Rares sont les séries qui arrivent encore à m’enthousiasmer parmi les publications de l’éditeur DC Comics, pourtant chères à mon cœur il n’y a pas si longtemps, à une époque où les super héros avaient encore un statut d’icone, et où les titres plus confidentiels ou du reste plus pointus appartenaient à un label dédié à cet effet (en l’occurrence Vertigo). Chaque chose avait ainsi sa place, et tout en respectant ses personnages historiques, DC arrivait également à donner sa chance à des auteurs parfois singuliers.
Si la Distinguée Concurrence vit actuellement une crise majeure où l’on parle d’un manque à gagner de près de 2 millions de dollars cette année, la première chose qui me vient à l’esprit est de penser que quelque part, c’est bien fait pour eux. Comment en effet ne pas avoir une pensée pour Jenette Kahn qui a mis tant de temps à construire une réelle identité pour cette compagnie à travers des personnages hauts en couleurs, des séries cultes, et une confiance absolue envers des artistes souvent influencés par ce qui se passaient tout autour d’eux.
Qu’en est-il aujourd’hui ? En à peine 6 ans, le long travail de Kahn puis celui de Paul Levitz aura été complètement balayé jusqu’à obtenir une maison d’édition sans aucune réelle identité, un comble pour une compagnie évoluant dans un contexte aussi concurrentiel et dépendant de l’image de la retombée commerciale de ses produits.
Capitalisant ainsi jusqu’à outrance sur le succès de tout ce qui concerne le Bat-univers, et dans un soucis de s’adapter (enfin) à un lectorat beaucoup plus hétéroclite que prévu, DC se met en 2014 à sortir un peu son nez d’une phase éditoriale focalisée sur le Grim and Gritty entamée en 2011, métamorphosant Batgirl en une héroïne super tendance, replaçant Dick Grayson en référence crypto gay, et s’intéressant enfin à un public beaucoup plus jeune avec Gotham Academy, car sait-on jamais, il se peut que les nouvelles générations aient elles aussi envie d’acheter des comics.
Désolée pour cette longue introduction mais j’en avais gros sur la patate, c’est tellement rageant de voir son éditeur historique préféré partir autant en couille, l’annonce de l’annulation de Sensation Comics Featuring Wonder Woman (une excellente série où l’on retrouve chaque semaine toute la splendeur et la noblesse de la guerrière amazone, telle que l’aurait souhaité William Moulton Marston, contrairement au foutage de gueule publié chaque mois et orchestré par le couple Finch) étant la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Je disais donc, Gotham Academy fait partie de cette nouvelle vague apparue il y a pratiquement un an, influencée sans doute par le succès et l’engouement de séries telles que Ms Marvel, Spider-Gwen ou Lumberjanes chez la concurrence.
Co-écrit par Becky Cloonan et Brenden Fletcher, cette série se déroulant dans l’univers du Chevalier Noir (il y fait d’ailleurs quelques apparitions) et se voulant être à mi-chemin entre Harry Potter et The Breakfast Club, nous raconte l’histoire d’une bande de jeunes adolescents enquêtant sur les mystères de leur école, où fantômes et créatures gothiques sèment le trouble dans la vie parfaitement organisée d’une institution aussi prestigieuse.
Loin d’être original, (Le club des cinq, Buffy et son Scooby Gang, tout comme Martin Mystère ne pourront qu’acquiescer), le scénario se repose surtout comme c’est souvent le cas, sur la fraîcheur et l’énergie provenant de ses personnages, en l’occurrence ici de ses deux héroïnes principales à la fois très différentes et complémentaires nommées Olive et Maps dont on arrive à s’attacher dès les premières pages.
L’intrigue est dans le premier tome, vécue du point de vue d’Olive Silverlock, une jeune fille au passé trouble et personnifiant à merveille les affres de l’adolescence où la perte définitive de l’innocence coïncide souvent avec l’éclosion des premiers sentiments amoureux qui peuvent s’avérer parfois complexes…
S’oppose à elle la pétillante Mia « Maps » Mizoguchi, d’un an sa cadette, et sœur de l’actuel ex petit ami d’Olive. A la fois aventurière, bout en train et naïve, elle est surtout passionnée de cartographie, jusqu’à en étudier les édifices de la Gotham Academy dans ses moindres recoins, une ressource qui s’avérera très utile pour les futures explorations de la bande.
A ce duo bipolaire, va se joindre l’antipathique Pomeline Fritch et son petit ami Heathcliff, tous les deux férus de sciences occultes, ainsi que Colton Rivera, un élève perturbateur et dealer de feux d’artifices.
La première enquête de cette équipe de choc se portera sur le fantôme de Millie Jane Cobblepot que certains élèves sont persuadés d’avoir vu hanter les murs de l’école, et tout le long de celle-ci, nos héroïnes principales vont être amenées à rencontrer des personnages bien connus du Bat-verse, tel que Killer Croc, aussi touchant qu’on a pu le voir dans le 21ème numéro de Batwoman illustré par Franceso Francavilla.
Vous l’aurez compris, Gotham Academy est bel et bien une série à suivre pour de nombreuses raisons : Grace à la dynamique d’un duo imparable, un scénario qui malgré quelques maladresses s’en sort plutôt pas mal, sans parler d’une ouverture envers un public résolument jeune, détail demeurant au final des plus importants.
On ne peut que souhaiter d’une belle longévité à cette série, en dépit de la tourmente donc est actuellement victime DC Comics, d’autres titres du même acabit étant en effet sujets à annulation…
Votre commentaire