Les jeudis de l’angoisse (des comics) #14

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Le Tueur du Vendredi

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Dans cette rubrique, je n’ai qu’une parole, quand je dis que je parlerais de quelque chose, je le fais tôt ou tard. Je l’ai déjà fait le mois dernier en revenant comme je l’avais promis sur un autre comics Dracula (l’article est lisible ici) et il y a un an tout pile, je vous parlais du croque-mitaine de Crystal Lake, l’immortel tueur au masque de hockey et à la machette sanguinolente, Jason Voorhees. Durant cet article tonitruant et plein de passion, je revenais sur mon engouement pour ce personnage et son univers et vous parlais des différents comics consacrés à cet univers, notamment un excellent crossover publié chez Topps Comics opposant notre monstre masqué à la famille de cannibales dégénérés de Massacre à la Tronçonneuse, et bien vous savez quoi ? (roulements de tambour…) Ce n’est pas de celui là que je vais parler ce mois-ci, mais d’un autre !
Prêts à retourner dans les environs brumeux de Crystal Lake ? Sûr ? Dans ce cas, c’est parti !

Oh, if you see him comin’s
Get away if you can
Just keep on runnin’
Run as fast as you can
He’s a dangerous, dangerous man

Oh, but he’s back
He’s the man behind the mask
And he’s out of control

Alice Cooper – He’s Back (The Man Behind The Mask) extrait de l’album Constrictor, 1986 (1)

J’avais déjà présenté qui était Jason Voorhees et fait un petit historique ma foi assez exhaustif de son passif dans le monde des comics dans mon précédent Jeudi qui lui était consacré et comme je pense que les rares quidam qui suivent cette rubrique l’ont déjà lu, je ne vais pas m’éterniser dessus une seconde fois, juste revoir les bases rapidement : Jason Voorhees est un tueur masqué hantant les abords du lac Cristal. Enfant attardé né avec une déformation du visage, alors qu’il passe ses vacances dans une colonie aux abords du lac, il se noie alors que les moniteurs étaient trop occupés à s’envoyer en l’air. Sa mère, cuisinière dans la colonie de vacances se venge quelque années plus tard en massacrant des jeunes venus rénover ladite colonie en vue d’une réouverture. La mère vengeresse est finalement décapitée par la dernière survivante. Jason, en fait toujours vivant, assiste à la mort de sa mère et décide de trucider toute personne s’approchant de près ou de loin du lac.

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Jason sera alors la star de douze films, douze films étalés de 1980 à 2009, 29 ans de massacres sanglants dans des films à la qualité disparates. Pour fêter cette nouvelle année, j’ai décidé de faire du zèle et de vous proposer un article dans l’article avec un petit retour sur cette saga emblématique. Votre serviteur va donc se faire un plaisir pour cette nouvelle année de vous présenter chaque film  !

VENDREDI 13 – 1980 (Titre original : Friday the 13th)

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Raconte moi une histoire qui fait peur !

Bienvenue à Crystal Lake dans le New Jersey, une petite bourgade perdue dans les bois peuplée de tout plein de bouseux gentils qui semblent ne pas s’être rendus compte que le temps a passé depuis les années cinquante, que les chemises rouges à carreaux et la casquette de bûcheron ne sont plus du tout à la mode.
Crystal Lake, c’est un peu l’endroit rêvé pour les anciens hippies des seventies qui souhaitent durant les vacances retrouver la sensation du retour à la terre, de la communion avec la nature et les bonnes vieilles valeurs américaines. Et comme souvent dans ce genre d’endroit, on y trouve une jolie colonie de vacances en bordure de lac pour les petits enfants qui viennent de la ville et qui sont juste là car leurs parents les y ont envoyés pour être tranquilles. Tout du moins il y avait une colonie de vacances… Car celle-ci a dû fermer suite au double meurtre qui a eu lieu en 1958. En effet durant une nuit, deux moniteurs qui s’étaient isolés pour tirer un coup ont été sauvagement poignardés. Depuis, personne n’a eu le courage de rouvrir le camp qui a gagné le surnom de « camp sanglant » et dont la réputation funeste n’est plus à faire parmi les autochtones.
Malgré les avertissements du fou du village, un nouveau propriétaire s’est mis en tête de rouvrir le camp en compagnie de moniteurs qui ont tous le même profil : Ils sont jeunes, beaux et ne pensent qu’à s’envoyer en l’air en fumant des joints. En bref, une ambiance très « Flower Power » règne sur le camp jusqu’à la disparition de plusieurs moniteurs … L’ambiance va alors changer brutalement et les cadavres s’empiler à vitesse grand V, la faute à qui ? A madame Voorhees, une folle psychopathe qui rend les moniteurs responsables de la mort de son fils trisomique qui s’est noyé dans le lac une vingtaine d’années plus tôt : Si ça c’est pas de la rancune ! Après un jeu de cache-cache mortel la dernière survivante des monos décapitera la folle avec une machette lors d’une scène mémorable. Ainsi prend fin le premier massacre du vendredi 13… Jusqu’au suivant  !
Ah au fait le fils de madame Voorhees qui s’est noyé s’appelait Jason (enfin Jacky dans la version française…).

Un coup de bluff ! C’est grâce à un coup de bluff que Vendredi 13 a vu le jour ! Un coup de bluff orchestré comme un coup de maître par Sean S. Cunnigham, le réalisateur du film. Après l’énorme succès du Halloween de John Carpenter, Cunningham se dit que lui aussi pourrait faire son thriller horrifique. Sans la moindre idée de scénario et seulement un titre, Friday The 13th, il publie dans un magazine professionnel un visuel particulièrement efficace (une hache ensanglantée plantée dans un oreiller) lors d’un marché du film. Sur le visuel ont peut lire « Par le producteur de La Dernière Maison sur la Gauche » film que Cunningham avait produit pour Wes Craven. Après la publication du visuel, le téléphone ne cessera de sonner, des distributeurs du monde entier s’arrachant le projet ! Victor Miller écrit (enfin) un scénario à toute vitesse et aux vues des préventes (plus de 500 000 dollars) le tournage commence rapidement et c’est lui-même qui assure la réalisation, les effets gore sont signés Tom Savini (qui, depuis le succès du Zombie de George A. Romero, a acquis une solide réputation dans le domaine et dont j’ai déjà parlé dans mon Jeudi consacré à Creepshow) et c’est Harry Manfredini qui compose la musique, d’ailleurs le thème principal (les chuchotements entrecoupés de soupirs sur des violons déchaînés) sera par la suite le thème inséparable et emblématique de la série. Le succès du film est en grande partie dû à ces deux personnes.

Dans la série le saviez vous, voici des petites infos sur ce film mythique qu’est Vendredi 13 !
Un des seconds rôles de monos est tenu par un acteur qui par la suite aura une longue carrière dans le cinéma fantastique : Vendredi 13 fut l’une des toutes premières apparitions de Kevin Bacon devant une caméra !
Le réalisateur fut beaucoup influencé par son propre fils de 12 ans qui, grand lecteur du magazine Fangoria (magazine sur le cinéma fantastique très populaire aux États Unis), conseillera son père sur le tournage du film.
Ari Lehmann, qui interprète le jeune Jason lors des scènes de flash-back, deviendra par la suite chanteur dans un groupe de Funk Rock.

Bande annonce américaine du premier Vendredi 13

LE TUEUR DU VENDREDI – 1981 (Titre original : Friday the 13th Part II)

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On prend pas les mêmes et on recommence  !

Madame Voorhees reposant six pieds sous terre, il est temps pour notre bon Jason d’entrer en scène. En fait bien vivant et traumatisé après avoir vu sa mère se faire décapiter, Jason décide de se faire justice et quitte sa cabane dans les bois pour trucider Alice (la mono qui a tué sa mère) dans une séquence d’ouverture qui annonce la couleur : Jason, à l’instar de sa mère, fait pas dans la dentelle, il lorgne même vers le carrément dégueulasse ! Après avoir assouvi sa pulsion de vengeance, notre bonhomme n’est toujours pas calmé et se demande sur quoi il pourrait passer ses nerfs : Le tricot ou le massacre d’adolescents fornicateurs et fumeurs de joints ?
N’y connaissant rien dans le calibre des aiguilles et la texture de la laine, Jason opte pour la deuxième solution, non sans une certaine satisfaction, ça va sans dire. Comme le hasard fait bien les choses, un camp de formation pour futur moniteurs de colonie de vacances vient justement de s’installer prés du lac ! Cachant son visage mal-formé avec un sac en toile de jute (avec quand même un trou pour un œil, parce que sinon il verrait rien …), Jason commence sa croisade sanglante et le bougre n’y va pas de main morte et ne fait pas de quartier : Étranglements aux barbelés, empalement, égorgements, tout le monde y passe, les stagiaires du camp et les intrus qui se hasardent sur son territoire. Jason n’a aucune pitié et massacre à tour de bras (un handicapé se retrouve une machette en travers de la figure et dévale des escaliers sur sa chaise roulante : Une séquence choc reprise maintes fois dans les épisodes suivants).
C’est sans compter Ginny, ravissante blondinette qui après avoir découvert la cabane de Jason et l’autel que celui-ci a érigé avec la tête de sa mère, joue sur la simplicité d’esprit du psychopathe en se faisant passer pour sa môman et lui assène un coup de machette mémorable, laissant le tueur pour mort. Clamsé l’ami Jason ? Que Nenni ! Le croque mitaine réapparaît dans une séquence finale aussi surprenante qu’improbable !

Le premier Vendredi 13 avait pris tout le monde de court avec sa violence débridée et le premier effet sera une censure plus prononcée pour empêcher l’interdiction au moins de 18 ans (encore en vigueur à l’époque pour les films d’horreur), la Paramount (producteur des films) visant un public plus large. De précieuses secondes de gore seront alors sacrifiées, privant ainsi le film de l’intensité de certains meurtres (néanmoins, l’embrochement de deux fornicateurs en plein coït, hommage à La Baie Sanglante de Mario Bava, sera présente et est l’une des séquences les plus « gorement » originales du film). Le film est réalisé par un comparse de Sean Cunnigham, Steve Miner (qui réalisera quelques années plus tard le délirant House et bien plus tard le navrant Halloween 20 ans après). Miner reprendra et respectera la formule laissée par son prédécesseur et dépassera même celui-ci avec une réalisation plus agressive. Hormis les coupes de la censure, Le Tueur du Vendredi est une réussite totale bien plus efficace que le premier épisode.

Bande annonce française du Tueur du Vendredi

MEURTRES EN 3 DIMENSIONS – 1982 (Titre original : Friday 13th Part III)

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Trucide moi en relief Jason !

Alors que la police arrive à peine sur les lieux du précèdent massacre, Jason, pas très raisonnable, décide de remettre le couvert immédiatement : Le simplet de l’épicerie d’à coté et sa femme seront ses premières victimes. Chemin faisant, il croise une auto-stoppeuse boulotte qu’il égorge sans sommation et suit jusqu’à leur lieu de vacances une camionnette pleine de jeunes comme il les aime : Amateurs de drogues douces et adeptes de l’amour libre. L’arrivée d’une bande de motards finira de combler notre gaillard qui se met dare-dare au boulot.
S’ensuivra une suite d’exécutions sommaires dont seul Jason a le secret : Tête comprimée jusqu’à éjection d’un œil de son orbite, empalement sur une faux, tisonnier chauffé à blanc dans le ventre et d’autres originalités seront au programme de ce nouvel opus.
Si Jason prend apparemment le plus grand plaisir à trucider ses contemporains, notre monolithique gaillard morfle lui aussi pas mal : Lors d’un face à face avec, une fois de plus, une donzelle déchaînée, Jason encaissera une succession de coups de rondin de bois, de pelle, sera pendu et se fendra (littéralement  !) la gueule avec un ultime coup de hache en travers de la figure : S’en est trop pour lui qui fini par s’écrouler… Copiant la scène finale du premier opus, la seule survivante, dérivant sur une barque au milieu du lac, se fera agresser par la mère décomposée de Jason, l’amour maternel, y a que ça de vrai !

Pour la seconde fois, c’est Steve Miner qui emballe cette suite honorable, (quoi qu’inférieur au précèdent massacre) dont l’intrigue principale reste le fait de voir l’ami Jason réduire l’espérance de vie d’ados débiles. Miner semble moins inspiré que sur le second opus, néanmoins les meurtres restes spectaculaires… D’autant plus qu’ils sont filmés en 3D ! Personnellement, les films en 3D, j’ai jamais accroché, mais là c’est techniquement pas mal du tout et bien plus réussi que dans certains autres films. Malgré tout ça, on sent une certaine routine dans l’horreur qui commence à s’installer.

Cet épisode sera bénéfique à Jason et surtout à son image puisque c’est dans cet épisode qu’il récupère son célébrissime masque de hockey !

Meurtres en 3 Dimensions, bande annonce américaine.

VENDREDI 13 CHAPITRE FINAL – 1984 (Titre original : Friday 13th The Final Chapter)

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A peine deux ans après son précèdent fait d’arme, Jason rempile, poussé par la Paramount qui voit dans notre croque mitaine une licence qui rapporte. C’est donc avec une joie dissimulée (il porte un masque…) que Jason repart en campagne tel un politicien du meurtre avec pour programme un Crystal Lake sans ados. Après s’être échappé de la morgue où il était laissé pour mort (laissant derrière lui deux cadavres dont l’identification risque d’être difficile). Jason reprend le chemin de son chez-lui où il se rend compte que durant sa courte absence des ados comme ils ne les aime pas ont investi les lieux ! Furax, Jason décide de nettoyer la zone dans les plus bref délais. Défenestration, tire bouchon mortel, décalquage de tronche dans un mur et tête écrasée : Jason pète le feu et rien ne semble pouvoir l’arrêter, c’est sans compter Tommy Jarvis, un gamin du coin qui enverra notre bonhomme en enfer en lui enfonçant sa propre machette dans le crâne, Jason montrant encore malgré tout des signes de vie, Tommy le massacre copieusement. Cette fois s’en est fini de Jason… Jusqu’à la prochaine fois!

C’est avec cet épisode que se termine ce que j’appelle la première période de la série Vendredi 13. Ces quatre premiers épisodes étaient des films à l’esthétique bien précise et les films qui suivront flirteront plus avec la série B. Cet ultime épisode est mis en boîte par Joseph Zito, un réalisateur aguerri au genre remarqué pour le poste grâce à The Prowler, un remake/copie honorable de Vendredi 13. Le scénario reste dans la lignée des 3 films précédents mais Joseph Zito en bon routard de l’horreur réussi à donner au film une identité propre.

Notons également l’une des premières apparitions de Corey Feldman (enfant star des années 80) que l’on verra également dans Gremlins et The Goonies. Ledit Corey aura d’ailleurs du mal à remonter la pente (d’ailleurs a t-il réussi à la remonter  ?), puisque son dernier « grand rôle » sera d’interpréter son propre personnage dans Bikini Bandits, une série de courts métrages sexy et débiles.

C’est aussi avec cet épisode que Tom Savini tire sa révérence : ses effets gore particulièrement réalistes ont marqué la série et ont été l’un des points forts des premiers Vendredi 13 par rapport à la concurrence. Comme pour la série des morts vivants de Romero, Savini est indissociable du succès des premiers Vendredi 13, la fin d’une époque…

Bande annonce française de Vendredi 13, Chapitre final

VENDREDI 13 CHAPITRE 5 UNE NOUVELLE TERREUR – 1985 (Titre original : Friday the 13th : A New Beginning)

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Alors que tout le monde croyait la série enterrée avec Jason, un nouveau Vendredi 13 pointe le bout de sa machette l’année suivante. Pourquoi donc si rapidement ? Et bien la raison est simple : Dollars ! En effet, le « Chapitre Final » a rapporté encore plus que les épisodes précédents ! Les producteurs mettent donc très rapidement un nouvel opus en chantier. Donc on imagine que Jason va une nouvelle fois avoir droit à sa petite résurrection et mettre les berges de Crystal Lake à sang… Et bien non ! Traumatisé par sa rencontre avec le tueur, Tommy Jarvis est placé en institut spécialisé et dés son arrivée, un tueur à masque de hockey se met à commettre meurtres sur meurtres. Mais qui est ce ? Jason bouffant les pissenlits par la racine, tout les soupçons se portent sur Tommy. Après dix-huit meurtres (oui, oui dix-huit ! En une heure et demi de film, voyons ça fait un meurtre toutes les cinq minutes !) aussi originaux que minables (ses effets spéciaux sont parfois risibles…) on découvre que le tueur est en fait un ambulancier devenu barjo après avoir vu son fils massacré, ce qui n’est pas vraiment une révélation puisque dés le début ont s’en doute un peu : Vivement le retour de Jason  !

Avoir voulu sortir une suite le plus rapidement possible coulera ce cinquième chapitre qui est sans nul doute le plus mauvais de la série : La réalisation est d’une lenteur soporifique à souhait (signé Danny Steinmann, déjà coupable du décevant Savage Streets, une histoire de justicier urbain avec Linda Blair), les effets spéciaux sont soit minables, soit inexistants, les acteurs campent des personnages stéréotypés (limite parodiques) tellement ridicules qu’on est presque content de les voir se faire massacrer… Si il y a bien un épisode à oublier, c’est sans conteste celui là  !

En plus il n’y a pas Jason…

Bande annonce française de Vendredi 13 Chapitre V, Une Nouvelle Terreur

JASON LE MORT VIVANT – 1986 (Titre original : Jason Lives, Friday the 13th part VI)

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Fais-moi rire Jason  !

Après le naufrage complet du chapitre cinq, les scénaristes jugent que faire réapparaître notre bon vieux Jason, se serait peut être pas du luxe ! On retrouve donc une nouvelle fois Tommy Jarvis et un de ses amis en route pour le cimetière de Crystal Lake avec la ferme intention d’offrir à la dépouille mortelle de notre bon Jason une crémation en bonne et du forme. Après avoir déterré et ouvert le cercueil du tueur fou, un orage éclate et la foudre réanime le corps putréfié, empêchant le funeste barbecue d’avoir lieu. Suite à cette résurrection digne des meilleurs Frankenstein de la Hammer, Jason (conscient de l’aubaine qui lui est donné) arrache le cœur du comparse de Tommy, lequel s’enfuit prévenir le shérif. Le générique qui suit, une parodie de James Bond, annonce la couleur : Humour noir et second degré sont au menu de ce chapitre décalé.
Plus monolithique que jamais, Jason ajoute un peu d’humour à ses meurtres : Ainsi le massacre d’une bande d’adeptes du paint ball vire à la grosse bouffonnade quand l’idiot de la bande tente (vainement) de lui échapper. Tous les meurtres suivants ont un petit côté absurde de ce type : Un policier plié en deux, un ivrogne « lifté » par le tesson de sa propre bouteille, un visage écrasé, un tournevis dans l’oreille etc…
On revient donc à la formule gagnante : Moniteurs de colo fornicateurs + sous bois humides + tueur fou = Vendredi 13 réussi ! Après avoir ajouté du monde à son tableau de chasse, Jason sera enchaîné au fond de son lac après qu’une hélice de bateau lui ait refait le portrait, faisant planer une nouvelle ombre de malédiction sur le lac …

Prendre le parti de l’humour horrifique pour ce nouvel opus était un pari risqué qui s’avère être un coup de génie du réalisateur Tom Mac Laughlin. Cet ancien mime, connu à l’époque pour avoir signé le bon One Dark Night, livre donc un opus drôle à défaut d’être vraiment original. Bonne surprise de casting également avec dans le rôle de Tommy Jarvis, Tom Matthews un habitué de la série B d’horreur puisque on le retrouve également dans Le Retour Des Morts Vivants 1 et 2, qui sont eux aussi des films mélangeant humour noir et horreur.

Ce chapitre six est donc une réussite particulièrement originale, personnellement c’est un de mes préférés !

Bande annonce américaine de Jason le Mort-Vivant

VENDREDI 13 CHAPITRE VII, UN NOUVEAU DEFI – 1988 (Titre original : Friday the 13the part VII The New Blood)

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Carrie au Bal du Diable ? Connais pas …

Il faut croire que Jason ne peut pas être tranquille : même au fond de son lac, on vient le déranger. Alors qu’il se décomposait peinard avec comme seuls spectateurs les poissons, Jason est tiré de sa demeure aquatique par Tina, une adolescente dotée de pouvoirs télékinésiques qui, croyant remonter le corps de son père (qui s’est lui aussi noyé dans le lac des années plus tôt), se goure de macchabée et ramène à la surface l’increvable Jason.
Pas reconnaissant pour deux sous, notre désormais mort vivant reprend son activité favorite avec un certain zèle. Dans un état lamentable (ses fringues en lambeaux laissent entrevoir des os apparents), Jason s’acquitte de sa tache à l’aide de son inséparable machette bien sur, mais aussi une débroussailleuse et de ses paluches : Amputations non motivées par un but médical, tête dévissée, empalement, Jason profite de sa résurrection pour devenir le Picasso du meurtre tant le visage de ses victimes ressemblent aux œuvres du peintre. Durant une homérique baston finale opposant Jason et son immortalité à Tina et ses pouvoirs, Jason se fait électrocuter, se prend un divan, un pot de fleur et des clous dans la figure, il sera également brûlé et se prendra même une maison sur la tronche ! Mais rien ne l’arrête et il faudra l’aide d’un autre mort vivant, le père de Tina, pour le renvoyer au fond de son lac… Tout du moins jusqu’à sa prochaine réapparition !

En voyant cet épisode on ne peut que se dire une chose : Il est grand temps que la série se renouvelle ! Malgré une idée de départ originale, on cherche une quelconque innovation à ce nouvel opus, malheureusement, des innovations il n’y en a pas et ce nouveau massacre sonne particulièrement creux. Néanmoins, le réalisateur John Carl Buechler étant un vétéran des effets spéciaux (ont lui doit notamment une partie de ceux du génial Reanimator), ceux de cet opus sont d’une qualité exceptionnelle : Jason n’a jamais été aussi moche (c’est un compliment !) et aucun autre maquillage par la suite ne réussira à lui donner un look aussi efficace, c’est toujours ça de pris.

C’est également la première fois que Jason sera interprété par Kane Hodder qui deviendra par la suite l’acteur attitré du croque-mitaine de Crystal Lake.

Bande annonce américiane de Vendredi 13 Chapitre VII

VENDREDI 13 CHAPITRE 8 : L’ULTIME RETOUR – 1989 (Titre original : Friday the 13th Part VIII Jason Takes Manhattan)

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New York, New York  !

A la place de Jason, j’en aurais marre : Alors qu’il roupillait peinard au fond de son lac, il est une fois de plus dérangé. S’en est trop pour le mort vivant qui décide de changer d’air en s’expatriant à New York. Jason choisi la voie maritime en s’invitant sur un bateau à bord duquel a lieu une fête de fin d’année de lycéens : Notre clandestin, probablement gêné par le bruit, transformera rapidement l’embarcation en boucherie flottante.
Finalement, il arrivera sans encombre à Times Square (avant que Giuliani ne fasse le ménage dans les rues) un lieu où Jason n’est finalement plus qu’un tueur parmi tant d’autres. Pas le moins du monde gêné par ce nouvel atmosphère (il à lui-même une tête d’atmosphère ! Vous avez pas compris la blague ? Tant pis…), notre tueur continue sa croisade sanglante en écharpant tout ce qui se trouve sur son passage, ajoutant même une touche d’humour à ses exécutions : Ainsi un boxeur sera décapité d’une droite bien placée, un dealer traversé par sa propre seringue, une guitariste battue à mort avec son propre instrument et des punks s’enfuiront devant sa gueule d’ange. Son escapade touristique dans la grande pomme se terminera tragiquement dans les égouts où il finira noyé dans les déchets toxiques.

Dernier chapitre produit à l’époque par la Paramount, cet épisode s’avère surtout intéressant du fait de la délocalisation de l’action. Le réalisateur Rob Hedden, sans doute très influencé par les deux épisodes de Vendredi Maudit qu’il a réalisé (Vendredi Maudit est une série télé d’horreur inspirée par Vendredi 13), s’improvise également scénariste et nous livre un film lent et qui surtout ne tient pas toute ses promesses.
On déplore l’absence d’Harry Manfredini à la musique, en poste depuis le premier opus. La partie musicale est ici signée par des groupes des années 80 particulièrement indigestes, le film souffre donc de la perte de l’un de ses repaires principaux se qui est un chouïa déstabilisant pour le fan du monstre au masque de hockey. Lent, mal réalisé, cet épisode confirme l’essoufflement de la série…

Avec ce huitième opus ce conclu ce que j’appelle la deuxième période, la licence échouant à partir du film suivant entre les mains de New Line qui vont enfin apporter du sang neuf à notre monstrueux ami et l’amener dans des sentiers inconnus et même le ramener dans les salles obscures  !

Bande annonce américaine de Vendredi 13 Chapitre VIII

JASON VA EN ENFER – 1993 (Titre original : Jason Goes to Hell, The Final Friday)

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Burn baby, burn!

En voyant le début de ce nouvel opus, on est en droit de se sentir blasé : Une jolie donzelle arrive dans une cabane dans les bois et au moment de la sacro-sainte scène de la douche, chère à la série, le courant se coupe et Jason fait irruption afin d’envoyer ad-patres la pin-up à six pieds sous terre de la façon la plus violente qui soit. S’ensuit une énième course poursuite dans les bois et la jeune fille acculée finie par chercher dans la pénombre le croque mitaine qui, comme de bien entendu, réapparaît derrière elle, machette prête à frapper. Mais tout ne se passe pas comme prévu : Des projecteurs s’allument, braqués sur notre gaillard et un commando armé ouvre le feu sur Jason, qui de tueur passe au statut de cible mouvante en moins de temps qu’il ne le faut pour dire « machette ».
Criblé de balles, Jason succombe finalement au tir d’une roquette qui le réduit à l’état de viande hachée… Alors que les soldats jubilent de la mort du tueur, non loin de là un mystérieux personnage doute de la « mort » du monstre des Vendredi 13. Doutes apparemment fondés car dans la scène suivante, Jason « ordonne » au médecin légiste qui autopsie ses restes de dévorer son cœur et prend ainsi le contrôle du corps du toubib !
Après avoir dessoudé son assistant et deux gardes, Jason est de nouveau dans la nature. Néanmoins, il n’en reste pas moins un mort vivant et les corps qu’il occupe finissent par pourrir, il doit donc en changer souvent à l’aide d’une sorte de bestiole immonde qu’il implante dans ses victimes. Le seul moyen de retrouver sa véritable apparence serait d’implanter son avatar dans le corps d’une personne de sa famille : Il se met donc en quête de sa descendance.

En s’appropriant la licence, New Line rend un service inestimable à notre bon vieux Jason : Désormais fini les massacres rurales de série B (voir Z !) tournés en un temps record avec des moyens dérisoires ! En rejoignant ses homologues Freddy Krueger et Leatherface chez New Line, Jason rentre dans la cour des grosses productions horrifiques et va enfin retrouver sa vigueur d’antan !

Le film est réalisé par le jeune Adam Marcus, dont c’est le premier film, un fana d’horreur qui sous la supervision de Sean Cunningham signe également le scénario. Cunningham sera d’ailleurs également le producteur du film. Sortir Jason de la routine dans laquelle il s’était installé durant des décennies était donc le principal défi à relever. En ajoutant à l’horreur du surnaturel et une bonne dose d’action, Marcus dépoussière ce bon vieux Jason et lui offre une seconde jeunesse.
Que les amateurs de meurtres sanglants se rassurent, malgré cela Jason reste le même et continue à trucider avec une barbarie nouvellement acquise : Une tronche écrasée sur une grille, un cuistot cuit sur sa plaque de cuisson, une mâchoire défoncée et des banalités comme des empalements sont de toujours d’actualité ! Les effets gores sont d’autant plus crédibles qu’ils sont assurés par KNB EFX, un gage de qualité incontestable puisque leurs ateliers porte le surnom flatteur de plus grande usine à monstres d’Hollywood (ils ont signé récemment ceux de L’Armée des morts, Land of the Dead, La Colline à des Yeux 2006 et la série TV The Walking Dead).
De plus, le film est truffé de petites subtilités : On y apprend beaucoup sur Jason et ses multiples résurrections et les clins d’œil à d’autres monuments de l’horreur sont disséminés dans le film (on aperçoit le livre d’Evil Dead et une caisse semblable à celle où se cache un monstre dans Creepshow, dont j’ai déjà parlé dans un précédent Jeudi), l’ultime hommage, préfigurant le choc qui arrivera des années plus tard, est rendu lors d’un plan final où les griffes d’acier de Freddy Krueger surgissent du sol pour emporter le masque de Jason, laissant bouche bée les fans d’horreur ! Dernière chose qui montre que Jason est un tueur qui sait vivre avec son temps, il n’hésite pas à « corriger » deux campeurs ayant des relations non protégées : Jason en porte parole de la lutte contre le SIDA, il suffisait d’y penser !

En bref, Jason Va en Enfer est selon moi une réussite qui en plus de révolutionner la série, replace Jason dans son rôle de mastodonte de l’horreur : Un film charnière dans la carrière du croque-mitaine qui selon moi ouvre la troisième période de son histoire qui, je l’espère sera encore longue  !

Le film est souvent décrié par les fans, personnellement, j’aime beaucoup cet opus.

Bande annonce française de Jason Va En Enfer

JASON X – 2001

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Dans l’espace, personne ne vous entendra crier…

En arrivant chez New Line, Jason se doutait qu’il verrait du pays : Après les bois humides et New York, on décide de l’envoyer… Dans l’espace  !

Le film débute par l’incarcération de Jason dans une prison high tech où, les différentes tentatives pour l’exécuter ayant échoué, le monstre va finalement être cryogénisé. C’est sans compter des militaires véreux qui voyant en lui une trop grande aubaine d’étudier l’immortalité décide de le transférer dans un centre de recherche. Malheureusement pour eux, Jason s’est déjà fait la malle et leur fait comprendre, lors d’un massacre aussi impressionnant qu’expéditif, qu’il n’a rien d’un rat de laboratoire.
La seule survivante du carnage réussi néanmoins à l’entraîner dans un caisson et congèle notre gaillard comme un vulgaire légume surgelé. Vindicatif, Jason lui assène un dernier coup de machette, crevant son caisson et emportant avec lui la demoiselle dans son sommeil glacé…
Des siècles plus tard, la terre, devenue inhospitalière, a été abandonnée par les humains mais les élèves d’un vaisseau école, lors d’une étude menée sur terre, découvre le caisson où Jason et sa compagne d’infortune sont retenues. Ils ramènent les deux corps à bord et les décongèlent. A peine réanimé, le monstrueux psychopathe recommence son massacre et transforme le vaisseau en morgue intergalactique. Nullement gêné par son nouvel environnement, Jason assassine une bande de Marines surentraînés et affront même un cyborg avant d’être cybernétisé lui-même ! Cette odyssée spatiale lui réussi particulièrement bien et le bougre semble même en redemander !

Sean Cunningham (réalisateur du premier Vendredi 13) revient derrière la caméra pour ce nouvel opus qui est, et c’est un avis purement personnel, l’un des meilleurs de la série. Cette fois, notre bouseux mort vivant se prend pour Alien et squatte donc un vaisseau école à bord duquel il va s’empresser de renouer avec son occupation favorite, en effet, des années dans la glace sans tuer personne ça à de quoi rendre nerveux… De plus, Jason n’est pas surpris de découvrir que bien des siècles plus tard, la jeunesse n’a pas changé et reste telle qu’il la déteste : Fornicatrice et stupide.

Jason X est un film qui, à l’instar d’autres épisodes de la série, multiplie les hommages. Hormis celui évident fait à la série des Alien, de nombreux clins d’œil sont fait à Terminator, Star Trek (la blague sur la téléportation) ou même aux opus précédents : La scène de simulation virtuelle, véritable caricature des deux périodes précédentes, est pourtant tellement juste.

Il aura donc fallu attendre huit ans pour que ce nouvel opus voit le jour et toute la persuasion de Sean Cunningham pour que Jason sorte du saloir où le « succès » de Jason va en enfer (le film n’a pas déplacé les foules…) l’avait envoyé. Jason X fait un peu figure de coup d’essai pour Freddy vs Jason : En effet, entre le succès minimal de Jason va en Enfer et celui de Freddy sort de la Nuit, rajouté à cela le development hell de la rencontre avec les deux monstres, et il était indiscutable que notre bonhomme avait besoin de (re)faire ses preuves : Jason X était en quelques sortes le film de la dernière chance pour le psychopathe de Crystal Lake, qui grâce à son succès à fait renouer Jason avec la reconnaissance publique et pu ainsi permettre que Freddy vs Jason voit le jour.

Bande annonce française de Jason X

FREDDY VS JASON – 2003

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Le combat du siècle  !

Des années après son dernier carnage, les habitants de la petite ville de Springwood ont tout fait pour oublier Freddy Krueger le croque-mitaine de Elm Street qui vit grâce à la peur qu’il inspire. Tous les efforts des habitants ont payé car plus personne ne se souvient de lui, à son grand désespoir… Coincé en enfer, il y rencontre un autre monstre qui lui profite d’un repos bien mérité : Jason Voorhees. En prenant l’apparence de sa défunte mère, Freddy tire Jason de sa tombe et l’envoi à Elm Street massacrer des adolescents afin que ceux-ci pensent qu’il s’agisse de lui et ainsi enfin pouvoir revenir sur le devant de la scène. Mais Jason va vite se montrer incontrôlable et l’affrontement semble inévitable !

Huit ans ! Il aura fallu quasiment huit ans de development hell pour que Freddy vs Jason voit le jour. Tout d’abord à cause d’un problème de droit : Paramount était d’accord pour faire le film à la seule condition que New Line leur cède les droits de Freddy, ce qui est impensable pour la société de Bob Shaye car Freddy est en quelque sorte leur porte drapeau.
Heureusement quelques années plus tard, Paramount accorde l’utilisation de seulement utiliser le nom et le personnage de Jason (Paramount se garde les droits du nom Vendredi 13) et New Line lance le projet. Mais l’acquisition de Jason ne résoudrait pas l’autre problème que pose le film : Le scénario.
Des scénaristes divers et variés telle que Mark Verheiden (The Mask), James Robinson (Starman), David Goyer (Blade) mais aussi Lewis Abernathy, David Schon, Brannon Braga et d’autres se cassent les dents sur les refus de la production, très hésitants à mettre en chantier un projet aussi ambitieux.
Finalement, c’est le scénario de Damian Shannon et Mark Swift qui sera sélectionné, mais sera tout de même réécrit par David Goyer pour un souci de temps car le scénario des deux compères proposait un film de deux heures et demi !
Du côté de la réalisation, on parle d’abord de Rob Bottin, un spécialiste des effets spéciaux puis le projet s’embourbera et on parlera un temps de Wes Craven pour enfin aboutir à Ronny Yu, réalisateur qui à fait ses premiers pas dans l’horreur avec La fiancée de Chucky. Ronny Yu refuse dans un premier temps, mais devant l’obstination de la jolie productrice Stokely Chuffin (Souviens toi … L’été dernier), fini par accepter.

Coté casting, c’est Robert Englund qui comme à son habitude endossera le pull à rayure du monstre griffu et Ken Kirzinger (un cascadeur professionnel) qui portera le masque de hockey, une véritable surprise car tout le monde attendait Kane Hodder ! Un véritable sacrilège car pour les fans qui ne tarderont pas à faire connaître leur mécontentement sans succès… A part ces deux là, on a droit à une pléthore d’acteurs et d’actrices habituellement vus dans des séries télé pour ados comme par exemple Chris Marquette (vu notamment dans le nullissime The girl Next Door) ou Kelly Rowland, une des chanteuses du groupe Destiny’s Child.

Le premier tour de manivelle sera donné le 9 septembre 2002 à Vancouver.

Freddy vs Jason reprend les recettes qui ont fait le succès des deux franchises : Du surnaturel et de l’humour noir pour Freddy, des meurtres bruts et sanglants pour Jason. Rajouté à cela une bonne dose d’action (les combats entre Freddy et Jason sont impressionnants !) et vous obtenez un film gore et énergique très efficace.
Néanmoins, il faut reconnaître que Freddy vs Jason ressemble plus dans sa structure à un Freddy qu’à un Jason : Freddy y tient incontestablement le rôle du méchant et même si Jason n’est pas un enfant de chœur, il est perçu comme une victime de Freddy tant est si bien que lors du combat final on prend fait et cause pour Jason (surtout à cause d’une scène où ont voi comment il est mort) en venant même à oublier que c’est un tueur psychopathe : Ce statut Freddy/méchant et Jason/gentil est un peu dérangeant quand on est un habitué de la série, mais il faut bien choisir son camp… Restons tout de même positif car Freddy vs Jason est incontestablement un divertissement horrifique d’excellente facture à voir d’urgence si ce n’est pas déjà fait !

Bande annonce française de Freddy Vs Jason

VENDREDI 13 – 2009 (Titre original  : Friday The 13th)

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Remake moi si tu peux  !

Six ans après Freddy vs Jason, Paramount décide de céder à la mode du remake et programme une nouvelle version de son film culte et l’affiche a de quoi laisser rêveur : Mark Swift et Damian Shannon, auréolés du succès commercial de Freddy Vs Jason, écrivent le scénario, Marcus Nispel, réalisateur surdoué aguerri aux remakes (on lui doit surtout les sublimes visuels du remake de Massacre à la Tronçonneuse) se charge de le filmer et à la production on retrouve ni plus ni moins que Michael Bay et sa société Platinum Dune.

Le film commence par une scène emblématique : Au bord d’un lac, une jeune femme haletante est poursuivie par une autre femme brandissant une machette, suite à des propos incohérents, les deux femmes se battent et la folle finie décapitée, la jeune fille s’éloignant lentement. Une ombre enfantine se penche ensuite sur la dépouille et repart la tête dans une main et la machette dans l’autre. S’ensuit une scène ayant lieu des années plus tard, exposant des jeunes en trekking dans les bois : Fornicateurs et à la recherche d’un champ de cannabis, les jeunes vont camper et subir la nuit venue le courroux d’un Jason littéralement déchaîné.
S’ensuit une autre ellipse temporelle présentant un autre groupe de jeunes croisant un homme à la recherche de sa sœur disparue. Le groupe va passer un week-end aux abords d’un lac, grand mal leur en prend puisque Jason est très en colère et va le leur faire comprendre : Plus minutieux et sadique qu’auparavant, Jason tend des pièges, fait souffrir ses victimes et fait même des prisonniers.

S’ensuit une succession de meurtres brutaux, de course-poursuites dans les bois, de cache-cache et l’inévitable combat final entre Jason et la dernière survivante : Classique…

Le talent de Marcus Nispel explose dans ce film, l’homme ayant un talent plus qu’évident pour filmer la violence et les ambiances glauques : Il ressort des scènes où Jason apparaît avec une véritable impression de puissance et de violence brute. Idem pour les décors, glauques et très travaillés, que Nispel filme avec un grand talent, également une de ses marques de fabrique.
Malheureusement, l’esthétique est bien là la seule chose à retenir de ce remake, que se soit le scénario ou les personnages, on se retrouve face à un Vendredi 13 des plus classiques qui se borne à copier les recettes qui ont fait le succès des quatre premiers films. Néanmoins, on est plus dans les années 80 et malgré son côté visuel flamboyant, le film parais fade, sans surprise et surtout éculé et prévisible. Retour raté pour Jason donc, même si pour un vieux fan, ça fait plaisir de voir un Vendredi 13 avec un budget conséquent.

Bande annonce française de Vendredi 13, 2009

Comme vous avez pu le constater, Vendredi 13 est une saga emblématique de l’horreur qui a vu passer de nombreux réalisateurs et créatifs et même si elle semble s’être un peu essoufflée, elle reste à ce jour une référence du slasher et Jason une figure emblématique de l’horreur. Un nouvel épisode est visiblement en chantier, soyez sûr que je serais le premier à en parler !

Après cette petite rétrospective, revenons à nos moutons et au comics du mois !
Niveau comics, Jason est donc passé entre plusieurs mains : Topps Comics, Avatar Press et enfin Wildstorm pour des résultats disons… Variables.
Seul Wildstorm a vraiment su se démarquer du lot en proposant des mini-séries plus variées que ses prédécesseurs en ne les consacrant pas exclusivement à Jason et ses méfaits mais aussi à des personnages ou lieux gravitant autour de lui.
Il y a d’abord eu une mini-série en six épisodes (il s’agit en fait de celle que j’avais chroniqué dans le deuxième chapitre des Jeudis) puis différents one shots ou histoires en deux parties, compilés en version originale dans un trade paperback sobrement intitulé Friday the 13th Book Two.
C’est de ce fameux relié que je vais vous parler ce mois-ci.

Friday the 13th Book Two compile donc quatre récits : Pamela’s Tale, Bad Land, The Abuser and The Abused et How I Spent My Summer Vacation.
Une fois n’est pas coutume, je vais vous parler des récits présents dans ce livre dans le désordre, allant d’un classement purement subjectif et personnel de celui qui m’a le moins intéressé à celui qui m’a le plus intéressé.

15Commençons donc par Abuser and the Abused, un one shot publié initialement en Avril 2008, c’est écrit par Joshua Hale Fialkov et dessiné par Andy B.
Maggie n’est pas une jeune lycéenne normale : Habitant Crystal Lake, son look emo-goth détonne avec le style rural de ses petits camarades, ce qui en fait une paria. De plus, son petit ami est un connard qui se saoule et la bat, l’envoyant en cours avec bleus et bosses… Elle cherche de l’aide en vain auprès des adultes de son entourage mais ni le personnel de son lycée et encore moins ses parents ne lui en donnent. Elle va devoir se débrouiller seule et elle décide un soir de passer à l’acte et de tous leur faire payer. Et pour ça quoi de plus simple que d’utiliser une vieille légende du coin, celle d’un mystérieux tueur masqué hantant les rives d’un lac tout proche ? Pour Maggie tout semble simple, sauf que cette légende ne semble pas vraiment en être une…
On a là une histoire assez originale dans son traitement : L’héroïne est assez attachante et sombre au fur et à mesure de l’histoire dans une folie vengeresse aveugle et débridée, on assiste à sa longue descente aux enfers jusqu’à une scène finale assez spectaculaire et inattendue.
Niveau dessin, tout est dessiné dans un style cartoony rétro façon Archie, c’est sympathique et maîtrisé, donnant à l’histoire un petit aspect décalée assez fun.
En résumé une bonne histoire, assez sympathique. On notera au passage que l’héroïne est une véritable sosie de Cassie Hack, l’héroïne de la série Hack/Slash (dont j’ai déjà parlé ici) : Pied de nez ou hommage ? A vous de juger en lisant cette histoire  !

17Second récit du livre, How I spent My Summer Vacation (comment j’ai passé mes vacances d’été), c’est écrit par Jason Aaron (qu’on ne présente plus) et dessiné par Adam Archer et ce fut publié en deux parties en septembre et octobre 2008.
Dave est un petit garçon pas vraiment chanceux : Dans sa colonie de vacances, son handicap en fait la risée de ses camarades, en effet Dave est atteint d’une paralysie faciale et pour ne rien arranger, il est aussi légèrement attardé. Ses « amis » passent le plus clair de leur temps à se moquer de lui et à lui faire des misères.
Un soir, alors qu’ils se sont réunis autour d’un feu de camp, les enfants racontent des histoires qui font peur, notamment celle du légendaire Jason Voorhees qui se serait noyé dans le lac près de la colonie où ils se trouvent.
Ni une ni deux, le prétexte est tout trouvé pour jeter le pauvre Dave à l’eau… Sans moniteur pour les surveiller (ils sont en fait train de baiser dans un coin), les méchants enfants jettent le pauvre Dave à la baille qui tant bien que mal, regagne le rivage pour se retrouver face à… Jason Voorhees, trônant au milieu des cadavres des autres enfants !
Mais Jason fait brusquement demi-tour et laisse Dave, préférant s’acharner sur des moniteurs arrivés sur les lieux. Son massacre terminé, Jason empoigne Dave et le ramène dans son antre. L’arrivée du shérif complètement frappadingue du coin, de deux agents du FBI (un petit brun fantasque et une grande rousse froide) puis de l’armée vont achever de donner à ce pauvre Dave les vacances les plus inhabituelles et inoubliable de sa courte vie.
How I Spent My Summer Vacation est une histoire atypique, montrant une autre facette de Jason, capable d’éprouver un semblant de pitié pour ce petit garçon dans lequel il se retrouve. Le personnage de Dave est également intéressant, de petit garçon effrayé il fini par se prendre d’affection pour ce monstre monolithique. Une histoire vraiment réussie et originale, typique des productions Wildstorm.
Niveau dessin on retrouve une nouvelle fois Adam Archer, déjà présent sur la licence pour la première série Vendredi 13 de Wildstorm, un habitué donc.

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Troisième histoire de ce trade paperback, Bad Land, publiée en janvier et février 2008, scénarisé par Ron Marz (l’une des stars de ce blog) et dessiné par Mike Huddleston.

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Et si Jason n’était que le descendant d’une longue malédiction ayant pour lieu de prédilection Crystal Lake ? C’est sur cette idée que Ron Marz écrit Bad Land et nous présente un récit antérieur à la venue de Jason. Il y a longtemps, un groupe de trois trappeurs perdus dans le blizzard trouvent refuge dans une petite hutte au milieu des bois. Particulièrement agressifs, les trappeurs n’y trouvent qu’une jeune indienne et son bébé et s’installent de force dans la hutte. Les hommes sont énervés, boivent et le blizzard ne se calme pas… La nuit va alors prendre une tournure funeste quand deux des hommes vont violer la jeune femme puis l’abattre elle et son bébé « accidentellement » d’un coup de fusil. C’est à ce moment qu’un jeune indien fait irruption dans la hutte et son visage horrifié ne fait aucun doute : Sa femme et son enfant sont morts… L’un des trappeurs tire sur l’homme, le coup lui arrachant une partie du visage, l’homme s’enfuit, affreusement défiguré. Les trappeurs, convaincus qu’il va revenir se venger décident de le traquer. Mais le jeune indien les attend déjà, armé de son tomahawk et va alors rendre justice lui même de manière expéditive.
Dans le même temps, un groupe de jeunes se réfugient dans une cabane après avoir été surpris par une tempête de neige, sans se douter que Jason hante les bois alentours.
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Bad Land est une histoire vraiment tragique, donnant presque un aspect mystique aux abords du sinistre lac Crystal. Le parallèle fait entre l’histoire de Jason et celle de ce jeune indien et au premier abord pas vraiment évident, mais Ron Marz réussi brillamment cet exercice en croisant les destins de ces deux êtres brisés dont la violence est devenu le seul moyen d’expression. Une très bonne histoire, tragique et triste.

Dernier récit de ce recueil (qui est en fait le premier dedans), Pamela’s Tale (L’histoire de Pamela). C’est une histoire en deux parties écrite par Marc Andreyko et dessinée par Shawn Moll, publiée la première fois en deux parties en juillet et août 2007.
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Tout ceux qui on vu le premier Vendredi 13 savent que le tueur du premier film était en fait Pamela Voorhees, la mère de Jason devenu folle après la mort de son fils. Mais qui était-elle vraiment avant de devenir cette meurtrière psychopathe, qu’est ce qui a bien pu pousser cette femme dans ses retranchements ? Toute la lumière est faite à ces questions dans Pamela’s Tale.
L’histoire commence comme le premier film : Une jeune fille arrive dans le petit village de Crystal Lake et demande où se trouve la colonie de vacances. Stupéfaction d’horreur parmi les autochtones mais un routier sympa accepte quand même de la rapprocher de l’endroit. Malgré les avertissements du fou du village et dudit routier, la jeune fille continue son chemin à pied et est prise en auto-stop par une aimable dame qui va lui conter sa triste histoire. Ainsi commence le récit de Pamela Voorhees, celui d’une femme brisée à qui la vie n’a fait aucun cadeau. Sa triste histoire commence en 1947, Pamela est une très jeune femme mariée à un mari violent qui l’humilie et la frappe régulièrement.

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Mais un jour Pamela découvre qu’elle est enceinte et de peur que son mari lui fasse perdre l’enfant qu’elle porte, le tue à coup de hache et incendie sa maison. Devenue sans domicile, Pamela va alors errer sur les routes jusqu’à trouver un emploi de cuistot dans un resto-route. Seule et fragile psychologiquement (elle est notamment convaincue que son bébé lui parle de son ventre), la jeune femme semble avoir trouvé enfin un équilibre. C’est alors que les époux Christy viennent lui proposer un nouvel emploi : Devenir cuistot dans leur future colonie de vacances. Très troublée par cette demande, Pamela sent alors des douleurs venir de son ventre, elle est emmenée d’urgence à l’hôpital et donne naissance à Jason, un bébé affreusement mal-formé. Les années passent et malgré l’infirmité de Jason et ses tendances agressives, Pamela voue un véritable amour pour cet enfant. Les vacances arrivent et une nuit, Jason devient la cible d’une plaisanterie de la part des autres enfants, il est poussé dans le lac et se noie, rendant folle sa mère…
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Pamela’s Tale est une histoire triste, rendant encore plus fort le personnage de Pamela Voorhees : Femme battue et brisée, la seule chose de bien qui lui arrivera dans la vie sera la naissance de Jason, enfant déséquilibré aussi bien physiquement que psychologiquement à qui sa mère vouera un amour sans borne. On comprend donc plus facilement, sans toutefois la cautionner, la folie meurtrière et tout le cheminement qui a conduit à cette première nuit du Vendredi 13.
Pamela’s Tale est donc un récit particulièrement intéressant, éclaircissant considérablement ce personnage autrefois mystérieux de la mère de Jason, lui donnant même une certaine empathie. On y voit aussi beaucoup d’éléments jusqu’alors jamais montrés ou expliqués longuement, comme l’enfance de Jason, sa mort et les premiers méfaits de sa mère.

Ce recueil est donc une très bonne compilation d’histoires variées et intéressantes que je ne saurais que vous conseiller. Certaines histoires, notamment Bad Land et Pamela’s Tale sont même quasiment essentielles pour des fans de Vendredi 13, établissant et éclaircissant certains points de l’histoire et de la mythologie de la série de films.
Un must have pour les fans et une lecture particulièrement recommandables pour les amateurs d’horreur dessinée  !

1 : Bande originale du film Vendredi 13 Chapitre VI  : Jason Le Mort-Vivant

 

 

 

3 commentaires sur “Les jeudis de l’angoisse (des comics) #14

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  1. Article intéressant et que j’attendais du coup !
    Sympa la rétrospective sur les films (et les éventuels spoils ne sont pas spécialement gênants).
    C’est aussi intéressant de voir à quel point la mythologie est étoffée dans les comics, donnant un peu plus de « profondeur » à l’histoire… Il est clair que Bad Land et Pamela’s tale sont à rajouter sur votre pàl pour peu que vous appréciez la saga (même s’ils ont tendance à créer une certaine empathie pour un tueur qui devrait rester froid et craint).
    À noter que l’univers est également étendu dans les sagas en comics Freddy vs Jason vs Ash qui se laisse vraiment bien lire (j’ai une petite préférence pour la v2 et son côté d’avantage « fan service »)

    Au fait le film de Nipsel pioche pas dans les comics aussi ? C’est pas un totem indien qu’on voit au début ?

    1. Il me semble que oui, au début ont voit un totem indien, mais des totems de ce type apparaissent régulièrement dans les films de la série, notamment dans la colonie de vacances, il y en a même un à l’entrée du camp dans le premier film ( http://images.ihorror.com/crystal-lake.png ).

      Pour ce qui est de l’empathie, ça a toujours était un des ressorts de la série et du personnage de Jason, surtout dans les 4 premiers films, il ne devient vraiment un monstre monolithique qu’à partir du sixième film et comme les films les plus populaires de la série sont les 4 premiers, c’est assez évident que les scénaristes trouvent leur inspiration dans ceux-là.

      Pour ce qui est de Freddy vs Jason vs Ash, je ne vais pas en parler maintenant, mais restez connectez 😉

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