Il était temps qu’elle débarque cette nouvelle Batgirl. Il était temps car depuis l’annonce tonitruante de son changement radical de style et d’équipe artistique, l’engouement de la part des lecteurs (enfin surtout des lectrices, car c’est LE public qui est directement ciblé dans ce comic-book) avait pris de telles proportions que je commençais à craindre que le soufflet retombe dès la sortie de ce numéro. Il est peut être un peu prématuré de dire si c’est effectivement le cas, mais une chose est sûre, les promesses de cette nouvelle version de notre héroïne ont été tenues et font vraiment plaisir à lire.
Le fait est qu’en lisant les premières pages de ce Batgirl #35, c’est quand même un peu malheureux à dire mais on a déjà pratiquement oublié les 34 précédents numéros tant celui-ci apporte la fraîcheur, le dynamisme, la jeunesse et la fantaisie que l’on a toujours souhaité, et parfois trouvé dans le personnage de Barbara Gordon.
A mi-chemin entre Batgirl: Year One de Chuck Dixon et Marcos Martin, la série de 2009 mettant en vedette Stephanie Brown ou même Brave and the Bold #33 de Cliff Chiang et J. Michael Straczynski, ainsi que Batman Confidential #17 à 21 de Fabian Nicieza et Kevin Maguire, ce premier numéro d’une nouvelle ère est ancrée dans l’air du temps (celui des réseaux sociaux, des celebgates et des cafés branchés des grandes métropoles) et nous offre un nouveau visage (le vrai visage ?) d’une Barbara désormais totalement émancipée et un brin tête brûlée, où le désir de profiter pleinement de la vie n’est pourtant pas sans conséquences.
Cette nouvelle Batgirl est donc une série qui transpire la girlitude, avec également une forte propension à vouloir s’attirer la sympathie de la communauté LGBT, c’était déjà le cas dans le run précédent avec la création du personnage (transgenre) d’Alysia par Gail Simone, ici c’est quasiment tout son entourage qui est soit gay soit bisexuel et je ne serais pas étonnée de voir notre héroïne expérimenter une relation avec une fille dans les mois à venir (attention, ce n’est pas particulièrement ce que je souhaite, à vrai dire ça n’a aucune importance, mais ici l’homosexualité et la bisexualité sont amenés d’une façon si naturelle qu’il ne serait pas surprenant de voir les auteurs se pencher sur la question).
L’autre point positif, c’est la présence de Black Canary, que l’on est ravis de retrouver ici compte tenu de l’arrêt de la série où elle officiait jusqu’à maintenant. Elle semble apporter un peu de stabilité et de maturité à cette bande de jeunes fêtards qui ne semblent pas pour le moment être trop portés par les études.
La légèreté est donc au rendez-vous, tant au niveau du scénario de Cameron Stewart et Brenden Fletcher (ne vous attendez pas à ce que Batgirl soit confrontée à une menace digne du Joker ou de son frère, bien que les dernières pages laissent présager de bien sérieux ennuis dans un futur relativement proche) que par le graphisme de Babs Tarr, qui emploie un style comparable à celui de Stewart (il y a un petit côté Suicide Girls qui n’est pas pour me déplaire) ou même Amanda Conner. C’est vivant, et c’est exactement ce que l’on demandait.
Si la suite de cette série continue dans ce sens, il est évident que ce run sera considéré comme un indispensable dans la bibliographie de Batgirl, et c’est bien tout le mal qu’on lui souhaite.
Voilà un grand bol d’air frais qui était utile (et attendu) ! Ça me fait un peu l’effet (toute proportion gardée) de l’arrivée de Lermire et Sorentino sur Green Arrow, où la direction, le ton, la patte graphique… changent du tout au tour.
C’est tout de même ironique que Gail Simone soit partie car DC ne la laissait pas faire du Batgirl plus léger, pour demander ça ensuite aux successeurs. Une façon détournée de la boite de virer la scénariste pourtant très attachée au personnage ?