Les comics, c’est nous.

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Comic Con Paris, round II.
Située au même endroit que l’année dernière (la superbe Grande Halle de La Vilette), et se déroulant à la même période, l’événement critiqué pour sa vision assez particulière de traiter son volet comics était attendu au tournant par les amateurs du genre.
Quelques détails avant-coureurs nous laissaient craindre le pire, à savoir le quasi boycott des blogs et médias spécialisés, ainsi qu’une conférence de presse surréaliste et la mise en avant du plus gros coussin péteur du monde, recyclé depuis 2014 par Cartoon Network (le pire entre nous, c’est qu’amalgamer cette série magnifique qu’est Adventure Time avec ce machin hyper moche, moi ça me dépasse).

Vous vous en doutez, je ne vais donc pas m’étendre sur le côté Entertainment de cette convention  parce que cela ne me concerne pas du tout, passons donc au vif du sujet si vous le voulez bien, c’est à dire la partie comics de cette CCP, à savoir ses conférences, ses invités, et ses éditeurs sur place, unique raison de ma présence dans ce lieu de perdition.

A vrai dire, peu de choses ont véritablement changé depuis 2015. Certes, les stands et les opportunités de cramer son portefeuille se sont multipliés, le premier niveau a également été ouvert au public, donnant accès à une Artist Alley des plus pathétiques (je vais y revenir).
Un bel effort a quand même été fait concernant les conférences comics. Diverses et variées, j’ai pu assister à 5 d’entre elles et en animer une, il y avait donc vraiment matière à apprendre tout un tas de choses sur les carrières des différents auteurs invités (comme Erik Larsen et Terry Moore), leur processus de création (Marcus To, Chad Hardin, Greg Pak et Mirko Colak), la rétrospective de l’une des meilleures maisons d’édition du marché américain (les 25 ans d’Image Comics), ainsi que la présentation de la série culte The Wicked + The Divine qui paraît chez Glénat Comics. Il y avait bien sûr d’autres panels tels que ceux sur Tony Moore, l’univers des comics Valiant, Brenden Fletcher, bref un large choix dans le contenu, et c’est quelque chose pour moi de très positif.

Tout cela c’est très bien, et je salue sincèrement cette ouverture sensible et la mise en valeur de la dimension d’auteur, du moins dans ce contexte précis.
Mais il y avait pourtant quelque chose qui n’allait définitivement pas dans l’organisation de ces conférences. En effet, les faire démarrer à 9h45 alors que le salon ouvre ses portes 15 minutes avant est une aberration compte-tenu de l’impossibilité pour les visiteurs d’être au rendez-vous puisqu’ils étaient en train de faire la queue dehors. Je crois qu’Erik Larsen n’aura jamais eu aussi peu de monde de toute sa carrière en conférence, et pour Terry Moore, il y avait tout simplement plus de monde sur son Periscope à assister au panel que dans la salle !
Autre point qui fâche : l’Artist Alley située au premier niveau, excentrée donc de toute l’effervescence et la frénésie en contre-bas (le samedi, c’était invivable). Autant c’est une bonne chose que les auteurs comics aient leur propre espace « au calme », autant les voir assis les uns à côté des autres dans leur coin faisait peine à voir. On avait vraiment l’impression de voir des élèves punis derrière leur table. La signalétique ne donnait pas du tout envie de découvrir ces artistes, heureusement certains d’entre eux avaient apportés leur bannière. Nombreux sont ceux qui ont du vivre de grands moments de solitude (Greg Pak n’avait PERSONNE).
Alors certes, la bonne nouvelle pour nous les fans c’est que nous pouvions passer de longs moments à discuter avec nos auteurs favoris, même si certains d’entre eux étaient loin d’oublier l’aspect business de l’exercice : Tony Moore faisait payer 20€ ses signatures, Chad Hardin 5 € sur ses comics Harley Quinn (manque de bol pour lui, j’avais amené un Zatanna). Mais quand je pense que la cosplayeuse Lee Anna Vamp a passé 3 jours en étant payée à rien foutre (elle n’a eu personne car… personne ne la connait) et qu’en contre partie la plupart des intervenants ont bossé sans être défrayés ni rémunérés pour leur travail au sein du salon… mais il est vrai que c’est presque un privilège de pouvoir intervenir pour eux.

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Autre sujet sensible, la présence d’un libraire comics VO, l’année dernière il n’y en avait pas. Cette année il y en avait bien un, et celui-ci venait… du Canada ! Un comble lorsqu’on se doute que l’organisation doit quand même savoir qu’à Paris, ou même en France, nous aussi on a des comic shop ! Certes, le gars avait pas mal de stock, mais essentiellement issu des 90’s (il devait vouloir s’en débarrasser !), une époque qui ne peut que donner envie aux curieux de se lancer dans l’aventure comics ! A 5 € le single, et même si certains efforts étaient faits au niveau tarif avec des lots ou 3 TPB pour 20 €, on ne peut pas dire que l’ensemble des livres étaient vraiment bon marché, comme le reste des articles vendus à la CCP par les différents stands de commerçants.

En terme de programmation, l’autre gros soucis concernait le programme en lui même, la version papier étant différente que la version web, de quoi créer quelques sueurs froides aux panélistes lorsqu’ils s’aperçoivent que leur horaire a été décalé mais qu’en fait non, tout va bien, c’est juste que le programme imprimé à je ne sais combien d’exemplaires est inexact.

Fort heureusement, les principaux éditeurs comics étaient de la partie (mis à part encore une fois d’Urban Comics qui avait décidé de troller la manifestation en organisant une tournée française avec Brian K. Vaughan, Fiona Staples, et Cliff Chiang) : Delcourt, Glénat, Panini, Comixology et Bliss sont parvenus à créer une vraie dynamique au milieu de cette masse humaine plus sensible sans doute aux adaptations de comics en films et séries TV que leurs œuvres originales. J’ai particulièrement apprécié de pouvoir échanger quelques mots avec David Lopez et Brenden Fletcher, tout autant que Julien Lordinator avec les auteurs de Porcelaine, Benjamin Read et Chris Wildgoose parce que mine de rien, on a été les premiers à parler de cette série en France et ça on en est quand même un peu fiers.

Voilà voilà, encore une fois la CCP malgré des efforts notables en terme de contenu n’aura pas réussi à me convaincre, en grande partie à cause de la gestion de ses auteurs de comics, on avait vraiment l’impression que le salon ne savait pas trop quoi faire avec eux, un comble pour une manifestation qui a fait le choix de s’appeler ainsi.
Quelque soit leur taille, il existe bien d’autres salons en France qui savent prendre soin et rendre hommage aux auteurs de comics qu’ils invitent, tout en se destinant à un public aussi bien connaisseur qu’exigent, mais également curieux et novice. L’univers des comics en France ne pourrait en aucun être représenté uniquement que par la Comic Con Paris, cet univers là appartient à ceux qui préfèrent les livres aux Funko Pop, à ceux qui font des kilomètres pour rencontrer et échanger avec leurs auteurs favoris.
Pour ce qui est de l’appellation « Festival Pop Culture » c’est un terme généraliste qui convient parfaitement à cet événement, ce qui me permet de ne pas trop être sévère en écrivant ces quelques lignes.

4 commentaires sur “Les comics, c’est nous.

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  1. Tu as oublié de préciser que ta conf sur Terry Moore était excellente aussi ! Pour revenir sur le salon, je ne sais pas si tu as été à l’édition précédente mais il y a une forte régression sur la localisation des auteurs. Je pense que c’est le point noir de ce salon alors que c’était le point fort à la première édition… C’est dingue dans le fond.

  2. J’avoue, je n’ai même pas essayé d’être là pour celle de Terry Moore et pourtant j’en mourrais d’envie (merci periscope). Un horaire pareil c’est juste logistiquement impossible dans une convention, je ne sais pas non plus qui a eu cette idée débile…
    Enfin, j’ai pu voir Terry Moore en dédicace après ! Et il était pas avare en signature et discussions diverses et variées ;). Mon seul regret : je n’étais pas financièrement prête pour prendre un dessin !

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