Alors que DC Comics vient tout juste de transférer ses derniers effets jusqu’ici situés dans les locaux légendaires du 1700 Broadway de New York, direction la Californie, afin de se rapprocher de la maison mère Warner à Burbank (je me demande d’ailleurs ce qu’il va advenir du fameux wall of heroes, la fresque murale représentant les personnages les plus emblématiques de la Distinguée Concurrence, exécutée et signée par les plus grands, de Kirby à Kubert, en passant par Eisner ou Steranko…), c’est une page qui se tourne dans l’histoire de cet éditeur, les plus beaux chapitres ayant été écrits selon moi lors les 27 ans de règne de la grande Jenette Kahn.
Le hasard a voulu que je trouve ce document rare, une conférence d’une heure en compagnie de cette pionnière de l’édition, filmée en 2013 lors du Chicago Humanities Festival.
Interrogée par Liz Mason, elle retrace les moments les plus importants de sa carrière, ses débuts au moment de la DC Explosion, la British Invasion, la publication de titres novateurs prônant la diversité comme Static Shock, l’émergence de nouveaux supports et format (avec la première maxi-série jamais publiée Camelot 3000) et sa collaboration avec Frank Miller sur Ronin et Batman: Dark Knight, ses efforts pour que les artistes soient mieux rémunérés, l’émergence des librairies spécialisées à laquelle elle a contribué, la création de labels pour ce que l’on appelle les mature readers, le phénomène Sandman…
Parlant avec beaucoup d’humour du fait qu’à ses débuts seulement deux femmes travaillaient chez DC, elle rappelle également qu’elle a fait en sorte d’embaucher le plus de femmes et de personnes de couleur au sein du groupe.
Jenette s’exprime aussi sur le déménagement à Burbank, un événement prévu depuis très longtemps mais qui avait toujours été inenvisageable du temps où elle présidait la compagnie, privilégiant toujours le secteur de l’édition face aux sirènes d’Hollywood, et regrettant ainsi les nombreux dommages collatéraux de ce départ de New York comme le grand nombre de salariés obligés à démissionner. Elle termine enfin sur son point de vue concernant le phénomène des films de super héros, interrogée par l’auditoire à ce sujet.
Autant de sujets palpitants (et d’autres encore) traités en une petite heure, ce document est donc assez exceptionnel et mérite d’être vu par le plus grand nombre, car il rend hommage non seulement au travail phénoménal d’une femme hors du commun, mais aussi à une partie de l’histoire de la célèbre maison d’édition qu’elle a dirigé pendant plus de 26 ans..
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