Le premier numéro de Motor Girl, la nouvelle série de Terry Moore, nous présentait un duo attachant et des plus singuliers, Samantha et son meilleur ami Mike le gorille, tout en nous embarquant dans un univers situé entre rêve et réalité, en concordance avec la psyché de cette héroïne au passé trouble et que l’on pouvait d’ors et déjà supposer de traumatique…
Mais c’était sans compter sur l’arrivée d’extra-terrestres sortis tout droit d’un strip de Charles Schulz, pile au moment où l’un mystérieux homme d’affaires souhaitait faire main basse sur cette décharge automobile perdue au milieu de nulle part.
Pour Samantha nul doute possible, la rencontre du troisième type de la veille était un rêve stupide, parmi ceux nombreux qui hantent ses nuits depuis longtemps, tel celui de son père, soldat tout comme elle (décidément, l’armée c’est une tradition de père en fille dans les comics) et parti faire son devoir en mission sans jamais revenir alors qu’elle n’avait que 12 ans…
A ce stade de l’histoire, on sent que Terry Moore est encore une fois en train de nous dépeindre un de ces personnages dont il a le secret, celui-ci semble être un funambule, à deux doigts de sombrer dans la folie, à moins qu’elle y ait déjà trouvé refuge.
D’un autre côté Samantha s’avère être pleine de ressources, défendant les intérêts de Libby avec fermeté, laissant présager un bras de fer des plus musclés entre les deux femmes et ceux qui souhaitent s’emparer de ce no man’s land.
Et comme à chaque fois avec une série écrite et dessinée par Terry, la ligne qui sépare la comédie du drame est si fine, que pour le coup ce sont nous lecteurs qui marchons d’un pas prudent pour que l’équilibre perdure.
Motor Girl s’avère être un véritable OVNI dans le panorama des publications actuelles, sa niaiserie apparente pourrait d’ailleurs en dérouter plus d’un, mais ce genre de lecteurs ne méritent certainement pas de rentrer dans la famille des adorateurs du Grand Homme.
Les habitués ne sont d’ailleurs pas dupes, Motor Girl renferme déjà tout ce que les fans de l’auteur de SIP, Echo et Rachel Rising ont pour habitude de lire : au delà de personnages principaux forts et complexes, ce sont de véritables ressources historiques, scientifiques ou technologiques que le lecteur doit appréhender (en l’occurrence ici l’aviation), car dans une série de Terry Moore, on ne se contente pas de lire une bonne histoire on apprend également beaucoup de choses, et la documentation est l’un des points forts de cet auteur, comme tout bon scénariste qui se respecte.
Autre moment fort de ce numéro, la complicité entre Sam et Libby, alors que le plot semble être centré principalement sur la relation intime (oui bon, on se comprend) entre notre héroïne et son gorille, cette chère Tante Libby semble être également un personnage crucial, qui sera loin de faire de la figuration comme je le supposais au départ, je m’étais effectivement dit qu’elle n’était là que pour apparaître en cameo et faire une connexion à ce que l’on appelle désormais le Terryverse, ce n’est nullement le cas.
Ce second numéro de Motor Girl est donc évidemment une réussite dans la parfaite continuité de son prédécesseur, de nombreux détails nous dévoilent encore un peu plus sur l’authenticité du personnage de Samatha que l’on imagine brisé dans tous les sens du terme et qui a trouvé refuge dans un désert de sable et de ferraille (le terme « Home » bien souvent employé dans SIP revient ici à trois reprises, et ce n’est surement pas un hasard).
De quoi être déjà accro à cette série encore pleine de mystères, il ne reste plus qu’à attendre la suite des festivités.
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