Lazarus de Greg Rucka et Michael Lark (dont la review du premier tome est disponible ici) fait partie de ces séries dont j’attends toujours la suite avec beaucoup d’impatience tant ses débuts étaient prometteurs, ceux-ci nous avaient effectivement permis de faire connaissance avec une héroïne quasi indestructible tout en introduisant un univers que l’on percevait facilement comme étant très dense.
Sorti il y a quelques semaines, ce tome 2 continue non seulement de mélanger parfaitement plusieurs genres au service de son histoire (une goutte de SF, un zest de thriller, et quelques grammes de post-apocalytique, cuisson à 180°C pendant 20 minutes), mais nous permet également de suivre la voie de personnages très attachants, Forever bien sûr (dont on apprendra plus sur son passé et la manière dont elle a été élevée), qui enquête sur une éventuelle attaque terroriste, ainsi qu’une famille de parias dont l’ultime espoir réside à être sélectionné pour servir la famille Carlyle.
Une nouvelle fois, Rucka va prendre son temps pour placer son univers et le rendre cohérent, au rythme des flashbacks concernant son héroïne et du périple de la famille Barrett, dont le sort ne peut que faire écho à la réalité sordide vécue actuellement par les migrants et autres réfugiés qui tentent de traverser les frontières de l’Europe au péril de leur vie.
Le tome 1 nous avait pourtant laissé sur un beau cliffhanger, le scénariste de Gotham Central et Batwoman ne cédera pas à la facilité de clôturer cette intrigue, bien au contraire il n’en fera même quasiment pas allusion. Au lieu de cela, il est question de comprendre comment fonctionne cette société dystopique fondée sur le système des castes, où l’homme ne peut trouver le bonheur que dans la servitude.
Autre contraste avec le premier tome, qui mettait en avant la félonie de la soeur de Forever, Johanna, qui semble ici être un soutien sans faille pour notre héroïne, lui offrant même une aide des plus précieuses. Contraste également au regard des nombreux flashbacks où l’on voit la jeune Forever se former au combat et à la discipline, et dont les réactions toutes naturelles face aux souffrances physiques et psychologiques qu’elle endure sont aux antipodes de la froideur implacable que montre sa version adulte.
Il est intéressant aussi de souligner qu’à l’image du premier album, ce tome 2 parle tout autant de famille que dans le précédent. On délaisse donc le confort et les trahisons de la famille Carlyle pour faire connaissance avec celle des Barrett qui après avoir tout perdu doivent traverser une partie des Etats-Unis à pied jusqu’à Denver sans aucune garantie de réussite.
Autant de détails qui au final nous donnent un récit des plus passionnants, et garantissent de nombreuses surprises quant au sort de ses protagonistes (je me suis faite avoir plusieurs fois), évitant par la même occasion de nombreux clichés.
Michael Lark excelle encore sur ce second tome, même si on le sent moins à l’aise lorsqu’il dessine Forever enfant. Mais son style très réaliste qui fait tant merveille lorsqu’on l’attribue au genre policier offre une dimension toute particulière à l’image ce de qu’a pu faire Pia Guerra sur Y le dernier homme, une série dont Lazarus peut être très facilement comparée, et dont on souhaite surtout la même longévité.
Glénat Comics nous permet donc de lire une bien belle série, qui est d’ailleurs encore très loin je pense d’avoir montré toutes ses ressources scénaristiques. En effet, son rythme orchestré d’une main de maître par Greg Rucka se prête parfaitement bien à une lecture en format album, où chaque arc va nous permettre d’en découvrir d’avantage sur l’univers de Forever, mais qui renferme aussi bien plus qu’une énième héroïne badass que l’auteur affectionne tant.
Votre commentaire