Après toutes ces bonnes vibrations vécues en quelques heures, il était temps pour moi d’assister à l’un des événements pour lesquels j’avais fait le voyage jusqu’à Angoulême : la conférence sur Alison Bechdel à l’occasion de la sortie et la présence de son dernier album C’est toi ma maman ? dans la sélection officielle du festival.
Interrogée par Jean-Paul Jennequin, l’auteur culte de Dykes to watch out for est revenue sur l’essentiel de sa carrière et s’est prêtée au jeu des questions du public. Je reviendrai également sur cette conférence dans un autre billet, vidéos à l’appui 😉 .
La conférence terminée, j’en ai profité pour l’accoster et je peux dire que sa disponibilité n’a d’égal que son talent et son impact bénéfique sur la culture queer. Ce fut un grand moment, court mais très marquant pour la lectrice et la supportrice que je suis. Elle aussi a désormais entendu parler du TLGB, je ne sais pas si c’est une bonne chose mais j’espère qu’elle osera jeter un œil sur ma modeste contribution au sujet…
Lors de ce petit week-end, l’un des contrastes qui m’a le plus frappé (bien que dans mon souvenir, il y a 8 ans c’était le même bordel, l’une des raisons pour laquelle j’avais déserté cette manifestation) c’est la différence de fréquentation entre le vendredi et le samedi, humainement envisageable pour le premier jour, totalement inconcevable pour moi pour le second. Et pourtant, j’ai bien été forcée de me faire un chemin parmi les festivaliers, avec mon carnet de route si exigeant…
Voici un petit aperçu du décor de cette 41ème édition :
Je consacrais le début de ma seconde journée à une autre conférence, menée comme à son habitude d’une main de maître par notre ami Xavier Fournier qui rendait hommage au grand Carmine Infantino dont l’éminente carrière méritait vraiment un coup de projecteur. C’est une excellente chose de l’avoir choisi lui plutôt qu’un Stan Lee ou qu’un Jack Kirby dont on nous rabat les oreilles à longueur de temps (ce n’est pas une critique, mais ils ne sont pas les seuls à avoir façonné le petit monde des comics, je pense que montrer d’autres génies au grand public est une nécessité). Ce fut une intervention très intéressante dont je vous reparlerai également très bientôt (et bien décidément j’en ai des choses à vous montrer !)
Un sandwich poulet moutarde (avec un semblant de salade) plus tard, je prenais mes marques pour affronter une éventuelle cohue pour la dédicace de Cameron Stewart au stand Ankama. A ma grande surprise je me retrouvais seule en compagnie d’un autre admirateur dans la rangée de l’artiste, l’occasion était trop belle pour lui demander non pas une, mais deux dédicaces !
Sous ses faux airs de bûcheron (en même temps quoi de plus normal pour un Canadien, n’est-ce pas ? Et bien oui, moi aussi j’ai le droit d’avoir des idées toutes faites) et sa grosse voix, Cameron Stewart est un artiste d’une très grande finesse dont je ne me lasse pas d’apprécier les travaux.
Evidemment, je lui ai posé quelques questions sur son nouveau projet, Niro, dont je vous avais déjà montré une preview il y a quelques temps déjà. Et bien figurez-vous qu’il faudra attendre 2015 pour lire quelque chose de concret, l’artiste est actuellement sur des projets pour Marvel et Dark Horse (notamment sur B.P.R.D.). Il m’a également dit qu’il avait complètement redessiné toutes les planches qu’il avait déjà dévoilé, et que Niro serait 4 fois plus long que Sin Titulo qu’il avait mis 6 ans à terminer… Par contre il ne s’agirait pas d’un web comic comme ce fut le cas pour son oeuvre précédente, mais plutôt d’un comic numérique disponible sur son site au tarif de 0.99 cents chaque numéro.
Je vous ferai partager d’autres grands moments très bientôt, les fans de Love and Rockets peuvent d’ailleurs déjà préparer la boite de kleenex où le défibrillateur. Moi il a encore fallu que je passe la serpillière.
Pour le choix de Carmine Infantino comme sujet de la conférence de Xavier, cela s’est fait de la manière suivante : je voulais que Xavier fasse une conférence sur les comics et nous avons discuté du sujet ; il regrettait qu’il n’y ait pas eu d’hommage à Carmine Infantino lors du festival qui avait suivi son décès et pensait qu’il était trop tard ; je pense qu’il n’est jamais trop tard pour parler d’un auteur et que le programme des conférences ne doit pas subir les diktats de l’actualité, et comme le sujet semblait tenir à cœur à Xavier, l’affaire a été conclue.
Je suis tout à fait d’accord sur le fait qu’il faille parler d’autres auteurs de comics que les seuls Lee et Kirby. Le problème était d’identifier dans l’intitulé des conférences un sujet susceptible d’intéresser les amateurs de comics. Je pense avoir trouvé la solution en créant une catégorie « Maîtres du comic book » qui apparaît dans les différents programmes mis à la disposition du public. (J’en ai profité aussi pour tester une catégorie « Maîtres du manga » dans l’intitulé de conférences consacrées à Shôtarô Ishinomori et Moto Hagio.) L’effet de reconnaissance semble fonctionner.
Tiens je tombe par hasard et très tardivement sur ce commentaire mais il s’y glisse une petite erreur de chronologie cher Jean-Paul, car le FIBD 2014 est bien celui qui faisait immédiatement suite à la disparition d’Infantino. 😉 Je pense qu’il y a une confusion avec une discussion lors du FIBD 2013, où je regrettai de ne pas voir le moindre coin de table consacré à la disparition de Joe Kubert. Tu est revenu vers moi quelques temps plus tard en me parlant d’une conférence Kubert pour 2014 et comme Infantino venait de décéder (dans l’été 2013) j’ai pensé que l’occasion s’y prêtait plus. C’est un détail, mais l’hommage à Infantino faisait bien directement suite à ce décès.