est pas un critique de son côté ado, c’est un vrai clin d’oeil affectueux à Kamala et ses pouvoirs, c’est pourquoi la même pose tomberait complètement à plat avec n’importe qui d’autre!
Hello Sasahara 🙂
Merci à toi de partager ta vision de cette couv grâce à ton commentaire.
Il ne me semble pas avoir dit que l’illustration de Pénélope dénigre le personnage de Kamala.
A mon sens je l’aurais plus vu travailler sur un perso comme Spider-Gwen par exemple qui est quelque part moins « sensible », plus léger (et ce n’est pas péjoratif, ici, on accueille les choses légères volontiers !).
Je me dis tout simplement que quitte à exploiter Kamala dans une expo au FIBD d’Angoulême qui une semaine par an est au centre de beaucoup de topics, autant la mettre en valeur comme il se doit, car le grand public ne la connait absolument pas, il ne faut pas se leurrer, alors qu’elle transporte depuis plusieurs années maintenant l’image, le symbole de la diversité au sein de la pop culture.
On la retrouve désormais autant sur des pancartes de la Women’s March que sur la carrosserie des bus de San Francisco : https://www.theguardian.com/books/2015/feb/01/meet-the-muslim-superhero-fighting-bigotry-on-san-francisco-buses
Et là je dis juste, sans porter un jugement concernant le talent de Penelope, ça n’a rien à voir, lorsque l’on a un tel personnage entre les mains, que peut-on faire avec celui-ci ? Où plutôt, ma question exacte : Que devons-nous faire avec celui-ci ?