Hunting The Heroes, The Predators Attack !
Il y a plus d’un an, j’exposais ma passion pour l’univers d’Alien au travers d’un Jeudi consacré à l’improbable crossover Batman/Aliens. Entre Aliens et Predator il n’y a qu’un pas, la rivalité entre ces deux monstres (au sens propre comme au figuré) sacrés du cinéma étant depuis longtemps entré dans la légende.
Mais Aliens Vs Predator c’est une institution, et plutôt que de m’étaler sur cet univers alternatif (1) et comme j’avais juste envie de parler de Predator, j’ai recherché un crossover comics les mettant en scène qui mériterait le coup d ‘œil et serait suffisamment original. Batman Vs Predator ? Tout le monde le connait celui-là… Superman Vs Predator ? Trop commun… JLA Vs Predator ? Trop nul… Superman & Batman Vs Aliens & Predator ? Trop long comme titre… Avec Dredd, Robo Magnus ? Nan…
Ah, attend (fouillant dans ma collection de comics), c’est quoi ce truc ? Et mais ouais, même moi j’avais oublié ça ! Allez, je le prends tiens !
Donc vous l’aurez compris, ce mois-ci ont va parler chasseurs extra-terrestres avec les collectionneurs de trophées les plus sanguinaires de l’univers : Les Predators !
Killing for the hunt – hunting for the kill
Armed to the teeth with a wildcat’s will
Survival of the fittest I have what it takes
To turn human beings into spiders and snakesMeister Mephisto – Master Hunter (Extrait de l’album Sturmgeist, 2005)
Avant de commencer, présentons vite fait ce que sont les Predators, ces chasseurs extra-terrestres qui terrifient nos écrans depuis 1987. Le premier Predator, Yautja (prononcez Ya-Oute-Chah) dans leur langue à eux, apparaît donc en 1987 dans le film du même nom, réalisé par John Mc Tiernan (L’Arme Fatale) sur un scénario de Jim et John Thomas. Le film raconte les déboires d’une troupe de mercenaires en Amazonie qui suite à une mission de sauvetage se retrouve traqué par un ennemi apparemment invincible et invisible. Le dit ennemi se révèle être en fait un chasseur extra-terrestre avide de trophées et il faudra toute la ténacité du chef des mercenaires (interprété par un Arnold Schwarzenegger au sommet de sa carrière et de son talent à l’époque) pour en venir à bout durant un duel final aussi épique que mythique, aujourd’hui passé à la postérité comme une des scènes cultes du cinéma fantastique.
Entre sa réalisation efficace, son interprétation impeccable, sa bande son monumentale et ses effets spéciaux remarquables signés par le grand Stan Winston, Predator devient rapidement un film culte aujourd’hui encore inégalé.
Bande annonce française de Predator (1987)
C’est sans surprise qu’une suite est rapidement envisagée et voit le jour : Predator 2 sort sur les écrans en 1990. Au scénario on retrouve de nouveau Jim et John Thomas et à la réalisation Stephen Hopkins (coupable à l’époque du navrant cinquième opus de la saga Freddy), cette fois-ci la « proie » est interprété par Danny Glover (L’Arme Fatale). De l’Amazonie, l’action est délocalisée dans un Los Angeles écrasé par une canicule et une féroce guerre de gangs, Danny Glover incarne un officier de police dont l’entourage péri sous les assauts d’un ennemi aussi agressif qu’invisible. Même si il est clairement en dessous du premier opus, Predator 2 reste néanmoins un spectacle époustouflant d’une redoutable efficacité.
Bande annonce américaine de Predator 2 (1990)
Il faudra attendre 20 ans pour revoir les chasseurs inter-galactiques en solo sur les écrans (entre temps, deux films AVP ont été « commis », surtout un Aliens Vs Predator Requiem repoussant les limites de la nullité jusqu’à un niveau rarement atteint) et c’est en 2010 que sort Predators, réalisé par Robert Rodriguez (Une Nuit en Enfer) avec Adrien Brody (Le Pianiste) dans le rôle principal. Cette fois-ci direction une planète éloignée pour un groupe de personnes qui ne se connaissent pas mais sont liées par des vies violentes : Le groupe compte des soldats, des mercenaires ou des criminels. Pourquoi sont-ils réunis à l’autre bout de l’espace ? Il semblerait que cette planète soit en fait une réserve de chasse et eux les proies…
Attendu de longue date, ce nouvel opus divisera les fans, certains y voyant un film de série B sans grande originalité, les autres une honnête suite qui à défaut d’originalité apporte enfin du neuf à la mythologie de la saga.
Bande annonce française sous-titrée de Predators (2010)
Les Yautjas ont beau être des chasseurs violents, ils sont néanmoins des êtres intelligents, très avancés technologiquement dotés d’armement de pointe : Canon à plasma, griffes et lances rétractiles, camouflage optique, vision infra-rouge, disque de combat, kit de premiers soins et j’en passe, ils sont parés à la plupart des éventualités. Ils vivent très longtemps, plusieurs centaines d’années pour ceux qui réussissent à survivre aux chasses et vivent en clans gouvernés par un ancien (un Elder).
Le clan dit « Lost » du film Predator 2 avec le chef Elder au centre
Ils se déplacent de planètes en planètes afin de trouver et de chasser les créatures les plus redoutables. Ils sont également régis par un code de l’honneur très prononcé, par exemple il est déshonorant de tuer une proie désarmée et ou non belliqueuse ou une femelle enceinte. Si on réussi à vaincre un Yautja ou lorsque l’on réalise une chasse ramenant un trophée glorieux, on devient immédiatement leur égal et l’on gagne le respect du clan. De même si on sauve la vie d’un Yautja, celui-ci vous est redevable et doit faire de même. Certains humains ont déjà réussis certaines de ces prouesses, la plus célèbre étant Machiko Noguchi (2).
Machiko Noguchi
Niveau comics la première mini-série mettant en scène les Predators parait en 1989 et se finit en 1990 quelques mois avant la sortie du second film. Baptisée dans un premier temps juste « Predator » elle est rapidement renommée Predator : Concrete Jungle (3) dans les éditions reliées. Cette première mini-série réutilise de nombreux éléments du premier film, par exemple le personnage de Dutch interprété par Arnold Schwarzenegger et partage de nombreux points communs avec Predator 2, notamment des scènes quasiment identiques (la descente du Predator dans un repaire de trafiquants de drogues) et certains ressorts scénaristiques similaires (la guerre des gangs, le héros est un policier etc.). Elle est scénarisée par Mark Verheiden, un habitué des comics à licence cinématographique puisqu’il a à l’époque déjà œuvré sur des comics dérivés des films Aliens et travaillera plus tard sur ceux issus de l’univers de The Terminator.
De nombreuses mini-séries et crossovers paraîtront par la suite, de qualité très variables (les très bons Race War, Big Game, 1718 ou Primal côtoie des séries moins glorieuses comme Kindred ou Xenogenesis) et nos sanguinaires chasseurs feront des rencontres plus ou moins intéressantes : Hormis les très nombreux crossovers avec les Aliens qui sont un cas à part, les très bons crossovers avec Judge Dredd, Batman ou Magnus côtoieront de véritables ratages, notamment un JLA Vs Predator fait sans passion ou Tarzan Vs Predator, qui aurait put être rudement intéressant vu l’affiche, mais se révèle complètement anecdotique à cause d’un scénario fantaisiste n’exploitant même pas un tiers de la mythologie Predator.
On notera également plus récemment le loufoque Archie Vs Predator durant lequel un Predator vient massacrer à tour de bras les personnages cartoonesque des comics Archie.
Dans cette jungle de crossovers, l’un d’entre eux est passé complètement inaperçu mais était pourtant très ambitieux : Hunting the Heroes, the Predators Attack !
Pour comprendre le pourquoi de ce crossover / event, il faut revenir à cette époque bénie des années 90 et sur l’initiative des éditions Dark Horse : En effet, de 1993 à 1996, l’éditeur américain tente de lancer son propre univers partagé d’abord sous la bannière Comics’ Greatest World puis plus simplement Dark Horse Heroes à partir de 1995. Cet univers partagé contient plusieurs personnages, évoluant dans des villes imaginaires ainsi Ghost et X vivent dans la ville d’Arcadia et Barb Wire et Motorhead dans celle de Steel Harbor.
Si le concept est intéressant, la qualité sera rarement au rendez-vous et beaucoup de séries s’arrêteront au bout de quelques numéros, les seules exceptions – succès seront Barb Wire, X et surtout Ghost qui perdureront quelques années avant de s’arrêter.
C’est ainsi qu’en 1995, Dark Horse profite de sa détention de la licence Predator pour mettre les chasseurs de l’espace face à certaines de ses créations maison durant un event qui touchera quatre de ses titres.
Le premier titre impacté sera le tout nouveau Motorhead qui voit le héros schizophrène confronté dés son premier numéro à un Predator.
Motorhead est un personnage issu de l’univers de Barb Wire, il s’agit en résumé d’un ancien soldat devenu surpuissant après avoir fusionné avec une technologie inconnue appelée le « Motor », cette fusion a également pour méfait de lui faire entendre des voix et de les matérialiser sous la forme d’un petit homme blond surexcité.
L’histoire est archi-classique : Alors qu’il se débat tant bien que mal avec les voix dans sa tête, Motorhead est pris en chasse par un Predator. S’ensuit une course poursuite dans les rues de Steel Harbor qui se fini par un combat sur les quais et… C’est tout.
C’est écrit par D.G. Chichester, dessiné par Karl Waller et encré par Tim Bradstreet sur une couverture de Simon Bisley.
Autant faire court et bref, que se soit niveau histoire ou dessin, c’est vraiment pas terrible et largement dispensable.
Second titre touché par cet event, l’excellent Ghost et son héroïne paranormale Elisa Cameron. Ghost est une des bad girls les plus réussies des années 90 : Amnésique, Elisa Cameron se réveille un jour sous l’apparence d’un fantôme et va alors enquêter sur sa propre mort. Elle apparaît pour la première fois dans le huitième numéro spécial de la série X, dont je vais reparler plus bas.
L’héroïne aura surtout pour elle la chance de voir des artistes talentueux œuvrer sur sa série comme Adam Hughes, Terry Dodson, Ivan Reis ou encore John Cassaday. De tout les titres Dark Horse Heroes, se sera d’ailleurs celui qui perdurera le plus longtemps.
Alors que Ghost continue son enquête sur sa mort dans les ruelles et recoins sombres d’Arcadia en compagnie de sa sœur Margo, elle est prise en chasse par un Predator. La chasse prend une tournure funeste pour le Predator lorsque celui-ci est rapidement mis hors d’état de nuire par notre héroïne.
Même si ce numéro 5 de Ghost fait partie de l’event Hunting the Heroes, il en ressort sans conteste que le scénario avait déjà été écrit à l’avance et les passages avec le Predator un peu rajoutés à l’arrachée. Du coup le Predator ne fait que de timides apparitions durant le récit, principalement au début et à la fin. L’histoire quant à elle est dans la continuité de la série Ghost.
Très peu d ‘intérêt donc pour cette histoire, la présence du Predator tenant plus d’un caméo qu’autre chose…
Cet épisode est le seul de l’event à avoir été publié en France, par Semic dans le numéro 4 du magazine Ghost en juin 2000.
Troisième titre Dark Horse à faire partie de cet event, le mystérieux justicier X. Sorte de fusion improbable entre Batman et le Punisher, X est un justicier très violent dont ont ne sait quasiment rien, mise à part qu’il fait la loi dans les rues de la ville d’Arcadia. Alors qu’il lutte contre le crime, X doit malgré lui protéger un agent du gouvernement venu enquêter sur la présence d’un Predator dans la ville, mais les apparences sont parfois trompeuses et X va devoir user de tout son talent de combattant pour empêcher le Predator de faire de sa tête un nouveau trophée…
Des quatre séries impliquées dans cet event, ce chapitre avec X est sans conteste le plus réussi : Le coté sombre et violent de la série X se prête admirablement bien à l’apparition d’un Predator et de plus, l’histoire, bien que brève, est rudement bien menée et haletante, le point culminant étant le duel final entre X et le Predator, absolument épique. C’est écrit par Steven Grant, dessiné par Christopher Renaud sur une couverture de Frank Miller.
Sans conteste la meilleure histoire de cet event et même si ont ne connait pas l’univers de X, c’est une lecture plus que recommandable.
Dernière série impactée par Hunting the Heroes, Agents of Law, dans son sixième (et dernier) numéro.
Law est une sorte de shérif à super pouvoirs faisant régner la loi à Golden City, une ville utopique créée par la super héroïne Grace. Law a des méthodes disons un peu discutables et particulièrement violentes, ce qui attire l’attention d’un Predator, souhaitant ajouter la tête de ce représentant de l’ordre à son tableau de chasse.
Niveau histoire, on a là encore du classique, à savoir une course poursuite matinée de duels à travers les rues de Golden City, simple certes mais bien plus réussi que la rencontre avec Motorhead. Une histoire simple mais efficace à la conclusion plutôt inattendue SPOILER Il s’agit en effet de la seule victoire d’un Predator durant cet event, une façon à peine déguisée de la part de Dark Horse de se débarrasser d’une série dont le succès ne fut jamais au rendez-vous FIN DU SPOILER.
Hunting The Heroes, The Predators Attack ! Est au final un crossover en forme d’event assez décevant : La plupart des histoires sont de piètre qualité et seuls les chapitres mettant en scène X et Agents of Law valent véritablement le détour. L’aspect expédié et opportuniste certainement dû à la fin de vie de ces séries se fait cruellement sentir et autant être honnête, même pour les fans les plus assidus de l’univers de Predator, ce sont clairement des lectures largement dispensables, exception faite du crossover avec X qui sans être vraiment exceptionnel, est le seul à avoir su véritablement saisir l’esprit des films de la créature extra-terrestre chasseuse de tête.
Je reviendrais plus tard sur l’univers de Predator dans un autre article car c’est véritablement un univers intéressant et complexe mais je voulais quand même parler de cet event, méconnu et par opposition aux livres que je chronique habituellement dans cette rubrique, pas vraiment réussi. Car j’ai beau lire énormément de comics d’horreur – fantastique, je ne lis pas que de la qualité et même en étant fan jusqu’au bout des ongles d’une licence (ce qui est mon cas avec Predator) on ne peut décemment pas dire du bien de quelque chose d’aussi médiocre, même avec la plus grande fan attitude au monde…
1 : Il faut savoir que l’univers de Aliens Vs Predator est un univers alternatif totalement indépendant des deux autres licences qu’il a uni, il existe donc trois univers distincts : Celui de Alien, celui de Predator et celui de Aliens Vs Predator (souvent abrégé AVP). Je précise également que même si ils reprennent souvent des éléments des films, les comics issues de ces trois licences ne sont pas canoniques aux films et forment une chronologie également indépendante. C’est un peu compliqué mais j’y reviendrai sûrement un des ces quatre.
2 : Elle est l’héroïne d’une trilogie de comics AVP : Une Chasse à l’Homme, War et Troisième Guerre des Mondes, trilogie sur laquelle je reviendrai très certainement un jour.
3 : Il existe également un jeu vidéo du même nom, sorti en 2005 sur PS2 et Xbox n’ayant aucun lien avec la BD.
Excellent papier sur PREDATOR.
Juste une toute petite coquille: Robert Rodriguez n’a pas réalisé PREDATORS, il l’a juste produit et c’est Nimrod Antal (MO(R)TEL, BLINDES) qui s’est chargé de la réalisation. Rodriguez a faillit le réaliser à la fin des années 90 suite au succès de son film DESPERADO. Il avait écrit un 1er jet qui voyait le retour de Schwarzenegger accompagné de Bruce Willis et Jean-Claude Van Damme, mais ça coûtait trop cher (à l’époque) et le projet s’est stoppé; Rodriguez a néanmoins repris certains éléments de son script pour cette dernière version (les humains face a plusieurs Predators sur une planète extra-terrestre).
Le vrai PREDATOR 3 devrait voir jour bientôt, Shane Black (scénariste culte de L’ARME FATALE, acteur dans PREDATOR et réal de IRON MAN 3) a terminé le scénario et va entamer la réalisation.