Rapide Review : Drifter Tome 1
Les traductions de comics de « vraie » science-fiction sont assez peu nombreuses en France, pourtant outre-atlantique ce genre de comics fut assez bien représenté, surtout au travers de mini-séries et dans des revues anthologiques passées depuis à la postérité comme Weird Science, Epic ou le cultissime magazine Heavy Metal.
Aujourd’hui le genre n’est plus aussi représenté, mais de nombreuses mini-séries continuent de voir le jour, surtout chez les petits éditeurs ou en creator-owned. C’est de ce genre de série « indé » dont il est question aujourd’hui avec Drifter, publié récemment dans notre beau pays chez Glénat Comics.
Drifter c’est tout d’abord une création d’Ivan Brandon au scénario et Nic Klein aux dessins, ce dernier a d’ailleurs réalisé toute la partie graphique, dessin, encrage et colorisation.
Drifter raconte l’histoire d’Abram Pollux, un voyageur de l’espace dont le vaisseau s’écrase sur une planète mystérieuse, il réchappe au crash de justesse, non s’en avoir au préalable tué une créature bleue qu’il pense hostile. Il se réveille plus tard, l’esprit embrouillé et à demi amnésique, attaché à une table dans ce qu’il semble être une infirmerie. Après quelques tergiversassions, il est décidé de le relâcher et là Abram va aller de surprises en surprises, découvrant cette étrange planète aux coutumes et à l’atmosphère particulièrement étrange.
Drifter, c’est ce que j’appellerais de la science-fiction « hardcore », très influencée d’une part, par les récits publiés dans les revues dont je parle plus haut. Ayant été un grand lecteur du magazine Heavy Metal (la version américaine) j’y ai retrouvé l’ambiance à la fois futuriste, violente et mystérieuse qui émanait de la plupart des récits de science-fiction publiés dans ce genre de magazine, ce qui ma foi, est franchement une qualité. Ensuite Drifter, c’est très référencé : On y décèle des références indirectes, visuelles ou scénaristique à Dune, Mad Max, Phillip K. Dick, les westerns des années 70 ou même à des œuvres plus récentes comme le film Final Fantasy : The Spirits Within ou le jeu vidéo Rage. Mais attention, il ne s’agit là que de références indirectes et assez subtiles, si vous n’avez jamais entendu parler des œuvres dont je parle, rien ne vous empêchera d’apprécier Drifter. De plus, je pense qu’Ivan Brandon n’a pas fait ces références intentionnellement et qu’elles se sont plus imposées inconsciemment durant l’écriture pour former une sorte de « tout » cohérent et constitue finalement un univers intéressant, complexe et immersif.
Visuellement, Nic Klein réussi une prouesse sans pareille, chaque planche est magnifique, détaillée et dans un style visuel mêlant, post-apocalyptique et science-fiction avec brio. Il en ressort une véritable impression d’oppression et de chaleur absolument bluffante. L’utilisation des couleurs est aussi très intéressante, donnant à chaque chapitre une identité propre, tantôt bleutée, tantôt brune ou sombre, chaque chapitre est reconnaissable par son ambiance colorée. Le visuel rend donc parfaitement justice à l’univers créé par Ivan Brandon. Une claque graphique, tout simplement.
Comme je l’ai dit plus haut, Drifter c’est de la vraie science-fiction à l’ancienne, avec tout ce que cela comporte en terme de narration, à savoir un univers complexe, une ambiance lourde, une histoire et des personnages qui prennent leur temps pour s’imposer et des explications dispensées au compte-goutte. Autant dire que si pour vous, la science-fiction se limite à Star Wars ou des comics genre Green Lantern ou Guardians of the Galaxy, il y a des risques que Drifter vous paraisse un peu « lent » et compliqué. Pour les autres où ceux qui veulent malgré tout tenter l’aventure, et/ou qui comme moi sont friands de ce genre de récit, seront aux anges en découvrant l’univers complexe et captivant de Drifter et ses macabres secrets spatiaux.
Le seul regret est la fin ouverte beaucoup trop brutale qui laisse plus de questions que de réponses et laisse un goût amer d’inachevée assez désagréable et frustrant. En m’étant renseigné un petit peu je me suis rendu compte que l’album édité par Glénat Comics contient les cinq épisodes publiés aux États-Unis (mensuellement de novembre 2014 à Mars 2015) et que pour le moment, aucune suite n’a été publiée… C’est vraiment dommage car l’univers mérite amplement d’être développé et je pense aurait le mérite de se dévoiler sur le long terme et donc de gagner en intérêt (note de Tata Katchoo : le prochain numéro mensuel est prévu pour le mois de juillet prochain)
En bref : Vivement la suite !
Drifter Tome 1 : Crash, disponible depuis le 15 avril 2015 chez Glénat Comics
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