Et si les super-héros existaient dans le monde réel ? Et si ils étaient confrontés à des problèmes un peu plus réalistes que des invasions extra-terrestres, des savants fous ou des anomalies temporelles ? Cette question a déjà souvent été posée dans de nombreux comics de façon plus ou moins intelligentes : Avec humour et violence extrême dans les Kick Ass de Mark Millar et John Romita Jr ou la série The Boys de Garth Ennis, avec cynisme dans les numéros de The Authority de (encore) Mark Millar ou avec un grand sens critique à l’encontre des États-Unis dans le méconnu Cla$$war de Rob Williams et Trevor Hairsine.
Ce n’est donc pas vraiment une nouveauté de vouloir confronter des super-slips à des problèmes plus terre à terre que les grandes menaces classiques et cosmiques mais c’est pourtant ce qu’ont tenté de faire Bryan JL Glass et Victor Santos avec la mini série Furious publiée chez Dark Horse aux États-Unis et Glénat Comics en France.
Ont-ils réussi à apporter de la nouveauté à ce concept, réponse dans la suite.
Furious ça raconte l’histoire de La Vigie, une toute nouvelle super héroïne qui tente de se faire une place dans la société actuelle en mettant ses pouvoirs aux services d’autrui. Tout part d’une bonne attention, mais La Vigie va vite se rendre compte que le monde réel laisse peu de place aux bons sentiments et que les idéaux de justice et de vérité propre à la mentalité d’un héros costumé sont particulièrement compliqués à appliquer dans un monde où la criminalité est bien plus glauque et violente que dans les récits imaginaires… De plus, La Vigie se lance un peu à l’aveuglette dans son combat sans même réellement comprendre ses nouveaux pouvoirs qui se révéleront bien vite d’une nature peu pratique : En effet, plus La Vigie est énervée, plus ses pouvoirs augmentent et ses sautes d’humeur vont vite faire les choux gras des journaux qui quid de La Vigie vont la rebaptiser « La Furie ».
Le récit de Furious est donc découpé d’une façon classique, alternant passages héroïques de la Furie et flashbacks nous expliquant son passé de starlette de cinéma et ce qui l’a conduit à obtenir des super-pouvoirs et à jouer les justicières masquées. Une construction certes classique mais qui a fait ses preuves et se révèle au final assez efficace, le récit étant fluide et bien rythmé, parfois drôle, parfois touchant et souvent haletant, ne laissant quasiment jamais le lecteur se reposer sur ses lauriers en apportant continuellement du nouveau pour faire durer le suspens… Jusqu’à un dénouement qui laisse vraiment ledit lecteur sur sa faim. J’avoue avoir était assez déçu par la fin, abrupte, brève, pour ne pas dire expédiée, elle est en plus très classique.
Hormis la fin, le récit de Furious est certes classique, mais reste efficace et se lit rapidement et sans lassitude, une lecture plaisante en somme.
Pour ce qui est des dessins, c’est une autre paire de manche. Je suis assez tolérant aux niveaux des dessins et je fais partie de ceux qui pensent que de beaux dessins ne sont pas forcément une obligation et que tant que le récit tient la route, ont peut faire abstraction d’une partie graphique plus modeste. Mais dans le cas de Furious, je peut dire que je n’accroche pas au style de Victor Santos. Je trouve son trait brouillon, peu clair voir sujet à confusion à certains moments : En effet, durant tout le récit ont suit le parcours de deux personnages féminins, or à certains moments je me suis surpris à ne plus vraiment savoir de qui il était question dans certaines planches, tant le style approximatif du dessinateur fait se ressembler les personnages, surtout féminins. Au début j’ai crû à un effet volontaire, les deux auteurs voulant sûrement brouiller les pistes entre le destin des deux personnages mais plusieurs passages m’ont fait douter à ce sujet, notamment les couleurs de cheveux, et j’ai eu malheureusement la confirmation de mes soupçons dans le sketchbook à la fin de l’album, l’un des auteurs avouant que les changements de couleurs ou de coupes de cheveux peuvent paraître « confus » au lecteur : Je confirme donc, ça ne parait pas seulement, ça l’est vraiment.
Sinon je ne peux pas vraiment m’exprimer sur les dessins de Victor Santos car comme je le dit plus haut, je n’ai vraiment pas accroché à son style, que je trouve de plus particulièrement irrégulier, parfois c’est très beau et à d’autres moments on a vraiment l’impression de voir une planche à peine esquissée, notamment durant les scènes d’action, souvent dépourvues de décors.
Un petit mot avant de finir sur l’édition française. Comme toujours avec Glénat Comics, c’est du très bon travail : Couverture cartonnée, papier glacé et traduction nickel, rien à dire de ce coté là, l’éditeur prouvant une nouvelle fois son excellence.
Pour finir, je suis assez mitigé sur cette bande dessinée : Le récit est certes plaisant à lire mais est au final très classique, les dessins sont ce qu’ils sont et en ce qui me concerne et au risque de me répéter, je n’ai pas accroché sur ce point.
Après à vous chers lecteurs de vous faire votre propre idée car si vous aimez ce genre d’histoire, vous serez en terrain connu et pour les autres, vous pouvez toujours vous y essayer par curiosité mais personnellement, je n’ai pas apprécié plus que ça.
Furious de Bryan JL Glass et Victor Santos, disponible depuis le 10 juin 2015 chez Glénat Comics
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