Gil Elvgren Artbook, la review de Julien Lordinator

GIL ELVGREN ARTBOOK, RAPIDE REVIEW

couverture

 

Quand on parle de l’âge d’or des pin-ups, plusieurs noms viennent immédiatement à l’esprit : Alex Vargas bien sûr ou Baron Van Lind, peintre indissociable du magazine Play Boy. Mais il y a un seul de ces artistes qui a su élever la pin-up au rang d’art à part entière en lui donnant ses plus belles œuvres, cet artiste c’est Gil Elvgren et c’est donc à lui que rendent honneur les éditions Taschen avec ce splendide ouvrage dont je vais vous vanter les louanges  !

Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, Gillette (Dit Gil) Elvgren est très certainement l’artiste le plus connu au monde dans le petit univers de la pin-up, sans même connaître son nom, vous avez déjà très certainement vu une de ses œuvres. Il est surtout connu pour avoir illustré de nombreuses publicités pour la marque Coca Cola, un peu de curiosité sur Google Images et vous vous direz immédiatement «  Mais oui bien sûr, je connais  !  ». Gillette Elvgren, c’est plus qu’un artiste, c’est aussi un pan entier de la culture populaire américaine, c’est une iconographie, un style indissociable du média dont il a contribué à donner les lettres de noblesse.

 Il serait un peu audacieux de ma part de tenter de faire en si peu de place une biographie de l’artiste tant sa vie fut riche, autant professionnelle que personnelle, je vais donc m’en tenir à l’essentiel.

jungleGil Elvgren naît donc en 1914 et ses parents constatent très vite chez lui un talent pour le dessin et la peinture, le jeune homme décide donc de devenir architecte. Mais il se rend assez vite compte que cela ne lui plaît pas et décide de se tourner vers des études plus artistiques. A dix-neuf ans, il part donc pour Chicago en compagnie de sa jeune femme, Janet Cummings et s’inscrit à la prestigieuse American Academy of Art. Durant ses études il se liera d’amitié avec Bill Mosby, un autre illustrateur et professeur de l’université, Mosby réalisera très vite le talent et surtout la détermination du jeune artiste et deviendra son mentor ainsi qu’une sorte de protecteur qui veillera jalousement sur l’évolution de son élève.
Elvgren passera deux ans et demi à l’académie des arts de Chicago et étudiera comme un véritable forcené, étudiant toutes les formes d’arts possibles, jusque la calligraphie ! Il décrochera son diplôme deux fois plus vite que la normale, faisant de lui et du point de vue de ses professeurs l’un des meilleurs élèves que l’académie ai jamais eu.

Ses études finies, Elvgren et son épouse décident de retourner dans leur ville natale de St Paul et de s’y installer. Certes c’est maintenant un artiste accompli, mais il n’est pas encore connu et n’a vendu aucune toile… Sa première commande sera une illustration pour un catalogue de vêtements masculins. Impressionné, le directeur artistique du catalogue le recontactera et lui en commandera une douzaine, lançant ainsi sa carrière. La reconnaissance du grand public viendra lorsqu’il sera contacté par la firme Brown & Bigelow, une société spécialisée dans les produits dérivés pour entreprises, notamment les calendriers, lui demandant de réaliser un portrait des quintuplés Dionne, véritable stars des médias à l’époque.
Dans les années qui suivirent, Elvgren travaillera surtout pour le principal rival de Brown & Bigelow, la Louis F. Dow Calendar, mais finira par la quitter quand il découvrit que ses œuvres étaient utilisées un peu partout sans qu’on lui demande son avis. La Dow utilisera alors une technique simple pour ne pas avoir à continuer à payer Elvgren tout en continuant d’utiliser ses œuvres, ils demanderont à un autre artiste, le néanmoins talentueux Vaughan Alden Bass, de retoucher les peintures d’Elvgren.

Coca-Cola

Les pin-up d’Evgren se trouveront surtout associées aux fameux calendriers de Brown & Bigelow, mais l’artiste est un véritable bourreau de travail et œuvrera aussi beaucoup pour de grandes sociétés américaines et magazines, ses travaux publicitaires, notamment pour Coca Cola, seront durant de nombreuses années l’iconographie indissociable de la marque de soda.
Dans les années soixantes, Elvgren est au sommet de son art et de sa renommée. Malheureusement, sa femme décède en 1966 et c’est pour lui un véritable traumatisme, l’artiste va alors se rabattre sur son travail. Ces pin-up les plus élaborées et les plus belles seront sans conteste issues de cette période de sa vie.

chienLes pin-up d’Elvgren se caractérisent et se reconnaissent par plusieurs aspects immédiatement reconnaissables : Elles sont souvent souriantes, mutines et surprises, naïvement sexy et souvent croquées dans des situations inconfortables, aux prises avec des objets de tous les jours ou de petits animaux, généralement des chiens, ces situations mettant en valeur leurs formes souvent généreuses. Jamais vulgaires, les filles d’Elvgren dégagent une certaine naïveté, une fraîcheur et un dynamisme particulier indissociable du style de l’artiste.
Elvgren accentuait volontairement certains aspects de ses modèles : Il allongeait légèrement leurs jambes, réduisait leur taille ou remontait leur poitrine, ces facteurs étaient les détails les plus caractéristiques de ce que l’on appelle encore aujourd’hui les «Elvgren Girls».
Les Elvgren Girls, c’est la femme américaine du siècle dernier dans toute sa splendeur, la fille d’à coté qui vous sourit quand sa robe s’envole lorsque vous la croisez en allant chercher le journal le matin ou qui éclate de rire lorsqu’elle s’arrose malencontreusement en s’occupant de ses fleurs un après midi d’été, les Elvgren Girls c’est ça, des filles souriantes, candides et coquines, immortalisées dans des situations du quotidien.

Gil Elvgren meurt le 29 février 1980 des suites d’un cancer, surnommé le «Norman Rockwell des pin-ups», il aura passé sa vie à enrichir celle des autres.

C’était, selon ceux qui ont eu
le privilège de le connaître, un homme sympathique, humble, généreux et modeste, et surtout passionné par son art : Sans aucun doute un des premiers grands artistes de la culture populaire du siècle dernier.

Golden-BeautyC’est donc à ce grand monsieur que les éditions Taschen rendent hommage avec ce livre et comme souvent avec l’éditeur allemand, le sérieux et la qualité sont de mise !
Tout d’abord c’est un livre grand format (22X30), broché, couverture dure avec jaquette et papier glacé : C’est donc un très bel objet, esthétiquement impeccable.
Je serais tenté de dire que dans ce livre, on trouve au final beaucoup et pas grand chose. Beaucoup car on peut y admirer la quasi totalité des œuvres commerciales (et même parfois plus confidentielles) du peintre au travers de plus de 530 illustrations (!), dont certaines sont reproduites pour la première fois, notamment un de ses nus longtemps demeuré introuvable, la magnifique «Golden Beauty». Pas grand chose dans le sens où ce livre est un véritable artbook et donc dénué de texte, ce qui au final est plutôt une bonne chose.
En plus de ce déluge d’images donc, on a également droit à une très longue biographie de l’auteur agrémentée d’un petit historique du style pin-up aux États Unis. Ce texte fort intéressant est disponible en anglais, allemand et français, malheureusement la traduction française se trouve à la fin et, contrairement à la version en anglais, est totalement dénuée d’illustrations, les renvois vers les illustrations forçant le lecteur à retourner au début du livre pour les visionner dans le texte en anglais…
Écrit par un véritable historien de la pin-up, Charles C. Martignette, ce texte se révèle absolument passionnant et aborde en détail la vie et l’œuvre de Gil Elvgren.bricolage

Pour finir, je dirais que si comme moi vous êtes passionnés par toute cette imagerie rétro de la culture américaine des années 50/60 et ou de la culture populaire américaine en général (ou plus largement si vous êtes amateur de belles images, cela va sans dire), cet ouvrage se doit obligatoirement de figurer dans votre bibliothèque, plus qu’un livre, c’est un véritable témoignage d’un pan entier de la culture populaire américaine que vous propose les éditions Taschen, de plus à un prix plus que modique et c’est là le meilleur : ce livre coûte aux alentours de dix euros !
On dit souvent que à ce prix là, ce serait dommage de s’en passer, et cette expression n’a jamais été autant adaptée que pour l’ouvrage dont je viens de vous parler.
Vous savez donc ce qu’ils vous reste à faire  !

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Créez un site ou un blog sur WordPress.com

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :