Big Gun

Wynonna Earp Head

Pour ceux qui sont comme moi très sensibles au sujet, nous avons constaté (et j’ai déjà eu l’occasion d’en parler à plusieurs reprises) que les héroïnes de comics osent s’offrir depuis quelques années une nouvelle jeunesse grâce à la télévision – à défaut véritablement de s’épanouir au cinéma – et ce grâce à des programmes qui leurs sont plus ou moins fidèles.
Jessica Jones, Supergirl, Agent Carter… autant de séries qui font en effet du bien car elles apportent dans l’ensemble une vision à la fois classique et novatrice sur le statut de ces héroïnes et permettent ainsi de glaner, qui sait, un nouveau lectorat.
Mais si il y en a bien une que l’on a pas vu venir, c’est Wynonna Earp, prévue à l’heure où je vous parle sur 13 épisodes (nous en sommes au 9ème) et diffusée sur la chaîne SyFy.

Alors je vois bien certains d’entre vous me demander : « Non mais c’est quoi encore que ce truc ?!!!! » Il s’avère que Wynonna Earp, n’est ni plus ni moins qu’une série issue des années 90, une époque largement sujette à polémiques et débats de nos jours, à juste titre (la conférence de Paul Renaud et Jean-Marc Lainé sur le Marvel des 90’s peut d’ailleurs vous éclairer sur le sujet), alors que d’un autre côté Julien Lordinator et moi sommes bel et bien reconnaissants de l’héritage de ces héroïnes compte tenue de l’époque dans laquelle elles sont apparues, la plupart d’entre elles ayant su évoluer naturellement sans dénigrer totalement leur pedigree.

Prenons par exemple Witchblade, et par extension Darkchylde et (donc) Wynonna Earp, (sans oublier bien sûr Lady Death), la première de ces trois demoiselles ayant vu le jour en 1995, les deux autres une année plus tard. Et si le féminisme en matière de comics ne pourrait-il pas AUSSI se véhiculer via la série la plus Bad Girls qui soit ? C’est la question que je me pose, je n’en ai pas la réponse mais je pense résolument que la piste est loin d’être idiote, faut il encore avoir la sagesse de remettre les choses dans leur contexte.

Wynonna Earp rentre donc totalement dans le moule des trois titres pré-cités à savoir : de la belle pépé et du fantastique.
Créé par Beau Smith et publiée par Image Comics en 1996, la série narre les aventures de la descendante du célèbre Wyatt Earp, protagoniste légendaire et icône du Far West. En tant qu’agent officiant pour une unité spéciale appartenant aux US Marshals et appelée Black Badge Division, elle se bat contre de nombreuses menaces surnaturelles menées par Bobo Del Rey et ses acolytes vampires, zombies et autres savants fous….
Sans grande surprise, les 5 premiers numéros édités par Image à l’époque s’inscrivent donc naturellement dans la mouvance des Bad Girls avec toutefois une nuance de taille : la présence de Joyce Chin en tant qu’artiste sur les 3 premiers opus. Pat Lee prendra ensuite la relève, en parfait plagiaire de Rob Liefeld sur des planches plus atroces les unes que les autres :

Wynonna Earp - Strange Inheritance-079

IDW Publishing reprendra ensuite le flambeau entre 2003 et 2004 (toujours sous la tutelle de Beau Smith) avec une première mini-série de 3 numéros intitulée Wynonna Earp: Home on the Strange avec Carlos Ferreira aux dessins, puis en 2011 sur un autre run de 4 numéros intitulé Wynonna Earp: The Yeti Wars, sans oublier sa présence dans l’album IDW’s Tales of Terror, un recueil paru en 2004 et réunissant des histoires originales et horrifiques provenant des grandes figures de l’éditeur telles que Steve Niles et Ben Templesmith pour ne citer qu’elles. 

Le contraste entre la version Image et IDW de Wynonna Earp est des plus saisissants : fini la bimbo peroxydée aux jambes interminables, notre héroïne (toujours blonde) s’est largement rhabillée et ne s’emploie plus à se mettre en scène dans des positions anatomiquement improbables issues d’une autre époque.

Wynonna Earp - Strange Inheritance-220

Sans être la série du siècle, celle-ci se laisse facilement apprécier par les amateurs du genre mêlant humour, action, et fantastique, d’autres blondes ayant justement très bien réussi dans ces domaines précis.

J’invite d’ailleurs Julien Lordinator à vous en parler de façon plus précise et détaillée comme il en a l’aisance, l’intégrale des publications Image et IDW étant rassemblée dans un seul volume de 300 pages intitulé Wynonna Earp: Strange Inheritance.

Les années et les modes défilant à la vitesse d’un cheval au galop, on pensait légitimement ne plus avoir à faire à une héroïne de son acabit, mais c’était sans compter sur la surprenante idée de la chaîne SyFy de miser sur une telle adaptation.
Développée par Emily Andras (à qui l’on doit Lost Girl, l’un de mes plaisirs coupables en matière de séries) qui fait également office de productrice exécutive et showrunner, la série TV  Wynonna Earp déboule ni vu ni connu en avril 2016.

Après plusieurs années d’exil de sa ville natale, Wynonna Earp retourne à Purgatory le jour de ses 27 ans et accepte son rôle d’héritière maudite de Wyatt Earp. Elle devra protéger la ville des Revenants, les criminels que son arrière-grand-père a tués avec son Colt 45. Elle est aidée dans sa mission par sa sœur, Waverly, par l’agent Dolls et son ami immortel Doc Holliday.

wynonna waverly

Mis à part son pitch de base où l’on retrouve l’héritage de Wynonna et son appartenance à une unité spéciale en lutte contre démons, vampires et autres goules, la série puise ses influences sur une production bien connue de la chaîne CW : Supernatural.
Les producteurs ont en effet choisi de rajouter une sœur à Wynonna avec le personnage de Waverly, une très belle idée qui appuie encore un peu plus la thématique de la sororité dans les grands medium de l’entertainment.
Si l’on rajoute à cela un ton totalement décalé où le second degré devient évident dès les premières scènes, avec (si l’on passe à côté de ce postulat) des absurdités au niveau du scénario à s’en arracher les cheveux, et des acteurs qui surjouent à outrance, le programme en devient complètement jouissif parce que barré au possible.

J’éprouve un énorme plaisir à regarder cette série, notamment grâce à la prestation (complètement à contre emploi au niveau du personnage) de Melanie Scrofano ainsi que de Dominique Provost-Chalkey, sans oublier Katherine Barrell dans le rôle de l’officier Haught (Hot Damn !). Du coup on est bel et bien à des années-lumière de l’oeuvre originale issue des 90’s, la série lorgnant beaucoup plus dans une identité queer au même titre que Lost Girl.

Wynonna Earp S01E09

Qualifier simplement Wynonna Earp de western fantastique serait extrêmement réducteur, je vous invite à tenter de regarder quelques épisodes, personnellement l’annonce d’une seconde saison me ferait extrêmement plaisir.

Et parallèlement à la série TV, IDW a eu la judicieuse et mercantile idée de proposer une nouvelle mini- série liée au show disponible sur SyFy, on y retrouve en effet Wynonna en version brunette, l’agent Xavier Dolls et Doc Holliday. Le ton général est très plaisant à lire et hyper référencé en terme de culture fantastico-horrifique.
Ma foi, qui aurait cru qu’un ersatz de Witchblade puisse un jour atteindre une telle classe ? Pas moi en tout cas, c’est certain.

« If Buffy meets Justified meets Frozen … »

Emily Andras

Wynonna Earp - Strange Inheritance-000

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