L’honneur perdu des super héros

WW head

Attention ce billet contient 2/3 spoilers pas trop méchants, en tout cas bien moins méchants que mon avis sur ce film.

En allant voir Batman V Superman je ne m’attendais évidemment pas à me retrouver face à un film plein de bons sentiments, enjoué, larmoyant et rempli de messages d’espoir qui pourraient nous aider, nous pauvres mortels, à supporter notre monde si tourmenté.
Je m’étais préparée à voir des scènes très sombres et stylisées à l’image de ce que Zack Snyder nous assène depuis 300 (pour moi Dawn of the Dead est son seul vrai bon film, une oeuvre que l’on pourrait presque qualifier de « film d’auteur » compte tenu du reste de sa filmographie), j’ai craint le pire jusqu’au dernier moment, n’hésitant pas à balancer des j’ai peur à mon Sidekick sur le trajet du cinéma, au Mc Do, puis en attendant le début de la séance.

Mais pourquoi une telle crainte me direz-vous ? Et bien il s’avère que je vis une sorte d’histoire d’amour avec les super héros depuis des décennies (je parle du genre super héroïque en général). Quelque soit leur appartenance aux diverses maisons d’édition, ils m’apportent, me transportent, je me reconnais dans leurs choix, leurs erreurs, leurs amitiés, leurs amours, leurs drames ou encore leurs joies, et même leur différence ou leur parentalité.

Hors dans Batman V Superman, il n’y a pas un moment où je me suis reconnue dans ce violent programme que j’ai du subir pendant 2h30. Quand je dis violent, c’est tout autant pour les yeux, les oreilles, et finalement le cœur, ce qui est en mon sens bien plus grave que tout le reste. ..
Il n’était pas question d’aller faire la fête (même si j’attendais tellement de choses vis à vis de WW mais si vous me lisez régulièrement vous comprendrez pourquoi) mais j’espérais du moins une once d’optimisme, ou d’humanisme à l’image de ce que l’on a pu effleurer dans Man of Steel du moins dans sa première partie…

Il n’en est rien ici. Dans Batman V Superman, nos deux héros sont omnipotents de part et d’autre, et à leur façon (l’un dans l’obscurité l’autre dans la lumière, pour autant aucun de ces deux statuts ne sont enviables), régnant sur leurs cités limitrophes, Gotham et Metropolis, de façon à ce qu’ils exercent leur concours de bite.
La masculinité exacerbée du  film en est tellement outrancière, ou du moins si peu subtile, que la totalité du cast féminin va finir par se retrouver soit incendiée/explosée, victime/otage, vraiment débile dans son raisonnement, ou littéralement sous-exploitée.

Comment cautionner un film pareil, mais bordel de merde ?
Comment être d’accord sur le fait que la Lois Lane de 2016 se retrouve être au même statut que la demoiselle en détresse qui passe son temps à chercher les emmerdes 50 années plus tôt… Alors qu’on nous rabâche sans cesse (c’était déjà le cas dans MOS) que cette Lois Lane là, elle a des couilles de mammouth.
Comment accepter que Diana de Themyscira soit amenée de la sorte avec une musique aussi immonde et tonitruante en mode Mad Max: Fury Road comme si il s’agissait de l’Imperator Furiosa…
Comment ne pas s’infliger des baffes en assistant impuissant à une bagarre digne d’une cour de récré où deux garnements se foutent sur la tronche dans un bac à sable, sous le regard sadique et manipulateur d’un troisième petit garçon qui est très très méchant parce que son papa a fait des choses pas belles du tout à son encontre.
Comment ne pas en avoir marre des messages crypto christiques à outrance où chaque plan, nom de rue, prière des victimes collatérales, iconographie de la piété avec Lois en Madeleine et Diana en Marie vous met tellement mal à l’aise que vous vous demandez si vous n’êtes pas en train de regarder une version amélioré de Battlefield Earth.

Ce film est pour moi une grande déception, non pas parce que la vision de Snyder est différente de celle que j’ai concernant ces personnages que j’affectionne tant, Superman et Batman ont tellement eu de versions différentes et complémentaires sous forme de séries, de films ou d’anime que chacun d’entre nous peut finalement trouver chaussure à son pied en faisant un minimum d’effort.
Ma déception réside surtout dans la façon dont le réalisateur arrive à dénaturer, vider insidieusement de son essence ces personnages sous couvert du grim and gritty et de la liberté d’expression.
Heureusement qu’il n’est pas aux commandes du film sur Wonder Woman, si cela avait été la cas, il nous l’aurait transformé en Sarah Connor version Terminator 2, avec ses cauchemars d’apocalypse, son fusil à pompe et sa schizophrénie, j’en suis persuadée.

Il se peut que j’attendais un peu trop de ce film. Batman V Superman était en effet pour moi le premier rendez-vous que j’allais avoir avec Wonder Woman, aussi fugace soit-il, il devait être marquant, au moins symboliquement.
Mais j’ai tellement été plombée, abrutie par tant de lourdeurs scénaristiques, de trips hallucinogènes, de caméo batards dignes de web séries cheap disponibles sur Youtube, qu’à cause de Zack Snyder, j’ai raté ce rendez-vous.
J’ai bien pris conscience que Gal Gadot, même si elle continue pour moi à ne pas être celle qui devait incarner ce rôle, fait de son mieux compte-tenu du poids qu’elle doit porter sur ses épaules, et ma frustration dans les scènes où elle apparaît ne vient pas d’elle.
Le fait est que je n’ai rien ressenti, pas de fierté d’aimer autant ce personnage pour les valeurs qu’il véhicule, pas d’enthousiasme la voyant maîtriser Doomsday avec son lasso, absolument rien. Mais quelle tristesse les enfants, quelle tristesse.

J’imagine que plein de gens vont au contraire ressentir tout un tas de choses positives à son encontre, les incitant à vouloir la connaitre un peu mieux, et tout cela ne peut que me faire plaisir. Mais en définitive je me sens mise de côté, à l’image de ce Superman christique, monolithique, dénué de tout sentiment, et de ce emo Batman à la fois totalement désabusé et en pleine crise d’adolescence (ou de la quarantaine, c’est pareil), la Wonder Woman de Snyder étant sans doute un personnage que je ne suis pas capable de concevoir, pour le peu qu’elle apparaisse dans ce film.

2 commentaires sur “L’honneur perdu des super héros

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  1. Je comprend ton ressenti général en rapport avec tes attentes, totalement. Bon, mon avis, tu l’as vu passer à droite et à gauche tout ça, je vais pas revenir dessus. 🙂

    J’ai envie cependant de nuancer la position de Lois Lane dans ce film. Et je veux savoir ce que tu en penses ! C’est une demoiselle en détresse, certainement, mais je l’y vois plutôt à mi-temps. Pour moi, Lois, fonce certes, tête baissé vers le danger, pour la vérité en premier lieu, puis pour l’homme qu’elle aime en second lieu (le dernier arc). Ok, elle se retrouve par trois dans une situation délicate (la scène dans le désert, Luthor qui la pousse du toit, même si là c’est moyen de sa faute, et le coup idiot de la lance, juste pour sauver son mec). Mais il y a je pense une parité ici qu’il ne faut pas occulter. Par trois fois, elle aussi, Lois va sauver Superman. Alors oui, je l’accorde sans concession, cela sera moins « brutale » ou « musculaire » ou simplement moins mit en avant à l’écran, la parité peut faire défaut ici (c’est certainement là qu’est tout le problème sur l’interprétation qu’on en fera). Mais cette Lois et ce Clark, ils sont, pour moi, sur un pied d’égalité. Lois et Clark, ils se sauvent à tour de rôle pendant ce film. Superman la sauve dans le désert, puis quand Luthor la pousse. Ensuite, Lois s’interpose entre Batman et Superman, et le sauve, littéralement, sans l’intervention de Lois, je pense que l’issue aurait été différente, Batman aurait buggé deux minutes et aurait planté le pauvre Clark qui pouvait pas lui répondre, quel con ce Batman. Ensuite, elle pense continuer de sauver Clark quand elle balance le truc à la flotte (mais elle savait pas pour Doomsday la pauvre), sauf qu’au final, c’est lui qui la sauve… et c’est elle qui le re-sauve en le sortant de l’eau (3-2 pour Clark), ok, le deuxième point est discutable (mais l’arbitre à rien vu). Elle a un train de retard sur les points, mais elle est encore là. Ca castagne à tout va de l’autre coté de la berge, et elle, elle reste et elle parle à Clark, elle lui rappelle qui il est et ce qu’il doit être. Elle n’est pas ici sa femme, elle est cette personne qui le comprend et le connait, elle lui permet de se retrouver (sachant que ce travail dur pendant tout le film, pendant leur tête à tête, le dernier point est pas le plus évident à gagner, c’est sur la brèche). Elle le sauve de lui-même. Il comprend de nouveau qu’il n’est pas cet alien, ce dieu et tout ces trucs qu’on lui rabache depuis Man of Steel, il est lui. Il est Clark, avec ses peines, ses joies, ses amours, sa famille (une notion bien trop brève dans le film en dehors de ce moment précis, Jimmy Olsen manque un peu là). Il accepte, pour elle, mais aussi pour les autres (c’est mots sont ceux-ci : « C’est mon monde, tu es mon monde », ça inclut tout), et il redevient Superman (Ok, il meurt après coup, donc elle a aussi littéralement tué son mec, mais heu… l’arbitre avait déjà sifflé la fin du match juste avant, juré). Je vois les choses ainsi. Elle n’est pas qu’un faire valoir, qu’une demoiselle en détresse. Elle est tête brûlée, peut-être encore un petit peu cruche, mais elle est celle qui permettra à Clark de se trouver lui-même. A la fin du film, et grâce à l’intervention de Lois, j’ai vu pour la première fois depuis le début de Man of Steel (ouais, carrément), LE Superman que j’aime. Ce fut bref, court, intense, un peu brouillon avec de la CGI partout. Mais c’était lui, je l’ai vu ! C’était trop pas un oiseau ou un avion ! Et du coup ben, ouais, j’ai du mal à voir Lois QUE comme la demoiselle en détresse. A la lecture de ton billet, je trouvais intéressant de partager avec toi ce ressenti concernant Lois. Alors je te le demande humblement, est-ce que je me fourvoie totalement ou seulement juste un peu ? *ferme les yeux et sert les fesses*

    1. Woah, merci pour ce long commentaire et surtout de t’intéresser autant à cette pauvre Lois, Ce que tu dis est très intéressant, et je ne peux pas aller à l’encontre de ton avis. Le problème c’est que personnellement je n’ai ressenti aucune alchimie entre Lois et Clark, c’était déjà le cas pour moi dans Man of Steel et c’est un gros gros problème quand on veut essayer de faire passer toutes les choses que tu viens de détailler. Du coup, selon mon ressenti, Lois est un outil, un levier scénaristique plus qu’autre chose, et ce dans beaucoup trop de scènes et cela m’ennuie compte tenu du fait que ce personnage a bien plus à offrir que ce qui est montré.
      Je suis très contente que tu ai pu voir le Superman que tu aimes, moi je le cherche malheureusement encore.

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