Comme l’on pouvait s’y attendre en marge de la San Diego Comic Con, Grant Morrison s’est exprimé sur son très attendu Wonder Woman : Earth One dont il partage la paternité avec Yanick Paquette (qui sera dans la capitale en octobre à l’occasion du prochain Paris Manga), ainsi que sur la « prestation » de Gal Gadot que l’on voit (très peu) durant le trailer de Batman V Superman.
Le scénariste avait déjà fait référence à ce qu’il comptait faire de l’univers de Wonder Woman sur cette oeuvre dans son aspect visuel dans son ensemble, développant un esthétisme basé sur une culture développée par des femmes depuis des millénaires, se rapprochant en cela de la vision fantasmée de William Moulton Marston.
Interrogé par Nerdist.com il y a une quinzaine de jours, le nouveau rédacteur en chef du magazine Heavy Metal nous en dit un peu plus sur sa vision des choses concernant ce roman graphique prévu pour le 12 avril 2016 (oui oui, la date a été repoussée…) :
Il est maintenant terminé et il va bientôt sortir. Je me suis assis et j’ai pensé, « je ne veux pas de cette femme guerrière ». Je peux comprendre pourquoi ils font cela, je le conçois très bien, mais ce n’est pas ce que William Marston voulait, ce n’est pas ce qu’il voulait du tout ! Son concept original pour Wonder Woman était une réponse aux comics de l’époque qui pour lui étaient remplis d’images d’une masculinité à vous glacer le sang, et lorsque vous voyez les derniers visuels de Gal Gadot dans le costume, où l’on retrouve épée et bouclier alors qu’on la voit grogner face à la caméra… La Diana de Marston était un médecin, une guérisseuse, une scientifique. Je suis donc retourné à ses racines et je les ai réinventées.
A quoi ressemblerait une société constituée de femmes immortelles qui auraient vécu ensemble pendant 7000 années ? Elles n’auraient pas passé leur temps à trancher la tête des hommes; Elles auraient eu leur art, leur architecture, leur philosophie et leur poésie, et cela n’aurait rien eu à voir avec la culture des hommes. Yanick Paquette a donc fait ce travail étonnant de conception, où l’on ne retrouve aucun objet phallique. Les seuls objets phalliques sont ces tours grecques qui sont presque comme un écho obsédant issu de la culture dont elles sont originaires.
L’avion invisible de Wonder Woman a désormais la forme d’un vagin, c’est la chose la plus incroyable. Il s’ouvre à l’arrière avec un petit capuchon en forme de clitoris, tout est entièrement basé sur l’aspect féminin. Tout est basé sur des coquilles et des choses naturelles. Il a créé ce tout nouveau monde conçu pour les Amazones. Et pendant les 48 premières pages, il n’y a pas d’hommes – on voit seulement des femmes se parler entre elles. Et puis à la moitié du livre, nous nous préparions à grand combat, et ensuite je me suis dit, « Non, ça ne va pas. » Ce livre ne parle pas de combats, il ne va pas y en avoir. Donc, nous avons rejeté les règles de l’aventure et de la fiction traditionnelle masculine. C’est le livre le plus passionnant que j’ai fait au cours de ces dernières années, il a changé tout ce que je pense à propos de l’avenir.
[…] Mais dans un même temps, la culture des Amazones est assez gelée, ce qui explique pourquoi Diana veut aller voir ce qui se passe ailleurs. Mais voilà comment je vois les choses. Je pense que cela va être très controversé.
Parallèlement, Yanick Paquette continue de nous teaser quelques visuels via son compte Facebook, superbement colorisés par Nathan Fairbairn.
Ça fait toujours plaisir de le voir aller aussi loin dans la conception de ses comics. 🙂