Les jeudis de l’angoisse (des comics) #1

Aujourd’hui Julien Lordinator et moi vous invitons à un nouveau rendez-vous mensuel qui symbolise un peu notre amour commun pour le genre horrifique, car malgré ce que l’on pourrait croire, il n’y a pas que les comics et les filles dans la vie.
L’idée est venue du cerveau complètement dérangé de mon poto Julien, grand amateur comme vous le savez de tout ce qui est bien dégueulasse, enfin non, je devrais le présenter autrement, de tout ce qui relève d’avoir un sens de l’esthétisme très prononcé, et qui a souhaité nous faire partager comme il sait si bien le faire son intérêt dans ce domaine avec toute la passion qu’on lui connait.
Le comics horrifique est un genre méconnu que nous affectionnons beaucoup, c’est pour cette raison que nous avons décidé de lui consacrer cette nouvelle rubrique, nous espérons qu’elle vous plaira et qu’elle vous fera découvrir de bien belles merveilles.

PS : J’ai moi-même consacré un billet de reviews sur une sélection de séries d’horreur sur un blog ami qui devrait être mis en ligne dans les jours à venir, (et dont je vous ferai parvenir le lien dans ce premier billet) ce qui prouve bien que le sujet nous tient vraiment à cœur.

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Dracula de Fernando Fernandez (par Julien Lordinator)

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Lorsque des auteurs de bande dessinée s’attaquent à certains mythes de l’horreur, ils le font souvent avec passion et les exemples ne manquent pas  : Lorsque Berni Wrightson rend hommage au monstre de Frankenstein, il le fait au travers d’un magnifique graphic-novel devenu depuis un classique et, pour prendre un exemple opposé, plus récemment Ben Templesmith a dynamité le mythe du loup-garou avec son glaçant Bienvenu à Hoxford (1). Les mythes même plus modernes sont aussi régulièrement repris, digérés voir transcendés, le succès de The Walking Dead de Robert Kirkman s’est littéralement approprié les codes établis par George Romero (2) dans ses films de zombie pour en faire le succès que l’on connait aujourd’hui.

0Les modes se suivent et ne se ressemblent pas et l’horreur n’y fait pas exception, mais il y a un mythe indémodable de l’horreur qui a su traverser les époques, se renouveler et s’adapter à chaque époque  : Le vampire et plus particulièrement sa figure emblématique, Dracula. Inventé (3) par l’écrivain irlandais Bram Stoker en 1897, cela fait quasiment deux siècles que le seigneur des vampires peut se targuer de jouir d’une popularité qui n’a jamais faibli  : Il est présent partout, dans tous les médias et plus qu’une figure de l’horreur, c’est une véritable icône populaire, reconnaissable par tous. Il n’est donc pas étonnant que les auteurs de bandes dessinées aient voulu lui rendre hommage ou se servir de son image.

Faire un panorama complet des apparitions ou utilisations de Dracula dans la bande dessinée serait un véritable chemin de croix (si j’ose dire…) tant le personnage a été utilisé maintes et mainte fois de toutes les façons possibles et imaginables dans ce média et plutôt que (d’encore) parler de Tomb of Dracula (même si l’envie ne m’en manque pas), j’ai préféré m’intéresser et vous présenter un livre méconnu, voir quasiment inconnu en France.

Ce livre, ou plutôt cette bande dessinée, c’est l’adaptation du roman original de Bram Stoker par Fernando Fernandez.
Avant de m’attaquer plus en détail au livre, je vais m’intéresser plus particulièrement à l’auteur. Pour les fans de comics Fernando Fernandez n’est pas un artiste très connu, l’artiste espagnol à dessiné quelques histoires dans les années 70 pour les magazines Vampirella et Eerie et a surtout eu une carrière plutôt timide dans le monde des comics, signant surtout des adaptations de romans ou nouvelles, son dernier travail dans la bande dessinée sera d’ailleurs l’adaptation de la nouvelle Lucky Star d’Isaac Asimov. Dans les années 90 il arrête de travailler pour l’édition et se concentre uniquement sur la peinture. Il décède le 9 août 2010.

Revenons au livre et donc pourquoi m’intéresser plus particulièrement à cette bande dessinée plutôt qu’à une autre  ? Pour deux raisons simples  : Fidélité et beauté.

1Fidélité tout d’abord car l’ouvrage suit scrupuleusement les événements du livre et leur déroulement, de l’apparence des personnages (peints en suivant les descriptions du livre) jusqu’aux textes (les dialogues et la narration sont souvent des reprises au mot pour mot de certains passages du roman), Fernando Fernandez n’a pas voulu dénaturer l’œuvre originale et il est évident que l’on se retrouve bien là en présence d’un véritable hommage plus que d’une adaptation  : Le respect dont fait preuve l’artiste est absolument admirable, il n’est d’ailleurs, volontairement je pense, crédité qu’en tant que dessinateur / peintre sur ce livre, laissant à Bram Stoker la paternité du texte. Fernandez respecte donc l’œuvre et son auteur jusqu’au bout.

L’autre aspect qui fait de cette bande dessinée une œuvre d’exception, c’est sa beauté car aux vues des planches réalisées par Fernando Fernandez, ont ne peut qu’être soufflé par le résultat du travail, supposément titanesque, réalisé par l’artiste. Chaque planche a en effet entièrement été réalisée à la peinture à l’huile, donnant à chaque vignette l’aspect de véritables tableaux  : Dés les premières planches ont ne peut qu’être admiratif devant le souci du détail et le talent de l’artiste, l’atmosphère gothique et lourde du roman étant palpable à chacune des pages. Plus qu’une bande dessinée, on est ici véritablement face à, n’ayons pas peur des mots, une véritable œuvre d’art.

Il est inutile que j’en rajoute d’avantage car je pense que vous l’avez compris  : cette version de Dracula est une très grande réussite, à la fois esthétiquement irréprochable et d’une fidélité et d’un respect absolu de l’œuvre originale. Une bande dessinée à posséder absolument pour les fans d’horreur en bandes dessinées et les amateurs de beaux livres.

Un petit mot sur la disponibilité de cette bande dessinée pour finir  : Publiée à la base en plusieurs parties dans la version espagnole du magazine Creepy, il est régulièrement réédité dans la langue de Cervantès depuis, la dernière édition datant de 2004 chez Glénat Espagne. L’éditeur américain Del Rey Books l’a également réédité en 2005 en anglais. Pour ce qui est de la France, l’éphémère éditeur Campus l’a publié dans l’hexagone en 1985 et malgré sa sortie assez ancienne chez nous, ce livre est encore facilement disponible sur de nombreux sites de vente en ligne, mais à un prix relativement élevé, compte une cinquantaine d’euros pour un exemplaire en bon état.

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Dracula est un de mes romans favoris, l’un des rares que j’ai lu plusieurs fois, même si je l’ai découvert sur le tard, à la faveur du film de Francis Ford Coppola (que j’adore également) et je me suis logiquement intéressé à la plupart et déclinaisons dans les autres médias. Cette version de Fernando Fernandez reste à ce jour l’une des itérations que je préfère et de mon point de vue l’une des plus réussies, il est rare qu’une adaptation m’ai procuré les mêmes sensations de lecture que l’œuvre originale mais ce fut le cas ici.

Ce Dracula est à ranger aux cotés de celui de Mike Mignola (4) et des Vampirella de José Garcia Lopez, comme une œuvre majeure du vampirisme dans le neuvième art, tout simplement.

(1) Malheureusement passé quasiment inaperçu mais sur lequel je reviendrai très certainement une prochaine fois.

(2) George Romero qui a d’ailleurs souvent touché aux comics, soit directement en en écrivant comme dans la mini série Toe Tags en 2004 ou le récent et très original Empire of the Dead, soit en leur rendant hommage, notamment dans son film Creepshow écris par Stephen King, véritable et vibrant hommage aux EC Comics.

(3) Bram Stoker s’est beaucoup inspiré du personnage de Vlad Tepes, un noble roumain du quinzième siècle pour créer Dracula.

(4) Adaptation sur laquelle je reviendrais aussi très certainement.

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5 commentaires sur “Les jeudis de l’angoisse (des comics) #1

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  1. Chouette ! Merci pour cette redécouverte ! Les couleurs sont sublimes, et effectivement, le noir et blanc fait ressortir tout la baroque des auteurs Latins (Argentine, Italie, Espagne…).
    J’avais acheté une trentaine de ces magazines « Fantastik » d’occase il y a une vingtaine d’années, avec notamment cette histoire de Dracula dedans. J’ai bêtement tout bazardé dans un élan de « maturité » (non mais quelle idée ?), et votre article me le fait regretter.

    Tant mieux ! Avec le regret renaît l’ENVIE !

    Bonne continuation à vous.

    1. Merci pour ce petit mot 🙂

      J’ai moi même de nombreux numéros de la revue Fantastik, une bonne revue que j’aimais beaucoup et qui brassée assez large niveau style et genre abordés.

      1. Steve Niles *
        Autant bien l’orthographié car c’est un nom qui reviendra souvent dans cette rubrique 😉

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