J’ai 10 ans. Je me tiens sur le seuil de la cuisine les points fermés, regardant ma mère occupée à faire la vaisselle, sa silhouette est éclairée par la fenêtre qui donne sur notre jardin, un beau jardin où j’ai passé des heures sans fin à rêver que j’étais elle…
Je ne savais pas comment lui annoncer. Je me disais que comme elle m’aimait, elle comprendrait forcément. C’est alors qu’avec la plus grande des angoisses et des craintes qu’une petite fille puisse ressentir comme si elle allait tomber dans le vide, je lui avouais mon grand secret.
« Maman » lui dis-je, « je sais ce que je rêve de faire quand je serais plus grande. Je crois que je veux devenir Supergirl » .
A ma très grande surprise (sans parler de ma profonde déception), sa réaction ne fut pas celle que j’attendais, et mon cœur de petite illuminée fut tellement meurtri que je n’eu jamais le courage de lui avouer plus tard mon homosexualité, jusqu’à ce qu’il soit trop tard.
Supergirl a toujours été pour moi cette héroïne de l’impossible. Enfant, je me voyais m’élever dans les airs, sentir la chaleur du soleil sur mes joues, laisser filer le vent entre mes doigts… Je me pensais capable de soulever un bus pour sauver l’ami coincé en dessous, et par dessus tout, je me croyais positivement libre. Quel enfant à un moment donné ou un autre n’a t-il pas rêvé de l’être ?
Mais dans la réalité la fille de Krypton n’a pourtant jamais été une femme libre. Créée une poignée d’années après le Comic Code, son rôle était de représenter l’adolescente parfaite, la petite fiancée de l’Amérique toujours surveillée par la figure paternaliste de son cousin afin de devenir un modèle de vertu et d’héroïsme pour les jeunes lectrices de l’époque. Malgré la grandeur et la puissance de ses pouvoirs, ses aventures resteront centrées sur des bluettes sans grand intérêt (hormis peut-être pour Comet, car là il y a quand même du niveau), car contrairement à l’idée de ce que je me faisais d’elle, il n’a jamais été question que Supergirl soit l’héroïne où tous les espoirs pouvaient être permis.
De son sacrifice ultime dans Crisis on Infinite Earths à ses multiples (ré)incarnations, être une fan de Supergirl n’est pas chose aisée loin de là.
A l’annonce de la série prévue sur CBS, mon sang n’a fait qu’un tour. J’ai senti le soleil sur mes joues, et le vent filer entre mes doigts. Je n’en n’ai pas trop fait allusion ici à part un ou deux billets car je n’aurais pas survécu à un second échec après le fiasco Wonder Woman. Et plus l’approche de ce trailer se manifestait, plus je n’osais croire à ce que j’ai vu hier soir.
Première chose, oui Melissa Benoist est Kara. Plus je la vois et contre toute attente (et mes premiers doutes), son joli minois et sa fraîcheur l’emportent sur tout le reste. Seconde chose, l’aspect « Girly » du trailer a pu en rebuter plus d’un (et d’une), et très sincèrement, je les comprends, mais tout le monde sait que l’on peut faire n’importe quoi en montant quelques scènes sur une musique un peu branchouille, le but ici est de séduire le plus grand monde, les femmes autant que les hommes, si un montage ciblé peut permettre à Supergirl de passer le cap de la demi saison, sans réellement savoir si au final l’esprit de la série ira entièrement dans ce sens, mais moi je dis oui sans problème, bordel de merde.
Quand bien même, il s’agit rappelons-le d’une série sur une jeune femme « solaire », Kara est un personnage qui est tout sauf grim and gritty, pour ceux qui pensaient voir la suite de Daredevil, ça va pas du tout les enfants.
Troisième détail, de quoi parlons-nous vraiment au juste, qu’est-ce qui est VRAIMENT important ? Des 3 minutes pour midinette (que l’on retrouve également dans Flash et Arrow soit dit en passant) inévitables, ou bien des scènes où l’on voit Supergirl être enfin libre à la télévision ?
Oui, c’est bien ce qu’il me semblait.
La scène la plus emblématique pour moi dans ce trailer est justement le passage où « Kara la soumise » prend son envol dans la nuit afin de sauver sa sœur adoptive et ainsi devenir Supergirl à jamais. Quant aux autres scènes où elle apparaît, je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée émue pour la série Loïs & Clark qui a certes bien vieilli mais qui en son temps était vraiment parfaite.
Et à vrai dire, je n’ose même pas imaginer tout le potentiel que cette série puisse amener, ouvrant si il le faut la voie sur d’autres projets aussi ambitieux pour nos super héroïnes. Y a t-il vraiment de quoi se plaindre à ce sujet ?
Et pour montrer qu’on peut tout faire avec un montage, je vous laisse le nouveau trailer qui a été mis en ligne et subitement effacé, mais que j’ai réussi à récupérer car moi aussi, je viens de Krypton.
Je suis assez d’accord pour tout ce qui concerne le montage et surtout la musique, un choix différent changerait pas mal de choses dans ce trailer. On n’est jamais à l’abris d’une bonne surprise, rappelez-vous les doutes que l’on a pu avoir sur Arrow et Flash avant qu’une bonne partie d’entre nous finissions par mettre de l’eau dans notre vin. Si la série finit par être trop « girly » je ne la regarderai pas mais je ne pesterai pas non plus, il faut de tout pour tout le monde et il y a maintenant assez de séries de super-héros (sans compter le prochain spin-off d’Arrow/Flash ou les projets Netflix) qui cible un public large ou masculin pour que tout le monde ait de quoi regarder jusqu’à plus soif (franchement, qui aura le temps de tout regarder ? Et je ne parle même pas des adaptation de comics non-super-héroïques à rajouter dans la liste !).
Concernant l’actrice je suis globalement satisfait, et je trouve surtout qu’ils réussissent quelque chose qui a souvent été moins évident à faire sur Clark Kent/Superman : dans la civil Kara est très différente de Supergirl ! Alors certes dans la « vraie vie » certains se rendraient vite compte de la supercherie, mais je trouve que là la différence entre ses deux facettes a été bien travaillée, même si du coup ça donne un côté « Ugly Betty » à la série qui ne se retrouvera peut-être pas (trop) dans les intrigues. Je reste quand même circonspect sur le fait qu’un peu beaucoup trop de monde semble connaître son identité secrète à la fin du pilote, et aussi de la place que Superman aura dans ce monde et comment cela se connectera à Arrow/Flash puisque Stephen Amell a encore déclaré récemment que les séries étaient connectées.