Monika : la review de Julien Lordinator

 

Guillem March, c’est un peu un auteur persona non grata sur le blog dont vous êtes en train de lire cette modeste critique. Les raisons sont multiples, mais on retiendra surtout ses personnages féminins à la morphologie un peu « déséquilibrée » comme sur cette couverture de Catwoman, dont j’entends encore Katchoo hurler de sa voix de soprano et ça donnait un truc du genre  : « Gloooarrrsékoiss’tecouv’gleuuuroooaaar!!!??? ».
Moi, les avis des uns des autres, ça me passe un peu au dessus, et en général, entendre du négatif à tout les étages, ça a même un peu tendance à exciter ma curiosité. Donc quand j’ai eu vent du nouveau projet de ce cher monsieur March (Guillem pour ceux qui suivent, celui là il a pas quatre fille et il est pas docteur…) et vu certaines planches sur le blog de l’artiste, planches sur lesquelles de charmantes madames nues se prélassaient, ni une ni deux j’ai mis une précommande sur l’objet et c’est les mains moites d’excitation que je commençais la lecture de l’objet du délit.

You watch me come undone
(It makes me want you more)
I’m crawling into the unknown
(I’ll follow you to the core)
I feel like I’m dying
(I’m right beside you)
You whisper « we’re flying »
(There’s no denying)
We both converge as one

In This Moment feat. Brennt Smith – Sexual Hallucination (Black Widow, 2014)

1Donc Monika, de Guillem March et Thilde Barboni, c’est publié en deux tomes chez Dupuis et le dernier tome est sorti en septembre de cette année. Pas d’ambiguïté : Que se soit dans le style et le format, c’est du franco-belge, avec tout ce que ça implique, notamment le rapport pagination/tarif… Pour ce qui est du genre, même si les couvertures peuvent laisser croire à de l’érotisme, ce n’est pas le cas puisque le contenu est finalement assez soft.

Enfin bref, parlons du bouquin.
Monika, c’est l’histoire de Monika (sans blagues…) une jeune artiste vivant dans un futur dystopique dans lequel une sorte de pseudo-dictature voit des terroristes partout, notamment chez les artistes. A la recherche de sa sœur, elle va avec l’aide de son meilleur ami, infiltrer des milieux plus ou moins recommandables et faire des rencontres qui ne le sont pas moins. De fil en aiguille, les recherches concernant sa sœur vont la mener à s’amouracher d’un policier bellâtre, s’attirer des ennuis avec un groupuscule extrémiste et anarchiste, croupir en prison quelques temps, devenir danseuse pour un groupe de rock et la belle va même… Tomber amoureuse d’un robot ! Et tout ça en 128 pages, ça vous parait beaucoup ? Assurément, mais revenons-y plus tard et intéressons nous surtout au principal attrait de ces deux tomes, à savoir Guillem March.

2Si vous croyez connaître l’artiste espagnol à travers ses comics réalisés au pays de l’oncle Sam, avec Monika, vous risquez d’être surpris : Rien à voir ici et on retrouve (ou découvre pour la plupart d’entre vous j’imagine) avec plaisir le March qui faisait la joie des lecteurs de la version espagnole de Playboy avec ses magnifiques pinups dénudées. C’est ce qui frappe lors des premières planches de Monika, le style y est résolument plus réaliste, que se soit au niveau des décors, des lieux et des personnages, on appréciera notamment les plastiques des femmes, sensuelles sans jamais être vulgaires. Le tout tranche singulièrement avec le March des comics, donnant une autre facette de l’artiste. Idem pour le coté plastique : Les couleurs sont très pastel et claires, presque évanescentes et donnent au récit un aspect très onirique particulièrement troublant.

Visuellement, Monika est donc un ravissement à chaque page, donnant une toute autre dimension au talent de Guillem March.

3Si au niveau visuel Monika est une indéniable réussite, du point de vue de l’histoire c’est une toute autre paire de manches… Le scénario est signé par la scénariste et romancière italienne Thilde Barboni. Autant être franc, je ne la connaissais pas avant cette bande dessinée et je dois dire que son scénario pour Monika m’a un peu laissé dans l’expectative.
La première impression que j’en ai eu est de m’être retrouvé devant un trop plein d’idées : Le récit a tendance à partir un peu dans tout les sens et lorsqu’un événement a lieu, il est à peine expliqué ou exploité que l’on passe rapidement à la suite. Le récit passe donc d’un thème à l’autre, parfois avec une ellipse assez brutale et c’est franchement un peu déstabilisant. Néanmoins, cette variété d’ambiance et de situations a le mérite de servir Guillem March et lui permet ainsi de s’adonner à la réalisation de plusieurs scénettes aux ambiances variées et différentes, rendant le récit du coup assez varié dans ses environnements et ses univers visuels, ce qui est plutôt une bonne chose au final mais autant être franc, le tout manque d’homogénéité et je pense que cela vient surtout du fait que Thilde Barboni est avant tout une romancière et qu’elle est certainement habituée à plus développer ses personnages et situations.

4Pour conclure, Monika est finalement une lecture agréable : Visuellement on découvre un dessinateur aux antipodes de ce que l’on connait de lui dans les comics, se révélant plus à l’aise dans les récits réalistes que dans les récits de super-héros. Je vais me répéter, mais Monika est visuellement à tomber à la renverse et je me suis souvent surpris à rester quelques secondes après la lecture de chaque planche pour en admirer chaque détail.
Si l’histoire se révèle assez inégale, elle n’en reste pas moins lisible et dessert surtout le coté visuel, permettant à Guillem March de nous éblouir en brassant assez large niveau ambiances et univers : On passe de la science fiction au gothique, parfois en quelques planches.
Monika c’est donc une lecture que je conseille et qui je suis sûr, réhabilitera Guillem March comme véritable artiste, doué dans d’autres domaines que le super-héros, parce que oui, il n’y a pas que le super-héros dans la vie.

5

Monika Tome 1  : Les Bals Masqués et Monika Tome 2  : Vanilla Dolls, de Thilde Barboni et Guillem March, disponibles chez Dupuis.

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