La conférence !

« We can do it  » : la grande histoire des héroïnes dans la bande dessinée américaine

Introduction : Quand j’étais petite, j’étais Supergirl ! 

1 SupergirlIl était une fois, une petite fille blonde comme les blés et aux yeux verts malicieux qui avait du mal à se reconnaître dans les héroïnes que la culture populaire daignait lui mettre sous la dent. Ce n’était pas faute d’essayer de rentrer dans le moule mais Barbie et Candy ne faisaient pas l’affaire, la petite fille blonde rêvait d’aventure, de voyages dans l’espace et dans le temps, de monstres baveux ou de savants fous qu’elle aurait vaillamment combattu, et surtout du regard émerveillé des milliers de gens qu’elle aurait sauvé d’un tremblement de terre, ou pire encore, de Mothra, la mite géante !
Et puis, elle apparut. Venue de nulle part, et vêtue de son costume flamboyant, elle volait à la vitesse de la lumière, pouvait soulever un camion rien qu’avec son petit doigt (c’est fou comme l’imagination s’emballe quand on est gosse), pétrifier n’importe quel brigand rien qu’avec son souffle carbonique ou son regard de braise. Elle s’appelait Supergirl et en 1984 la petite fille blonde avait enfin trouvé un sens à sa vie : devenir la super héroïne la plus extraordinaire que le monde (qui se limitait à l’époque à son pâté de maisons) ait connu.
Mais à cette époque la petite fille blonde était bien loin de s’imaginer à quel point être une super héroïne n’était pas de tout repos. Car outre les tremblements de terre et les mites géantes, Supergirl et ses copines devaient faire face à des menaces bien plus pernicieuses, à savoir la censure, le machisme, le manque d’imagination de nombreux scénaristes, où au contraire les fantasmes surdimensionnés de dessinateurs facétieux.
Car tout au long de leur histoire, les femmes en collants (et en jupes) n’ont eu de cesse que de croiser le chemin d’artistes qui soit croyaient en elles et les emmenaient au bout d’elles même quitte à les faire vivre un sombre destin, soit ne savaient pas trop quoi faire avec elles et s’embourbaient dans des poncifs générationnels.
Et malgré cela, depuis tout ce temps nous les suivons toujours, pour leur beauté ou pour leurs pouvoirs, pour leur humanité aussi mais surtout pour leurs combats et leurs ennemis qui marqueront leur destin à jamais, qu’ils se nomment Le Joker ou le Don’t Ask Don’t Tell.
Voici donc non pas l’Histoire, mais une histoire de ces héroïnes et de ce qu’elles représentent dans l’imaginaire collectif, un message positif dont le pouvoir se diffuse bien au delà des pages d’un comic book.

Avant l’avènement des super héros :

A cette époque beaucoup de femmes travaillent dans l’industrie, on peut citer Nina Albright (Miss Victory), Ruth Atkinson (Millie The Model et Patsy Walker), Valerie Barclay, Toni Blum qui écrivent des histoires et créent des héroïnes courageuses, indépendantes, entreprenantes et intelligentes. Car contrairement à ce que l’on pourrait croire, des années 20 jusqu’à la fin des années 50, les filles sont plus nombreuses à lire des bandes dessinées que les garçons, et certaines de ces héroïnes vont servir de modèle à ces lectrices assidues.
2 Golden EyesL’une des pionnières du genre se nomme Nell Brinkley. L’une de ses séries les plus populaires est Golden Eyes and Her Hero Bill, commencée en 1918 et qui décrit les aventures de Golden Eyes, qui a suivi son bien-aimé Bill dans les tranchées de la Première Guerre Mondiale avec son fidèle chien, un colley appelé Oncle Sam. Ses histoires décrivent une héroïne pro-active qui conduit une ambulance de la Croix-Rouge et défie les officiers allemands pour sauver son fiancé. Dans d’autres histoires qu’elle a pu écrire, Nell va sensibiliser son lectorat au droit de vote pour les femmes, droit qui sera voté en 1920 aux Etats Unis.
Au cours de la période 1920-1940 les femmes qui n’ont pas les super-héros ont été principalement dépeintes de trois façons : les femmes carriéristes (Nellie the Nurse, Tessie the Typist, Millie The Model), les héroïnes de Romance Comics (Patsy Walker) ou de joyeuses adolescentes (Betty et Veronica).
Toutes ces héroïnes sont destinées à un public féminin, très important à cette époque.
3 Nellie the NurseDans Nellie the Nurse, l’héroïne est intelligente, quand elle travaille elle est vêtue d’un uniforme qui n’est pas trop moulant ou révélateur. Il n’y as pas d’image négative de la profession infirmière, Nellie se soucie de son travail et il est question qu’elle exerce ce métier pour des raisons financières plutôt que par vocation de s’occuper des autres.

Les héroïnes des années 40 :

Les filles de bonne famille :

Ce sont de riches jeunes femmes qui combattent le crime et qui ont toutes une identité secrète : Sandra Knight alias Phantom Lady, Dianne Grayton alias Spider Widow, Diana Adams alias Miss Masque, Marla Drake alias Miss Fury (elle débute en 1941 sous le nom de Black Fury) créé par Tarpe Mills, cette héroïne lui ressemble physiquement (elle qui porte un nom ambigu cachant le fait qu’elle soit une femme) et donne une approche plus réaliste que les héroïnes écrites par des hommes.
4 Miss FuryMarla Drake est une femme forte et déterminée qui mène sa vie comme elle l’entend, mais contrairement à ses comparses, qui semblent s’éclater à jouer les justicières masquées, elle le fait par la force des choses sans prendre aucun plaisir à avoir une double identité. Elle pense même que son costume en peau de léopard lui porte malheur.
Lady Luck alias Brenda Banks qui joue les Robin des Bois, comme Bruce Wayne son identité civile est une façade pour protéger son identité secrète

Les versions féminines :

Quand les héros ont besoin de renfort, ils font appel à leurs petites amies, leur costumes sont des versions féminines de ce que portent leur alter ego masculin : Hawkgirl qui est une version féminine de Hawkman, Doris Lee la girlfriend de Starman, Bulletgirl (la copine de Bulletman), Flame Girl (The Flame), Doll Girl (Doll Man).
Ces héroïnes se battent plus par amour pour leur homme plus que par désir de justice, de plus ce ne sont que des “filles” et non des “femmes” on a d’autant plus de mal à les prendre au sérieux contrairement aux “hommes”.

5 Mary MarvelL’exception se nomme Mary Marvel, qui est la sœur de Captain Marvel (Shazam), pas sa petite amie. C’est l’une des seules qui arrive à sortir de l’ombre de son héros de frère. De plus, alors que Billy Batson est un petit garçon qui se transforme en homme, Mary elle est une version améliorée d’elle même.
Mais alors que Captain Marvel possède les pouvoirs des dieux Grecs (la sagesse de Salomon, la force d’Hercule, l’endurance d’Atlas, la puissance de Zeus, le courage d’Achille et la vitesse de Mercure) Mary gagne la grâce de Séléné, la force d’Hippolyte, l’adresse d’Ariane, la vitesse et la faculté de voler de Zéphyr, la beauté d’Aurore et la sagesse de Minerve, le niveau n’est pas tout à fait le même…
Mary Marvel ressemble beaucoup à Judy Garland, sans doute pour attirer un lectorat féminin, elle semble trop occuper à aider les autres pour songer à avoir un petit ami.

Les Combattantes de la Liberté :

6 Miss AmericaPendant la Seconde Guerre Mondiale les femmes délaissent leurs fourneaux pour prendre part à l’effort de guerre, en construisant des avions et des bombes afin de protéger leur pays. Dans les comics c’est un peu la même chose, un groupe de jeunes filles patriotiques vont allier leurs forces pour défendre la Liberté
Ce sont les combattantes de la liberté : Wonder Woman, Miss America (la reporter Joan Dole qui obtient ses pouvoirs de la statue de la Liberté elle-même), Miss victory, Yankee Girl, mais aussi Black Cat (la star de cinéma Linda Turner), l’infirmière War Nurse, l’impitoyable aviatrice Black Angel.
Mais avec la fin de la Guerre l’intérêt pour ces héroïnes se fane, les lecteurs privilégiant désormais les Femmes Fatales venues des Films Noirs.

Les Glamoureuses :

Contrairement aux filles de bonne famille, les Glamours Girls ne sont pas des filles de la haute société, mais issues de la classe ouvrière. Par conséquent leurs vêtements n’ont pas été dessinés par de grands couturiers.
Les motivations de ces héroïnes se projettent souvent à l’encontre de leur petit ami ou du moins de l’homme qu’elles convoitent, même si elles doivent le faire en secret.
Créé en 1941 par Will Eisner, Phantom Lady va connaitre un relooking extreme par le dessinateur Matt Baker, lui faisant ressembler à Betty Page et changeant son costume original jaune et vert en une tenue bleue très échancrée et moulante. Son physique devient également beaucoup plus sexy, mis en valeur par les poses de l’héroïne adepte du bondage.

7 Phantomlady
Black Canary fait ses débuts en 1947, experte en arts martiaux et vêtue d’une perruque blonde et de bas résilles, c’est une vigilante qui infiltre des gangs de criminels afin de les amener à la justice. A la ville elle est Dinah Drake, une fleuriste qui va tomber amoureuse de l’un de ses clients,  l’inspecteur Larry Lance qui lui bien entendu a craqué pour la belle blonde.
Blonde Phantom alias Louise Grant est la secrétaire du détective privé Mark Manson et arrive toujours à s’éclipser discrètement et revêtir sa longue robe rouge pour venir en aide à l’homme qu’elle aime.
Ici encore, il faut que l’héroïne soit déguisée ou masquée pour qu’elle devienne désirable.

Les femmes fortes :

8 SheenaLes comics vont s’inspirer des plups pour créer leurs personnages féminins, mais aussi de romans très populaires comme ceux de Tarzan d’Edgar Rice Burroughs et Rima, the Jungle Girl dans le livre Green Mansions: A Romance of the Tropical Forest de William Henry Hudson qui mêlent exotisme et erotic fantasy.
C’est ainsi que naît Sheena, Queen of the Jungle, créé par Will Eisner dont les première aventures seront publiées dans le magazine Wags en 1937 puis Jumbo Comics #1 pour Fiction House l’année suivante. Sheena devient la première héroïne à avoir son propre titre. Elle va se mesurer à des braconniers, des chasseurs de trésor, des scientifiques sournois, ou des despotes.

9 Wonder Woman Moulton

En 1940, William Moulton Marston, docteur en psychologie connu pour ses travaux sur ce qui allait devenir le détecteur de mensonge est engagé par DC Comics en matière de consultant, grâce à un article intitulé Don’t Laugh at the Comics publié dans les pages du magazine Family Circle et particulièrement apprécié par Max Gaines. En effet dans cet article, Marston prônait les vertus éducatives des comics souvent snobés par les intellectuels.
Inspiré par sa femme Elisabeth qui lui suggère de créer un personnage féminin, il donne le jour à Wonder Woman dans le but de donner aux jeunes lectrices un idéal et de leur permettre de croire en elles. Fervent partisan de la doctrine psychologique du «vivre, aimer et rire», il avait prédit qu’un temps viendrait où les femmes dirigeraient le pays en politique et dans les affaires.
Mais à la mort de Marston, Wonder Woman va devenir beaucoup moins concernée par l’intéret des femmes, et plus par celui de Steeve Trevor. De plus Frederic Wertham va la suspecter de donner une image inappropriée pour les lectrices dans son livre Seduction of the Innocent :

“Pour les garçons, Wonder Woman est une image effrayante. Pour les filles, elle est un idéal morbide … Wonder Woman a sa propre bande de groupies … Ses adeptes sont les «Holliday Girls», c’est à dire des filles homosexuelles. Wonder Woman se réfère à elles en disant «mes filles». Leur attitude vis à vis de la mort et du meurtre mélange ’insensibilité des crime comics et la timidité de douces petites filles.”

Les tentatrices :

10 Catwoman

Dans les années 40 Catwoman fait office de nemesis et de tentatrice pour Batman. Elle n’est pas aussi puissante que Wonder Woman mais elle tire ses atouts de son pouvoir de séduction. A l’époque elle se fait appeler “l’impératrice du crime” et la “reine de la pègre”. Elle représente la seule sorte de nature sexuelle qu’une femme peut avoir dans les comics : cruelle, interdite et terrifiante.
Contrairement aux filles (les “girls”) qui officient dans les comics, elle est une femme offrant à Batman un désir interdit, ou du moins différent de ce que les rumeurs prétendent déjà à l’époque à son sujet. Elle est le contrepoint libidineux de ce que Batman est sensé représenter : l’homme logique et stoïque accomplissant avant tout son sens du devoir.
Voici comment Frederic Wertham considère Catwoman : “Un personnage féminin typique est Catwoman, qui est vicieuse et utilise un fouet. L’atmosphère est homosexuelle et anti-féminine . La fille a beau être belle, elle est sans aucun doute la méchante.”

11 Romance ComicsLa fin des années 40 voit aussi l’apparition des Romance Comics, genre qui cible un public féminin dont les histoires décrivent des héroïnes éperdues, à la recherche du grand amour, ou basées sur des témoignages issus de courriers des lectrices. La guerre est finie et les héroïnes ont fait leur boulot, mais elles ont désormais le droit d’être considérées pour ce qu’elles sont : des créatures que l’on aime pour leur beauté avant tout.
Ce qui va engendrer une pléiade de personnages plus glamours les uns que les autres, jusqu’à ce que le Comic Code Authority en 1954 vienne réguler les excès de l’industrie en instaurant une ligne de conduite : “La nudité sous n’importe quelle forme est interdite, de même que l’exposition indécente ou excessive. L’illustration suggestive et salace ou les postures suggestives sont inacceptables. Les femmes doivent être dessinées de façon réaliste, sans exagération de toutes qualités physiques.”
Après avoir été redessinée dans des proportions plus acceptables, Phantom Lady sera purement et simplement remerciée en 1955.

Les héroïnes des années 50 :

Les personnages de soutien : 

Dans les années 50, la politique éditoriale officielle de DC parle des personnages féminins de la façon suivante : “L’inclusion des femmes dans les histoires est spécifiquement déconseillée. Les femmes, lorsqu’elles sont utilisées dans la structure de l’intrigue, doivent être d’une importance secondaire”.
12 BatwomanEn 1954, Seduction of the Innocent met également à mal la relation entre Batman et Robin en la qualifiant d’homosexuelle. En 1956 DC Comics réagit en créant le personnage de Batwoman, qui contrairement à Catwoman fait partie des gentils (Catwoman ne correspond pas non plus a la vision régie par la CCA, elle disparaît en 1955).
Batwoman idolâtre Batman, elle va aussi se servir de sa fortune pour combattre le crime, elle a même une Batcave mais la ressemblance s’arrête là puisque ses gadgets sont composés de rouge à lèvres, far à paupière et parfum. De plus, son costume est très coloré et elle se déplace sur une moto rouge,  on a donc du mal à la prendre au sérieux. Quand ils se voient pour la première fois, Batman lui dit que combattre le crime est trop dangereux pour une femme.
Par extension, c’est le message qui est lancé à l’ensemble des femmes qui souhaitent avoir une carrière professionnelle à cette époque : “Tu ferais mieux de rester à la maison”.
Car le rôle de la femme dans les années 50 est d’être totalement dévouée envers son mari, sa maison et sa famille, celles qui oseraient dévier du droit chemin ont forcément une vie vide de sens.

13 Supermans Girlfriend Lois LaneLois Lane est depuis ses début l’incarnation de la femme carriériste toujours à la recherche du prochain scoop, mais dans les années 50 son autre but dans la vie sera celui de devenir Mrs Superman. En 1957 elle obtient son propre titre Superman’s Girlfriend Lois Lane, un savant mélange de romance et d’aventure qui tente de séduire le lectorat féminin. En fait le comics Lois Lane ne fait que raconter les aventures de Superman mais du point de vue de Lois.
La Lois des années 50 est une enfant gâtée et capricieuse qui est sans cesse mise en garde et réprimandée par Superman et sa figure paternaliste.
Alors qu’une femme avec un tel statut social et de telles responsabilité devrait être dépeint avec un minimum de respect, Lois est dépeinte comme une sorte de groupie de super héros, sans cervelle qui est prête à tout pour gagner les attentions de Superman. Elle fouine en permanence pour trouver le secret de la véritable identité de Superman, plus d’une fois dans l’espoir de faire chanter l’homme d’acier en le menaçant de révéler son identité s’il n’accepte pas de l’épouser. Elle se livre même à des Catfights avec sa rivale Lana Lang. Superman allait la déjouer au moyen de ses super pouvoirs et basiquement sa supériorité masculine, cherchant généralement à l’humilier publiquement dans le processus.

Les héroïnes des années 60 :

Deux éditeurs et deux visions différentes de la femme :

Les héroïnes des années 60 sont des jeunes filles d’une vingtaine d’années, blanches et issues de la classe moyenne supérieure qui sont parties de leurs banlieues résidentielles pour rejoindre la grande ville et vivre des aventures super héroïques. Elles se différencient des filles de bonne famille des années 40 qui se battaient juste pour le fun par le fait qu’elles agissent et sont influencées par un homme plus âgé faisant parti de leur entourage proche. De plus, elle font partie d’une équipe où elles sont la seule représentante féminine.
Leurs pouvoirs qui sont bien en dessous de leurs comparses masculins ne servent la plupart du temps qu’à servir de distraction ou de leurre pour que ceux-ci puissent intervenir.
Ici encore on les retrouve sous l’appellation de “Girls” et à la ville ont des rôles traditionnels de femmes au foyers, ou de secrétaires. Quand elles ne combattent pas le crime, elles vont passer leurs temps à boire du thé, faire du shopping, ou lire des magazines de mode.

14 Susan Storm
Susan  Storm alias Invisible Girl va jouer à la fois le rôle de la mère et de la fille au sein des Fantastic Four. Consolant sont ami Ben Grimm ou réprimandant son plus jeune frère Johnny, elle sera également la confidente et la supportrice de son fiancé le brillant Reed Richards, lui apportant une tasse de café et les mots d’encouragement qui vont avec. Elle est vraiment pour le coup la fille invisible toujours dans l’ombre de ses coéquipiers et sous le regard paternaliste de son fiancé. Plus tard Richards trouvera le moyen d’améliorer ses pouvoirs lui donnant la capacité de créer un champ de force invisible.
Janet Van Dyne est une jeune fille frivole dont le père est un scientifique qui a été tué par une créature alien, elle demande de l’aide au scientifique Hank Pym, celui-ci lui révèle qu’il est Ant Man et lui donne les moyens d’assouvir sa vengeance en la transformant en sa nouvelle partenaire, The WaspJanet tombe rapidement amoureuse de Hank bien qu’il soit plus âgé. Elle va rejoindre l’équipe des Vengeurs et ses pouvoirs se résument voler autour de ses ennemis et leur envoyer des décharges électriques.
Invisible Girl et The Wasp sont de très jolies jeunes femmes en couple avec des hommes à l’intelligence supérieure, lorsqu’elle vont de marier, elle vont échanger pendant un temps leur rôle de super héroïnes en femmes au foyer.

15 Jean Grey

Comme ses congénères, la vie super héroïque de Marvel Girl est régie par un homme plus âgée qu’elle, le Professeur X. Comme ils ont tous les deux le même pouvoir, ils sont très proches faisant d’elle son assistante et sa confidente.
Vers la fin des années 60 les femmes vont aspirer à plus d’indépendance, ce qui na va pas se retrouver dans les pages des comics Marvel tout de suite. C’est du côté de chez DC que les héroïnes ont un meilleur traitement à cette époque, elles sont libérées et se suffisent à elles même.

16 BatgirlBatgirl est un personnage qui a été créé au départ pour la télévision, afin de booster l’audience de la série télé Batman qui en était à sa troisième saison et amener un public féminin.
Elle s’inscrit dans la tradition des vigilante des années 40. Barbara Gordon est une femme indépendante qui travaille comme bibliothécaire. Ses origines ressemblent beaucoup à celle de Miss Fury, alors qu’elle est en route pour un bal masqué elle tombe sur une bagarre entre Batman et Robin et un criminel. Cette expérience va l’inciter à s’entrainer, se confectionner ses propres gadgets afin de devenir une justicière. Comme pour Batwoman, Batman reste toujours très sceptique sur le fait qu’une femme puisse être une justicière.
La différence entre Batgirl et la plupart des héroïnes des années 60 est qu’elle n’a rien à prouver à ses alter ego masculins. Elle ne combat pas le crime par amour ou dans l’espoir de sortir avec Batman, elle n’a même pas besoin de sa protection.

17 Wonder WomanWonder Woman est celle qui va subir le plus de transformation à cette époque, pour relancer la série qui risque d’être annulée, DC décide de lui retirer tout les attributs qui la caractérisait jusqu’alors : son costume et ses pouvoirs.
En 1968, elle devient Diana Prince, désormais une humaine qui tient un magasin de mode dans le Lower East Side de New York, adepte des arts martiaux. Ce nouvel était vient du fait qu’elle a choisi d’abandonner son statut d’Amazone par amour pour Steve Trevor pour devenir une simple mortelle suite au départ de ses soeurs dans une autre dimension.
Mais Steve est tragiquement tué, c’est en déambulant dans les rues de Lower East Side qu’elle rencontre I Ching (c’est la première fois que Wondie a une figure paternelle) un maître en arts martiaux aveugle qui va lui enseigner l’art du combat. Elle devient une James Bond au féminin se mesurant à des scientifiques machiavéliques et flirtant avec des hommes dangereux dans des endroits exotiques. Directement inspirée du personnage d’Emma Peel de la série Chapeau Melon et Botte de Cuir, Wonder Woman a beau avoir perdu ses pouvoirs, elle gagne en profondeur et en personnalité car elle est plus humaine.
Mais cette nouvelle image de l’héroïne est loin de convaincre les représentantes de la pensée féministe de l’époque comme Gloria Steinem qui exige que Wondie redevienne l’icône qu’elle a toujours été.

Les héroïnes des années 70 :

La femme libérée : 

Dans les années 70 un vent de liberté souffle pour les héroïnes de comics.
18 VampirellaCelle qui va symboliser la libération des mœurs se nomme Vampirella, dont le costume ultra sexy est imaginé par l’auteure de comics underground et féministe Trina Robbins. Les aventures de la femme fatale venue de la planète Drakulon vont faire fantasmer des hordes de jeunes (voir très jeunes) lecteurs. Elle va être la figure de proue d’une nouvelle vagues d’héroïnes à la sexualité libérée et au pouvoir de séduction jusque là insoupçonné.
A l’image de Vampirella et des héroïnes dites libérées, beaucoup de personnages féminins vont voir leurs costumes se modifier pour laisser apparaître leurs formes généreuses.
Black Widow fait partie de ces personnages dont le costume reflète l’indépendance et le goût pour l’aventure et le danger. En 1973 la très rangée Susan Storm quitte Mr Fantastic en prenant leur enfant pour tomber dans les bras du Sub Mariner.

19 Red SonjaUn autre exemple dans le même style s’appelle Red Sonja une guerrière que nul homme ne peut dompter mais qui va devoir porter un bikini d’acier pour le plus grand bonheur des lecteurs du monde entier. Alors certes, le bikini argenté favorisa grandement à rendre populaire notre guerrière hyrkanienne, mais elle était également considérée par les responsables de Marvel comme une incarnation du féminisme, la belle rivalisant avec les plus grand guerriers et se déclarant fièrement comme l’égale des hommes.

Les folles furieuses : 

Parallèlement, l’idéologie féministe commence à faire son incursion dans l’industrie (mais pas forcément de la meilleure des manières) par l’intermédiaire du personnage de Valkyrie. C’est en Décembre 1970 qu’elle apparaît pour la première fois dans Avengers #83, sous le titre évocateur The Revolution’s Fine. La couverture en elle même est assez iconique, on y voit les personnages masculins terrassés et inertes, sous la domination et la fierté de l’héroïne qui se déclare être à la tête des Lady Liberators, une équipe constituée exclusivement de femmes : Wasp, Black Widow, Medusa, et Scarlet Witch.
20 ValkyrieC’est dans cet épisode que Valkyrie relate son histoire, elle doit ses pouvoirs à une expérience scientifique qui a mal tourné et qui est surtout à l’origine d’une suffisance et d’une arrogance typique de la gent masculine. Elle arrive ainsi à persuader les autres héroïnes de se rallier à elle, de prendre en main leur destin et de s’affranchir du joug phallocrate de leurs coéquipiers. Mais tout ceci n’est qu’un leurre. Valkyrie s’avère être l’Enchanteresse, une ennemie de longue date des Vengeurs qui cherchait en fait à prendre le pouvoir sur les hommes. Celle-ci va bien évidemment voir ses projets anéantis, et les rebelles d’un jour reprendre leur place de second rang.
Ce numéro est une succession de mauvais points pour la cause féministe, Wasp faisant référence au Liberators comme d’une réunion Tupperware contestataire (le terme exact est « Powderpuff Protest Meeting »), et donne l’impression qu’au final les femmes se font facilement embobiner. Mais malgré cela, les propos de Valkyrie/Enchantress n’en sont pas moins véridiques, les super héroïnes ne sont que de pales figurantes face à l’omnipotence de leurs coéquipiers masculins, hors ce qu’elle désire n’est pas l’égalité ou la parité mais bel et bien un désir de vengeance issu d’un esprit déséquilibré. Comment prendre alors au sérieux ce genre de personnage et surtout le mouvement qu’elle symbolise ?
Valkyrie est souvent considérée comme étant l’anti Wonder Woman : L’image du Féminisme hargneux et vengeur de Valkyrie-correspondant aux idées véhiculées par les courants issus des années 70-est bien différente de celle prônée par Wonder Woman, basée sur le volontarisme et l’aspect positif de toutes actions menées par les femmes. Dans les deux cas les deux héroïnes sont des libératrices mais renvoient une image bien différente.

21 FemizonsLe féminisme, Marvel-style, est présenté comme quelque chose d’effrayant, rude et peu attractif. On peut citer par exemple les Femizons parues dans le premier numéro de la publication Marvel « M for Mature », Savage Tales. Une société entière de femmes psychotiques militantes et violentes évoluant au 23è siècle avec beaucoup de connotations lesbiennes jetées pour faire bonne mesure. Les hommes sont quant à eux revenus à l’âge de pierre. Lyra, l’héroïne de l’histoire est une femme qui nourrit le secret désir où il y aurait encore des hommes pour lesquels elle pourrait faire la couture et la cuisine. C’est Stan Lee qui est au scénario, on l’a connu plus inspiré.

22 CatwomanLa plupart des scénaristes masculins ne prennent donc pas le mouvement féministe de l’époque vraiment très au sérieux. En 1969 Catwoman est à la tête d’une bande de harpies appelée les Feline Fury qui  commettent des méfaits au nom de la libération de la femme. Au final son amour pour les bijoux volés aura raison de cette guerre des sexes, comme si le féminisme était une mode comme une autre.

A cause de leurs natures agressives et de leurs forte personnalité bon nombre de ces héroïnes ont d’abord été considérées comme des menaces, on l’a vue avec Valkyrie c’est aussi le cas avec Big Barda, (photo) une femme au physique colossal créé par Jack Kirby et vivant sur la planète Apokolips. Dans sa jeunesse elle a été une lieutenant des redoutables Female Furies (les folles Furieuses en Français) la redoutable garde rapprochée de Darkseid. Elle est désormais aux côtés de Scott Free, alias Mister Miracle le maître de l’évasion. Avec son allure de déménageuse vétue d’une armure en acier trempé, son duo avec le gracile Scott Free (qui pour le coup représente la part féminine) dénote et offre un couple inversé comme on en a rarement vu dans les comics.    

23 Big Barda

24 Power GirlL’une des grandes bouches (entre autre) de cette époque se nomme Power Girl, une héroïne forte, sure d’elle, et qui n’a pas sa langue dans sa poche face un camarade masculin. Elle refuse d’être considérée uniquement comme la cousine de Superman, refusant de porter son symbole sur sa poitrine, paradoxalement c’est cette absence de symbole qui va la rendre célèbre. Voulant à tout prix être l’égal des hommes, c’est justement son costume qui va limiter la portée de son message auprès des lecteurs masculins.

C’est à cette époque que les comics commencent à être pris au sérieux et que ce medium n’est plus uniquement destinés aux enfants. Des thèmes sérieux sont abordés comme la dépendance à la drogue, le racisme, la pauvreté…

Les femmes et la question de la diversité :

25 Lois-laneL’une des héroïnes qui va en faire l’expérience et ainsi faire passer un message de tolérance est Lois Lane en 1970 dans sa série Superman’s Girlfriend Lois Lane dans une histoire intitulée I’m curious (Black) dans laquelle la reporter va infiltrer le ghetto noir de Metropolis grâce à l’aide de Superman, souhaitant obtenir le prix Pulitzer. Il la transforme en une femme noire le temps de 24 heures et la capricieuse Lois va ainsi découvrir ce que c’est d’être une personne de couleur (qui plus est une femme) et redescendre sur terre.

De même quand on parle de Scarlet Witch et de sa relation avec la Vision c’est une métaphore sur ce que les couples inter raciaux pouvaient vivre à l’époque.

26 Storm

Mais celle qui représente le plus les années 70 est certainement Storm, la première super héroïne afro-américaine, à une époque où les femmes noires envahissent les couvertures de magazines et le cinéma populaire comme la Blaxploitation. Storm fait partie de cette génération d’héroïnes qui portent un nom de guerre au lieu de finir par Girl. Comme Power Girl elle veut être l’égale de ses coéquipiers et ne va pas tomber amoureuse du premier homme qui va croiser son chemin. C’est Chris Claremont grand contributeur pour ce qui est de l’existence des femmes fortes dans les comics qui va façonner le caractère et les origines complexes de l’héroïne. Au départ considérée comme une véritable déesse pour les tribus qu’elle protège en utilisant ses pouvoirs, il va jusqu’à remanier ses origines pourtant toutes fraiches, souhaitant ainsi éviter à son personnage de devenir une énième Jungle Girl comme ses copines Sheena, Shanna ou Rima, pour en faire une héroïne résolument contemporaine.

Une femme c’est fait pour en baver : 

27 PhoenixChris Claremont est aussi celui qui va métamorphoser Jean Grey alias Marvel Girl en une héroïne beaucoup plus puissante et beaucoup plus torturée appelée Phoenix.
Tout commence en 1975, l’équipe des X-Men s’agrandit lors du hors-série Giant-Size X-Men #1, Len Wein et Dave Cockrum en sont les architectes rapidement secondés par Chris Claremont au scénario à partir d’X-Men #94. C’est à ce moment que Jean décide de quitter ses compagnons (et son amoureux), l’idée de Claremont était de la faire disparaître pendant quelques mois puis de la faire revenir avec de nouveaux pouvoirs, un nouveau look beaucoup plus mature mais aussi beaucoup plus de consistance. Pour les mêmes raisons il va la condamner dans une mission suicide se déroulant dans l’espace qui causera la perte  de la Jean Grey que nous connaissions jusqu’alors. Elle meurt irradiée et se réincarne en une entité cosmique appelée Le Phénix.
Phoenix est la première super héroïne a atteindre une si grande puissance, elle est capable de lire dans les esprits, déplacer des astéroïdes hors de leur orbite, voyager à traverser la galaxie. Mais ce pouvoir va la consumer de l’intérieur, la rendant insatiable. L’idée de Claremont était de montrer au fil des épisodes la lente intoxication de l’héroïne qui allait se laisser s’enivrer par tant de pouvoir et se laisser dominer par le côté obscur.
Lorsqu’elle tombe sous le joug de Mastermind dans X-Men #122, qui réussit à la manipuler et la corrompre totalement, l’enfermant dans une vision altérée d’un monde issu du 18ème siècle, et faisant d’elle sa Reine Noire, Jean finit tant bien que mal par se libérer et reprendre le contrôle de son esprit, mais le traumatisme provoqué par la perte temporaire de sa personnalité va la pousser à se transformer en une nouvelle forme de Phénix : Le Phénix Noir, entraînant de ce fait la saga du même nom.

Cette descente aux enfers est une parabole sur les fléaux qui ont touché la fin des années 70 et le début des années 80, engendrés par les excès de la drogue et du sexe dans certains milieux et se développant ensuite dans les autres couches de la population.

28 Ms MarvelMais la mise à mal d’une héroïne pour la rendre plus consistante n’est pas toujours une entreprise réussie. En 1977 Ms. Marvel n’est plus une agent du gouvernement comme par le passé mais une héroïne dans l’air du temps, indépendante et libérée. Elle est rédactrice en chef du magazine Woman et qui fait ouvertement référence à Gloria Steinem, journaliste féministe et fondatrice du journal Ms. créé 5 ans auparavant. Même si elle garde le nom de son mentor, elle n’a plus rien avoir avec lui. Carol Danvers devient rapidement une icône pop de la cause féminine dont les influences sont sciemment issues du mouvement féministe en plein effervescence à cette époque.
Malgré ce bel effort, de nombreux détails permettent de douter de la véritable indépendance de notre belle héroïne : son costume est calqué sur celui de Captain Marvel, son sixième sens fait penser à celui de Spider-Man et ses pouvoirs la rendent amnésique au point qu’elle ignore totalement de sa double identité. Le problème est que les scénaristes ne savent pas trop quoi faire avec elle. Lorsque sa série est annulée et qu’elle rejoint les Avengers, elle porte déjà son nouveau costume plus sexy qui était apparu afin d’attirer de nouveaux lecteurs. Elle reste cependant un personnage mineur n’arrivant pas à trouver sa place parmi tous ces super héros. A partir de là l’héroïne va subir un pur cauchemar rétrograde et malsain, excusez du peu, Carol découvre soudainement qu’elle est enceinte de trois mois, et à l’issue cette grossesse pour le moins accélérée naîtra un garçon nommé Marcus, qui grandira tout aussi rapidement. Le fait de tomber enceinte sans savoir comment n’est pas en soit un problème, c’est plutôt vieux comme le monde. Mais pour résumer ce grand WTF on apprend au final que Ms. Marvel s’est fait kidnapper, droguer, violer et met au monde la réincarnation de son agresseur. Et si cela ne suffisait pas, et bien elle fini par partir avec lui.

Les héroïnes des années 80 :

Le calvaire continue : 

Les années 80 amènent leurs lots d’histoires qui vont devenir de plus en plus violentes avec des personnages torturés à souhait. L’une d’entre elle se nomme Elektra, qui va réussir à booster les ventes de la série dans laquelle elle apparaît : Daredevil. Ex petite amie de Matt Murdock, c’est le meurtre de son père qui va faire d’elle une tueuse impitoyable entraînée par une organisation de ninjas assassins. Lorsqu’elle retrouve son ancien amant devenu entre temps le justicier Daredevil, tout est réuni pour cette histoire d’amour impossible et tragique soit un succès. Elle va d’ailleurs mourrir dans ses bras, poignardé par l’un de ses rivaux, Bullseye.

29 Killing JokeMais celle qui va vécu le sort le plus tragique à cette époque est Barbara Gordon dans le one shot Batman : The killing Joke. Alors qu’elle profite d’une soirée en compagnie de son père dans son appartement, le Joker va faire irruption et lui tirer dessus, puis la déshabiller et prendre des photos d’elle alors qu’elle se tord de douleur sous les yeux de son père. Barbara se réveille à l’hôpital et apprend qu’elle est paralysée à vie. La jeune femme pour qui tout réussissait (carrière et vie super héroïque) voit sa vie se transformer en cauchemar grâce à Alan Moore.
Mais après plusieurs mois d’entraînement et de convalescence, elle revient avec un nouveau nom et une nouvelle mission. Barbara va devenir une experte en piratage informatique et en renseignement au service de Batman et des justiciers de Gotham.
Les fans de Batgirl ont eu du mal à se remettre que leur héroïne préféré subisse un tel sort. Mais en tant qu’Oracle, Barbara était beaucoup plus puissante qu’elle ne l’a jamais été dans un costume de super héroïne, impitoyable, froide et manipulatrice, laissant ses émotions de côté comme le ferait Batman.

L’héroïne forte et la dérision : 

30 The Sensational She HulkLe personnage de She-Hulk va apporter un vent de légèreté, tout comme Spider Woman, elle a été créée pour des raisons juridiques, afin de ne pas laisser un nom lié à un personnage masculin déjà existant entre les mains de la concurrence. Alors que Hulk est qualifié d’Incroyable, She-Hulk est Sauvage. Mais contrairement à son cousin, elle va se servir consciemment de sa faculté sans en être la victime. Exploitée en deux séries bien distinctes (Savage et Sensational) She-Hulk est un personnage constamment tiraillé entre passion et raison et non une simple créature rugissante et sans intérêt. Jennifer Walters est une femme dans l’air du temps, une working girl qui essaie de conjuguer vie professionnelle et sentimentale.
En 1989 John Byrne la remet en selle dans une nouvelle série qui fait date et reste encore un classique pour son approche particulière : The Sensational She-Hulk.
Le scénariste/illustrateur va appréhender son héroïne d’une manière totalement décalée et humoristique. Il brise à maintes reprises le quatrième mur entre le personnage et le lecteur et fait fi des règles élémentaires de l’art séquentiel où She-Hulk parvient à s’échapper en trouant le papier dans lequel elle est enfermée, interpelle même son auteur en lui criant dessus et critiquant sa manière d’écrire et de dessiner. Byrne s’amuse également avec le Comic Code en parodiant la célèbre photo où Demi Moore pose nue alors qu’elle est enceinte et joue avec la nudité et le sex-appeal de son héroïne.
Les deux grandes séries dédiées à She-Hulk ont donc abordé la belle Jennifer Walters de manière totalement différente : épique et dans la grande tradition des titres Marvel, ou carrément barrée et portée par le génie d’un auteur culte. L’une apporte des bases solides d’un personnage entier au sex-appeal indéniable et la seconde impose encore plus la notion de « Strong Female Character »  alors qu’à l’époque commençait à pointer son nez l’horrible ère des Bad Girls et de leurs atouts pulmonaires.

Du côté des comics indé : 

31 Maggie Hopey

Mais les super héroïnes ne sont pas les seules à peupler les pages des comics, bien qu’elles soient très nombreuses, des héroïnes plus réalistes vont marquer toute une génération de lecteurs.
Maggie et Hopey sont les héroïnes de la série Love & Rockets, de Jaime Hernandez qui  raconte la vie de Marguerite Luisa « Maggie » Chascarillo et Esperanza Leticia « Hopey » Glass, de leurs années d’adolescentes punks vivant à Hoppers, leur quartier latino situé en Californie, jusqu’à leur quarantaine. Bien que la plupart du temps réalistes, les histoires au début (surtout sur l’arc intitulé Music for Mechanics) contenaient des éléments de science-fiction tels que des dinosaures et des aéroglisseurs, tandis que d’autres font référence à l’univers des matchs de catch mexicain très pittoresques.

32 Halo JonesHalo Jones est l’héroïne principale d’un comic-book d’Alan Moore et Ian Gibson intitulé The Ballad of Halo Jones et publié à partir de juillet 1984 dans les pages du magazine  britannique 2000 AD. « La Ballade de Halo Jones » nous raconte les aventures d’une jeune femme blasée du 50ème siècle qui décide de prendre sa vie en mains.
Souvent définie comme l’une des premières œuvres féministes de science-fiction, «La Ballade de Halo Jones » est surtout un cri de révolte unisexe incarné par une femme plus qu’un réel pamphlet féministe… On y retrouve toutes les révoltes de Moore, qu’elles soient sociales, morales, économiques ou géopolitiques…

Les héroïnes des années 90 :

Des Babes, et des Femmes : 

Les années 90 marquent l’arrivée d’un nouveau genre d’héroïnes, appelées Babes ou Bad Girls, influencées par la représentation des femmes dans les médias de l’époque (Baywatch) et la starification de mannequins comme Naomi Campell, Claudia Schieffer, ou Cindy Crawford. Elles coïncident aussi avec l’arrivée d’un nouvel éditeur : Image ou les dessinateurs sont eux mêmes considérés comme des super stars (Jim Lee, Rob Liefeld). C’est l’époque où des jeunes filles de 15 ans (Gen 13) ont des physiques de déesses hypersexualisées titillant le plus stoïque des lecteurs, et où  même Susan Storm ose le boob window sur son costume.
Bon nombre d’héroïnes vont voir leur physique modifié : Psylocke, Wonder Woman, Supergirl tandis que d’autres vont évoluer dans des vêtements de la taille d’un mouchoir de poche ou en tout cas aussi infime que la profondeur des scénarios dans lesquels elles officient.

33 Psylocke

Chaque année on a désormais droit à son édition Swimsuit Special regroupant de nombreuses héroïnes en maillot de bain.
34 Strangers In ParadiseA cette époque terrible c’est du côté des comics indépendant que l’on trouve le salut grâce à des auteurs comme Terry Moore, Neil Gaiman ou Daniel Clowes.
A la fin des années 90, le site web Women in Refrigerators fait l’état des lieux des personnages féminins qui ont été blessés, tués, ou ôtées de leurs pouvoirs et cherche à analyser pourquoi ces dispositifs sont utilisés de manière disproportionnée sur les personnages féminins.
Le terme «Femmes dans les réfrigérateurs» a été inventé par la scénariste Gail Simone comme un nom pour le site Web au début de 1999 au cours d’une discussion en ligne sur les comics avec des amis. Elle se réfère à un incident dans Green Lantern # 54 (1994), écrit par Ron Marz , dans lequel Kyle Rayner, héros, rentre dans son appartement pour constater que sa petite amie, Alex DeWitt, a été tuée par le méchant Major Force et enfermé dans un réfrigérateur

Les héroïnes du 21ème siècle :

35 BatwomanAu début des années 2000 les héroïnes continuent d’être influencées par certaines icônes de la pop culture, voir de la pop tout court (avec des chanteuses comme Britney Spears et Christina Aguilera), c’est le cas des Birds of Prey, ou de Supergirl qui ne manquent pas une occasion de montrer leur nombril quelque soit la température extérieure.
Mais elles vont également commencer à être confrontées à des histoires plus réalistes, faisant résonance à la condition féminine du 21ème siècle : les héroïnes peuvent êtres des mères célibataires qui doivent conjuguer travail, éducation de leur enfant et vie super héroïque (comme Kate Spencer et Jessica Jones). Certaines sont issues de minorités ethniques ou sexuelles (Kate Kane, Jenny Sparks, Agent 355, Michonne, Renee Montoya), et d’autres vont se rebeller contre l’ordre établi ou une société corrompue (Scarlet de Brian M. Bendis), ou encore tenter de vivre dans un monde sans hommes (Y the last Man).

L’ère la plus récente des comics fait de plus en plus la part belle aux femmes, et c’est surtout chez les éditeurs indépendants que l’on observe ce bel effort. Les deux grandes maisons d’édition historiques essaient de mettre en avant leurs héroïnes mais soit annulent très rapidement une série sans lui laisser sa chance (Fearless Defenders) soit régresse du côté des 90’s pour fidéliser son lecteur (Starfire dans Red Hood and the Outlaws, Harley Quinn dans  Suicide Squad).

40 Portrait 2A partir des années 2010, une diversification de l’industrie va commencer à s’opérer, autant  dans le contenu des deux plus gros éditeurs que quand l’émergence d’une nouvelle vague d’autrices. Gail Simone, Kelly Sue DeConnick, Margerite Bennett et G. Willow Wilson deviennent les quatre mousquetaires du “mouvement” Women in Comics, Alors que des personnages tels que Kamalha Khan, la version féminine de Thor et Spider-Gwen remportent un énorme succès. Des groupes de super héroïnes voient même le jour (DC Bombshells, A Force).

39 Generation Next

Les super héroïnes partent désormais à l’assaut des petits et grands écrans :

De Supergirl à Jessica Jones en passant par Black Widow et Wonder Woman (qui a récolté plus de 800 Millions de $), the future is Female lorsque l’on parle de super héros. Alors que le cinéma ne leur a pas toujours rendu service, il semble que la tendance commence à vouloir s’inverser, on parle même désormais de films regroupant des plusieurs super héroïnes (Birds of Prey chez DC).

 Conclusion :

Si il leur arrive d’être mal exploitées dans leur medium d’origine, les héroïnes de comics sont souvent utilisées à bon escient dans des domaines qui ne leur sont pas inconnus : le social et l’humanitaire : le Wonder of Women Day qui a lieu chaque année au mois d’octobre, organisé par un comic shop de l’Oregon et qui collecte des fonds pour venir en aide aux femmes victimes de violence domestique. Une campagne de prévention pour le cancer du sein utilisait les torses de super héroïnes très reconnaissables.

36 Wonder of Women Day Campanha cancro

Depuis toujours, et selon la volonté de son créateur William Moulton Marston, Wonder Woman reste quoi qu’on en dise un symbole de paix, de prise de conscience du droit des femmes (et par extension des minorités) et d’égalité entre les sexes. Et c’est d’ailleurs pour cela que l’image de ce personnage a de nombreuses fois été utilisée dans le cadre d’oeuvres de charité ou de manifestations caritatives, jusqu’à l’existence de la Wonder Woman Foundation née sous l’impulsion de Jenette Kahn.

Les héroïnes de comics ont donc de beaux jours devant elles car même si sur le papier leurs aventures ne sont pas toujours idéales, leur portée et leur message reste universel.

8 commentaires sur “La conférence !

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  1. J’y étais, c’était très bien même si la gestion du temps est un peu à revoir ^^, globalement, les conf du Paris Comics Expo sont assez bonnes, en espérant te revoir sur d’autres thématiques

  2. Je suis venu à la PCE presque uniquement pour cette conf, enfin un vrai sujet de fond ! J’ai grandement apprécié la prestation et malgré un trac apparent vous vous en êtes plutôt bien sorti et avez réussi à garder la conf intéressante tout du long. Je salue aussi le courage de votre démarche car il n’est pas aisé de faire entendre sa voix dans un tel milieu quelque peu pétri de cliché et de préjugé.
    Vous avez fait un très bon travail de recherche sur le sujet, et avez réussi à le garder objectif en replaçant les personnages dans un contexte de société et de culture.
    Il est « plaisant » de voir l’évolution des personnages féminins dans ce média (ou plutôt l’évolution de leur position), bien qu’il soit très navrant de se dire que 100 ans plus tard ou presque et on a encore beaucoup de chemin à faire…

    Merci encore et bon courage pour la suite !

  3. Et Tank Girl alors ? 🙂
    Ca fait un peu honte en tant qu’homme de lire cet article, mais bon, on n’est plus à ça près. Bel exposé en tout cas !

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